Certains esprits chagrins diront que je cherche la petite bête. Je répondrai que ce sont les petites gouttes d’eau qui forment les grandes crues (en malgache : « ny erikerika ny maha tondra-drano ») et que c’est ce genre de détails qui fait la différence entre un grand homme et le commun des mortels. Par ailleurs, il s'agit d'une personnalité publique qui doit montrer le bon exemple.
Ce que j’appelle crime de lèse-Président élu par le peuple s’est déroulé en quelques fractions de seconde lors du forum organisé par UrbiFrance, à Paris, le 21 mars 2014. En public donc, et le nouveau Président de Madagascar était l’invité d’honneur. C’est dire qu’il avait beaucoup de choses à dire et à développer. Certes aussi, le temps c’est de l’argent, mais c’était une occasion qui ne revient pas fréquemment, pour s’y attarder un peu.
Premier acte. Alors qu’un journaliste pose ses questions et que le président prend des notes, voilà que Solofo Rasoarahona, l’ami de toujours -mais toujours pas nommé officiellement au sein de la Présidence-, vient lui susurrer on-ne-sait-quoi, comme pour lui dicter ses réponses. D’abord cela ne se fait pas en public, ensuite, le président Rajaonarimampianina s’était certainement préparé à toutes les questions possibles.
Second acte. Le temps c’est de l’argent ai-je dit plus haut. Mais pour démontrer une impatience certaine, voilà que Solofo Rasoarahona ne se gêne pas pour regarder sa montre, comme s’il avait un rendez-vous plus urgent que ce rendez-vous unique présent, avec des opérateurs économiques français. Il aurait pu le faire discrètement sous la table, n’est-ce pas ?
Acte troisième, le plus anti-diplomatique et ne respectant pas la règle protocolaire. A la fin d’une réponse du président, au moment où personne ne s’y attendait, voilà qu’il dit merci et se lève, avant le président, pour marquer la fin de la conférence. Il est devenu simplement ridicule car le président est resté imperturbable pour écouter la question suivante. Solofo Rasoaharona ne put que se rasseoir. Ce n'est pas lui le président élu, tout de même !
Rideau. Et c’est le président lui-même qui annonça la fin de la conférence, en disant merci à tout le monde, avant de se lever. C’est ce que j’appelle sortie protocolaire normale. En plus de trois décennies de journalisme, je n’ai jamais vu quelqu’un faire ce que Solofo Rasoarahona a fait. Du moins à Madagascar. Qui aurait osé faire çà aux présidents élus Tsirananana, Ratsiraka, Zafy, Ravalomanana ? Car on connait déjà la conséquence immédiate. Et il a souvent suffit de moins que çà , à certains, pour être révoqués.
Solofo Rasoarahona style man in black
Dès lors, en privé, on se demande quel est l’ascendant que ses conseillers ont sur le nouveau président de Madagascar ? Le plus malheureux, c’est que Solofo Rasoarahona dirige le CEDS (Centre d’études diplomatiques et stratégiques). Qui dit diplomatie dit tact, non ? Je ne lui en veux pas personnellement, vu que l’on se connaît. Mais ce 21 mars 2014, à Paris, il a démontré le contraire même du libellé de son CESD sensé former des personnalités qui doivent maitriser ne serait-ce que le protocole. Même un vice-président ou un ministre ne s’aventurerait pas à agir de la sorte. Surtout publiquement. Pour le commun des mortels, ces séquences passent inaperçues. Mais pour l’œil du journaliste, elles portent à conséquence. Dans son ensemble, l’entourage du président élu par le peuple malgache semble vraiment faire tout ce qu’il veut. Ey jusqu’ici, ces conseillers font du n’importe quoi. D’où le retard dans la nomination d’un Premier ministre, deux mois après l’investiture de Mahamasina. Et rappelons-nous que son mandat a commencé par un discours plagié fourgué par certains de ses propres conseillers qui brillent par leur excès de zèle frisant l'abus de pouvoir (car qui a bu pourra alors ?).
Monsieur le Président Rajaonarimampianina : il est temps de vous ressaisir et de réagir. Vos amis intimes deviennent de plus en plus... encombrants. Sinon, vous serez taxé d’être complice d’un complot contre le peuple qui a élu un dirigeant et non une marionnette. Fa iza no mahalala ? But, who knows ? Chi lo ça ?... A bon entendeur salut !
Jeannot Ramambazafy – 27 mars 2014