Charles Andrianasoavina et Niels Marquardt
Décidément, le président démissionnaire de la Grande île de l’océan indien battra tous les records de l’abaissement de soi. Ce qui prouve, une énième fois, qu’il n’a jamais eu l’étoffe d’un homme d’état mais qu’il restera un opportuniste, un trader socio-économique, depuis sa mainmise sur les sociétés Lalasoa et Mamisoa, dans les années 1980. Ce qui lui a valu, déjà , une peine d’emprisonnement mais, étrangement, lui aura permis de bénéficier d’un prêt de la Banque mondiale, sous la bienveillance du président Didier Ratsiraka qu’il évincera en 2002, en reniant sa signature des accords de Dakar I et II à l’époque.
A cause de ses arrestations "musclées", Charles Andrianasoavina, alors commandant, était la cible idéale des Gtt pro-Ravalomanana…
Marc Ravalomanana personnifie tous les adages concernant les aspects les plus noirs et les plus négatifs de l’homme, lus dans les Proverbes de la Bible. Récemment, il a profité des « révélations » de l’ex-commandant Charles, à partir de la prison de Tsiafahy, pour en faire un nouveau cheval de bataille qui ne tiendra jamais la route face aux vérités historiques. Au moment où il devrait plutôt se tenir à carreau, comme tous ses collègues dictateurs exilés depuis trente ans (en commençant par Idi Amin Dada d’Ouganda), Ravalomanana, lui, veut faire feu de tout bois. Il ne s’agit pas ici de lui donner une quelconque importance mais d’anticiper à 100% l’avenir très sombre qui l’attend. Car au- delà de cette limite (oser porter plainte pour "coup d'état", à partir de déclarations d’un officier qui n’a plus sa tête à lui ni plus rien à perdre), son ticket de président de la république n’est plus valable du tout. Car il a déposé sa plainte en tant que tel, en cette année 2011 où le monde entier a compris que l’heure est aux élections pour clore la transition malgache présidée par Andry Rajoelina.
Il n’y a qu’à Madagascar qu’un prévenu peut faire des déclarations à la presse, au tribunal
Mais dans le domaine des droits de l’homme, n’importe quel individu a le droit de déposer une plainte au-devant de la justice. En ce faisant, il compte encore sur le jeune président du syndicat des magistrats pour retarder encore l’inéluctable. C’est le monde à l’envers. Qu’est-ce qui ne tourne pas rond dans la tête de ces gens-là et qui les pousse à commettre des actes… extra-terrestres ? Le regret et la conscience qui les taraudent les poussent à l’innommable.
Caricature parue dans le quotidien "La Gazette de la Grande île"
Seul moyen de leur révéler leurs bêtises, l’existence d’autres déclarations : celles de l’ancien ambassadeur Niels Marquardt. Bien que taxé de pro-Ravalomanana, il est le seul à démasquer ce dernier. En plus, il a en sa possession la lettre de démission de Marc Ravalomanana. Voici des extraits de son interview avant son départ définitif. A vous de voir qui de l’ex-commandant ou de l’ex-ambassadeur est le plus crédible ?
Jeannot RAMAMBAZAFY
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Samedi 22 mai 2010
Interview de Niels Marquardt
L’ambassadeur américain, futur consul général des États-Unis en Australie, fait le bilan de son mandat à Madagascar, avant son départ prévu vers la mi-juin.
• Vous êtes au terme de votre mandat, qu’avez-vous retenu de ces trois années passées en tant qu’ambassadeur des États-Unis d’Amérique à Madagascar ?
- J’ai été ravi d’avoir été envoyé à Madagascar. J’ai toujours été fasciné par ce mélange unique au monde de la culture africaine et de la culture asiatique. Disons que, je m’attendais à autre chose que ce qu’il y a eu. Quand je suis arrivé, je me suis dit que c’était le bon moment de venir à Madagascar. La Grande île était enfin sortie de son passé sombre. L’expérience socialiste, l’isolement, les choix politiques mal conçus, l’orientation vers la Corée du Nord, c’était fini. Mais au bout de quelques mois, j’ai commencé à me poser des questions. Il y a eu plusieurs rendez-vous manqués, que j’ai trouvés particulièrement dommage.
• Pouvez-vous citer quelques exemples ?
- J’avais comme objectif de faire venir des investisseurs américains à Madagascar. En novembre 2007, s’est tenu au Cap, en Afrique du Sud, l’US-Africa Business Summit, une importante conférence qui se déroule tous les deux ans avec beaucoup d’investisseurs américains. L’ancien Président de la République devait personnellement participer à cette conférence, et il devait prononcer un discours à l’ouverture. Mais pour une raison que nous n’avons pas comprise, le Président a annulé sa participation au dernier moment. Il a envoyé son nouveau ministre de l’Économie. Celui-ci a fait un excellent travail, mais l’absence surprise du Président a laissé un goût amer du côté des Américains. Des hommes d’affaires américains sont certes venus ensuite, mais la plupart du temps, cela n’a abouti à rien.
• Il y a aussi eu l’épisode Seabord, l’investisseur dans le secteur de la farine.
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- Seabord était l’un des premiers investisseurs américains venus tester le climat des affaires à Madagascar. S’il avait réussi, il aurait entraîné beaucoup d’autres derrière lui. Mais il a constaté, et les autres aussi, que le climat des investissements à Madagascar n’était pas très fair-play. Ce qui a repoussé des intérêts potentiels vers des pays plus sains.
• Vous ne disiez pas tout cela avant. Votre langage a-t-il changé parce que Marc Ravalomanana n’est plus au pouvoir ?
- Je ne dis rien de neuf. Si vous regardez bien dans les archives, vous verrez que j’ai toujours eu un certain franc-parler. Le problème du conflit d’intérêt à Madagascar était un sujet qui nous préoccupait beaucoup. Mon adjoint avait même déjà proposé, à une époque, que le Président (Ndlr : Marc Ravalomanana) vende sa société, et je partageais tout à fait son avis. Depuis 2002, tous les ambassadeurs américains ont toujours conseillé au Président de séparer ses affaires personnelles des affaires de l’État.
• L’ancien Président ne se privait pourtant pas de clamer haut et fort la confiance internationale, plus particulièrement américaine, dont il bénéficiait.
- Il faut tracer une ligne bien distincte entre les deux mandats de l’ancien Président. Sous son premier mandat, on lui a accordé le bénéfice du doute. La communauté internationale a senti souffler un vent nouveau. Nous nous sommes dit que, pour le bien des Malgaches, il fallait laisser souffler ce vent libéral, pro-business et ouvert au monde extérieur. Mais après l’élection présidentielle de 2006, on a commencé à constater des problèmes. Nous n’avons pas compris la réforme constitutionnelle de mars 2007. Le courant passait aussi mal avec les sociétés américaines qui voulaient venir parce que le président voulait imposer ses critères. Il y a aussi eu ces tensions inutiles créées avec le maire d’Antananarivo qui a pourtant été démocratiquement élu, ainsi que les promesses non tenues de la réforme électorale. Tout cela a choqué la communauté internationale.
• Est-ce que vous comprenez alors pourquoi la crise a éclaté ?
- Disons que nous nous y attendions. Nous voyions qu’en se créant ainsi des ennemis, il allait dans le mauvais sens. Vous devez savoir que des discussions ont déjà été entamées sur la possibilité d’une deuxième phase du MCA, et Madagascar ambitionnait d’obtenir 700 millions de dollars. Mais déjà , à l’époque, je doutais fort de la possibilité pour Madagascar d’être accepté à cette deuxième phase.
• Les États-Unis se donnent une mission de faire accepter les valeurs démocratiques dans les pays où ils sont présents. Vu la crise actuelle, diriez-vous que la vôtre à Madagascar a été un échec sur ce point ?
- La démocratie est une expérience, pas une culture. Nous avons essayé d’apporter notre appui à Madagascar en ce sens, mais parfois sans réussite. Un projet financé par le gouvernement américain avec la NDI (National Democratic Institute) a été mis en œuvre pour apporter un appui aux élections et à la promotion de la culture démocratique, ainsi que pour préparer le terrain aux réformes électorales. La NDI est repartie en mai 2008 après avoir mené à bien le projet, mais avec un certain désespoir. Le gouvernement semblait de moins en moins ouvert aux réformes électorales. Il a bien soumis un projet de loi sur les partis politiques six mois plus tard, mais en interdisant les indépendants de briguer des mandats électifs. On se demandait bien pourquoi.
• Pendant trois ans, vous avez eu le temps de connaître les hommes politiques malgaches. Pensez-vous qu’ils soient capables de mettre en place la vraie démocratie dans ce pays ?
- C’est possible, oui. Mais cela se fait pas à pas. Le plus difficile sera de faire le premier pas. Cela commence par la réconciliation, ainsi que par la mise en place d’une commission électorale indépendante, mais vraiment indépendante. Ce sont des réformes à faire, et tout le monde le sait. Le choix du système de gouvernement est aussi une question à laquelle les Malgaches doivent répondre. Mais jusqu’ici, je ne connais pas l’opinion des Malgaches. Veulent-ils un système fédéral ou unitaire ? Souhaitent-ils un régime présidentiel ou plutôt parlementaire ? Ce sont autant de questions qui doivent faire l’objet d’une discussion inter-malgache.
• À défaut de négociations, un gouvernement qui arriverait au pouvoir à la faveur d’un coup d’État contre la HAT serait-il reconnu par les États-Unis ?
- Absolument pas. La reconnaissance du gouvernement américain ne viendra qu’à travers la voie des urnes. Si une voie consensuelle se dégage, nous appuierons les élections qui vont donner naissance à un gouvernement démocratiquement élu.
Le cow-boy Ravalomanana n’avait rien de Lucky Luke…
• Il circule sur Internet une photo de l’ancien président devant le drapeau américain ou en tenue de cow-boy, et il est écrit dessus : « Paris se déchaîne, le shérif arrive ». Que vous inspire cette image ?
- Je pense que l’ancien président est très inspiré par les États-Unis. Il a beaucoup d’estime par la façon de faire des Américains. Je vois cela comme un signe d’ouverture d’esprit. Madagascar a été trop longtemps isolé. L’ouverture tous azimuts qu’il a initiée, vers les États-Unis, mais aussi vers le Canada, le Japon et beaucoup d’autres pays, est une très bonne chose. L’ancien président avait de très bonnes idées. En introduisant la langue anglaise parmi les trois langues officielles, par exemple, il ne pouvait que bien appuyer Madagascar dans son entrée dans la mondialisation.
• Les États-Unis soutiennent-ils Marc Ravalomanana ?
- Je l’ai dit, plusieurs fois. Nous ne soutenons personne. Nous n’avons jamais réclamé le retour au pouvoir de Marc Ravalomanana, nous avons même constaté sa démission. Cette étiquette pro-Ravalomanana et anti-HAT est entièrement fausse. Nous soutenons la démocratie et le retour à l’ordre constitutionnel.
• Madagascar n’est-il pas plutôt devenu le terrain d’un conflit franco-américain pour divers intérêts ?
- Faux. C’est archi-faux. La seule ambition que nous avons, c’est d’aider Madagascar à être un pays prospère, avec une population en bonne santé, et à l’appuyer à lutter contre la pauvreté.
Source: L'Express de Madagascar
Si, du point de vue hiérarchique, Niels Marquardt a été dégradé (D’ambassadeur à Consul même général). Par contre, physiquement, il appris du poids en Australie…
A présent, après sa volte-face en faveur de Ravalomanana, Niels Marquardt, effectivement Consul général à Sydney (Australie), aura-t-il le cran de comparaître en tant que témoin à charge -au nom de la vérité historique- où emportera-t-il les pièces maîtresses de la vérité sur le 17 mars 2009 dans sa tombe ? Dieu seul le sait… Mais c’est de lui que viendra la mauvaise surprise pour ces individus qui ne respectent plus rien. Aucun sens du devoir, des obligations et du respect. Qui vivra verra et pleurera ou rira.
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Dossier de Jeannot RAMAMBAZAFY - 23 janvier 2011