Le discours de l’ambassadeur de France à Madagascar a suscité des tas de réactions ici et là et continue à faire beaucoup couler l’encre. Il me fallait donc un peu de recul pour aborder le sujet mais le constat est là  : Jean Marc Châtaigner est, certes, un diplomate mais ce n’est pas un fin diplomate.
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Et plutôt que de commenter des morceaux de son discours -comme les politiciens de tous bords qui veulent exploiter ce « filon » pour leurs intérêts personnels-, madagate.com vous offre l’intégral de ce discours en vidéos.
Ecrit, son discours compte 5 pages A4 et on peut le diviser en trois parties. Mais d’entrée, on sent qu’il y a une volonté de défier tout le monde. Un art de se faire plus d’ennemis que d’amis. Par ailleurs, ce n’était vraiment pas le moment de traiter le sujet. Un 14 juillet ?
« (…) Nous devons faire bien attention à ne pas aggraver les fractures existantes. Nous n’avons pas besoin de moralisateurs et de donneurs de leçons, mais d’hommes d’apaisement et de bonne volonté. Nous avons besoin de paix et de réconciliation. Nous n’avons pas besoin de violences, de haines, d’invectives ou de mensonges éhontés. Nous avons besoin de compréhension dans les esprits et dans les cœurs ». Pour la suite, en cherchant le tiède, il a, au contraire, jeter de l’huile sur le feu. Car, paradoxalement, il est devenu le plus grand donneur de leçons pour Madagascar et les Malagasy sous forme « d’appels » et de « demandes ». Un ambassadeur n’a pas à faire cela. Il émet des recommandations et évite d’entrer dans des détails très douteux. Trop douteux.
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En tant que journaliste, je fréquente la Résidence de France depuis bien avant Catherine Boivineau mais jamais au grand jamais, le discours du 14 juillet n’a été le tribunal d’une crise politique malgache. J’y ai été présent, pour être précis, depuis Gilles d’Humières (1991-1994). On parlait de la prise de la Bastille, des relations économiques franco-malgaches, de bilan et de perspectives de développement. Même en temps de crise.
Les Ambassadeurs de France à Madagascar depuis l’Indépendance
1960 |
1961 |
André Soucadaux |
1961 |
1967 |
Marcel Gey |
1967 |
1972 |
Alain Plantey |
1972 |
1975 |
Maurice Delauney |
1975 |
1976 |
André Roger |
1976 |
1978 |
Pierre Hunt |
1978 |
1981 |
Jean-Pierre Campredon |
1981 |
1984 |
Paul Blanc |
1984 |
1988 |
Alain Bry |
1988 |
1991 |
Pierre Couturier |
1991 |
1994 |
Gilles d'Humières |
1994 |
1996 |
Jean-Didier Roisin |
1996 |
1999 |
Camille Rohou |
1999 |
2002 |
Stanislas Lefebvre de Laboulaye |
2002 |
2005 |
Catherine Greverie-Boivineau |
2005 |
2007 |
Alain Le Roy |
2007 |
2008 |
Gildas Le Lidec |
2009 |
- |
Jean-Marc Châtaigner |
Avec Jean Marc Châtaigner, le 14 juillet 2010 a totalement été consacré à se mettre tout le monde à dos, en voulant parler « vrai ». Ce qui n’est pas diplomatique du tout… Ce fut un discours d’un ambassadeur en fin de mandat, malgré son « deux ne peut jamais aller sans trois ». En effet, il en est à son second 14 juillet à Madagascar. Contrairement à son prédécesseur Gildas Le Lidec qui a été viré comme un malpropre par Marc Ravalomanana pour moins que çà … Après avoir fêté son premier et dernier 14 juillet en terre malagasy.
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A présent, L’ambassadeur Châtaigner fait l’étonné des conséquences de ses propos qui ont plus divisé que rassemblé et veut prendre des distances, comme une dame de petite vertu après avoir fait un scandale. Toutefois, il a remis au goût du jour Jean de Lafontaine, ni plus ni moins : « Suivant que vous soyez puissant ou misérable, les juges de la Cour vous rendront blanc ou noir… ». En ayant voulu trop s’impliquer, l’ambassadeur Châtaigner est entré de plain-pied dans le domaine de l’ingérence. En effet, il dit qu’il « peut témoigner de graves manquements aux droits humains dont la F.I.S s’est rendue coupable ». Monsieur l’Ambassadeur, les prisons de nos contrées n’ont rien à voir avec celles de France et de Navarrre. Ici, les conditions sont ce qu'elles sont... En prime, et comme par hasard, les détenus à qui vous avez rendu visite sont toutes de nationalité française : Ralitera Randrianandraina, Eliane Naike et Ambroise Ravonison. Mais êtes-vous au courant des raisons de leur détention ? Si oui, vous êtes sourd, aveugle mais très prolixe pour condamner comme dans la fable de Lafontaine. Car le fait d’avoir la nationalité française ne signifie pas être au-dessus des lois en vigueur à Madagascar. Transition ou pas.
A propos de l’« idée » de Jean Marc Châtaigner de dissoudre de la Force d’Intervention Spéciale (FIS), considérée au même titre que des «milices paramilitaires », le Lieutenant-colonel Lilyson de René n’a pas tardé à réagir. Voici ce que ce dernier a déclaré en malgache :
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A mon sens, il s’agit-là d’une provocation insensée, étant donné que, malgré ses dires, M. Châtaigner ne sera plus là le 14 juillet 2011. Peut-être souhaite-t-il le même sort que Le Lidec ? Non, cela n’arrivera pas car Andry Rajoelina n’est pas Marc Ravalomanana. 17 ambassadeurs l’ont précédé en 50 ans d’Indépendance et il y en aura encore des dizaines après lui. Pourquoi avoir laissé un si mauvais souvenir en ayant crée cette polémique ? Là est la vraie question. Personne n’aura la vraie réponse. Mais déjà , dans certains foyers, on le compare à Mister Bean. Je ne peux dire si c’est à cause de son physique (un Mister Bean dégingandé alors) ou si c’est à cause de ses gaffes monumentales lors de la fête nationale française. En attendant, je vous offre une dernière vidéo, caméra au poing, de ce 14 juillet vraiment pas comme les autres.
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Dossier de Jeannot RAMAMBAZAFY - 16 juillet 2010 (Photos, vidéos, prise de sons)