Marc Ravalomanana et Eva Joly à Madagascar
Eva Joly, candidate EELV (Europe Écologie-Les Verts) à l'élection présidentielle, a fait de "l'anti-corruption" son cheval de bataille. Mais pourquoi cette ex-consultante justice à Madagascar a-t-elle couvert -au moins tacitement- le régime autoritaire de Ravolamanana ?
Ca c'est pas choly choly
Eva Joly fait de l'anti-corruption son axe de campagne, mais n'a pourtant pas tout dit sur le gouvernement de Marc Ravolamanana à Madagascar.
Eva Joly a fait de la défense de la morale publique son credo politique ultime et sa marque de fabrique personnelle dans cette campagne présidentielle. Jamais avare d’une critique acerbe sur le système judiciaire français et sur la corruption de nos élites, la candidate écologiste a pourtant officié comme conseillère justice auprès du président malgache Marc Ravalomanana, un autocrate notoire qui avait pour autre spécificité d’être l’homme le plus riche de Madagascar.
Peu de pays au monde peuvent se targuer d’un niveau de corruption comparable à celui de Madagascar (123e pays mondial selon le classement 2010 de Transparency International). Et le régime de l’ex-chef d’État Marc Ravalomanana (2002-2009) s’est particulièrement distingué en matière de népotisme et de détournements de fonds publics.
Pas de quoi refroidir Eva Joly, qui se réjouissait récemment de la condamnation de Jacques Chirac pour une poignée d’emplois politiques fictifs. Pendant deux ans, l’ancienne juge est intervenue (2004-2006) auprès du régime de Marc Ravalomanana comme consultante justice par le biais de l’Agence norvégienne de développement et de coopération.
Officiellement, le gouvernement malgache avait fait appel à la Saint-Just des prétoires pour l’assister dans ses efforts en faveur de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption… Mais, qu'elle en ait eu conscience ou non, dans les faits, la mission d’Eva Joly aura surtout été d’apporter une caution morale occidentale au système de prévarication mis en place par les proches de Marc Ravalomana au détriment de la population locale.
Outre une corruption généralisée, Eva Joly n'a pas réagi à la condamnation à mort d’une dizaine de paysans malgaches, accusés de s’être opposés aux expropriations foncières du régime de Ravalomanana. Des peines heureusement jamais exécutées. Eva Joly n'a plus donné de la voix à Antanarivo lorsque plusieurs personnalités politiques ont été expulsées du pays car jugées hostiles au régime.
Autant d’évènements couverts (au moins tacitement) par une Eva Joly qui ne les a jamais remis en cause publiquement… ce qui n’empêche pas la "Madame Morale" de la vie politique française d’expliquer doctement que la justice malgache est "plus indépendante que la justice française" !
Mais Eva Joly, récemment condamnée pour diffamation par la justice française pour avoir affirmé sans preuve que David Douillet était "l’heureux détenteur de comptes au Liechtenstein", n’en est pas à une contradiction près.C’est manifestement plus facile d’appeler les autres à la morale, la transparence et l’exemplarité que de se l’imposer à soi-même.
(Source : www.atlantico.fr/ - 14 janvier 2012)
En haut: Sylvain Urfer, Christian Chadefaux et Ravalomanana qui semble dire : " OUT! ". En bas, Olivier Péguy à l'aéroport d'Ivato, le 12 mai 2005
Enfin, le journaliste Christian Chadefaux (Ndlr : journaliste expulsé de Madagascar manu militari, en mai 2007, après l’expulsion sans aucun forme de procès d’Olivier Péguy, correspondant de RFI, en avril 2006 et celle du père Sylvain Urfer en mai 2007), rappelle dans “Le Journal de l’Ile” (de la Réunion), du 26 novembre 2011, les exploits d’Eva Joly à Madagascar. Conseillère personnelle pendant 4 ans du sanglant président francophobe Ravalomanana (déchu et exilé depuis 2009 en Afrique du Sud), c’est « sous son autorité, au moins morale » que des journalistes français ont été expulsés sans explications, tandis qu’ « une dizaine de paysans malgaches ont été condamnés à mort (…) pour s’être opposés au vol de leurs terres par le glouton tyran (…) qu’elle conseillait… »
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DOCUMENTS D’ARCHIVES
L'échappée malgache d'Eva Joly Par VINCENT HUGEUX, publié le 02/12/2010
l'express.fr
Pendant deux ans Eva Joly était à Madagascar, conseillant le président de l'époque. Le dessein était noble ; le résultat fut mince. Entre 2004 et 2006, Eva Joly a conseillé le président malgache de l'époque, Marc Ravalomanana, pour le compte de l'Agence norvégienne de développement et de coopération. Elle apparaissait alors comme la figure de proue d'un aréopage fourni de consultants occidentaux : 17, de l'aveu même de l'ancien chef de l'Etat, dont un économiste norvégien, un Britannique, une escouade de sociaux-démocrates bavarois, des Américains, un urbaniste français et... un philosophe grec.
La tâche assignée à la rugueuse Eva ? Inspirer, au nom de la bonne gouvernance, une réforme en profondeur du système judiciaire de la Grande Ile, miné par la faiblesse des effectifs, les carences de la formation, la corruption et le surpeuplement des prisons. Critiquée en Europe pour le concours apporté ainsi à un autocrate mal élu, la Franco-Norvégienne le fut aussi à Antananarivo dès lors que, fidèle à ses principes, elle préconisa la création d'une haute cour de justice appelée à châtier les ministres indélicats.
Si elle se dit "fière" du travail accompli, Eva Joly dresse de son aventure insulaire un bilan mitigé. Certes, elle a assuré avoir contribué à la libération de "quelque 3 000 prisonniers", dont certains détenus sans jugement depuis plus de dix ans. Mais, convient l'ex-magistrate, "l'évolution du régime n'a pas été celle espérée". On peut cultiver son franc-parler et manier la litote.
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Eva Joly : « Je n’ai jamais travaillé pour Ravalomanana », publié le 29/11/2011
La Gazette de la Grande Ile
Eva Joly n’a pas été ménagée, le week-end dernier, lors de sa visite à La Réunion. Le journaliste Christian Chadefaux a profité de l’occasion pour rappeler le passé peu brillant sinon compromettant de la candidate des Verts à l’élection présidentielle française de 2012.
Cependant, celle-ci n’a pas manqué de répondre à ces critiques. Ci-après ce que rapporte à ce sujet notre confrère « Le Journal de l’Ile de la Réunion ».
« Dans un courrier des lecteurs, publié hier dans nos colonnes, Christian Chadefaux, l’ancien rédacteur en chef de l’Express de Madagascar, accuse la candidate écologiste d’avoir été pendant 4 ans “la conseillère personnelle du président de Madagascar Marc Ravalomanana pour l’Etat de droit, la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption”.
Période pendant laquelle le journaliste a été expulsé de l’île, après 55 ans de présence.
Eva Joly s’est ardemment défendu de toute compromission avec l’ex-président malgache. “J’ai travaillé pendant huit ans pour le gouvernement norvégien pour de meilleurs rapports Nord-Sud, contre la corruption.
Je n’ai jamais travaillé pour Ravalomanana, j’ai travaillé pour Norad (l’Agence norvégienne pour le développement international), à Madagascar, comme au Kenya, au Nigeria, en Tanzanie ou en Zambie”.
Elle a expliqué avoir été missionnée par Norad pour mettre en place une cellule de lutte contre la corruption.
Elle a aussi assuré avoir justement fait pression sur Marc Ravalomanana pour faire cesser les dérives dans les prisons “qui ressemblaient à des camps de concentration”, les détentions provisoires sans limite, l’utilisation des prisonniers dans les rizières des magistrats, etc. “Je suis fière de l’action que j’ai menée à Madagascar”.
Aux électeurs français de Madagascar d’apprécier, car Mme Joly n’a rien dit, à l’époque, concernant les abus perpétrés par M. Ravalomanana.
Un dossier préparé par Jeannot RAMAMBAZAFY – 12 février 2012