Roland Ratsiraka, le candidat-président malheureux qui avait promis de sortir le pays de la misère en 100 jours. Il a été recasé par Hery Rajaonarimampianina qui, cependant, a mis un super ministère chapeautant son département. A malin malin et demi...
Mais où diable va Madagascar, en ce début de IVème république ? Ce vendredi 23 mai 2014, aux alentours de midi trente, j’étais assis tranquillement dans un des coins aménagés à l’entrée de l’hôtel Carlton Anosy, attendant une personne de ma famille de passage au pays. Et j’ai été étonné par le ballet incessant de belles voitures. Certes, ce lieu n’a pas de répit en matière évènementiel, mais mon étonnement n’a cessé de grandir lorsque j’ai constaté que c’était toute une flotte de députés qui débarquait.
Je suis entré dans le hall, piqué par ma curiosité de journaliste : aucun tableau affichant une quelconque réunion de représentants du peuple. Je suis donc monté au premier étage, par l’escalier. Au fond, à l’entrée de la salle, une pancarte où était inscrit le mot « députés ». Des tables étaient dressées. Il ne s’agissait donc pas d’une réunion… Et on n’était pas à la veille d’une fête (Pâques, Pentecôte, Noël, jour de l’an…). Mais on était un « vendredi joli », à la veille de la fête des Mères…
Allant aux nouvelles, une dame m’a informé que les journalistes n’étaient pas invités et que le ministre des Travaux publics, Roland Ratsiraka, avait déjà tout dit à Tsimbazaza. Effectivement, au fond de la salle, une grande banderole était accrochée sur laquelle j’ai pu lire « Ministère des Travaux publics ». Heureusement pour votre information -et malheureusement pour ces gens-là -, j’avais avec moi une équipe soudée de photographes. D’où les photos de cet article. Question aussi logique que légitime : depuis quand le pouvoir exécutif invite-t-il le pouvoir législatif à un banquet et en quel honneur ? Il existe bien une cafeteria à l’Assemblée nationale de Tsimbazaza, non ? A moins qu’avec le Hery Vaovao, tout est devenu si vaovao (nouveau en malgache) que les explications doivent se faire hors du circuit normal et adios la séparation des pouvoirs ?
L'arrivée fortement escortée de Jean Max Rakotomamonjy qui avilit l'image même de l'Asemblée nationale de Madagascar
Le pire est que le président de l’Assemblée, Jean Max Rakotomamonjy, élu à la soviétique (à 100% face à zéro adversaire) était bel et bien présent. Bel exemple de « désinvolture » pour ne pas dire plus…
Au fond, debout: Jean Max Rakotomamonjy, Président de l'Assemblée -pouvoir législatif- et, assis à sa droite, Roland Ratsiraka, ministre des TP -pouvoir exécutif-. Vive la "réconciliation" des pouvoirs!
Quoi que Roland Ratsiraka puisse dire -même si c’était son anniversaire, qui sait ?-, ce genre de démarche ne s’est jamais faite, ne se fait pas et ne doit pas se faire. Cela s’appelle de la corruption autorisée, ou plutôt qu’il s’autorise. A-t-il profité de l’absence de ses chefs hiérarchiques directs ?
24 mai 2014, Union Buildings, Pretoria. Le Président Jacob Zuma, ANC, prête serment pour la seconde fois
Le couple présidentiel, Hery et Vohangy Rajaonarimampianina, à Pretoria, lors de cette seconde investiture du Président Jacob Zuma
Le Premier ministre et ministre de la Santé, Kolo Roger, à Genève. A sa gauche, Annick Rajaona, ambassadrice qui sera remerciée lors du conseil des ministres du 21 mai 2014 et, à sa droite, Patrick Rajoelina pour qui tous les espoirs sont permis...
L’un était en train de se pavaner parmi les grands en Afrique du Sud, l’autre est à Genève où il a vécu pendant 30 ans. Doublement Premier ministre et ministre de la Santé.
Photo atroce, certes, mais c'est la réalité vraie dans le Sud de Madagascar
Kalachnikov pour encadrer les démolitions à Ankadimbahoaka
Et, à Madagascar, sur ce genre de situation incroyable (mais vraie), personne ne dit rien, ni la société civile genre SeFaFi et surtout pas la pipelette de Tv Plus, Onitiana Realy, qui continue à déverser sa bile sur le régime de transition, comme si elle allait mourir demain. Comme si c’était tout à fait normal et, qu’au contraire, il fallait applaudir "l'exploit"… Et tandis que ces députés s’empiffraient sur le dos des contribuables -car qui croyez-vous qui paiera les dizaines de millions dépensés pour ce banquet ?-, dans le sud du pays, des populations doivent se déplacer à cause des méfaits sanglants des dahalo et, dans la Capitale même, les démolitions immobilières aveugles, avec l’appui des forces de l’ordre, armées jusqu’aux dents, mettent plusieurs familles à la rue, en cette période hivernale. Tout cela ne doit pas être urgent pour ces créatures pour qui le gîte, le couvert, les communications et le transport sont assurés. Mais par qui ?...
Et si on déraisonne encore plus, bientôt chaque ministre ira inviter les députés comme çà , après chaque séance de questions-réponses inutiles à Tsimbazaza ? Ben les Malgaches sont très mal barrés. En tout cas, Roland Ratsiraka a ouvert ce bal de la corruption déguisée car il faut se rappeler que les infrastructures constituent le gros morceau venant des bailleurs de fonds. On sait maintenant où va aller le fric, les gars. Et cela sera inscrit dans la rubrique « frais de représentation ». Ainsi, son programme va passer comme lettre à la poste grâce à ce banquet qui marque le début de transactions qui finiront par être des secrets de Polichinelle, Antananarivo étant un village où tout se sait…
Qu'a fait le Président Hery Rajaonarimampianina -sans parti- de son serment de respecter la Constitution comme la prunelle de ses yeux ?
Malheureusement, il n’y aura aucune sanction, le Hery vaovao ayant donné lui-même l’exemple en détournant la constitution. Sur qui jeter la première pierre ? Sur les corrupteurs ou sur ceux qui se laissent corrompre pour une question de bien manger ? Ne croyez pas qu’ils vont s’arrêter en si bon chemin…
Et ils osent parler d’état de droit, de droits de l’homme et de démocratie ! Pffff.
Jeannot Ramambazafy – 25 mai 2014