Franck Raharison a été mon rédacteur en chef à Madagascar Tribune depuis plus d’une décennie, du temps de feu Rahaga Ramaholimihaso. C’est dire que nous faisons partie de la même génération de journalistes toujours à 51% dans l’opposition d’idées et non de personnes. Nous sommes des gars sérieux mais nous ne nous prenons jamais au sérieux. On a vu passer tous les dirigeants depuis Didier Ratsiraka, on a vécu toutes les périodes de transition malgaches. Mais rien n’y fait : ce régime Rajaonarimampianina, en huit mois, a accumulé tous les aspects négatifs des régimes précédents.
Certes, le nouveau représentant de l’UE, l’Espagnol Antonio Sanchez-Benito Gaspar -qui succède au Grec Leonidas Tezapsidis- est dans la place. Mais qu’en est-il exactement de la vision réelle de l’UE par rapport à ce nouveau régime malgache d’amateurs et d’opportunistes ? Voici l’article de Franck, paru dans La Gazette de la Grande île du 13 septembre 2014, illustré par mes soins.
Jeannot Ramambazafy
Porte ouverte: Jamais plus de bla-bla, SVP !
Il est des déjeuners de presse ô combien instructifs, comme celui organisé jeudi dernier par le numéro 2 de la représentation de l’Union européenne (UE) à Madagascar, Philipe Willaert, au restaurant « Le Tamboho ». Ainsi, concernant les informations relatives aux aides de l’UE au titre du FED 11 dont le montant s’élève à environ 450 millions d’euros, il a dit qu’il ne sera débloqué tant que le pouvoir en place refuse de dévoiler son PND (programme national de développement) aux bailleurs de fonds institutionnels.
Le président Rajaonarimampianina, ancien ministre des Finances de la période de transition durant 5 ans, Vohangy son épouse et Jean Razafindravonona, actuel ministre des Finances
A notre connaissance, seul ce document peut ouvrir le robinet des fonds, destinés à Madagascar. Il est un point, d’autre part, qui parait provoquer la réticence des bailleurs de fonds internationaux : l’ordonnateur national de l’argent fourni notamment par l’Union européenne, n’est autre que l’épouse de l’actuel ministre des Finances…
La garde rapprochée, premier cercle du couple Rajaonarimampianina. En médaillon, Jaobarison Randrianarivony et, de gauche à droite: Me Nicole Andrianarison, Rachid Mohamed, Herisoa Razanadrakoto, Me Henry Rabary-Njaka, Rivo Rakotovao, Lala Arisoa Razafitrimo et Solofo Rasoarahona
En outre, d’après des indiscrétions, les proches conseillers du président Rajaonarimampianina sont dans l’incapacité de chiffrer, de détailler les besoins de l’île, à moyen et long terme. Beaucoup se demandent, en tout cas, que font, à Ambohitsorohitra, ces conseillers qui s’autoproclament « spéciaux ».
Plus grave : pendant ce déjeuner, l’on apprend qu’un important reliquat subsiste, après la présidentielle et les législatives, pour financer les élections municipales. M. Willaert a été clair sur ce sujet : au cas où les municipales n’auraient pas lieu cette année, en 2015 l’Union européenne ne versera alors plus le moindre centime d’euro pour ce scrutin. L’on pense, donc, que les tenants de l’actuel régime ne souhaitent pas tenir les municipales cette année. Pourquoi ?
Le gouvernement Kolo Roger, le 11 avril 2014. Lesquelles de ces ministres, entourant leurs patrons, quitteront leur poste sans trop faire de remous ?
Par ailleurs, des rumeurs insistantes font état d’un remaniement gouvernemental prévu dans les prochains jours. Cela entre, semble-t-il, dans le cadre de l’assainissement, de la bonne gouvernance, réclamé par nos partenaires financiers. Quid ainsi de ces ministres qui n’ont fait que de la figuration, depuis des mois ? Nous allons vous livrer, dans une de nos prochaines éditions, la liste des limogés (ils sont au moins une douzaine), en d’autres termes, les incompétents de l’équipe gouvernementale.
Jean Max Rakotomamonjy, à gauche du président Rajaonarimampianina, nous montre-t-il qu'il va boire le calice de l'inconstitutionnalité jusqu'à la lie ?
Les Malgaches veulent, en tout état de cause, du changement en cette fin d’hiver, en ce début d’année qui pointe. Ils veulent voir s’éclaircir leur horizon. Est-ce trop demander à Hery Rajaonarimampianina ? Une bonne fois pour toutes, celui-ci ne devrait plus se contenter d’inaugurer les chrysanthèmes, à l’image du SIM (Salon de l’industrie de Madagascar). Le peuple veut du concret, de l’action : plus jamais de bla-bla, SVP !
D’autre part, le ministre de l’Environnement, Anthelme Ramparany, a affirmé hier, à l’occasion d’un petit déjeuner de presse à la Primature que tous les journalistes, y compris nous à « La Gazette », sont corrompus par les trafiquants de bois de rose. Prière d’arrêter ce genre de connerie ! Ce ministre a dit, dans le but de menacer les médias, qu’il est boxeur…
On s’en fout !
En réalité, en vérité, c’est lui qui protège les gros bonnets des trafiquants de bois rose. Et cela est connu, même au sein de la communauté internationale.
Au cas où le ministre Ramparany aurait l’intention de venir à « La Gazette », on est prêt à l’accueillir…
Samedi 13 Septembre 2014
Franck R.