Le chantier naval d’Antsiranana, plus connu sous le nom de SECREN (Société d’Etudes, de Construction et de Réparation Navales), depuis 1975, est un patrimoine hérité de la D.C.A.N. (Direction des Construction et Armes Navales) de la Marine française, créée en 1945.
Implantée dans la seconde plus belle baie du monde, après celle de Rio de Janeiro (Brésil), la SECREN offre un abri maritime naturel et idéal pour les navires effectuant leur escale technique.
En cette mi-septembre 2010, cela fait 35 ans que la SECREN, devenue une S.A., fait partie des chantiers de référence dans l’Océan Indien. Son bassin de radoub, conservé et entretenu depuis 1905 figure parmi ses atouts qui font sa renommée. Ce 11 septembre 2010, le Président de la Transition, Andry Rajoelina et son épouse, à la tête d’une forte délégation composée de plusieurs ministres, est venu sur place, dans le cadre de la célébration de ces 35 ans de la SECREN S.A.
Abel L. Ntsay, Directeur général depuis mars 2010. Il succède à Zasy Lucien, Ackram Mohajy Andriamandaminy, Christian L. Ntsay, Régis Kilobo, Christophe Nosy Harinony (décédé), Solohery Charles Hilaire, Aboubakary Assany
Or, à l’heure actuelle, le chantier naval est confronté à un grand problème concernant son bassin de radoub dont des fissures menace et les quelque 950 travailleurs et la vie même de la SECREN S.A. La solution radicale est venue du pouvoir de transition présidé par Andry Rajoelina. Voici ses solutions et plus encore :
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Le Président Andry Rajoelina et le bassin de radoub de la SECREN S.A.
DISCOURS INTEGRAL TRADUIT DU MALGACHE
« Bonjour ! Salam aleikoum ! Il y a beaucoup de Musulmans ici, n’est-ce pas ? Pour débuter, je tiens à vous féliciter, vous, nos frères musulmans de toute l’île, d’avoir achevé le ramadan. Que toutes vos prières faites durant ce temps de jeûne nous apporte, bonheur, prospérité et pleine réussite pour notre environnement social, nos familles et la nation entière. Misaotra, Tompokolahy, mankasitraka, Tompokovavy.
Un mois durant, vous avez jeûné, prié Dieu pour notre nation. C’est avec joie et amour que j’ai le plaisir d’offrir à tous les musulmans d’Antsiranana, bœufs et chèvres, Mesdames et Messieurs. La raison de notre visite est multiple. D’abord parce qu’aujourd’hui est un jour mémorable pour la Secren. En effet, c’est toute la ville d’Antsiranana qui célèbre, avec tout le personnel, les 35 ans de la Secren. 35 ans, c’est l’âge de la maturité, bien que ce soit encore l’âge de la post-adolescence. Mais c’est aussi l’âge de concrétiser les buts que l’on s’est fixé. La Secren n’est pas la fierté de la seule capitale des Antankarana mais elle constitue la fierté de la nation toute entière. Aussi, c’est au nom du peuple malgache sans distinction que je présente à toute la famille des membres du personnel de la Secren, mes sincères félicitations. La Secren est une société unique en son genre si l’on se réfère à cette partie de l’océan Indien. Elle figure parmi les premières sociétés de l’Etat malgache ; la Secren est le cœur qui fait battre Antsiranana et constitue l’artère aorte de l’économie de cette ville, car elle fait vivre de nombreuses familles. Pourtant, à l’heure actuelle, beaucoup se posent des questions sur l’avenir de cette société, particulièrement les membres du personnel ainsi que les Antsiranais. En effet, la Secren semble à l’agonie, n’ayant pas de classification et étant l’objet de dysfonctionnements. Et les travailleurs se rongent le sang, se demandant si leur société ne finira pas comme certaines sociétés d’Etat, à l’instar de la Sirama : abandonnée puis fermée pour cessation d’activités. Vous vous angoissez tous à l’idée que cette société pourrait fermer également. La réponse est : non, non, non, Mesdames et Messieurs.
Non car nous n’accepterons pas sa fermeture ; non parce que nous refusons que tous les travailleurs de la Secren soient réduits au chômage ; non car nous avons l’intention de redorer le blason de ce fer de lance de l’économie de Madagascar. Nous voulons recouvrer le renom d’Antsiranana, à travers la Secren. Pour ce faire, une décision a été prise de la part de l’actuel pouvoir qui consiste à octroyer une aide de 3 milliards d’ariary afin de réaliser le programme qui permettra d’obtenir la classification ISO, Mesdames et Messieurs. Quels avantages et bénéfices la Secren recueillera-t-elle grâce à cet appui financier ? En premier lieu, donner à la Secren les moyens de retrouver son savoir-faire d’antan de renommée internationale, au niveau de l’océan Indien. Car, à l’heure actuelle, tous les navires qui doivent subir des réparations se dirigent vers l’île Maurice. Nous ne pouvons pas accepter longtemps d’être second après Maurice, Mesdames et Messieurs. Notre Grande île doit être le leader dans son domaine car elle est riche en ressources humaines ainsi qu’en expériences et savoir-faire. En second lieu, cet appui financier fera regagner la confiance de tous les partenaires de la Secren et permettra, ainsi, d’augmenter le nombre de navires à réparer à la Secren. Cela amènera à la création de nouveaux emplois au sein de la jeunesse antsiranaise. Tout ceci attirera l’attention du bureau Véritas qui pourra, dès lors, classifier les catégories de bateaux qui pourront entrer chez nous pour y subir des réparations. Le pouvoir de transition actuel redresse (« manarina »), construit (« manorina ») et travaille d’arrache-pieds (« miasa »), Mesdames et Messieurs.
Depuis fort longtemps, cette ville d’Antsiranana était considérée comme un fils cadet alors qu’elle devrait être le fils aîné. Mais elle a toujours été ignorée. Penchons-nous sur la carte de Madagascar. Notre pays commence par Antsiranana. Par conséquent, s’il y a des projets à réaliser, des programmes à entamer, il ne faut pas chercher loin mais c’est ici, à Antsiranana qu’ils doivent être effectués en premier, Mesdames et Messieurs. Et c’est pour ces raisons que nous sommes venus, pour que cette ville d’Antsiranana ne soit plus considérée comme un enfant bâtard. Ainsi, les plus grands projets jamais réalisés au pays, dans les domaines de la Santé et des Sports, seront réalisés ici, à Antsiranana, Mesdames et Messieurs, et parce que nous vous aimons d’un amour réciproque, Mesdames et Messieurs.
Nous avons parlé, tout à l’heure d’un appui financier à la Secren. Elle est confrontée à des nombreux problèmes, pour ne parler que de la détérioration par l’usure et le temps du bassin de radoub dont la construction remonte à 1905. Il y a aussi le problème de relève des techniciens pour permettre aux jeunes de perpétuer le savoir-faire de leurs aînés. D’où la mise en place de l’Ecole de Formation Technique à la Secren. Bref, il y a plusieurs projets à réaliser. Certes, je ne suis ni professeur, ni tradi praticien ni médecin mais j’apporte un remède pour vous, pour nous ici, à Antsiranana, pour y construire le plus grand établissement hospitalier aux normes internationales de tout Madagascar, Mesdames et Messieurs. Cet hôpital sera construit sur un terrain où certain avait songé à ériger un immense centre commercial, pour lui et non pour la population. Non, c’est le peuple, ce sont les citoyens qui doivent être soignés et non pas votre propre personne ni votre entreprise personnelle. D’où la construction de cet établissement hospitalier dont nous avons, ici, la maquette, Mesdames et Messieurs. Il comprendra un bloc opératoire, un service d’endoscopie, un scanner. Jusqu’à présent, seul Antananarivo en possède un. Si nous avons besoin de se faire scanner, il faut alors effectuer un long et coûteux déplacement pour aller dans la Capitale. Cela n’est pas normal, Mesdames et Messieurs. Ainsi, bientôt, cet examen spécifique pourra se faire sur place, à Antsiranana, Mesdames et Messieurs. Cet hôpital sera également doté d’un service de gynécologie et d’un service d’échographie, destinés aux mères de famille qui pensent augmenter leur progéniture. Mais je ne me permettrais pas de les empêcher d’accéder à ce souhait. Seulement, je rappellerai qu’il est prouvé que les familles nombreuses sont souvent confrontées à des problèmes… Pour résumé, ce sera un hôpital vraiment moderne et le souhait est que les habitants des îles voisines y viennent se soigner, sans aller vers d’autres continents.
Une image en dit plus que mille mots [en français dans le discours]. Aussi, il ne s’agit plus de discours pour le plaisir de discourir du haut d’un pupitre mais d’une annonce du coup d’envoi de travaux qui seront réalisés immédiatement. En fait, ils démarreront d’ici un mois et demi, Mesdames et Messieurs. Voilà ce qui fait d’un Tgv un Tgv : la rapidité. Nous allons travailler le plus vite possible. C’est pour cela que je dis que s’il y a des projets à réaliser, que les dirigeants précédents n’ont pas effectués, c’est ici, à Antsiranana, qu’il faut les commencer. Les autres régions bénéficieront des mêmes infrastructures, mais c’est ici que j’annonce, de manière officielle, la construction de cet hôpital. Lorsque vous regardez des matches sportifs à la télévision, vous vous demandez, à la vue de ces splendides stades, ce qu’il en est pour nos jeunes ? Ici, le stade dénommé « Mitabe » a été construit depuis des décennies mais il n’a jamais subi d’extension et est recouvert de poussière. Aussi, je déclare urbi et orbi que nous allons en faire un stade aux normes olympiques avec une pelouse synthétique agréée par la Fifa. Les travaux débuteront vers la fin du mois d’octobre ou au début du mois de novembre au plus tard, pour s’achever dans six mois, Mesdames et Messieurs.
A présent, je vous pose la question suivante : qu’est-ce que les dirigeants passés ont construit depuis 20 ans, pour ne pas dire 50 ans, ICI A ANTSIRANANA ? Mais nous, en seulement un an et demi, nous allons vous doter d’infrastructures aux normes car vous le méritez, Mesdames et Messieurs. Nous prendrons comme témoignage, le foyer universitaire qui a déjà été inauguré. C’est pour cela que je le répète : l’actuel pouvoir de transition « manorina », « manarina », « miasa ». Applaudissez, Mesdames et Messieurs. Si je parle de mon épouse, je vous dirais qu’elle entreprend des actions du fond du cœur. Elle parcourt la Grande île pour venir en aide à tous ceux qui en ont besoin et qui ont besoin d’amour, son association s’appelant d’ailleurs « Fitia » (Amour). Aussi, lorsque nous entreprenons quelque chose, il faut le faire pour autrui, pour nos concitoyens et non pas pour nous personnellement. Si nous agissons tous de la sorte, ce pays se développera très vite. J’en suis persuadé, j’ai plaisir à le faire et je vous le dis à cœur ouvert : tout ce que nous avons projeté de réaliser, ce ne sera pas pour moi mais pour vous, pour nous, pour les Antsiranais, Mesdames et Messieurs. Ce que j’aimerai le plus, lorsque je reviendrai ici, dans 10 ou 20 ans [le Président avait alors fait venir une enfant de 9 ans nommée Jessica], Jessica sera mariée. Nous irons ensemble dans le futur hôpital où elle aura donné naissance à ses enfants. Alors elle se souviendra et pourra dire : voilà l’hôpital construit pas Andry Rajoelina, Andry Tgv. Voilà qui me fera le plus grand plaisir, Mesdames et Messieurs.
Monsieur le Maire avait demandé, tout à l’heure, quels étaient nos problèmes prioritaires ? Il a alors parlé des problèmes d’énergie électrique. Comment, en effet, vivre dans le noir ? Il faut que la lumière règne. Pour l’heure, nous avons déjà su maîtriser les coûts à la consommation, par rapport aux pouvoirs passés où les tarifs ont maintes fois augmenté. Car, depuis le début de cette transition, la facture de l’eau et de l’électricité des ménages a baissé de 10%, Mesdames et Messieurs. Avec ce fort vent du Nord qui souffle ici (« Varatraza »), il était plus que temps de songer sérieusement aux énergies renouvelables. Concernant particulièrement l’énergie éolienne, un projet pilote existe déjà à Ramena, qui sera développé dans les autres régions, Mesdames et Messieurs. Monsieur le Maire a également parlé des problèmes d’accès à l’eau potable. L’eau étant la vie, le pouvoir de transition a mis en place un programme de kiosques fontaines qui sera inauguré par le ministre de tutelle, demain [dimanche 12 septembre 2010] dans le quartier de Mangarivotra. Ce programme sera étendu dans plusieurs quartiers de cette ville d’Antsiranana, Mesdames et Messieurs.
Le moment est à l’action et non plus aux palabres. L’heure n’est plus aux discussions ne menant nulle part mais au progrès. J’ai confiance en vous : le train du développement de Madagascar est en marche car nous nous tenons mutuellement la main.
Misaotra Tompokolahy, Mankasitraka Tompokovavy ».
Transcription et traduction : Jeannot RAMAMBAZAFY
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JALONS DE L’HISTOIRE D’ANTSIRANANA (ex-DIEGO SUAREZ) LIES A LA SECREN
1827 : Reconnaissance du Nord de Madagascar par l'anglais Owen. Premiers tracés exacts de la baie de Diégo. 1833 : Reconnaissance par le lieutenant de vaisseau Bigeault, à bord de navire La Nièvre. 1838 : Occupation de la baie par les Français à bord du bateau La Creuse commandé par le capitaine de frégate Michel. Les troupes sont logées à bord du navire La Dordogne. Mars 1886 : A la suite d'un traité franco-malgache du 17 décembre 1885, le périmètre de la baie est concédé aux Français ; il constitue le territoire autonome de Diégo-Suarez dont la capitale est Antsirane, comme on l'écrivait à l'époque. 1886-1887 : Le commandant Caillet élabore l'édification de la ville, avec ses bâtiments civils et militaires.
Total : 463 hommes de troupes dont 17 officiers, 281 colons, 602 Malgaches (population). 1887 : Inspection générale du dispositif mis en place par le Général Orgnis Desbordes Gouverneur civil : Froger qui étend la zone d'occupation de la ville vers le sud et favorise l'installation des colons, arrivants malgaches libres et esclaves échappés, 527 Français et Créoles Réunionnais, 93 Européens et Mauriciens, 1689 Malgaches et Comoriens, 31 fonctionnaires civils avec leurs familles, 1127 militaires. 40 bâtiments militaires. 1889 - Installation d'une briqueterie à Cap Diégo. 1890 : Froger demande à la Mère supérieure des filles de Marie une aide en infirmières et institutrices. 1891 : Multiplication des incidents entre Merinas et Français. 815 maisons en dur dont 425 cases. La ville haute prend l'aspect d'une ville coloniale avec des rues à angles droits. Construction du pont Froger qui franchit un ravin sur la rue Colbert. Construction de quais pour les navires 'marchands. 1892 : Construction d'un marché couvert sur la ville haute. 1893 - Conserverie de viande de boeuf à Antongombato. 1894 : Tension entre Merinas et Français. Télégraphe. 1895 : Prise par les Français du fort d'Ambohimarina en avril par un bataillon de volontaires Réunionnais,3 compagnies d'infanterie de marine et une section d'artilleurs. Août 1896 : Fin de la pratique de la justice coutumière. 1897 Fin des travaux de distribution d'eau. 1898 La baie de Diégo- Suarez est déclarée "Point d'appui de la flotte française" par décret du 4 octobre. 1899 : Envoi de 6.000 militaires pour mettre la place en état de défense. L'hôpital passe de 120 à 200 lits. 1900-1905 : Joffre expulse les indigènes de la pointe Corail pour les reloger à 2 km au sud. 8.200 habitants. 1901 : Construction d'une prison civile de 55 places. 1902 : 3.500 civils. Ecole communale des garçons : 7 Européens, 29 Créoles, 36 indigènes. Ecole communale des filles 1 Européenne, 50 Créoles, 38 indigènes. 1903 : Départ de Joffre. 1905 : Population civile étrangère:
Début de la construction d'un bassin de radoub avec tous les ateliers 1911 : Fin des travaux du radoub. 23 Novembre 1912 : Cyclone dévastateur, c'est l'époque où Mortages découvre les mines d'Andavakoera. 1914-1918 : Le port est de son armement à cause privé première guerre mondiale. Période difficile pour la ville. En 1919 arrive l'épidémie de grippe espagnole. Novembre 1923 : Ralaimongo s'installe à Diégo Suarez. Il défend des paysans malgaches contre les abus des colons ou des administrateurs. 5-7 mai 1942 : Les Anglais, craignant que Madagascar soit utilisé par les sous-marins Japonnais (alliés des Allemands), attaquent Diégo lors de l'opération lronClad. Combats violents : 150 tués et 500 blessés du côté franco-malgache; 108 morts et 283 blessés du côté anglais. Le 5 novembre, Madagascar en entier est prise par les Anglais qui remettent l'administration au gouvernement du Général de Gaulle. 1942 : 1.200 habitants. Fin des travaux de l'arsenal. 1945 : Installation de la D.C.A.N. (Direction des Construction et Armes Navales) avec un matériel important : la population va augmenter. 1946 : Les Anglais rendent la ville à la France 18 novembre 1956 : Premières élections municipales. Victoire de la liste gauche conduite par Bezara. 14 octobre 1958 : Naissance de la République Malgache. 11 octobre 1959 : Nouvelle victoire de la gauche aux élections municipales. Construction du Lapan'ny Tanà na (Hôtel de Ville). 26 juin 1960 : Proclamation de l'Indépendance de Madagascar. A la suite des accords de Coopération, une base militaire et navale est maintenue à Antsiranana. 1973 : Évacuation progressive de la base des Français. 1975 : Révolution Socialiste |
Un grand dossier de Jeannot RAMAMBAZAFY – 12 septembre 2010