Andris Piebalgs, lors de son intervention à Morondava, le 12 juin 2013
Douche froide, sinon glacée pour le président Rajaonarimampianina qui piaillait d’impatience en attendant l’arrivée du commissaire européen au développement, Andris Piebalgs, qu’il a exhibé comme étant le sauveur de la Nation avec des millions d’euros pour le développement de Madagascar. Ses prières devant le mur des Lamentations semblent ne pas avoir été entendues par Dieu. Et, actuellement, il (le président et non Dieu) doit vraiment se lamenter comme un lamantin…
En effet, lors du point de presse organisé le vendredi 13 juin 2014, à la tour Zital à Ankorondrano, par la délégation de l’Union européenne à Madagascar, M. Piebalgs a été clair : « Il est trop tôt pour le dire, je vais faire une proposition, mais c’est aux pays membres de décider de l’augmentation de l’aide de l’UE au profit de Madagascar». Boum ! Second uppercut pour le pouvoir Hvm : « Certes, je suis satisfait des avancées politiques enregistrées à Madagascar, mais je ne peux promettre un versement immédiat ou une augmentation par l’Union européenne de l’aide réservée au pays ».
Le Premier ministre, Kolo Roger, présentant en français le nébuleux PGE, le 09 mai 2014 à l'Assemblée nationale malgache à Tsimbazaza
Et jamais deux sans trois. a propos de la croissance économique de 7% promise par le Premier ministre Kolo Roger, dans son PGE (Programme général de l’Etat), pour cette année 2014, M. Piebalgs a été très… diplomate : « Je souhaite de bons résultats pour le gouvernement mais il faudra peut-être attendre 2015… ».
L’ambassadeur de l’UE à Madagascar, Leonidas Tezapsidis et le commmissaire européen au développement, Andris Piebalgs, le vendredi 13 juin 2014, à la tour Zital Ankorondrano Antananarivo
Ben c’est clair, comme il l’a dit : Andris Piebalgs est venu, a vu mais n’a pas été convaincu. Réaction du Président Rajaonarimampianina ? Il s’en est pris -et s'en prend toujours- aux médias en général, « certains journalistes malgaches » en particulier. Pour lui, ce sont des « Mpanakorontana filaminana, mpanakorontana saim-bahoaka », des fauteurs de troubles tout simplement. Pour lui, le temps n’est pas aux critiques « qui entravent le développement ». Ainsi donc, bientôt j’irais en prison car considéré comme un « ennemi du développement ». Comme au temps de l’amiral Ratsiraka où on était jeté en prison car ennemi de la révolution « Fahavalon’ny tolom-piavotana » alors ? Hou là là , je tremble de peur... Le 28 mars 2014, il avait déjà parlé de « minorité active » et qu'il allait être « impitoyable ».
Pour clore ses propos, le Commissaire Andris Piebalgs a rappelé que l’Union européenne insiste pour la garantie de certaines conditions, entre autres : la stabilité politique, la restauration des institutions de l’Etat, la préparation d’un programme indicatif national (PIN). En une phrase : « La bonne gouvernance est la clé pour résoudre tous les problèmes ». Cela effectué et vérifié, un déblocage pourra se faire d’ici à octobre 2014, dans le cadre du 11e FED. Mais M. Piebalgs a rappelé que « si ces objectifs ne sont pas remplis, il n’y aura pas de décaissement ». Et comme cela s’est fait avec les régimes passés, voilà que le régime Hvm -qui espérait recevoir des sous rubis sur l’ongle- entend mettre cette déconvenue européenne sur le dos de la transition. En effet, incapables de reconnaître leur incapacité, ils parlent de tentative de coup d’état de la part d’officiers de l’armée, proches de l’ancien président de la Transion, Andry Rajoelina. Ridicules va !
En fait, ils sont en train de pratiquer la désinformation pure qui est aussi un indice de la politique de Gallieni (diviser pour mieux régner). Pour Vladimir Volkoff, écrivain français d'origine russe, la désinformation c’est «la manipulation politique des opinions publiques à des fins politiques par des moyens masqués». Et le régime Rajaonarimampianina est en train d’exceller en la matière pour masquer ses faiblesses. But ? Détourner l’opinion publique pour qu’elle évite de poser et/ou de se poser les bonnes questions sur les réalités véridiques. Lorsque, par exemple, l’agence Media Consulting, de Jaobarison Randrianarivony (l’ami des artistes devenu subitement conseiller hautain du Président élu), organise -sans aucun appel d’offres connu- un salon « sous le haut patronage de son Excellence le Président Hery Rajaonarimampianina », cela passe, malgré une publicité tapageuse passant à la télévision nationale. Pourquoi ? Tout simplement parce que le peuple a d’autres préoccupations plus vitales pour lui.
Il semble bien que le nouveau président élu malgache a mis la clef que lui a remis Andry Rajoelina, le 24 janvier 2014 à Iavoloha, dans la boîte à gants ("Les clefs du pouvoir sont dans la boîte à gants" est le titre d'un roman de 506 pages de Frédéric Dard alias commissaire San Antonio)
Mais le 26 juin 2014, on verra qui prendra soudain conscience de sa réelle cote de popularité… Aucune innovation, aucun invité de marque venu de l’extérieur, connu à ce jour. S’il ne tenait qu’à eux, ils changeraient (aussi) l’hymne national par celui du parti Hvm. Comme ils prévoient de diviser la Capitale de Madagascar en plusieurs circonscriptions électorales pour tenter d’asseoir un pouvoir absolu à coups de mallettes magiques. Heureusement que M. Piebalgs est venu et qu’il a tout compris. Il ne veut pas être le complice d’un régime déjà aux abois après seulement six mois à la tête du pays. Car le mécontentement populaire grandissant est une réalité que seuls le président et son cercle de vicieux veulent ignorer en pratiquant la politique de l’autruche et en se berçant de l’illusion d’être aimés par le peuple malgache.
Enfin, souhaitons vivement que le financement de 39,5 millions d’euros (sans remboursement) pour les travaux de réparation de la route nationale temporaire n°8, reliant le district de Morondava à celui de Belo-sur-Tsiribihina, d’une longueur de 175 km (ouf!) ne soit pas affecté dans une autre poste budgétaire. Il ne faut plus jamais jurer de rien avec ce régime fantaisiste mais « expert en finances »… Et gare aux financements parallèles, hein ?!
Jeannot Ramambazafy - 14 juin 2014 -