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Crise à Madagascar : qui doit convaincre qui exactement ?

Didier Ratsiraka, Marc Ravalomanana, Zafy Albert, ennemis d'avant... Comique, sûrement,
mais voilà ce qui risque de se passer à Madagascar si çà continue
(Caricature parue à la Une du quotidien l'Observateur du 5 avril 2011)

Tous parlent au nom du « peuple » malgache. Tous ne recherchent que son mieux-vivre et son mieux-être. Tous disent qu’ils œuvrent pour l’intérêt supérieur de la nation. Et tous les « nouveaux » -pas si nouveaux que çà- entendent redorer on ne sait plus quel blason terni par on ne sait plus qui. Et le plus tragi-comique dans cet enlisement d’une situation, somme toute simple, c’est que tous veulent d’abord une reconnaissance « internationale ».

Et chacun y va de son couplet de patriotisme, en faisant plus de la publicité politique que de la vraie communication qui est (encore une fois) : expliquer, expliquer, expliquer. Les recommandations en 6 points de la Troïka de la Sadc (sommet du Livingstone, en Zambie, du 31 mars 2011) sont révélatrices d’une masturbation intellectuelle spécifique aux Malgaches. On étale toutes ses connaissances sans faire avancer d’un pouce la situation. Pendant, au moins, un mois, le temps va se consumer en décrets de nomination et de marchandages impudiques, en attendant le fameux sommet extraordinaire organisé par la Sadc pour se pencher « sérieusement » sur le cas de Madagascar. Or, quelle est la finalité de toute période transitoire ? Des élections libres et transparentes, donc crédibles, pour un retour à l’ordre constitutionnel dérangé par un président qui, le premier, a foulé au pied la constitution malgache en remettant ses pouvoirs à un directoire militaire, le 17 mars 2009.

Or, la constitution malgache est limpide à ce sujet en son article 52, avant le referendum du 17 novembre 2010 : - En cas de vacance de la Présidence de la République par suite de démission, de décès, d’empêchement définitif (Ndlr : cas de Zafy Albert – décision n°17-HCC/D3 du 04 septembre 1996,) (…) la vacance est constatée par la Haute Cour Constitutionnelle et, les fonctions de Chef de l’Etat sont provisoirement exercées, jusqu’à l’entrée en fonction du Président élu ou jusqu’à la levée de l’empêchement temporaire, par le Président du Sénat ou, en cas de vacance de poste ou d’incapacité du Président du Sénat constatée, par la Haute Cour Constitutionnelle, par le Gouvernement collégialement.

On constate que le transfert de pouvoir à un directoire militaire n’était pas inscrit dans ce texte fondamental. L’ambiguïté réside dans le fait qu’il faudrait savoir la différence entre anticonstitutionnel et extra constitutionnel. Mais c’est la même chose en fin de compte : cela sort du cadre de la constitution. Et c’est sciemment que Marc Ravalomanana a effectué cet acte en dehors de la constitution donc, à travers l’ordonnance 2009-001 en date du 17 mars 2009 : il a décidé de conférer les pleins pouvoirs à un Directoire militaire -prévu dirigé par le vice-Amiral Hyppolite Rarison Ramaroson (Président), le Général de Division Rabarisoa Ranto et le Général de Division Razafindralambo Rivo (membres)-. Ce directoire militaire, toujours hors de cet ordre constitutionnel -perturbé par Ravalomanana lui-même-, a, à son tour, remis ces pleins pouvoirs à Andry Rajoelina, leader de la révolution orange, selon l’ordonnance 2009-002 en date de ce même 17 mars 2009.  C’est à cet instant qu’a débuté la période de transition entérinée par la Hcc (Décision n° 03-HCC/D2 du 23 avril 2009) avec les motifs précis suivants :

(…) Considérant ainsi que d’une part, l’ordonnance n°2009-001 du 17 mars 2009 ne répond pas aux conditions et forme fixées par la Constitution ; que d’autre part, son objet ne relève pas du domaine de la loi mais de celui de la Constitution ; qu’enfin, elle n’a pas été soumise au contrôle de constitutionnalité avant sa promulgation ;

Considérant dès lors que l’ordonnance sus citée constitue une manifestation unilatérale de volonté du Président de la République qui ne saurait être conforme aux dispositions constitutionnelles ;

Considérant toutefois qu’il échet de prendre acte du motif de la décision prise dans cette ordonnance comme étant le constat de circonstances qui prévalaient et la nécessité de sauvegarder le principe de la continuité de l’Etat ;

Considérant que par l’ordonnance sus évoquée, le Président de la République a donné les pleins pouvoirs à un Directoire Militaire qui exerce cumulativement les fonctions du Président de la République et du Premier Ministre et qui est habilité à prendre toutes mesures nécessaires pour l’instauration d’un  ordre public stable ;

Qu’aucune disposition constitutionnelle ne prévoit l’existence de Directoire Militaire ;

Considérant que, par la suite, la Présidence du Directoire Militaire, par ordonnance n°2009-002 du 17 mars 2009, a transféré les pleins pouvoirs à Monsieur Andry Nirina Rajoelina qui exerce les fonctions et les attributions du Président de la République conformément aux dispositions de la Constitution, pour une période de 24 mois au maximum ; qu’il a pour mission d’organiser le régime de transition et de prendre toutes mesures nécessaires à cet effet ;

Considérant que par sa lettre n°79-HCC/G du 18 mars 2009, pour l’intérêt supérieur de la nation, pour la sauvegarde du principe de continuité de l’Etat et en vue d’une sortie de crise souhaitée par toutes les parties, la Haute Juridiction a entériné les deux ordonnances sus visées et a déclaré  que Monsieur Andry Nirina Rajoelina, Président de la Haute Autorité de Transition, exerce les attributions du Président de la République énoncées par les dispositions de la Constitution et celles desdites ordonnances ;

Considérant que le 21 mars 2009, la Haute Cour Constitutionnelle a procédé à l’installation du Président de la Haute Autorité de Transition exerçant les fonctions et attributions du Président de la République ;

Que cette structure n’est pas non plus prévue par la Constitution ;

Considérant que le contexte politique exceptionnel et la prise des différentes ordonnances sus évoquées ont amené la Haute Cour Constitutionnelle à prendre en compte les réalités suivantes :

- le transfert unilatéral par le Président de la République de l’exercice des pouvoirs qui lui sont dévolus par la Constitution, situation qui engendre de fait la vacance de la Présidence de la République ;

- dans des circonstances normales, au sens de l’article 52, alinéa 1er, de la Constitution, en cas de vacance de la Présidence de la République et avant de procéder à l’élection d’un nouveau Président de la République, les fonctions de Chef de l’Etat sont provisoirement exercées par le Président du Sénat ou à défaut par le Gouvernement collégialement aux termes de l’article 52, alinéa 3, de la Constitution ;

- cependant, le Président de la République ayant transféré les pleins pouvoirs à un Directoire Militaire contrairement aux dispositions constitutionnelles, les mesures prévues à l’article 52, alinéa 3, sus évoquées ne peuvent plus être mises en œuvre ;

- le transfert des pleins pouvoirs du Président de la République à un organe non prévu par la Constitution s’oppose à l’application stricte des dispositions constitutionnelles et implique de fait l’entrée dans une période transitoire pour la gestion des affaires nationales ;

- la nécessité de la continuité de l’Etat, en vue de remédier dans l’immédiat à un vide institutionnel, appelle la mise en place de structures étatiques provisoires ;

- toujours est-il que l’entrée dans une période de transition comporte comme effet le changement organique et formel de l’organisation de l’Etat. Néanmoins demeurent intangibles les principes fondamentaux de la République tel que celui de la séparation des pouvoirs ainsi que l’intégrité du territoire national, la forme républicaine de l’Etat et les valeurs culturelles propres à la nation (…)

En passant, l’article 52 de la constitution de la IVè république adoptée par voie référendaire, le 17 novembre 2010, a remédié à la situation, comme suit :

Article 52.- Par suite de démission, d’abandon du pouvoir sous quelque forme que ce soit, de décès, d’empêchement définitif ou de déchéance prononcée, la vacance de la Présidence de la République est constatée par la Haute Cour Constitutionnelle. Dès la constatation de la vacance de la présidence, les fonctions du Chef de l’Etat sont exercées par le Président du Sénat. En cas d’empêchement du Président du Sénat constatée par la Haute Cour Constitutionnelle, les fonctions de Chef de l’Etat sont exercées collégialement par le Gouvernement.

Voilà la stricte vérité que retiendra l’Histoire. Le reste n’est qu’une vue d’esprit de la part d’un ambassadeur américain paranoïaque (Niels Robert Marquardt, rétrogadé au rang de consul en Australie) qui a complètement déformé les turbulences malgacho-malgaches qui se sont passées à l’épiscopat d’Antanimena, en cette fin d’après-midi du même 17 mars 2009. Or, ce diplomate, le matin même, avait été témoin de cette démission sans contrainte de Marc Ravalomanana au palais d’Iavoloha. La suite ne sera plus basée que sur des mensonges relayés par un réseau sur internet, chèrement payé par Ravalomanana (sites et autres blogs distillant une culture de haine jamais connue auparavant). Car une fois mystérieusement sorti du pays, Marc Ravalomanana a pris la décision de mentir, en anglais, devant l’assemblée de la Sadc :« J’ai du transmettre les pleins pouvoirs sous la menace d’une arme ». Et, pendant longtemps, cette vulgaire démission du matin, accommodée avec l’épisode de l’épiscopat en fin d’après-midi, est devenue un « coup d’état », un « putsch » relayé par tout le réseau anglophone financé par Ravalomanana.

Et c’est sur la base de cet énorme mensonge que la « communauté internationale » s’est positionnée. Celle-ci, pour mieux compliquer les choses, n’a pas trouvé mieux que de remettre en selle deux présidents qui avaient été jetés hors du pouvoir par le peuple auparavant. Si, au moins, ils étaient sortis par la grande porte… Mais à quoi servent donc les ambassadeurs en poste au pays s’ils ne sont même pas capables de rédiger des rapports conformes aux réalités vraies ? Ou bien, la philosophie de Gallieni l’emportant, que les Malgaches se débrouillent entre eux ? On fera copains avec les survivants, les plus forts ? Deux ans après ce 17 mars 2009, toutes les parties concernées par cette crise de politiciens -et rien d’autres- sont à la recherche d’une reconnaissance internationale. A croire que plus ils ont des diplômes plus ils deviennent bêtes, ma parole. Le plus gravissime aussi, c’est que ce sont des créatures qui n’ont jamais vécu les tragiques évènements de 2009-2010 ici, au pays, qui s’enferrent dans le mensonge, avec des arguments axés sur les insultes -très faciles sous le couvert de l’anonymat- et le culte la personnalité. Comme si Marc Ravalomanana était l’agneau venant de naître. Or, c’est un dirigeant qui a agi comme ses prédécesseurs, dès son second mandat acquis... Sauf Zafy Albert qui a été empêché mais qui ne s’empêche pas de démontrer encore plus son incapacité de gérer quoi que ce soit, avec des « révélations » ridicules. Mais il serait tout aussi ridicule d’emprisonner un vieillard de 84 ans, n’est-ce pas ? Ses divagations retomberont toujours sur lui. Un jour ou l’autre. Laissons-le s’opposer à lui-même.

Partant de cela donc, les parties concernées veulent convaincre cette communauté internationale. Mais de quoi exactement ? Que les uns sont plus cons que les autres ? Mais tous devraient savoir pertinemment que le retour à l’ordre constitutionnel, perturbé le 17 mars 2009, doit impérativement passer par des élections libres, transparentes, crédibles. Mais sachant aussi que la perfection ne sera jamais de ce monde. Ce n’est que lorsque Madagascar aura des dirigeants élus au suffrage universel que la reconnaissance internationale reviendra automatiquement. Pas avant. Mais tous confondent appui financier et matériel des entités internationales à ces élections, et retour de Madagascar dans le concert des nations. Nous sommes donc devant un faux problème qui ne peut être résolu que de la manière suivante.

Que le pouvoir de transition, dans son état actuel, avec ce gouvernement d’union nationale, cesse de tergiverser et arrête une fois pour toutes le calendrier électoral pour cette année 2011, avant la saison des pluies. Que le Président Andry Rajoelina annonce, une fois pour toutes aussi et très vite, s’il va se porter ou non candidat à la première présidence de la IVè république. Entretenir le suspens, c’est montrer une certaine incompétence et, surtout, ouvrir la porte à l’intox et à la désinformation. A mon sens, et au nom du changement et du respect de la parole donnée -quelles que soient les évolutions enregistrées-, il ne devrait pas se présenter cette fois-ci. Il sortira par la grande porte étant donné, d’ailleurs, que sa mission initiale aura été de permettre à Madagascar d’aller de la IIIè république vers la IVè république, dans les meilleures conditions possibles. Sa non-présentation stoppera net tout ce micmac qui fait perdre du temps aux Malgaches et de l’argent à la patrie. Un vrai homme d’Etat, à l’image de Nelson Mandela, sait se sacrifier jusqu'au bout. Mais je reste persuadé qu’Andry Rajoelina sera élu sans coup férir lors de la seconde élection présidentielle (je connais la psychologie de mes compatriotes) et que, d’ici là, il aura étoffé son statut de politicien déjà chevronné.

On sait que le pouvoir corrompt. Mais le pouvoir absolu corrompt absolument. La balle est donc dans le camp d’Andry Rajoelina lui-même. Personne ne peut le contraindre à quoi que ce soit mais il doit mesurer les impacts, les retombées de ses décisions à très court terme. En résumé, il est le seul a avoir le lourd devoir de se convaincre et de convaincre tout le monde sans exception (politiciens, peuple malgache, communauté internationale) que la priorité des priorités demeure ce retour de l’ordre constitutionnel à travers des élections crédibles, elles-mêmes base de toute reconnaissance internationale. A bientôt 37 ans, il a toute la vie devant lui et son nom est déjà inscrit dans les dictionnaires. Actuellement donc, il se trouve devant sa propre conscience et j’ai le devoir de lui dire que, dans certains cas de figure, le mieux et l’ennemi du bien.

Aussi, si nous voulons en finir avec cette période de transition qui a tendance à s’étirer dangereusement, l’heure est aux décisions vraiment décisives. Pour le bien de la Nation uniquement. Certes, derrière tout ceci, il y a aussi le contexte géopolitique et géostratégique qui dépasse le commun des mortels. Sans compter les énormes intérêts financiers que suscite le riche potentiel naturel et minier de Madagascar. Mais une chose à la fois, voulez-vous ? Cette « crise » est avant tout « politique », non ?

Jeannot Ramambazafy – 6 avril 2011

Mis à jour ( Mercredi, 06 Avril 2011 15:34 )  
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