TV5 Monde : Vous êtes Président de la Transition malgache, alors rappelons-le pour nos téléspectateurs, Madagascar est plongé depuis deux ans dans une grave crise politique depuis votre accession au pouvoir, fort du soutien de l’Armée. Depuis, les autorités de Transition ne sont pas reconnues par la Communauté internationale. Vous étiez en Turquie en début de semaine, vous êtes depuis jeudi à Paris, vous aviez été reçu par le Ministres français des Affaires étrangères, Alain Juppé, puis par le Secrétaire Général de l’OIF, Monsieur Abdou Diouf. Que cherchez-vous à convaincre ? Que vous êtes l’homme de la situation pour sortir Madagascar de la crise ?
Président de la Haute Autorité de la Transition (PHAT) : « Madame Bonjour ! Ecoutez ! A Madagascar, depuis deux ans effectivement, il y avait eu un soulèvement populaire en 2009, mais ce qui est important à signaler mais surtout à signifier, c’est qu’en Novembre dernier, le Peuple malgache s’est exprimé à travers l’adoption de la Nouvelle Constitution de la Quatrième République. Et dans les dispositions transitoires de notre Constitution, c’est clair, il est stipulé que je dirige la Transition jusqu’à l’avènement d’un nouveau Président de la Quatrième République. Aujourd’hui, Madagascar n’a pas besoin d’armes pour résoudre son problème. Madagascar a juste besoin d’accompagnement pour les prochaines élections présidentielles et législatives, que nous comptons organiser cette année ».
TV5 Monde : Justement, le 20 Mai, la Communauté des Etats d’Afrique Australe se réunit en sommet. Elle vous reconnaît comme Président de Transition jusqu’aux prochaines élections. Sans pour autant fixer de date. Quel est votre calendrier ?
PHAT : « C’est un appel que je lance à tous les Dirigeants et Chefs d’Etat, membres de la SADC : il n’est pas dans l’intérêt de qui que ce soit de prolonger la crise à Madagascar. Regardez ce qui s’est passé en Tunisie et en Egypte. Il y avait eu un soulèvement populaire. C’est exactement comme ce qui s’est passé à Madagascar. Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est justement d’organiser les élections le plus rapidement possible. Et c’est le souhait, l’aspiration du Peuple malgache ».
TV5 Monde : Le plus rapidement possible ? Ca veut dire quoi ? Donnez-nous une date.
PHAT : « A Madagascar, l’organisation des élections devrait se passer entre le 1er Mai et le 30 Novembre. Mais au-delà , c’est-à -dire, du 30 Novembre au 30 Avril, c’est la saison des pluies. Donc, on ne pourra pas organiser des élections ».
TV5 Monde : Donc, 30 Novembre au plus tard ?
PHAT : « Au plus tard, le 30 Novembre ».
TV5 Monde : Huit (08) groupes politiques ont accepté la Feuille de route de la Communauté des Etats d’Afrique Australe. Par contre, l’opposition, elle, s’y oppose toujours. Que répondez-vous à l’opposition ?
PHAT : « Il y a ceux qui veulent aller vers les élections aujourd’hui à Madagascar. Il y a ceux qui veulent aussi mettre fin à la crise à Madagascar. Il y a ceux qui ne veulent pas du tout et ceux qui ne veulent pas participer aux élections. Quant à nous, ce qui nous intéresse, c’est l’avenir du pays, l’avenir de Madagascar, qui est un grand pays avec beaucoup de potentiels. Ce qu’on leur dit aujourd’hui, c’est qu’il faut rendre au Peuple le pouvoir, c’est-à -dire, c’est au Peuple de décider l’avenir et le destin de Madagascar, par la voie des élections ».
TV5 Monde : Alors, le Parlement de la Transition est actuellement en session. Il se penche sur le code électoral justement, mais également sur d’autres Lois très politiques, dont celle de l’amnistie, un enjeu de taille qui compte pour ceux qui souhaitent retourner sur le devant de la scène politique. Etes-vous vraiment motivé pour que ce point, l’amnistie, soit légiférée ?
PHAT : « Bien sûr. Il ne faut pas confondre pardon et amnistie. Parce que l’amnistie, dans les règles internationales, tout ce qui est crime de sang ou génocide n’est pas du tout amnistiable. Donc moi, je suis, justement, pour le pardon mais pas pour l’impunité ».
TV5 Monde : Est-ce qu’on peut imaginer que Marc Ravalomanana revienne à Madagascar alors qu’il est aujourd’hui en exil en Afrique du Sud ?
PHAT : « En ce qui concerne l’ancien Président, vous savez que le Peuple a réclamé justice sociale. Il ne faut pas oublier que c’est le Peuple qui l’a amené au pouvoir mais il a répondu par les armes. Pour moi, c’est impardonnable car c’est une haute trahison, le fait d’utiliser des armes contre ses concitoyens ».
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