Je ne me lasserai jamais de le dire et le redire : pour aider réellement mes compatriotes cycliquement malnutris, donnez-leur des moyens de production (agricole) plutôt que des aliments prêts à cuire. Car, malgré la sècheresse due à un dérèglement total de l’écho-système, les régions du Grand Sud de Madagascar auront tout de même leur part de pluie en cette saison cyclonique.
Les récentes pluies ont causé des petites inondations
Membres de l'équipe ministérielle
Ainsi, durant la première semaine du mois de janvier 2011, l’équipe régionale de la Protection sociale du ministère de la Population et des Affaires sociales dirigé par Nadine Ramaroson, ministre, a mis en pratique cette politique d’empowerment que certains bailleurs de fonds négligent pour instituer une dépendance négative, chiffres (en dollars et euros) faramineux à l’appui… Mais l’heure n’est plus aux palabres mais à l’action concrète . Ainsi, cette approche a eu lieu dans le triangle du « Kéré » (famine dans la langue antandroy) formé par les districts de Betioky, Ampanihy et Ambovombe.
M. Marcel Ramahavita, Directeur de la Protection sociale
Séances de travail techniques théoriques
Surtout à ne pas mettre en vente pour "profiter du temps présent"
Il est temps de penser au long terme, Ã l'avenir
Des semences (« tabiry ») de légumineuses de la famille des lentilles et des boutures de manioc y ont été distribuées. Ce sont 11.700 foyers comptant 720.000 personnes qui en sont les bénéficiaires. Ces derniers auront à disposition une surface de 22.500 ha pour les cultiver. Marcel Ramahavita, Directeur de la Protection sociale (DPS) : « Il s’agit de produits à croissance rapide car ils ne mettent que 3 à 4 mois pour sortir de terre. Il y a aussi des boutures de cactacées lisses (« raketa malama ») qui seront cultivées du côté d’Andranovory ».
Selon le dernier recensement, ce sont 1.500.00 personnes qui sont le plus touchées par la malnutrition dans le Grand Sud malgache. Leur besoin global en aliments est de 750 tonnes par jour. Il est quasi-impossible de leur donner des produits prêts à la cuisson -même gratuitement- durant toute l’année. Il est donc urgent qu’ils se prennent en mains et produisent par eux-mêmes. Un peu de statistiques à présent.
1- Les 11 communes en difficulté alimentaire aigue (DAA), dont les habitants ne mangent qu’une fois par jour :
District de Betioky : 04 communes (Sakamasay-Ankazomanga Ouest-Maroarivo-Masiaboay) comptant 27.837 habitants ;
District d’Ampanihy : 06 communes (Gogogogo-Antaly-Ankilimivory-Belafika Haut-Ankilizato-Ankiliabo) comptant 65.683 habitants;
District de Beloha : 01 commune (Marolinta) comptant 14.611 habitants ;
2- Il existe 42 communes en difficulté alimentaire (DA), comptant 612.825 habitants qui mangent une ou deux fois par jour.
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REPARTITION PAR DISTRICT |
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DISTRICT |
ANTSOROKO (KG) |
TSIASISA (KG) |
VOAZAVO (SACHET) |
Betioky |
3 134 |
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8 868 |
Ampanihy |
12 162 |
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12 415 |
Beloha |
985,92 |
6 108 |
2 706 |
Tsihombe |
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3 029 |
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Ambovombe |
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1 151 |
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Amboasary |
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4 332 |
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TOTAL |
16 282 |
14 620 |
23 989 |
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Cette politique sociale de Nadine Ramaroson, entre dans la lutte contre la malnutrition, en apprenant aux populations à se prendre en charge et bénéficier de leurs propres efforts et non plus d’attendre le PAM qui ne fait rien d’autre que pérenniser une culture de la main tendue et de mendicité mais aussi d’oisiveté menant à tous les vices.
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Mangahazo (Manioc) |
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Commune |
SUPERFICIE (Ha) |
QUANTITE Boutures |
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Beahitse |
20 |
240.000 |
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Betioky |
20 |
240.000 |
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Fotadrevo |
20 |
240.000 |
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Ambonaivo |
20 |
240.000 |
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Andranovory |
20 |
240.000 |
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3- Communes en difficulté alimentaire localisées : 07
4- Communes en difficulté économique sévère : 22
5- Communes en difficulté économique légère : 11
6- Communes où il n'y a rien à signaler : 22
Pour le ministère de la Population et des Affaires sociales, il importe de débarrasser les habitants de ces régions de leurs habitudes d’attendre que l’on veuille bien leur donner à manger. Ils doivent, désormais, apprendre à gérer leur temps et à maîtriser la terre des ancêtres pour qu’elle produise, au moins, 10kg de légumineuses par hectare.
L'habitat de ces chaudes contrées
"Lakozia" (Cuisine)...
Dans cette optique, le ministère met à leur disposition guider des techniciens pour les guider et les suivre dans cette démarche qui peut éradiquer efficacement l’oisiveté et l’attentisme. Des sites communautaires de 100 ha seront aménagés ainsi que des sites ménagés de 30 ha chacun.
Explications techniques sur le terrain
En fait, ce qui manque le plus, ici, ce n’est ni la terre ni les ressources humaines mais c’est la maîtrise de l’eau. Celle des cours d’eau qui ceinturent ce tristement célèbre « royaume du Kéré ». Jusqu’ici, faute de cette eau qui est la vie, les habitants avaient du vendre tous leurs biens depuis trois ans, à cause d’une carence pluviale endémique.
Actuellement, l’espoir renaît avec Dame pluie qui est apparue depuis le 23 décembre 2010 et jusqu’à maintenant. C’est le moment ou jamais de cultiver. Le ministère a relevé le défi de distribuer toutes les semences et boutures avant le 20 janvier 2011 et procèdera à la dotation de 500 charrues à zébus aux communes les plus vulnérables que sont celles d’Ankazomanga Ouest et Maroarivo (District de Betioky) ; Ankilizato et Ankiliabo (District d’Ampanihy). Chacune de ces communes aura 50 charrues, ce qui laisse 150 charrues qui seront réparties dans les autres communes.
Le rêve de grands espaces verdoyants est déjà devenu une réalité dans ces contrées longtemps considérées comme désertiques, inadaptées à l'agriculture
Monsieur Romain de Maroarivo : « Nous avons toujours eu cette volonté de cultiver nos terres, mais jusqu’ici, personne ne se préoccupait de nous aider, de nous encourager et, surtout, de nous donner les moyens de production minimaux. Au nom de mes concitoyens, je remercie Madame Nadine Ramaroson, ministre de la Population et des Affaires sociales ».
Cette femme vend des galettes faites de légumineuses cultivées par elle-même
Taxi-brousse à Beahitse
Taxi-brousse à Betioky. On pense déjà à "l'exportation" des produits...
Reportage : Jeannot RAMAMBAZAFY
Photos : Andry RAKOTONIRAINY