On fait semblant de l’ignorer mais chez le King Mswati III, « Africa's last absolute monarch », çà gronde aussi depuis peu... Il ne s’agit pas d’une crise « politique » -inconnue encore dans un pays où le roi dirige à vie-, mais d’une crise économique et de santé publique.
La crise économique au Swaziland a affecté sa capacité à fournir des soins de santé puisque le stock tampon de médicaments anti-rétroviraux (ARV) du pays ne couvre plus les trois mois d'approvisionnement préconisés. Ce sont les personnes affectées par le VIH/SIDA qui sont très préoccupées par leur traitement si jamais le Swaziland ne peut acheter des ARV. Ainsi, conduites par le « Swaziland National Network of People Living with HIV/AIDS » - SWANNEPHA (Réseau national des personnes vivant avec le VIH/SIDA au Swaziland), des organisations de la société civile sont descendues dans les rues, le 21 juillet 2011, pour exiger que le gouvernement veille à ce qu'il y ait suffisamment d'ARV dans le pays. Il faut savoir que le gouvernement swazi est confronté à une crise économique après que l’Union douanière d’Afrique australe a réduit ses recettes au Swaziland de 60%. Cet argent était utilisé pour financer 60% du budget du pays.
Des efforts pour obtenir des prêts internationaux s'avèrent ridicules pour le gouvernement, qui serait en train de perdre 11,5 millions de dollars par mois à cause de la corruption. Les espoirs d'obtenir un prêt de 176 millions de dollars auprès de la Banque africaine de développement n’ont abouti à rien, étant donné que le gouvernement n’a pas respecté certaines des recommandations du Fonds monétaire international (FMI). Le gouvernement n’a pas pu réduire les salaires des fonctionnaires de 4,5% puisque les syndicats se sont opposés à cette mesure, appelant à un changement de régime dans ce royaume qui est dirigé par le roi Mswati III et où les partis politiques ne peuvent pas disputer le pouvoir. La coupe des salaires permettrait au gouvernement d'économiser 35,2 millions de dollars annuellement et aiderait à réduire la masse salariale, qui représente 18¨% du produit intérieur brut – l’un des plus élevés dans la région. Et la situation est devenue tellement dramatique que le Swaziland s’est adressé au gouvernement sud-africain pour un prêt. Mais il y a une forte opposition de la part du Congrès des syndicats sud-africains (COSATU) et du Parti communiste d’Afrique du Sud (SACP), qui forment une alliance tripartite avec le parti au pouvoir, le Congrès national africain.
Le COSATU et le SAPC appellent à des réformes politiques dans le régime du roi Mswati III avant que l'Afrique du Sud ne puisse envisager une aide financière quelconque. Mais, selon des informations émanant des médias, la Banque centrale sud-africaine a annoncé, le 3 août 2011, avoir accordé un prêt de 2,5 milliards de rands au Swaziland pour le sauver de la banqueroute. Toutefois, plusieurs services publics sont en train d’être supprimés car il n'y a pas plus de liquidité pour continuer à financer ces différents programmes, qui étaient essentiellement disponibles et gratuits pour le public. Il y a plus de 60.000 personnes vivant avec le VIH/SIDA dans ce pays qui a un taux de prévalence du VIH de 26% parmi les personnes âgées de 15 à 49 ans. Taux le plus élevé au monde.
Des personnes vivant avec le VIH/SIDA à Lugongolweni, dans la région frappée par la sécheresse de Lubombo, sont enfermées dans la crise fiscale après que le gouvernement a suspendu la fourniture de rations alimentaires aux gens démunis. Cela a obligé beaucoup de personnes pauvres à se coucher sans manger. Et celles qui sont sous ARV disent qu'elles ne peuvent pas prendre les médicaments le ventre vide et ont donc recours à la bouse de vache avant de prendre ces médicaments. Emmanuel Ndlangamandla, le directeur de l'Assemblée de coordination des organisations non gouvernementales, a déclaré que c'est une mauvaise image pour le gouvernement que certaines personnes aient atteint un point où elles sont obligées de manger la bouse de vache."Cette crise signifie la mort pour les gens ordinaires", a indiqué Ndlangamandla. « C'est dommage que toute crise humanitaire affecte plus les pauvres ». Lomcebo Dlamini, coordinatrice nationale de « Women and Law in Southern Africa-Swaziland » (Femmes et droit en Afrique australe-Swaziland) a affirmé que cette crise économique ne pouvait pas être considérée isolément, mais comme faisant partie du problème de la mauvaise gouvernance dans le pays.
Et c’est ainsi que les leaders de la Sadc, qui se réunissent les 17 et 18 août 2011 à Luanda (Angola) ont sur les bras les crises du Zimbabwe, de Madagascar, du Swaziland mais aussi du Malawi. Normal si rien n’a encore été décidé concernant la Grande île de l’océan Indien. Normal car il y a plus urgent. Anormal car çà traine trop depuis que les mensonges de Ravalomanana, l’ami du roi Mswati III du Swaziland (où le président malgache démissionnaire avait fait une escale en mars 2009), ont été mis à jour.
SADC silent on growing regional unrest
2011-08-17 14:59 – news24.com
Luanda - Southern African leaders opened a summit in Angola on Wednesday, but were largely silent on growing unrest in the region and ongoing leadership battles in Zimbabwe and Madagascar.
The two-day summit of the 15-nation Southern African Development Community (SADC) comes on the heels of recent crackdowns on anti-government protests in Malawi and Swaziland, which join the other crises on the list of regional leaders' headaches.
Recueillis par Jeannot Ramambazafy – 17 août 2011
(Source : Agence Inter Press Service)
=========================================
Le Roi Mswati III : Marc Ravalomanana avait assisté à son 40ème anniversaire
Les uns mangent… les autres regardent. C'est ainsi que naissent les révolutions. Le Swaziland, dernière monarchie absolue d'Afrique, n'échappe pas à cette règle. Au contraire !
Son souverain, Mswati III (Ndlr : né prince Makhosetive Dlamini), est plus connu pour ses excès que pour ses qualités hypothétiques d'homme d'Etat. Ce jeune homme barbu, bien en chair et toujours ceint du pagne traditionnel, des plumes dans les cheveux et un collier de petites perles au cou, est un habitué des rubriques mondaines et de faits divers.
Dernier excès en date, la célébration, le week-end dernier, de son 40e anniversaire, couplé avec celui de l'indépendance. Pour l'occasion, 41 BMW ont été livrées au palais, tandis que 8 des 13 épouses royales faisaient leur shopping à Dubaï.
Comme il est désormais de coutume, les vierges ont dansé seins nus devant le roi. Elles étaient 50.000, histoire de marquer les festivités d'une pierre blanche.
Quelle débauche de moyens dans un pays très pauvre, frappé de plein fouet par la crise ! Le scandale est d'autant plus criant que deux tiers des sujets du roi vivent sous le seuil de pauvreté. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), près d'un tiers des Swazis ont besoin d'une aide alimentaire.
Et, comme un malheur n'arrive pas seul, le royaume vient de détrôner le Botswana au premier rang des pays les plus touchés par le sida, avec 40% de personnes infectées.
C'est sur cette vallée de larmes que prétend régner le monarque fantasque, entouré de ses courtisans et de son harem, d'un autre âge. Une verrue sur le visage d'une Afrique en pleine mutation, en quête de bien-être pour ses fils et filles.
Décidément, ce roi fait honte à l'Afrique et l'on comprend aisément qu'un vent de révolte ait quelque peu perturbé la fête. Les uns mangent, les autres regardent…