Maître Hanitra Razafimanantsoa, magistrate (pouvoir judiciaire) et membre du pouvoir législatif. Quid de la séparation des pouvoirs ?
8, 9, 10 février 2012. Grande première donc dans les annales du pouvoir judiciaire à Madagascar. Le corps des magistrats lui-même a décidé d’organiser des Assises nationales avec pour thème :« Etat de droit par l’instauration d’une Justice indépendante, crédible et respectée ».
En attendant les recommandations et les résolutions, il y a un cas que beaucoup semble éluder mais qui détonne dans cette démarche inédite plus que louable.
Ici, Ă l'extrĂŞme-gauche: Ă quel titre Me Hanitra Razafimanantsoa assiste-t-elle Ă l'ouverture des Assises nationales des magistrats ?
Il s’agit de Me Hanitra Razafimanantsoa, actuellement vice-présidente du Conseil supérieur de la Transition (CST), pouvoir législatif par excellence. Or, d’un côté elle est avocate d’affaires s’occupant des intérêts de l’empire Tiko fondé par Marc Ravalomanana -et des intérêts de toute la famille Ravalomanana d’ailleurs- mais, en plus, elle est une militante acharnée de ce dernier, ne craignant plus d’intervenir lors des meetings au Magro de Behoririka.
Pour défendre aveuglément (mais non sans espèces sonnantes et trébuchantes) "Dada", Mamy Rakotoarivelo et Me Hanitra Razafimanantsoa font la paire
Dès lors politicienne aussi, elle est même considérée comme l’aller ego féminin de Mamy Rakotoarivelo qui n’est plus à présenter ici… Dans quelle catégorie Me Hanitra Razafimanantsoa peut-elle donc être classée dans ce contexte de crédibilité et de respect de la Justice ?
Avocate d'affaires en toge pour défendre les intérêts de la famille Ravalomanana
A quelle indépendance pourrait-elle faire allusion dès lors qu’elle est dépendante à 100% de son client, Marc Ravalomanana ? Il faudrait que, lors de ces Assises qui s’achèvent le 10 février 2012, on statue aussi sur son cas. Car peut-elle à la fois être magistrate, vice-présidente d’un parlement et militante d’une mouvance politique ? Il faut qu’elle abandonne un de ces titres sinon ces Assises n’aboutiront à rien du tout. En vérité, il semble bien qu’elle soit la seule magistrate à manger dans tous ces râteliers, dans le cercle de la magistrature à Madagascar. Et comme elle n’a pas la langue dans sa poche, comment voulez-vous que les gens ne parlent pas d’elle comme étant l’avocate du diable ? Ou bien son cas est-il l’image même de cette fameuse « indépendance » de la justice ? Le problème est entier. Personne ne se pose la question. Surtout pas les médiaboliques.
Lors d'une intervention au Magro Behoririka. Militante politique pour la mouvance Ravalomanana
Or, en utilisant toutes ces casquettes à la fois, il y a, de manière incontournable, un abus de pouvoir quelque part. Non ? Dernier fait d’armes : la défense de Tojo Ravalomanana. En tant qu’avocate, militante ou vice-présidente du CST ? Là est la question. Il faudra qu’elle choisisse un jour ou l’autre sinon la recherche d’une justice « indépendante, crédible et respectée » sera vaine. Car pour Me Hanitra Razafimanantsoa, toute sa vie même dépend de Marc Ravalomanana. Elle ne pense qu’à lui, elle n’en dort plus la nuit, le jour. Jusqu’à quand ? Bien sûr qu’en tant que citoyenne elle a le droit de s’associer avec qui elle veut. Mais je persiste et signe : toute sa démarche fait désordre dans le monde de la magistrature, dont le blason doit être redoré d’urgence.
La conférence au Colbert, le 4 février 2012, de Brylyne Chitsunge (docteur en Agriculture) et Mutumwa Mawere (Tycoon zimbabwéen déchu). Mais où diable est passée Me Hanitra Razafimanantsoa ? En second ou même troisième plan ?
En tout cas, chapeau. Qui a parlé de sexe faible lorsqu’on sait tout le poids de responsabilités que porte Me Hanitra Razafimanantsoa, une femme, sur ses épaules et dans sa tête ? Enfin, elle est aussi à plaindre car lorsque débarquent les Blancs Peter Mann, Brian Currin, Jens Thorsenn, Peter Sullivan, Patrick Gearing et, récemment, les Blacks Brylyne Chitsunge et Mutumwa Mawere (au fait que sont-ils devenus ces deux-là , après leur conférence de presse au Colbert ? Seront-ils tout de même payés par Dada ?), Me Hanitra n’a plus droit au chapitre. Ce n’est qu’à leur départ qu’elle devient un perroquet pathétique. Qui a dit que pratiquer le culte de la personnalité était un sport facile ? Heureusement que les millions de Dada compensent ce désagrément… Quel sera son avenir lorsque tout rentrera dans l’ordre (constitutionnel) ? Car tout a une fin ici-bas. Eh bien comme tant d’autres avant elles, après la chute des régimes Tsiranana et Ratsiraka, elle ira s’installer à l’extérieur du pays. Elle est encore jeune... Pourquoi l'exil ? « Aleo enjehin’omby masiaka, toa izay enjehin’eritreritra ». En clair: il n'y a pas pire qu'être poursuivi(e) par sa conscience. Et Me Hanitra a raison de hurler à qui veut l'entendre : "Tany tsy misy fanjakana ity !" (Il n'y a pas d'Etat de droit). A son image quoi...
Jeannot RAMAMBAZAFY
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Tojo Ravalomanana, Charly Nakany, Me Hanitra Razafimanantsoa
Charly Nakany (DST): « Je n’ai pas de comptes à rendre au P.M. »
La Gazette de la Grande île du vendredi, 10 Février 2012
Charly Nakany est furieux contre ce qu’il appelle de « campagne de diabolisation » du département qu’il dirige, la DST (direction de surveillance du territoire). « Nous sommes un organisme officiel créé par décret et rattaché directement à la Présidence. Comme son nom l’indique, notre département est chargé de la surveillance du territoire. A ce titre, nous avons une compétence nationale mais en tant que police judiciaire, nous agissons sous couvert du procureur de la République territorialement compétent sur les lieux où nous intervenons », nous explique-t-il.
« Au domicile de Tojo Ravalomanana, c’est le procureur de la République d’Antsirabe qui a délivré le mandat de perquisition. Nous somme descendus sur place à la suite de renseignements selon lesquels l’occupant des lieux procèderait à un recrutement suspect d’anciens militaires et de soldats encore en service, et détiendrait des armes de guerre, de très fortes sommes d’argent et de la drogue. C’était une mission confidentielle et nous n’avons pas à informer qui que ce soit, fût-il le Premier ministre. Qu’il sache que je n’ai pas de comptes à lui rendre. Mes chefs hiérarchiques sont le Secrétaire Général de la Présidence et le Président de la Transition ».
Sur ce point, le directeur de la DST a entièrement raison. On se demande d’ailleurs pourquoi le Premier ministre a vite fait de condamner l’initiative de la DST. « S’il n’a pas d’excuse valable pour ne pas avoir répondu à l’invitation personnelle du Président de la Transition pour la commémoration du 7 février, qu’il ne nous accuse pas d’avoir agi unilatéralement ». En fait, le chef du gouvernement qui est supposé être au courant de tous les rouages de l’Administration, semble ne pas savoir les textes régissant la DST ni connaître les limites de sa compétence en matière de sécurité.
Cela n’étonne pas de la part d’un candidat parachuté à la Primature qui pour masquer son irresponsabilité et/ou son incompétence gouverne par l’entremise des commissions. Pour la mise en œuvre de la feuille de route, il a créé la Commission ad hoc interministérielle élargie qui représente en fait moitié du gouvernement. Récemment, il a créé des commissions ad hoc sur les sujets sensibles : la gestion des bois précieux, les litiges fonciers et les expulsions, la gouvernance et l’administration générale.
Omer Beriziky n’est membre d’aucune de ces commissions. Ses détracteurs diront que c’est pour pouvoir rejeter la responsabilité aux autres, au cas où. L’autre interprétation possible est qu’il n’a confiance à aucun de ses ministres à qui ils demandent de se surveiller au sein des commissions. En tout cas, les seules choses pour lesquelles il s’est manifesté énergiquement jusqu’à présent, c’est quand on touche à la famille Marc Ravalomanana (c’est la raison pour laquelle nous avons rapporté dans notre édition d’hier la troisième fonction qu’une frange de la classe politique lui attribue : ministre de la libération de Marc Ravalomanana, ndlr)
Ce qui ne manque pas de réjouir la presse pro-Ravalomanana. « Je n’ai rien contre ces journalistes-là qui ont leur propre opinion et savent peut-être ce qu’ils font. Nos bureaux sont ouverts mais aucun de ces journalistes n’ose nous approcher pour lire le procès-verbal de perquisition. Ils gobent tout ce que Me Hanitra leur dit », s’exprime encore le commissaire Charly Nakany. « Elle raconte des mensonges. Elle dit que nous avons dépassé l’heure légale de début de la perquisition mais si elle est une avocate qui fait son travail loyalement elle doit voir dans le PV que la perquisition a débuté à 18h15 et non après 19 heures comme elle l’affirme. Sait-elle au moins lire? Sinon qu’est-ce qui la rende aveugle ?».
Selon les dires de M. Nakany, ce procès-verbal a été signé en bonne et due forme par Claudia Ravalomanana, l’épouse de Tojo. Dans ce PV, il n’est question de tirs de fusils ni de chiens tués mais plutôt d’un chien blessé à la patte par un bris de glace. On parle cependant de la découverte d’une bonne quantité de cannabis que le propriétaire des lieux consommerait avec ses amis. « C’est à 22h32 quand en voulant forcer une pièce, nous avons dû décider d’arrêter l’opération afin d’éviter un bain de sang, une vingtaine d’hommes armés de bambou avec des lames tranchantes à l’extrémité étant rameutés par le maître des céans ». « Qu’on arrête de nous diaboliser », conclut non sans détermination celui qui veut régler ses comptes avec l’avocate. « Tout le monde peut faire de la manipulation mais cela ne fait pas partie de notre éthique ».
Sa