A Madagascar, après la célébration de la « Journée des Officiers», le 12 janvier, voici la « Journée des Sous-officiers » commémorée tous les 1er février. Elle date de la rentrée officielle, le 1er février 1995, de la Première promotion de l'Ecole des Cadres du Service Civique, actuellement dénommée Ecole Nationale des Sous-officiers de l’Armée ou Ensoa.
A travers toute la Grande île, chaque garnison célèbre cette journée. Pour Antananarivo, elle a été organisée au 1er Régiment des Transitions et de Service (RTS) de Fiadanana, en présence du Président de la Transition, Andry Rajoelina, Chef suprême des Forces armées malagasy. Le corps de tutelle de ces militaires est le Corps des Sous-officiers de l'Armée Malagasy (Cosofam).
Quoi que l’on puisse en penser, sans jeu de mots, les sous-officiers, de par le monde sans doute, constituent le pivot central de tout corps d’armée. Durant les évènements de 2002 et 2009 à Madagascar, ils ont joué un rôle décisif mais tout en respectant l’éthique militaire basée sur la hiérarchie. D’ailleurs, après la tuerie du 7 février 2009, la répression aveugle de l’Emmonat (Forces armées mixtes) sous les ordres directs de Marc Ravalomanana et appuyés par des mercenaires blancs -au début du mois de mars 2009-, et au refus d’obéir à ces ordres de Marc Ravalomanana de la part des éléments du Corps des personnels et des services administratifs et techniques de Soanierana (Capsat) -refus assimilé à une rébellion par nombre de médias d’ici et d’ailleurs-, le Cosofam avait fait la déclaration suivante à la presse, le 13 mars 2009 :
Très chers compatriotes,
Vue la honte et les rumeurs qui circulent, et l’impression que certains essayent de manipuler les revendications que nous, sous-officiers, avons émis à Antananarivo, nous répétons à nouveau à la population et aux amis sous-officiers que :
- Les sous-officiers ne sont pas des moyens politiques pour prendre le pouvoir,
- Les sous-officiers restent en tant que force de l’ordre,
- Les sous-officiers respectent la discipline qui gouverne l’Etat-Major Malagasy
Ainsi, un appel est lancé aux amis au sein du COSOFAM de toute l’île :
- De respecter ce qui a été énoncé plus haut, suivant notre devise et pour notre honneur,
- De respecter notre unité et de ne pas décevoir notre patrie
- Nous n’allons pas accepter, et notre conscience ne nous le permettra pas, que ce soit nous qui soyons utilisés pour tuer nos compatriotes.
Marc Ravalomanana et les officiers supérieurs à qui il avait transmis ses pouvoirs après avoir dissous son gouvernement. Acte anticonstitutionnel par excellence. Il aurait du le transmettre au Président du Sénat, Yvan Randriasandratriniony
Ainsi, ayant perdu tout pouvoir sur les éléments-clés de l’armée, Marc Ravalomanana dissout son gouvernement et transmet ses pouvoirs à un « directoire militaire », le 17 mars 2009. Cette démarche anticonstitutionnelle relève de tout ce que vous voulez sauf que ce n’est et ce ne sera jamais un coup d’état. Pourquoi en être arrivé là  ? C’est simple :
Un coup d'Etat est la prise du pouvoir dans un Etat par une minorité grâce à des moyens non constitutionnels, imposée par surprise et utilisant la force. Les auteurs d’un coup d’État, ou putschistes, s’appuient en général sur tout ou partie de l'armée et bénéficient du soutien d’au moins une partie de la classe politique et de la société civile. Ce qui s’est passé au Niger en est l’exemple-type. Par contre, le coup d'Etat, réalisé par un petit groupe, se distingue de la révolution qui a un caractère populaire et massif. C’est le cas de la révolution orange dirigée par Andry Rajoelina. Face aux exactions commises par l’Emmonat en mars 2009, une large partie de l’armée s’est ralliée au mouvement populaire. Là est la vérité.
Les mensonges, en anglais, de Marc Ravalomanana, une fois à l’abri en Afrique, ont malheureusement été diffusés de manière machiavélique sur les sites anglophones qui constituent les 2/3 de l’Internet. Ainsi, durant près d’un an, cette histoire de « coup d’état » a été massivement relayée et retenue. Mais malgré les « révélations » de l’ancien commandant Charles Andrianasoavina, « héros » du Capsat; malgré les ultimes explications d'Henri Ranaivoson, ancien « Chief of staff » de Ravalomanana, au 16è sommet de l’Union africaine (30-31 janvier 2011), plus personne ne mord à l’hameçon et Ravalomanana et ses sbires ont tort d’insister. Surtout avec ce vent du changement, initié par la révolution orange malgache, qui souffle sur le continent africain. L’avenir confirmera mes assertions.
De gauche à droite : le Général Ndriarijaona André, le Général Rakotoarimasy André Lucien, le Général, le Général Camille vital, le Président Andry Rajoelina
Pour en revenir à cette « Journée des Sous-officiers » du 1er février 2011, plus de 900 Sous-officiers (des Sergents aux Adjudants-majors) étaient présents au 1er Rts de Fiadanana. Ce, en présence du Président Andry Rajoelina ; du Premier Ministre, le Général de Brigade Camille Vital ; du Ministre des Forces Armées, le Général de Brigade Rakotoarimasy André Lucien ; du Chef d’Etat-Major Général de l’Armée Malagasy, le Général de Brigade Ndriarijaona André et du Chef de Corps du 1er Rts, le Général de Brigade Samuel Jean Razafimanantsoa.
Extraits du discours du Président Andry Rajoelina : « Madagascar n’est pas un pays en guerre. De ce fait, nous allons, tout d’abord, faire en sorte que les Forces armées prennent leur part de responsabilités quant au renforcement de la sécurité de la population et de ses biens, pour avoir une armée plus proche du Peuple… Ensuite, des éléments des Forces armées vont être détachés au sein de différents génies afin de renforcer le service civique, particulièrement dans le domaine de l’agriculture, pour que l’Armée Malagasy devienne productive, garantissant une autosuffisance alimentaire ne serait ce qu’au sein d’elle-même, pour les années à venir ».
L'ancien blason du Service civique malagasy, connu alors sous le nom de Bérets verts :
la bêche au-dessus du fusil
Tiens, mon rêve depuis trois décennies va donc se réaliser ? En effet, les terres arables sont immenses à Madagascar. J’ai toujours dit qu’il fallait donner une bêche plutôt qu’une Kalachnikov ou AK47 à chaque soldat. On l’aurait fait depuis 1980, le pays aurait déjà atteint l’autosuffisance alimentaire depuis belle lurette, comme le rêvait aussi l’amiral Ratsiraka. Mais le pouvoir corrompt jusqu’aux belles idées… révolutionnaires. Au lieu de cela, Didier Ratsiraka a importé des avions Mig et des chars soviétiques.
Remise de l'oie traditionnelle au Chef Suprême des Forces armées malagasy
Afin de revaloriser l’image des soldats de la Grande île, le Président Rajoelina a annoncé l’arrivée imminente d’un cargo transportant de nouveaux uniformes. Enfin, la réhabilitation de tous les camps militaires de toute l’Ile, figurera dans la liste des principaux projets destinés à revaloriser les militaires malgaches.
Dossier de Jeannot RAMAMBAZAFY – 1er février 2011