Affiches et posters de quelques-uns des 27 candidats à la présidence de la IIIè république du Mali
Dimanche 28 juillet 2013. Il est écrit que, depuis que la France est un pays colonisateur, rien ne l’arrêtera, au nom de ses intérêts. En dépit du fait que nous sommes en plein Ramadan pour les Musulmans, et en pleine saison des pluies au Mali, la Communauté internationale en général, la France de François Hollande en particulier, aura réussi le pari de la tenue du premier tour d’une élection présidentielle au forceps. Qu’importe ce qu’on dit ou pense de lui, la fin justifie les moyens, n’est-ce pas ?
Ainsi, pour choisir entre 27 candidats, les quelque 6,9 millions de Maliens inscrits sur les listes électorales -sur une population totale estimée à 15.968.882 en ce mois de juillet 2013- étaient « encadrés » (pour ne pas dire surveillés) par 4.600 éléments des forces de l’ordre du Mali : garde nationale, police, gendarmerie, forces spéciales de sécurité, protection civile. Mais les risques étant grands, ce premier tour de l’élection présidentielle malienne a été « sécurisé » par 6.300 casques bleus et les 3 200 soldats français restés sur place depuis janvier 2013.
Pour ce qui est des observateurs, un record aura bien été atteint. Ils étaient plus de 5.000 dont 1.281 observateurs internationaux issus de l'Union Africaine (UA), l'Union Européenne (UE), l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (CEDEAO) et son parlement. Tout cela après le coup d’état militaire de mars 2012.
Louis Michel s’est déplacé en personne, en tant que chef de la délégation des observateurs de l’UE. Il faut dire que l’UE a injecté 17 millions d’euros dans cette « opération démocratique ». Mais que cache ce grand théâtre où tous les acteurs ne sont que des doublures ? Lors de sa conférence de presse, à l’Elysée le 16 mai 2013, le président François Hollande avait déclaré : « "Je suis attaché à ce que les élections se tiennent à la date prévue sur l'ensemble du territoire pour qu'elles ne soient pas contestées ». Concernant Kidal, il a précisé : « Nous avions dit que nous étions prêts à accompagner l'administration malienne à Kidal pour organiser les élections".
Evidemment ! Ayant annulé la procédure d’appel d’offres, le gouvernement malien par intérim a attribué le marché des cartes électorales à Safran Morpho (Morpho, Numéro Un mondial des documents d'identité biométriques, est une filiale de Safran, une société créée en 2005 et dont l’état français possède 30% des actions) pour plus de 13 millions d’euros. Un contrat juteux qui annonce, sans coup férir, un "marché de la reconstruction" qui ne pourra être bénéfique qu’aux entreprises françaises. Mais au-delà de tout çà , au-delà de l’or malien, il y a tout autre chose…
Ancienne colonie française du Soudan français, le Mali est devenu indépendant le 22 septembre 1960. Depuis un passé pas si lointain que çà , les produits des gisements aurifères ont hissé le Mali au quatrième rang des producteurs africains d’or jaune. Mais ils n’ont jamais permis à ce pays de gravir le moindre échelon au niveau du commerce mondial. En fait, la très grande partie des recettes aurifères alimente des comptes en banque privés, à l’étranger. A charge, en revanche, pour les autorités maliennes, de contenir toute crise sociale. La plus grande mine d’or du Mali se nomme Sadiola. Elle se situe sur une veine aurifère courant de Mauritanie jusqu’en Guinée, le long de la frontière sénégalo-malienne. Cette exploitation a longtemps été financée pour les 2/3 par des Aides Publiques au Développement. La mobilisation des habitants aboutirent finalement à la tenue du premier atelier de concertation en Afrique de l’Ouest, entre exploitants miniers et populations locales. Mais dans la réalité et le vécu, les sociétés et les gouvernants n’ont nullement l’intention, jusqu’ici, de partager ces richesses. Et pour les populations, il n’y aura toujours que l’exploitation et la pollution.
Les sociétés de service comme Orange, Total et autres, ne constituent qu’un écran qui cache tout autre chose. Une situation géostratégique que la France ne compte pas abandonner de sitôt… En effet, le Mali se situe au carrefour de pays « importants », notamment le Niger où Areva exploite de l'uranium. Une possible extension du conflit dans le Nord-Niger aurait eu un impact grave sur la sécurité de l'approvisionnement énergétique de la France.
Le Niger est en effet un pays hautement stratégique pour Areva, qui y tire plus du tiers de sa production mondiale. Si le pôle minier d'Areva ne représente qu'une faible partie du chiffre d'affaires du groupe (14% en 2011), cette exploitation est indispensable au numéro un mondial du nucléaire: c’est cet uranium qui alimente plus du tiers des centrales nucléaires d'EDF (Electricité de France). Ce qui explique pourquoi Areva reste toujours au Niger malgré les dangers. Il faut se rappeler l’enlèvement par Aqmi (Al Qaïda au Maghreb) de cinq salariés des groupes Areva et Vinci, dont le Malgache Jean Claude Rakotoarilalao, le 16 septembre 2010 à Arlit. Outre le Niger, le Mali est aussi frontalier de la Mauritanie, pays riche en pétrole où Total est présent depuis 2005 ; limitrophe de la Côte d'Ivoire, pilier de la zone franc CFA, et voisin de l'Algérie, premier partenaire commercial de la France en Afrique et le troisième débouché pour les exportations françaises en dehors de l’Organisation de coopération et de développement économiques ou OCDE.
Alors qu’importe le candidat élu président malien en cette année 2013. Le retour de la démocratie, à travers ce vote au suffrage universel au forceps, sera aussi le retour aux « affaires ». Mais si le nouveau président élu était « malléable », que demande François Hollande, n’est-ce pas ? Rappelons qu’Areva, fondé en 2001, est un groupe industriel français dans le domaine du nucléaire. Il est présent dans 100 pays au niveau commercial et dans 43 pays au niveau industriel.
Dernière information pour les « curieux » qui ne sont pas Maliens : l’élection présidentielle 2013 au Mali en temps réel est sur http://malivote.com/
Dossier de Jeannot RAMAMBAZAFY – 28 février 2013