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Andry Rajoelina, 7 février : les auteurs de ce massacre n’auront jamais la conscience tranquille

Le couple Présidentiel, Andry et Mialy Rajoelina

Sans commentaire aucun, voici la traduction intégrale du discours du Président Andry Rajoelina, à l’occasion de la commémoration des deux ans de la tuerie du 7 février 2009.

Tompokolahy sy Tompokovavy,

7 février 2009-7 février 2011. Cela fait deux, ici, en ce lieu, que des milliers de Malagasy sont arrivés, comme un seul homme, pour se dresser face aux injustices du précédent régime.

En nous remémorant ce 7 février, ce sont des coups de feu qui résonnent à nos oreilles ; des amis fauchés par des balles réelles, des enfants blessés ; des frères et sœurs qui ont perdu leur vie. Voilà ce qui nous vient immédiatement à l’esprit.

Face à ses mitraillettes, des mains nues mais remplies de foi ; du courage et du patriotisme à revendre. Quel que soit le degré d’égoïsme pour s’accrocher à un fauteuil, il est inconcevable, inadmissible que des compatriotes tuent d’autres compatriotes.

Quelles que soient les méandres de notre chemin de croix, personne n’avait pensé, ne serait-ce qu’une seconde que, quelque part, des Malgaches oseraient verser le sang d’autres Malgaches comme eux.

[Depuis le 10 août 1991] personne n’osait même faire l’allusion qu’un dirigeant malgache ferait massacrer d’autres Malgaches ; nul Malgache n’avait à l’esprit, même dans leur plus mauvais cauchemar, qu’il y aurait des dirigeants [malgaches] qui utiliseraient des mercenaires pour verser le sang de Malgaches comme eux.

Hélas, 36 Malgaches ont été privés de vie, ce 7 février, en l’espace de quelques minutes. Des dizaines sont toujours portés disparus. Tous ne pourront plus se joindre à nous, comme aujourd’hui, à cause des projectiles réels de ces inconscients. Et c’est tout d’abord pour eux que nous devons avoir une pensée toute particulière, en ce jour. Mais aussi pour vous, les 200 les vaillants rescapés qui portez à vie, les séquelles de ceux qui n’ont eu et n’ont encore aucune crainte de Dieu. Nous sommes avec vous de tout cœur, nuit et jour.

Ce qui s’est passé et ce qui se passé en Tunisie, en Algérie, en Egypte et dans bien d’autres nations n’a rien de réjouissant. Mais le monde entier doit être conscient de la valeur d’une lutte populaire pour le changement. Et c’est de cela que les peuples de ces pays ont soif, actuellement.

De nos jours, le monde entier doit être conscient de la valeur de se qui s’est produit à Madagascar [en 2009].

Les 36 personnes qui ont perdu la vie seront à jamais des héros aux yeux de la Nation malgache car la majorité d’entre eux n’étaient même pas âgés de 30 ans. Car leur crédo consistait à lever un vent de changement et de réel développement pour la Nation. Pourtant ils ont été abattus sans quartier.

Cependant, je reste persuadé que les auteurs de ce massacre n’auront jamais la conscience tranquille, selon le dicton malgache qui rappelle qu’il vaut mieux être poursuivi par un zébu enragé qu’être poursuivi par sa conscience.

Nous ferons en sorte que le sang de ces martyres de la Patrie n’ait pas été versé pour rien. Il servira de pierre d’achoppement pour l’avènement d’une Nation nouvelle. Raison qui a poussé tous les Malgaches à travers la Grande île durant la lutte entreprise tout au long de l’année 2009.

Le Buisson ardent du patriotisme ne s’est jamais éteint en eux car ils avaient à l’esprit que « s’il fallait mourir un jour, il vaudrait mieux que ce soit pour la Patrie. S’il y avait un chemin à choisir pour le bien de la Nation, mieux valait prendre celui menant vers la Liberté et le Développement ». Voilà ce qui aura été leur raison de vivre.

Membres de l’AV7 [Association des victimes du 7 février], j’ai été attentif à vos desiderata.

Vous n’êtes jamais entrés dans l’arène des batailles de chaises; vous n’avez jamais posé de conditions d’aucune sorte. Aussi, il est plus que logique que vous  ayez des représentants qui seront nommés pour faire partie du Congrès de la Transition. Par ailleurs, la loi permettant de poursuivre l’aide financière dont vous bénéficiez [depuis mars 2009, qui devait s’achever avec la Transition, sera étudiée sérieusement afin que vous puissiez encore en bénéficier au-delà de cette période transitoire. Je ne ferais pas de vous des orphelins, livrés à vous-mêmes et je ne vous décevrais jamais.

Lentement mais inexorablement, nous avons réussi à résoudre les problèmes, malgré tous les obstacles aussi divers que différents. La majorité des Malgaches en âge de voter à donné son avis lors du referendum du 17 novembre 2010 et, ensemble, nous avons pu mettre en place la IVè République.

C’est la raison pour laquelle, actuellement, les pays à l’extérieur et la Communauté international commencent à avoir une autre vision sur ce qui s’est passé, sur ce qui se passé réellement à Madagascar.

Nous devons résoudre tous les problèmes, et le pays doit avancer car nous ne faisons pas corps avec les retardataires. Nous vivons pleinement dans la IVème République de nos jours, bien que certains veulent nous faire revenir dans la IIIème République. Mais est-ce bien raisonnable ? Est-ce vraiment un portail de sortie de crise ?

Les Institutions stipulées dans la nouvelle Constitution doivent être mises en place. C’est la raison de l’appel à toutes les entités politiques et les personnes de bonne volonté ayant un savoir-faire dans leur domaine respectif. Ceux qui ont de la volonté seront accueillis à bras ouverts car ce sont eux dont la Nation a le plus grand besoin. Mais il n’existera aucune pression de quelque forme que ce soit. Quant à ceux qui tergiversent encore et toujours, laissons le peuple malgache les juger.

Nous en sommes au stade des préparatifs d’élections acceptées par tous, c’est-à-dire acceptées des Malgaches d’abord, de la Communauté international ensuite. D’ailleurs, des émissaires des Nations Unies (Onu) sont déjà au pays, afin de constater que le processus électoral entre bien dans les normes requises. Dans le courant de cette semaine, des émissaires de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif) seront dans nos murs, pour étoffer cette équipe d’experts internationaux

Je réitère une nouvelle fois que l’heure n’est plus marchandage ni aux batailles de chaises. L’heure est au changement : changement de mentalité, changement dans la manière de travailler et changement dans la gestion pour mieux préserver les intérêts du Peuple. Avec le patriotisme comme fer de lance, développer notre pays dans un délai très court ne relève pas de l’utopie. Nous pouvons faire de cette île bien-aimée une locomotive qu’envieront d’autres nations, si tant est que nous ayons l’envie et la volonté de nous changer et de changer, particulièrement dans le cercle de nos politiciens. Et cela, en prenant exemple sur le patriotisme et la volonté qu’ont eu les martyres à qui ont a subitement supprimé la vie, le 7 février 2009.

S’il y a un souhait à émette, en ce jour de recueillement, c’est que jamais, plus jamais des Malgaches ne tuent d’autres Malgaches. Puissions aimer et chérir Madagascar comme nos martyres l’ont aimé. Nous chérirons Madagascar car c’est la Terre de nos ancêtres et nous n’avons pas d’autre Patrie que cette île bien-aimée.

La Terre de nos Ancêtres est sacrée.

Misaotra Tompokolahy, Mankasitraka Tompokovavy.

Andry Rajoelina

Président de la Transition de Madagascar

Stèle des Martyres du 7 février – Ambohitsorohitra

Le 7 février 2011

Traduction : Jeannot RAMAMBAZAFY

Mis à jour ( Mardi, 08 Février 2011 09:45 )  
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