Le général Noël Rakotonandrasana
La Grande île de l’océan Indien fait l’objet de toutes sortes de commentaires liés à des intérêts politiques dont les acteurs sont des Malgaches et la fameuse Communauté d’intérêts internationaux. Alors, voici un article rédigé par une consœur africaine qui connaît le… refrain des coups d’état du continent noir. Une approche globale propre aux militaires africains déchus et déçus qui jouent leur va-tout. (Jeannot Ramambazafy)
Et plouf ! Un coup d’épée dans l’eau. C’est maintenant sûr, la tentative de coup d’Etat du général Noël Rakotonandrasana n’en était pas une. Et pire, il s’agissait plutôt d’un pétard mouillé lancé au cours d’une conférence de presse donnée par un officier supérieur revanchard.
Un non-événement qui, contrairement aux attentes de ses auteurs, n’aura pas réussi à entraver la bonne marche du référendum constitutionnel censé légitimer le régime en place à Tana, scrutin boycotté par les partisans des trois anciens présidents que sont Marc Ravalomanana, Didier Ratsiraka et Albert Zafy.
Ainsi, celui qui, mercredi encore, affirmait avoir dissous les institutions gouvernementales au profit d’un « conseil militaire » de son cru, a lamentablement échoué malgré sa grande expérience en matière de coups de force : en effet, l’ancien ministre des forces armées limogé le 7 avril dernier avait pris une part active au renversement du chef de l’Etat élu Marc Ravalomanana au profit de l’ancien maire de la capitale, Andry Rajoelina, actuel homme fort de la Grande Ile.
Debout, le lieutenant-colonel Charles Randrianasoavina, anciennement Commandant Charles, "héros" de la révolution orange menée par Andry Rajoelina, devenu mercenaire d'une cause perdue
Depuis, Madagascar cherche désespérément une porte de sortie de crise et la voie vers un retour dans le concert des nations. D’Addis-Abeba à Maputo, le vent a tourné et les alizés qui, en son temps, avaient porté les ambitions du général putschiste sur les cimes du pouvoir d’Etat l’ont laissé choir.
Une Bérézina qui n’est pas sans rappeler le faux pas d’un autre général, ivoirien celui-là , Mathias Doué : en 2005, au plus fort de la crise et alors qu’il venait d’être limogé, cet ancien chef d’état-major des forces loyalistes s’est mis, lui aussi, à faire des déclarations tonitruantes.
Il entendait obtenir ni plus ni moins que le départ du président Laurent Gbagbo « par tous les moyens » y compris bien sûr le putsch. Un chapelet de menaces et d’intentions de nuire qui, malgré la crise que traversait alors son pays, sont restées lettres mortes. Heureusement ! Car la Côte d’Ivoire aura trouvé le chemin de la sortie de crise sans le coup de force promis.
Le général Mathias Doué qui a démenti son nom...
A l’instar de Mathias Doué, Noël Rakotonandrasana n’avait que la parole pour seule arme. Drôle de manière, pour un officier supérieur, de faire valoir ses ambitions nationales. Désormais réduit au silence, le militaire de carrière aura tout le temps pour réfléchir aux voies et moyens d’une éventuelle reconversion… dans le civil cette fois. En voilà un pétard qui aura coûté cher.
Source : www.afriscoop.net (H. Marie Ouédraogo)