Andry Rajoelina, Président de la Transition de Madagascar
Le vendredi 4 mai 2012, la délégation de l’Union européenne à Madagascar, a convoqué la presse malgache à son siège, Immeuble Zital Ankorondrano, pour une rencontre d’information. Il s’agissait pour Léonidas Tezapsidis, Chef de la Délégation, d’annoncer deux faits jugés importants :
D’abord, l’annonce du déblocage, vers juillet-août 2012, d’une enveloppe de 106 millions d’euros destinés aux acteurs non étatiques et aux autorités locales dans le développement (ANE/AL). En fait, il s’agit d’une partie du financement de 2 millions d’euros selon l’EuropeAid/132-664/M/ACT/MG.
Cette somme de 106 millions d’euros sera répartie comme suit : 44 millions pour les secteurs Santé de base et Education ; 34 millions d’euros pour la Sécurité alimentaire avec 34 millions d'euros ; 10 millions d'euros pour la Société civile ; 12 millions d'euros pour la réhabilitation des pistes rurales et 6 millions d’euros pour les aides d'urgence. Cependant, la condition sine qua non -surtout pas les autorités locales- est : pas de sous sans élections. Et tout sera perdu en 2013, au terme du 10è FED si… Rappelons que, dans le cadre de ce 10è FED, le Programme Indicatif National (PIN) prévoyait une enveloppe initiale d'aide programmable de 577 millions d'euros (Enveloppe A,), complétée d'une aide non programmable de 11 millions d'euros (Enveloppe B).
Ensuite, l’autre annonce a été focalisée sur la célébration de la Journée de l’Europe (9 mai). Le 9 mai 1950, Robert Schuman présentait sa proposition relative à une organisation de l'Europe, indispensable au maintien de relations pacifiques. Cette proposition, connue sous le nom de "Déclaration Schuman", est considérée comme l'acte de naissance de l'Union européenne. De nos jours, le 9 mai est devenu un symbole européen au même titre que le drapeau (Cercle d'étoiles dorées, sur fond bleu, représentant la solidarité et l’harmonie entre les peuples d’Europe), l’hymne (« Ode à la Joie », tirée de la Neuvième symphonie composée en 1823 par Ludwig van Beethoven), la devise («Unie dans la diversité»), et la monnaie unique (Euro).
Grande première à Madagascar, cette Journée de l’Europe, version 2012, sera célébrée sur le parvis de l’Hôtel de Ville d’Antananarivo, avec une thématique culturelle et tous les membres des institutions de l’actuelle transition de Madagascar.
Mais il faut garder la tête froide et remonter un peu le temps pour connaître les tenants et aboutissants de la démarche de l’Union européenne envers le régime transitoire actuel. Ainsi, nous publions, ici, la lettre au Président Andry Rajoelina, avec les conditions explicites du retour à l’ordre constitutionnel, véritable clé du retour des sous… Encore une fois, il y a quelque part, une carence en communication qui repose sur : expliquer, expliquer, expliquer. Comment voulez-vous que certains politiciens et médiaboliques ne s’en donnent-ils pas à cœur joie pour désinformer à outrance, au nom de leurs intérêts propres (plutôt sales, en réalité) ?
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LETTRE AU PRÉSIDENT DE LA TRANSITION
Monsieur le Président,
L'Union européenne (UE) attache la plus grande importance aux dispositions de l'article 9 de l'accord de partenariat entre les membres du groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, d'une part, et la Communauté européenne et ses États membres, d'autres part, signé à Cotonou le 23 juin 2000 et modifié à Ouagadougou, Burkina Faso, le 22 juin 2010 (dénommé accord de partenariat ACP-UE. Le respect des droits de l'homme, les institutions démocratiques et l'État de droit constituent des éléments essentiels de l'accord de partenariat ACP UE et, par conséquent, le fondement de nos relations.
Par un courrier en date du 16 juin 2011, l'Union européenne vous a informé de sa décision 2011/324/UE de proroger jusqu'au 6 décembre 2011 les mesures appropriées, au sens de l'article 96, paragraphe 2, point c), de l'accord de partenariat ACP-UE.
Depuis cette date, l'Union européenne a suivi de près la situation politique dans votre pays et a soutenu activement les efforts de médiation, consentis notamment par la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) et appuyés notamment par la Commission de l'Océan Indien et les autres partenaires africains, qui ont finalement permis la signature, le 16 septembre 2011, de la feuille de route pour la sortie de crise à Madagascar, telle qu'amendée et explicitée quant au retour à Madagascar de tous les citoyens malgaches en exil pour des raisons politiques suite au sommet de la SADC des 11 et 12 juin 2011.
L'Union européenne a salué cette signature qui ouvre la voie à un processus de transition qui devra aboutir à la tenue d'élections crédibles, libres et transparentes permettant le retour rapide à l'ordre constitutionnel. L'Union européenne a rappelé qu'elle restait disponible pour appuyer politiquement et financièrement et pour accompagner le processus de transition, en réponse à l'appel que la SADC et l'Union africaine (UA) devraient lancer, et en étroite collaboration avec la communauté internationale. L'Union européenne se tient prête à intensifier le dialogue politique avec les autorités de transition issues de la mise en œuvre de la feuille de route, afin d'examiner les conditions et les modalités de cet accompagnement.
Conformément aux articles 4, 5, 6 et 8 de la feuille de route, les nominations d'un premier ministre de consensus et d'un gouvernement de transition constituent des étapes cruciales dans la mise en œuvre du processus; ceux-ci étant chargés de mettre en place les conditions nécessaires en vue de l'organisation d'élections crédibles, justes et transparentes, en coopération avec la communauté internationale.
L'accompagnement politique et financier de l'Union européenne est conditionné au respect par la partie malgache des engagements exposés comme suit :
Nous vous exhortons, ainsi que tous les partenaires politiques malgaches, à poursuivre avec la plus grande persévérance vos efforts pour mettre en œuvre la feuille de route le plus rapidement possible, afin de permettre à l'Union européenne d'accompagner le processus de transition consensuel et neutre pour la sortie de crise à Madagascar.
L'Union européenne a décidé de remplacer les mesures appropriées précisées dans la lettre figurant à l'annexe de la décision 2010/371/UE par les mesures appropriées suivantes:
— l'aide humanitaire et d'urgence n'est pas affectée,
— la Commission européenne mettra en œuvre certains projets et programmes bénéficiant directement à la population,
— l'appui budgétaire prévu dans les PIN des 9ème et 10ème FED reste suspendu,
— les projets et programmes déjà en cours au titre du 9ème FED continuent à être exécutés, à l'exception des actions et paiements impliquant directement le gouvernement et ses agences, avec une révision possible en fonction de l'évolution de la situation politique. Les modifications et avenants aux contrats en cours sont examinés au cas par cas,
— les projets régionaux sont évalués au cas par cas,
— la mise en œuvre des PIN du 10ème FED est conditionnée au respect des engagements de la partie malgache, tels que spécifiés dans la matrice ci-dessus. Ledit respect enclenchera progressivement la réponse de l'Union européenne en ce qui concerne la reprise progressive des programmes de coopération au développement, les mesures d'accompagnement de la transition, notamment en matière de soutien du processus électoral, et à terme, la reprise complète de la coopération au développement avec la mise à disposition de Madagascar de l'essentiel des fonds alloués.
Ces mesures demeureront en vigueur pendant une période de douze mois, mais elles pourront être réexaminées à tout moment en fonction des développements positifs ou négatifs de la situation politique à Madagascar.
Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Président, l'assurance de notre très haute considération.
Pour l'Union européenne
Pour le Conseil
Pour la Commission
Source : Journal officiel de l’Union européenne du 7.12.2011
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De tout ce qui précède, et encore une fois, les élections législatives devront passer avant la présidentielle. Pourquoi ? Tout simplement parce que les députés (et les sénateurs) sont les vrais représentants du peuple et qu’ils sont plus proche de lui que les gars de la haute sphère et sa cour de miraculés qui n’ont jamais fait aucun miracle pour le bénéfice de la nation. Enfin, la vraie démocratie repose, avant toute autre considération, sur les épaules de dirigeants élus au suffrage universel.
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Acteurs non étatiques et autorités locales dans le développement
Le programme thématique « Les acteurs non étatiques et les autorités locales dans le développement » vise à encourager les acteurs non étatiques et les autorités locales, tant dans l'UE que les pays en développement, à s'impliquer davantage dans les questions de développement.
Le principal objectif de ce programme consiste à renforcer les capacités des acteurs non étatiques et des autorités locales afin de leur permettre de participer plus facilement au processus décisionnel et de fournir des services de base plus efficaces aux habitants les plus pauvres dans les pays en développement.
Les priorités du programme sont les suivantes :
- Priorité 1 : soutenir les actions qui cherchent à mettre en place une société démocratique, cohésive et autonome dans les pays partenaires, en renforçant les compétences des acteurs non étatiques et des autorités locales, en aidant les populations dépourvues d'un accès aux ressources ou aux services de base et exclues du processus décisionnel politique et en favorisant le dialogue entre les acteurs étatiques et non étatiques ;
- Priorité 2 : financer les initiatives de sensibilisation et d'éducation dans le domaine du développement dans l'UE et les pays candidats, en encourageant une meilleure compréhension des enjeux et une implication plus forte de tous dans la lutte contre la pauvreté ;
- Priorité 3 : faciliter la coordination et la communication entre les réseaux de la société civile et des autorités locales actifs dans le débat public européen sur le développement.
Ce programme a pour objet principal les interventions sur le terrain.
Les activités mises en œuvre dans chaque pays en développement ciblé sont généralement gérées par les délégations de l'UE concernées. Quant aux activités et actions multinationales menées en Europe, elles sont gérées par EuropeAid.
Dossier de Jeannot Ramambazafy – 6 mai 2012