Affluence record à Téhéran et défaite des USA/UE au sommet des non-alignés : l'Iran demande l'interdiction des armes nucléaires
110 ÉTATS REPRÉSENTÉS, DONT 50 AU PLUS HAUT NIVEAU POLITIQUE
En effet, dès le 1er jour, des délégations représentant 110 des 120 États membres du Mouvement des Non-Alignés sont déjà arrivées à Téhéran.
En outre, selon les toutes dernières annonces présentées par le ministère iranien des affaires étrangères, 50 des 110 États seront représentés au plus haut niveau :
- - 29 États seront représentés par leur chef d’État en personne
[ 27 Présidents, 1 Sultan (Oman) et 1 Émir (Qatar) ]
- - 9 États seront représentés par leur Vice-Président de la République
- - 7 États seront représentés par le Premier ministre, chef du gouvernement C’est d’ailleurs souvent le véritable chef de l’exécutif, comme c’est le cas du Premier ministre indien Manmohan Singh.
- - 5 États seront représentés par un envoyé spécial
Tous les autres États sont représentés au niveau de leur ambassadeur à Téhéran et/ou par des délégations de hauts-fonctionnaires mandatés par leurs gouvernements.
De nombreuses surprises de dernière minute
Plusieurs surprises de dernière minute contribuent à faire de ce XVIe Sommet des Non-Alignés un très grand succès diplomatique pour Téhéran, et une défaite cinglante pour les États-Unis, le Canada, l’Union européenne et Israël, qui avaient exercé les plus fortes pressions possibles pour tenter d’isoler l’Iran.
Ces surprises sont la venue à Téhéran, les 30 et 31 août 2012 :
a)- du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-Moon Le camp euro-atlantiste avait pourtant tout fait pour le dissuader de s’y rendre, car sa présence, même si elle est présentée comme critique, comporte un effet de symbole considérable.
b)- des Président et Secrétaires généraux de trois autres grosses organisations internationales, qui sont moins connues que l’ONU mais qui n’en jouent pas moins un rôle important dans la diplomatie mondiale :
- - la Ligue Arabe, pourtant très divisée sur le cas de la Syrie et majoritairement hostile au régime de Damas,
- - l’Organisation de la Conférence Islamique ( OCI ),
- - et l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA).
c)- du président russe Vladimir Poutine. C’était d’autant moins prévisible que la Russie ne fait pas partie du Mouvement des Non-Alignés et qu’elle l’est donc cette année à titre de nation invitée.
d)- des présidents latino-américains Hugo Chavez (Venezuela), Evo Morales (Bolivie), Rafael Correa (Équateur) et de Michel Temer, vice-président du Brésil
Ce n’est pas vraiment une surprise, compte tenu de la ligne politique des trois premiers dirigeants, mais leur présence n’allait quand même pas de soir et n’avait pas été annoncée préalablement par le ministère iranien des affaires étrangères.La surprise est plus importante venant du gouvernement de Brasilia, qui se fait représenter par le vice-président de la République en personne alors que le Brésil n’est pas membre du Mouvement des Non-Alignés mais seulement « observateur ».
e)- du Vice-Premier ministre d’Arabie saoudite et de l’Émir d’Umm al-Quwain, envoyé spécial du gouvernement des Émirats Arabes Unis : Ce sont des surprises totales ( qui n’avaient pas été annoncées auparavant ), compte tenu de l’alignement de ces régimes sur les États-Unis et de leur hostilité latente à l’égard de l’Iran.
Je relève que, le Premier ministre irakien, le Sultan d’Oman et l’Émir du Qatar faisant aussi le déplacement, de même que les Ministres des affaires étrangères du Koweït et du Bahreïn, cela signifie que tous les pays riverains du Golfe Persique font donc le déplacement de Téhéran. L’Iran est ainsi le seul pays au monde à pouvoir actuellement rassembler des dirigeants de cette zone ô combien stratégique pour l’économie et la paix du monde.
f)- par ailleurs, il faut relever que le représentant du Hamas à Gaza, M. Ismaïl Haniyeh, n’a finalement pas été invité, mais cela fait suite à un imbroglio qui montre les dissensions extrêmes des Palestiniens. Cette absence permettra la présence du président de l’Autorité Nationale Palestinienne, M. Mahmoud Abbas, qui avait menacé de ne pas venir dans le cas contraire.
g)- enfin, je note que l’Australie a accepté de figurer à côté de la Russie comme « nation invitée ». Le gouvernement de Canberra ne se fait, certes, représenter qu’au niveau de son ambassadeur à l’ONU, mais le geste est pour le moins inattendu de la part d’un État occidental traditionnellement inféodé à Washington.
Les personnalités politiques venues du monde entier
- Afghanistan : Hamid Karzai – Président de la République
- Afrique du sud : Maite Nkoana-Mashabane – Ministre des affaires étrangères
- Arabie Saoudite : Abdulaziz bin Abdullah Al Saud – Vice-Premier ministre
- Azerbaïdjan : Elmar Mammadyarov – Ministre des affaires étrangères
- Bahreïn : Khalid bin Ahmed Al Khalifa – Ministre des affaires étrangères
- Bangladesh : Sheikha Hasina – Premier ministre
- Bénin : Yayi Boni – Président de la République
- Bhoutan : Ugyen Tshering – Ministre des affaires étrangères
- Birmanie : Wunna Maung Lwin – Ministre des affaires étrangères
- Bolivie : Evo Morales – Président de la République
- Cambodge : Hun Sen – Premier ministre
- Cuba : Raul Castro – Président du Conseil d’État
- Corée du Nord : Kim Yong-nam – Président du Présidium de l’Assemblée populaire suprême
- Égypte : Mohamed Morsi – Président de la République
- Émirats Arabes Unis : Saud bin Rashid Al Mu’alla – Envoyé spécial, Émir de l’Émirat de Umm al-Quwain
- Équateur : Rafael Correa – Président de la République
- Gabon : Ali Bongo Ondimba – Président de la République
- Jordanie : Fayez al-Tarawneh – Premier ministre
- Inde : Manmohan Singh – Premier ministre
- Iran : Mahmoud Ahmadinejad – Président de la République
- Irak : Nouri al-Maliki – Premier ministre
- Indonésie : Boediono – Vice-Président de la République
- Koweït : Muhammad Sabah Al-Salem Al-Sabah – Ministre des affaires étrangères
- Liban : Michel Suleiman – Président de la République
- Lesotho : Mohlabi Tsekoa – Ministre des affaires étrangères
- Libye : Ashour Bin Khayal – Ministre des affaires étrangères
- Malaisie : Anifah Aman – Ministre des affaires étrangères
- Mauritanie : Mohamed Ould Abdel Aziz – Président de la République
- Maroc : Abdelillah Benkirane – Premier ministre
- Namibie : Marco Hausiku – Ministre des affaires étrangères
- Népal : Baburam Bhattarai – Premier ministre
- Pakistan : Asif Ali Zardari – Président de la République
- Philippines : Jejomar Binay[34] Vice President
- Oman : Qaboos bin Said al Said – Sultan
- Qatar : Hamad bin Khalifa Al Thani – Emir
- Sénégal : Macky Sall – Président de la République
- Serbie : Tomislav Nikolić – Président de la République
- Sri Lanka : Mahinda Rajapaksa – Président de la République
- Soudan : Omar al-Bashir – Président de la République
- Swaziland : Lutfo Dlamini – Ministre des affaires étrangères
- Syrie : Faisal Mekdad – Vice-Ministre des affaires étrangères
- Tanzanie : Mohamed Gharib Bilal – Vice-Président de la République
- Territoires palestiniens : Mahmoud Abbas – Président de l’Autorité Nationale Palestinienne
- Thaïlande : Surapong Tovichakchaikul – Ministre des affaires étrangères
- Tunisie : Rafik Abdessalem – Ministre des affaires étrangères
- Turkménistan : Gurbanguly Berdimuhamedow – Président de la République
- Venezuela : Hugo Chavez – Président de la République
- Vietnam : Nguyen Tan Dung – Premier ministre
- Zimbabwe : Robert Mugabe – Président de la République
Observateurs
- Arménie : Serzh Sargsyan – Président de la République
- Brésil : Michel Temer – Vice-Président de la République
- Tadjikistan : Emomali Rahmonov – Président de la République
Nations spécialement invitées
- Australie : Gary Quinlan – Ambassadeur d’Australie à l’ONU
- Russie : Vladimir Poutine – Président de la République
Organisations représentées
- Organisation de l’Unité Africaine (OUA) : Yayi Boni – Président
- Ligue Arabe : Nabil el-Araby – Secrétaire général
- Organisation de la Coopération Islamique (OCI) : Ekmeleddin İhsanoğlu – Secrétaire général
- Organisation des Nations Unies (ONU) : Ban Ki-moon, Secrétaire général
Dans son discours d’ouverture, le ministre iranien des affaires étrangères rappelle et soutient la demande des non-alignes de l’interdiction mondiale des armes nucléaires
26 août 2012 : M. Ali Akbar Salehi, Ministre iranien des affaires étrangères, prononce le discours inaugural du 16ème Sommet des Non-Alignés à Téhéran.
Enfin, il convient de noter que M. Ali Akbar Salehi, ministre iranien des affaires étrangères, a fait très fort, dès son discours inaugural du 16ème Sommet des Non-Alignés, en appelant l’ensemble des pays réunis :
- à prendre position contre les sanctions occidentales à l’encontre de l’Iran. Il a affirmé au passage que de nombreux États-membres des Non-Alignés soutenaient le programme nucléaire iranien.
- à renouveler leur appel pour une interdiction mondiale de toutes les armes nucléaires dans 13 ans, donc en 2025. Il a eu beau jeu de rappeler que cet objectif avait déjà été adopté par un précédent Sommet des Non-Alignés et a ainsi lancé: «Nous croyons que le calendrier de retrait définitif des armes nucléaires d’ici 2025, qui a déjà été proposé par les Non-Alignés, ne sera effectivement réalisé que si nous en exerçons le suivi minutieux ».
Le ministre iranien a une nouvelle fois assuré que son pays ne cherche pas à se doter d’armes nucléaires, en dépit des affirmations des États-Unis et de leurs alliés qui soupçonnent que l’enrichissement d’uranium de Téhéran pourrait éventuellement conduire à cela.
Commentant les déclarations du gouvernement israélien, qui a dit qu’il examinerait les options militaires si les pressions diplomatiques et économiques ne parviennent pas à freiner les ambitions nucléaires de l’Iran, il a rétorqué qu’Israël avait pour sa part refusé de ratifier le Traité de Non Prolifération nucléaire (TNP) de l’ONU et qu’il refusait de discuter de la gamme complète de ses capacités militaires, alors que tout le monde soupçonne cet État avoir un arsenal nucléaire.
Pour tenter de répondre à l'accusation de terrorisme qui pèse régulièrement sur l'Iran, les organisateurs du Sommet ont jugé bon de présenter, à l'extérieur du lieu de la réunion, trois voitures détruites par des attentas à l'explosif. Selon le gouvernement iranien, ces explosions ont été organisées par des agents britanniques et américains et ont visé à assassiner des membres participant au programme nucléaire. Au moins cinq membres de la communauté scientifique iranienne, y compris des experts nucléaires, ont ainsi été tués depuis le début de 2010, dans le cadre d'une guerre présumée secrète avec ses ennemis principaux.
Enfin, le ministre Ministre iranien des affaires étrangères a déploré la « chute» du poids individuel des États membres de l’ONU, qui s’est exercée au bénéfice de la « montée en puissance du Conseil de Sécurité de l’ONU », dirigé par les Cinq membres permanents : États-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie et Chine.
Il a donc réclamé la « création d’un Conseil de Sécurité plus démocratique, qui devrait être considérée comme une partie importante de la réforme de l’ONU ».
Quelques-uns des principaux responsables politiques mondiaux présents au 16e Sommet des Non-Alignés à Téhéran. De gauche à droite et de haut en bas :