Moroni, Union des Comores, le 23 août 2014. Extraits du discours du président François Hollande, à l’ouverture du IVème Sommet des Chefs d’tat de la COI (Commission de l’océan Indien).
(…) Monsieur le Président de Madagascar (…), la Commission de l’océan Indien ne s’était pas retrouvée depuis longtemps, puisque le dernier Sommet s’était tenu en 2005. Nous en connaissons les raisons. Elles n’ont rien à voir avec le fonctionnement de notre organisation. C’était la situation à Madagascar qui justifiait, au nom des valeurs que nous portons, les valeurs de liberté, les valeurs du droit, les valeurs de la démocratie… Oui, toutes ces valeurs justifiaient que nous étions en attente que Madagascar fasse enfin le choix qui est attendu d’un grand pays, d’un grand pays ami. Et c’est le cas, aujourd’hui, et je veux saluer le président élu, le président légitime de Madagascar, parce qu’il nous permet, aujourd’hui, enfin, de nous rassembler pour l’océan Indien. Qu’il sache bien qu’il peut compter sur le concours de la France, sur l’appui de l’organisation que nous formons, parce qu’il n’y aura pas de développement de l’océan Indien sans développement de Madagascar (…) ».
Voilà un langage diplomatique de très haut niveau, mais il faut savoir lire entre les lignes et entre les phrases. Ce n’est pas par pur hasard que le président français a rappelé les valeurs de liberté, les valeurs du droit, les valeurs de la démocratie… Certes, Hery Rajaonarimampianina est le président légitime de Madagascar, personne n’en disconvient, mais l’Elysée doit être au courant des travers de ce régime, depuis son avènement, pour ne citer que les violations fréquentes de la Constitution, l’emprisonnement de deux journalistes par un ministre du gouvernement malgache, la loi inique sur la cyber-criminalité et, récemment, la velléité à morceler la Capitale de Madagascar pour des raisons purement politique, sans même avoir demandé l’avis de la population tananarivienne. Comme un referendum sur la question, par exemple.
Déjà , s’il fallait prendre le président François Hollande au mot, il aurait pu -il aurait du- faire une escale à Madagascar, ne serait-ce que quelques heures (à Mahajanga, par exemple), sans se soucier du tra-la-la protocolaire (banderoles, drapeaux et compagnie). Hélas, de La Réunion à Mayotte, il n’a fait que survoler cette plus grande île de cet océan Indien commun. Aussi, en rédigeant le communiqué de presse sur ce IVè Sommet des Chefs d'Etat de la COI, l’équipe de la présidence malgache doit éviter tout triomphalisme dont elle est championne, et ne pas prendre ce discours au premier degré comme il l’a été fait pour toutes les missions stériles aux U.S.A., en Belgique et en France et… ailleurs. Et que le président Rajaonarimampianina, lui-même, ne prend pas pour argent comptant ce passage qui lui était adressé. Surtout qu’en le regardant, le président français, lors de son discours, a bien dit : « je veux LE saluer » et non « je veux VOUS saluer ». Grande nuance dans la langue de Molière qu'il faut connaître et savoir maîtriser.
Assemblée nationale à Tsimbazaza, le 9 mai 2014. Le Premier ministre Kolo Roger a présenté son PGE (programme général de l'Etat) en français intégral
« Ce que j’apprécie le moins c’est que les Français parlent une langue autre que la leur », a aussi révélé le président Hollande. Et moi, simple journaliste, à l’adresse de Kolo Roger, je dirais : ce que j’apprécie le moins c’est qu’un Premier ministre malgache parle une autre langue que la sienne en s’adressant à ses compatriotes… Même si le français est la seconde langue officielle inscrite dans la constitution de la IVème république de Madagascar.
Le plus malheureux, lors de ce point de presse final de 22 minutes, ce fut l’occasion complètement ratée de Suzetta Randriamiarisoa, jeune journaliste fonctionnaire de la TVM (chaine nationale malgache qui a déjà supprimé la revue des journaux matinale depuis deux mois déjà ), qui n’a pas osé poser la bonne question : celle relative aux îles éparses.
La jeune Suzetta Randriamiarisoa
Une Suzetta qui a adressé sa question A L’ENCONTRE du président François Hollande : « Que pense faire la France sur le programme de faire de Madagascar un pilier de la sécurité alimentaire régionale ? Est-ce que la France a-t-elle déjà des projets pré-établis dans ce sens ? Merci ».
La réponse de François Hollande a été… limpide -ICI-. Mais, Suzetta, était-ce vraiment à la France et à son président qu’il fallait demander comment faire ? C’est dégradant.
La bonne question d’avenir aurait été, si j’avais été sur place : « Monsieur le président, qu’en est-il de la question des îles éparses malgaches, à la veille de la 69ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, de septembre 2014 ? ».
Que signifie "MALAGASY ISLANDS" selon vous ? Qui, chez les dirigeants et décideurs malgaches, aura le cran d'entamer une procédure de restitution approfondie ?
Surtout après le discours de François Hollande sur le porte-avions Charles de Gaulle, le vendredi 15 août 2014. Il a appelé à rendre aux Africains ce qu'ils avaient apporté à la France et à l'Europe par leur participation au débarquement de Provence : "Nous devons maintenant à notre tour, la France, l'Europe, rendre au Sud ce qu'il a été capable d'apporter à l'été 1944". Ben rendez leurs îles éparses aux Malgaches alors ! Que faut-il de plus encore ? Ou bien ce n'est que pur mensonge, du "haut langage diplomatique" pour peuple attardé et que l'héritage de Charles de Gaulle (ici-bas) ne soit... éternel ? Le temps béni des colonies n'est-il donc pas terminé ? Le Brigadier Rakotozafy mourra donc sans voir la restitution du patrimoine de ses propres ancêtres alors.
Ce décret doit être abrogé définitivement et à jamais pour rendre un authentique et sincère hommage aux ancêtres malgaches morts dans les deux grandes guerres (1914-1918 et 1939-1945) pour avoir défendu une mère-patrie ("Reny malala") très ingrate et mensongère en cette année 2014
Si la question avait été posée, au moins, les Malgaches auraient eu une idée de la position du gouvernement français, si leur président, Hery Rajaonarimampianina, semble éviter le sujet comme le virus Ebola… Et comme le montre le fac-similé plus haut ci-dessus, je peux vous garantir que la question des îles éparses -qui sont bel et bien MALGACHES- est toujours à l’ordre du jour à l'ONU.
La page 116 de mon ouvrage est... limpide au sujet des îles éparses malgaches
Mais les Nations Unies n’ont pas trouvé d’interlocuteurs compétents depuis des années. Je rappelle que l’Assemblée générale est le principal organe délibérant, décisionnaire et représentatif des Nations Unies. Mais depuis qu’il est président de la république, Hery Rajaonarimampianina, « glisse » sur le sujet, malgré ses belles promesses électorales.
Lala Arisoa Razafitrimo, ministre des étranges affaires... Grenier de l'océan Indien avec quoi ? Du riz pakistanais importé ? Cette ministre va vraiment nous faire pleurer ma parole ! Il faut d'abord sécuriser les zones rurales productrices avant de prononcer toute parole insensée qu'on regrettera après. Les réalités malgaches vraies ICI
Or, c’est en récupérant ces îles (à très haut potentiel sous-marin. "Elles contiennent beaucoup de richesses", avait d'ailleurs déclaré le candidat n°3 en 2013) que Madagascar pourra devenir le « grenier de l’océan Indien » et non en prononçant de belles phrases. Car, pour le moment, la Grande île importe elle-même du riz pour subvenir aux besoins de sa propre population. Arrêtez de faire marrer le monde et de prendre le peuple malgache pour un ramassis d'idiots.
Quant à Maryse Burgot -qui aurait pu poser la question sur les île éparses malgaches- elle a prouvé son professionnalisme en parlant de… l’Ukraine, à des milliers de kilomètres de l’océan Indien -ICI-. La réponse du président Hollande a été… diplomatique (« Nous nous éloignons des sujets qui sont loin de ceux de l’océan Indien ») mais il a répondu.
En voyant cette photo, il est clair que Suzetta ne peut être que la voix de son maître. Sans songer à son propre avenir mais pour vivre le temps présent qui est donc important ("Zava-dehibe"). Mais pour qui? Oublie-t-elle qu'elle sera un jour grand-mère, sans Hery Rajaonarimampianina aux commandes ?
Pour en revenir à Madagascar, à l’orée de ma vie, je suis désespéré par le comportement de cette génération de « journalistes » qui ne voient pas plus loin que le bout de leurs intérêts personnels -et présents- en défendant un dirigeant qui dans 10, 20 ans ne sera plus aux commandes du pays. Suzetta Randriamiarisoa a hypothéqué l’avenir même de ses propres enfants. Mais en est-elle consciente ?
Très difficile à apprécier, certes, mais nous avons tous le choix sur Terre
Là est aussi la grande question… Ainsi donc, à travers cette « peur » de poser les vraies questions pour l’avenir, le changement de mentalité des générations malgaches actuelles n’est pas pour demain. C’est triste et malheureux mais la clause de conscience n’est pas dans la culture de nos contrées, hélas. Or, nous avons tous le choix ici-bas. En tout cas, il s'avère, 54 ans après le retour de l'Indépendance de Madagascar, que personne n'est réaliste : ni les gouvernants, ni les gouvernés. Aucune vraie perspective d'avenir réelle mais du fatalisme à revendre. Pauvre pays déjà pauvre d'esprit où les intérêts financiers et matériels priment sur les intérêts moraux. Plus qu'ailleurs et au plus haut sommet de l'Etat où le mot "patriotisme" ("Fitiavan-tanindrazana") n'est que du domaine du folklore sans plus.
Néanmoins, le régime Rajaonarimampianina a tort de sous-estimer la grogne et la force d'inertie de tout un peuple dans tous les domaines de la vie qui le touche directement. A force de paroles redondantes et stériles, et de prises de décisions irréalistes, on finit comme tous les présidents élus et légitimes malgaches précédents...
Jeannot Ramambazafy – 24 août 2014
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Et voilà : rien sur les îles éparses malgaches
Pur cérémonial diplomatique et de bienséance entre les présidents malgache et français. Hery Rajaonarimampianina n'a pas su mettre à profit cette occasion pour protéger et préserver, urbi et orbi, les intérêts de son propre pays d'abord, pour l'intérêt des 22 millions de Malgaches, comme il l'a si bien vanté. Avant... Il n'a pas eu la trempe du président comorien Ikililou Dhoinine (ICI AUSSI).
PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE
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COMMUNIQUE DE PRESSE
SEM Hery Rajaonarimampianina, Président de la République, à l’honneur du IVème Sommet de la Commission de l'Océan Indien
« Je lance un appel solennel à tous à serrer nos rangs, à unir nos forces, à parler d’une seule voix, celle d’une Indianocéanie forte et solidaire ». C’est en ces termes que le Président de la République de Madagascar, Hery Rajaonarimampianina s’est adressé à la tribune du IVème Sommet de la Commission de l’Océan Indien, ce samedi 23 Août 2014, à Moroni, Comores, lors de la séance de clôture. Et d’ajouter: «De notre côté, nous nous engageons à porter haut et fort nos valeurs et à défendre nos intérêts auprès des instances régionales et internationales tout au long de cette présidence malgache, et même au-delà , afin de protéger et de préserver les intérêts de la région».
La Déclaration finale, après approbation du Conseil des Ministres, reflète les objectifs et les priorités que se sont fixés les Etats membres pour renforcer la coopération entre les Iles, dont les axes stratégiques sont la force politique et diplomatique au service du développement, un espace régional sécurisé, vecteur de croissance économique intelligent, un environnement insulaire et océanique commun, résilient et durable, et, la promotion de l’identité indianocéanique. Ainsi, la COI va axer ses actions sur la sécurité alimentaire, la connectivité maritime, aérien et terrestre, la promotion de la sécurité et de la stabilité régionale, la visibilité de la COI grâce à la décentralisation de ses projets et leurs appropriation par la population. La COI défendra ses intérêts durant la prochaine conférence des Nations Unies à Samoa sur les petits Etats insulaires en développement.
Les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la COI ont adressé leurs remerciements à l’ensemble des partenaires au développement, entre autres, l’Union Européenne, qui depuis 30 ans, est le premier bailleur des projets de l’Organisation, le 10ème FED et l’avancement du 11ème FED. Ensuite le programme opérationnel de coopération territoriale européen (FEDER) pour la période 2014-2020.
« L'Indianocéanie, un avenir à bâtir ensemble »
Les Chefs d’Etat et du Gouvernement de la COI qui se sont réunis à Moroni, Union des Comores, sous la présidence de SEM Hery Rajaonarimampianina, Président de la République de Madagascar, pays assumant la présidence de la COI ont basé leur déclaration finale sur le thème « L’Indianocéanie, un avenir à bâtir ensemble ». C’est un espace qui a dépassé la relation de coopération technique, institué il y a 30 ans à Victoria, pour être solidaire et avoir des actions authentiques. L’Indianocéanie est basée sur la géographie et l’histoire des peuples, tout en respectant les singularités et les souverainetés de chacun des Etats membres.
L’amélioration de la connectivité globale de la région consiste la desserte maritime, déterminante pour le commerce, de desserte aérienne, déterminante pour le tourisme et les affaires, et de connectivité numérique, déterminante pour les entreprises, l’investissement et le transfert de technologies.
Puis, un réengagement pour la promotion des intérêts à long terme de l’Indianocéanie a été annoncé en vue du développement durable, du tourisme, de l’innovation, de la conservation et la gestion durable des ressources marines et halieutiques, de la promotion d’une « économie bleue et océanique, créatrice d’emplois et de croissance ».
Concernant la sécurité maritime, l’Unité anti-piraterie de la COI basée aux Seychelles sera dynamisée en vue de consolider sa dynamique de lutte contre la piraterie maritime ainsi que celle contre l’ensemble des trafics illégaux et criminels.
Concernant Madagascar, les participants au Sommet se réjouissent du retour à la normalité institutionnelle et réitèrent l’engagement de tous les Etats membres de contribuer au développement rapide et durable du pays. La reprise économique de Madagascar prendra notamment appui sur le projet de sécurité alimentaire dans l’Indianocéanie défendu et porté par la COI, et qui rendra effectif le rôle de la Grande Ile en tant que grenier de l’Océan Indien.
Première Signature de Convention régionale
Les deux armées comorienne et malgache, représentées respectivement par le Ministre de la Défense, le Général Dominique Rakotozafy et le Ministre de la Défense comorienne, Hamadam Madi, ont signé une convention militaire en vue de renforcer la coopération militaire entre les deux pays. Selon le Ministre comorien, « il est opportun de former l’armée comorienne à Antsirabe, étant donné qu’elle ne connaît que des accords de formation avec la France et les Etats-Unis. Nous sommes à la recherche de la coopération régionale, notamment avec la Tanzanie et les pays voisins. L’objectif est de mettre en place une sécurité maritime efficace contre la piraterie et les trafics illicites ».
La Cellule Communication.