Comme je l’ai écrit dans le reportage sur le « Tsena Mora », les intellectuels malgaches usent sinon abusent de citations. Voici celle que Monja Roindefo, Mister Zero per cent, a lancé à Toamasina, le 23 octobre 2010 : « Si j'avance suivez-moi, si je recule tuez-moi et si je meurs, pleurez-moi » (Napoléon Bonaparte). Bravo ! Je ne sais pas sur quel terrain il compte avancer mais il donne l’impression qu’il ne reculera devant rien avant de mourir pour… rien. Rien comme le score qu’il a engrangé lors de l’élection présidentielle de décembre 2006. Voici le résultat complet pour ceux qui l’ont oublié :
Inscrits : 7.317.7904 ; Votants : 531.946 ; Taux de Participation : 61,93% ; Blancs et Nuls : 87.1964 ; Suffrage Exprimé : 444.750
Ravalomanana Marc : 54,79% (2.435.199 voix)
Lahiniriko Jean : 11,65% (517.994)
Ratsiraka Iarovana Roland : 10,14% (450.717)
Razafimahaleo Herizo Jossicher : 9,03% (401.473)
Ratsirahonana Norbert Lala : 4,22% (187.552)
Andriamanjato Ny Hasina : 4,18% (185.624)
Ravelomanantsoa Razafindrabe Elia : 2,56% (113.897)
Rakotoniaina Pety : 1,68% (74.566)
Randrianjoary Jules : 0,75% (33.463)
Rajakoba Daniel : 0,64% (28.363)
Rakotonirina Manandafy : 0,33% (14.712)
Tsiranana Philippe Madiomanana : 0,03% (1.128)
Razakarimanana Ferdinand : 0,00% (41)
Monja Roindefo Zafitsimivalo : 0,00% (21)
Ce résultat ne s’invente pas. Zéro virgule zéro zéro. Etre polyglotte ne lui a servi à rien non plus. Certes, il y a eu des malversations, certains bulletins ne sont jamais parvenus dans tous les bureaux de vote, par exemple, mais Monja Roindefo serait resté dernier sur tous ces 14 candidats. Face à ce score révélateur, le fils de Monja Jaona a complètement disparu de la scène politique, avant de se faire nommer Premier ministre par Andry Rajoelina, sur la Place du 13-Mai, le 7 février 2009. C’est dire combien il tient à son titre, n’est-ce pas ? A présent qu’il roule en Hummer, il se convainc qu’il peut faire mieux que 0,00%.. Comme atout, à Toamasina le week-end dernier, il s’est donc présenté comme étant toujours le Premier ministre de la HAT pour « rappeler les raisons du mouvement populaire malgache de 2009, notamment contre les gabegies, les monopoles affairistes et les différentes manœuvres dilatoires du régime de l'ancien président Marc Ravalomanana », selon le communiqué qui m’est parvenu.
Dans ce texte il est aussi écrit qu’il « a rencontré la population de Toamasina lors d'un meeting ce samedi 23 octobre 2010 sur le bord de mer. Dans son discours devant une foule rarement vue dans le grand port de la cote est de Madagascar, 27 000 personnes de source policière locale ». En 2006, Roland Ratsiraka a fait mieux dans les quartiers défavorisé de la Capitale mais il n’est arrivé qu’en troisième position, après Jean Lahiniriko (ministre des TP éjecté par Ravalomanana), considéré comme un inconnu jusque-là dans cette course à la Présidence de la République.
La justesse du caricaturiste Elisé Ranarivelo
Je veux bien que tous les politiciens repêchés utilisent la méthode Coué et une phraséologie qui ferait rougir tous les linguistes du monde mais… J’ai eu beau lire et relire ce communiqué, je n’y ai trouvé aucune solution immédiate pour le peuple en cette période de soudure. Polyglotte donc, Monja Roindefo a encore parlé pour ne rien dire du tout, comme le Monsieur Rien qu’il est (ce n’est pas une insulte, c’est le résultat qu’il a engrangé en décembre 2006, zéro, « aotra », rien, néant). A propos, par exemple, des « Tsena Mora », initiés par le Président Andry Rajoelina et le Syndicat des Industries de Madagascar, qu’a « remarqué » Monsieur Zéro pour cent ?: « Cela va à l'encontre des aspirations des malgaches pour le changement ». Vous comprenez cet argument vous ? C’est plutôt une argutie. Puis il a expliqué que « les subventions au profit de quelques entreprises commerciales pour faire baisser les prix des produits de première nécessité n'est aucunement la solution pour aider durablement la population malgache. Pour le premier ministre de la HAT (c’est écrit dans le communiqué), les malgaches ont besoin d'une véritable amélioration de leur niveau de vie et de leur pouvoir d'achat ». Donc, il faut l’attendre et ne rien faire ? Mais où est LA solution dans tout ce qui n’est qu’un constat sans fondement plausible. La voici : « Monja Roindefo, a promis à la population de Toamasina de revenir à leur rencontre après avoir fait le tour du pays qu'il a commencé avec son meeting de la semaine dernière à Mahajunga. Il a déclaré qu'il prendra une décision ferme à l'issue de cette tournée nationale qui prendra fin dans quelques semaines ».
Re-bravo, Mister Zero per cent ! Mais il faudrait qu’il explique les vraies raisons de cette « tournée nationale ». Sûrement une campagne présidentielle avant l’heure, vu qu’il avait déjà annoncé sa candidature. Quelle honnêteté (intellectuelle) alors ! Mais alors, prenant une longueur d’avance, il finira à quelle place étant donné qu’il est certain que le nombre des candidats et des électeurs augmentera ? Une avant-dernière place avec 1%, surtout avec l’utilisation du bulletin unique ? Qui vivra verra. En tout cas, qui ose encore affirmer que la liberté d’expression n’existe pas à Madagascar ? Mais plus certains Malgaches sont bardés de diplômes, plus ils croulent sous le poids de la bêtise, allez savoir pourquoi… En tout cas, pour en revenir au chapitre des citations, le même Napoléon Bonaparte avait aussi dit : "Si tu crains la victoire de l'adversaire, alors tu connaîtras la défaite". Qui a donc peur de la victoire du "Oui" au referendum, au point de faire des alliances heu... bizarroïdes...
Jeannot RAMAMBAZAFY