Les députés de Madagascar, Mara Niarisy élu à Ankazoabo; Randrianandraina Théophile élu à Benenitra et Rakotomalala Lucien élu à Morombe ont réuni les journalistes de Toliara au Centre de ressources des médias de la ville, le Jeudi 11 septembre 2014.
TOLIARAÂ : INSECURITE DANS LE SUD
Trois députés interpellent l’exécutif
D’une même voix, ces trois députés ont sonné l’alarme, en dénonçant le laxisme de l’Exécutif sur le fléau du vol de zébus dans le sud. Au mois de mai, 106 députés sur 107 avaient pris une résolution intimant qu’il fallait agir au plus vite pour parer au vol des bœufs avec, pour consigne, de ne lésiner sur aucun moyen, aussi bien matériel que financier. Certes le « coup d’arrêt » est passé pour lutter contre l’insécurité. Mais il a laissé un effet secondaire car après avoir été désorganisés, les malfaiteurs se sont réorganisés.
L’armée a bien mis à la disposition du sud un hélicoptère. Malheureusement, les moyens financiers pour le carburant tardent à venir du gouvernement, « d’où le blocage », a déclaré le député Mara Niarisy. Si la lutte contre le trafic du bois de rose est prise en main, ce n’est pas le cas en ce qui concerne le vol de zébus, alors, qu’ici, il y mort d’hommes et tueries. Le zébu se fait de plus en plus rare sur le marché. Et tout l’on sait pertinemment que ce qui est rare devient cher. Un zébu moyen se vend à un million d’ariary aujourd’hui, alors qu’il était à moitié prix il y a un an. C’est là un indicateur qui dénonce l’urgence. Le danger est imminent à cause de l’insécurité. Les fonctionnaires de l’état désertent les villages lointains et viennent se réfugier à Toliara. Ainsi, les dispensaires de santé de base et les écoles se ferment petit à petit.
Deux abattoirs chinois sont pointés du doigt
Mais un des vecteurs de l’insécurité, et dénoncé par ces trois députés du sud, c’est l’existence d’un abattoir chinois à Toliara et un autre à Vontovorona (Antananarivo). Ces abattoirs achètent les zébus au prix très fort et doivent fournir un quota de 50 tonnes de viande désossés par mois à exporter vers la Chine. Evidemment, tous les marchands de zébus s’y ruent. Informé du manège, le ministre de l’élevage n’y voit aucun inconvénient. Alors que les voleurs ne se contentent plus de voler. Ils tuent pour voler le moindre bœuf qu’ils trouvent, pour le revendre au plus offrant. Ce commerce est très lucratif et les voleurs sont capables de se payer des armes très sophistiquées qui laissent pantois les forces de l’ordre. Par ailleurs, les trois députés ont demandé l’arrêt momentané de transport quotidien des 600 têtes de zébus vers la capitale, ce que le Président de la république interprète comme « volonté malsaine d’assiéger la capitale ». Alors qu’une volonté politique est nécessaire, en ce moment, pour venir à bout de ce problème de vol de zébus. Heureusement que les tribunaux sont fermes sur le sort des voleurs et n’acceptent pas les interventions, même si quelques assistants de députés y sont mêlés. Selon les prévisions de ces députés, les vols et l’insécurité vont croitre à l’approche des fêtes de fin d’année, et tous les indicateurs sont au rouge, annonçant une catastroph imminente. Et pourtant, tout le monde sait que le zébu est un élément primordial et une composante sacrée des coutumes du sud. « Faudra-t-il vraiment en venir au porc ? », s’est exprimé, avec beaucoup d’humour, un professeur de l’université de Toliara…
Texte et photos Adriana RAZA pour www.madagate.com