Lundi 13 octobre 2014. Marc Ravalomanana à Faravohitra, avec son épouse Lalao et son fils Tojo. A peine débarqué, il a été emmené par les forces de l'ordre pour être "sécurisé", dixit le président Rajaonarimampianina
L’ancien président déchu, qui s’est exilé en Afrique du Sud après sa fuite mystérieuse, a mis le régime Rajaonarimampianina devant le fait accompli.
Le soir du 17 mars 2009, après avoir déclaré à la Tvm (télévision nationale malgache) qu’il avait dissout son gouvernement et remis ses pouvoirs à un directoire militaire, Marc Ravalomanana avait disparu des écrans radar, s'était littéralement évaporé dans le nature. Il est réapparu, une semaine plus tard, chez le roi polygame Mswati III au Swaziland, d’où il avait mis sur pied une campagne de désinformation axée sur un coup d’état : « On m'a mis un revolver sur la tempe ; je me suis enfui dans la forêt… ». Et cette version a résisté longtemps, qui a étiré une période de transition ne devant pas dépasser les deux ans maximum, avec au bout des élections pour le retour à l’ordre constitutionnel.
Le samedi 11 octobre 2014, il a annoncé pour la énième fois -via un téléphone- son retour imminent et a affirmé qu’il sera bientôt chez lui à Faravohitra.
Les journalistes nationaux et étrangers étaient venus très nombreux à Faravohitra
Et, effectivement, comme par magie, le voilà qui se pointe vers 9h05 à Faravohitra, lieu de sa résidence permanente, le lundi 13 octobre 2014. Bref, il est revenu comme il était parti: mystérieusement. Puis, il a organisé un point de presse vers 11h. L’homme n’a point changé dans sa manière et son vocabulaire.
En passant: Roland Ravatomanga, ministre de l'agriculture de la Transition puis du gouvernement Kolo Roger -également chef de la mouvance Ravalomanana- et Me Hanitra Razafimanantsoa, vice-présidente de l'Assemblée nationale, renommés comme étant des ravalomananistes purs et durs. Ben, ils ont brillé par une absence resplendissante ce jour et à ce moment-là précis du retour de leur chef bien aimé...
Le calme avant la tempête de la "sécurisation" de Ravalomanana, loin des yeux des journalistes (nombreux) présents ce jour-lÃ
Hou là là ! Drôle de sécurisation, n'est-ce pas ?
Le portail des Ravalomanana à Faravohitra. Ce trou est du à une arme de gros calibre, il va sans dire
Et brusquement, peu avant 13h, des grenades lacrymogènes sont lancées pour disperser la foule autour de cette résidence des Ravalomanana, toujours. L’ambassade de France informe alors les citoyens français d’éviter le quartier. Peu de temps après, des forces de l’ordre emmène Marc Ravalomanana vers une destination inconnue, après avoir tiré dans le portail d'entrée de la résidence. Loin des yeux des journalistes présents, qui ont été "éloignés" de manière drastique... Quelle sera la suite de ce retour « abrégé » brusquement et en... force ?
Du côté du président Hery Rajaonarimampianina, il a déclaré en français que Marc Ravalomanana n’a pas été arrêté ni mis en résidence surveillé mais « sécurisé »; que ce retour était une provocation ("fihantsiana") faite à la population malgache. C’était lors d'une déclaration à la Nation suivie d'un point de presse organisé au Palais d’Etat d’Iavoloha, ce 13 octobre 2014 en début de soirée.
En tout cas, si le virus Ebola débarque comme Ravalomanana, sans prévenir, et que les réactions du régime Rajaonarimampianina sont les mêmes, tardives, ce sera l’hécatombe, l’holocauste malgache garanti !
Jeannot Ramambazafy – 13 octobre 2014
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PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE
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Déclaration de SEM Hery Rajaonarimampianina Président de la République, concernant le retour au pays de l'ancien Président Marc Ravalomanana
Palais d'Etat d'Iavoloha, 13 octobre 2014
Mes Chers Compatriotes,
L’ancien Président Marc Ravalomanana est arrivé ce matin à Antananarivo. Il n’a pas estimé nécessaire d’en informer au préalable le Gouvernement tout comme il n’a pas cru utile de solliciter de l’Administration une autorisation quelconque.
Madagascar est un Etat de droit. J’ai déjà déclaré tant à la population malgache qu’à l’ensemble de la Communauté Internationale que le retour de Monsieur Marc Ravalomanana doit obligatoirement figurer dans le processus de réconciliation nationale et se réaliser uniquement dans le cadre de ce processus.
Certes, tout citoyen malgache doit pouvoir circuler librement. Cependant, le cas de Monsieur Marc Ravalomanana est particulier dés lors qu’il s’agit de sa protection personnelle et de la sécurité publique qui requièrent des dispositions spécifiques.
Il ne m’a pas appelé, il ne m’a pas contacté. Les termes de son propos lors du point de presse qu’il a organisé dans la matinée illustrent ses intentions et sa volonté réelles, dont notamment l’absence de toute considération à l’endroit du choix du peuple. Il n’a pas hésité à pousser ce dernier à verser dans l’illégalité (au non-respect de la loi).
Mes Chers Compatriotes,
Nous avons choisi la Démocratie, nous devons défendre cette Démocratie. Nous ne pouvons donc pas accepter de tels dérapages. J’ai pris mes responsabilités de Chef d’Etat et continuerai à le faire dans un souci de protéger l’ordre public. Je remercie ceux, d’ici ou de l’étranger, qui ont d’ores et déjà désavoué totalement et condamné le comportement de Monsieur Ravalomanana.
Les Forces de l’ordre ont décidé de prendre leurs responsabilités. Monsieur Ravalomanana Marc n’a pas été arrêté. Il n’est pas emprisonné. Il est mis en sécurité contre les menaces de toutes sortes. En assurant néanmoins rester dans le registre de l’apaisement, nous ne céderons pas face aux provocations de toutes parts.
Mes Chers Compatriotes,
J’aimerai dire à tous mon attachement à la réconciliation nationale. J’y ai travaillé durant plusieurs mois. C’est dans ce cadre que je reste disponible à toutes discussions mais dans le respect du peuple malgache et de la paix sociale. J’appelle ainsi les uns et les autres à rester calme et demeurer dans l’unité nationale pour permettre au Gouvernement de résoudre en toute sérénité ce problème.