De gauche à droite: Rachidy Mohamed et Jaobarison Randrianarivony (conseillers "spéciaux" plutôt spécieux), muets mais "admiratifs", tout en laissant l'avocat Henry Rabary-Njaka y aller de sa prose pour justifier les décisions bizarroïdes du président élu
Je parle évidemment de ce directeur de cabinet qui, à lui tout seul, est à la fois porte-parole de la présidence et porte-parole du gouvernement tout entier. Mais aussi tête à penser que ce qui reste des "députés Hvm" (aucun pourtant n'a été élu sous cette étiquette)... Cela est un exploit qui mérite d’être souligné. Mais au final, tous les ministres responsables -les fameuses « compétences de tous bords »-, s’écrasent devant cet exilé qui, après deux décennies passées en France, est devenu Français lui-même et avocat (des causes perdues) au barreau de Paris.
Concernant le cas Ravalomanana, il a été, une énième fois, le seul, à s’exprimer. Ce que ce Parigot ne sait pas, avec son excès de zèle qui casse toute notion de hiérarchie, c’est que tous les responsables sont trop heureux de l’avoir car, au moment du règlement des comptes, il restera le seul responsable de ses paroles. Il ignore totalement la mentalité « spécifique » malgache qui consiste à rejeter sur les autres ses propres responsabilités. Quoi qu’il en soit, il est certain qu’il a l’aval du président élu qui, à ce rythme, le nommera bientôt super vice-président intouchable, inattaquable.
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A propos donc du cas Ravalomanana, voici sa vision au micro de la presse nationale et internationale : "Nous ne sommes pas un pays qui va exiler ou expulser ses propres ressortissants. Ce n'est pas du tout dans la mentalité. Il est là et on espère que Monsieur Ravalomanana participe effectivement à ce processus de réconciliation nationale". Et en ce qui concerne sa détention arbitraire, Me Henry Rabary-Njaka-du-barreau-de-Paris a lancé : « Je pense que la situation va évoluer très, très vite ça j'en suis convaincu ». Bref, du parler pour ne rien dire, pour tuer le temps plus qu'autre chose...
Du coup, cela signifie d’abord qu’il ignore complètement l’Histoire de son pays d’origine (« genuine country ») ; ensuite qu’il n’y aura pas de révision du procès qui l’a condamné par contumace ; enfin que Marc Ravalomanana sera amnistié car le Hery Vaovao lave plus blanc que la meilleure des lessives politiques au monde. Or, Marc Ravalomanana lui-même avait déclaré qu’il était prêt à être jugé de nouveau. Que signifie alors cette propension à toujours mettre en avant une « réconciliation nationale » alors que Madagascar n’a jamais été en guerre ?
Défense du Choix du peuple, de l’ordre constitutionnel, réconciliation nationale… Qu’est-ce que ce chef du bureau civil de la présidence malgache ne ferait pas pour rester le plus longtemps possible au pouvoir ? Mais plus il va s’accrocher aux accoudoirs, plus ceux-ci vont subitement s’effondrer à force de s’y appuyer. Croyez-moi : au moment du déclin (car s’il y a un matin, il y a toujours un soir) Maître Henry Rabary-Njaka sera le premier à détaler comme un lapin pour regagner ses pénates parisiennes qu’il n’aurait jamais du quitter. A la seule différence qu’il sera devenu milliardaire. Toutefois, en ce siècle des Ntic, qu’il ne croit surtout pas qu’il s’en sortira à bon compte…
Beaucoup de lecteurs m’ont demandé de commenter les extraits du discours fabuleux du 25 janvier 2014 à Mahamasina. Voici, voilà  :
TEXTE DU DISCOURS INTEGRAL ICI
« Par cette élection, vous avez voulu tourner la page de la division et de la discorde. Cette année sera celle de notre renouveau collectif, sous l’emblème de la Force nouvelle qui vient de s’insuffler à Madagascar. Je m’entourerai de compétences de tous bords pour renforcer l’Unité Nationale et créer un Madagascar de l’Excellence. La voix du peuple a choisi. Il convient, maintenant de le servir. Le peuple malgache ne supporte plus l’incurie et attend de son personnel politique et des agents de l’Etat : compétence, probité et loyauté. Nous y veillerons, nous ferons table rase des pratiques du passé et viserons l’efficacité. Notre Etat est garant des libertés individuelles et doit être capable de protéger tous nos concitoyens. Rétablir la confiance de l’Etat c’est aussi assurer la sécurité des personnes et des biens en toutes circonstances. Je veux un Etat qui protège nos frontières aériennes et nos 5.000 kilomètres de côte. La culture de l’impunité est révolue et je m’engage à organiser une lutte sans merci contre tous les détournements de biens et de deniers publics ; contre tout enrichissement illicite, tout racket ou encore toute utilisation abusive des biens publics ».
LES REALITES MALGACHES ENTRE JANVIER ET OCTOBRE 2014
Ankadimbahoaka, mai 2014. Retour à l'ordre constitutionnel selon le régime Hvm
Violation déguisée mais répétée de la loi fondamentale entrainant une impunité totale des tenants du pouvoir; regain de l’insécurité rurale et urbaine ; trafic de bois de rose et autres ressources naturelles et minière en hausse ; accaparement de terres par une minorité étrangère -et même nationale- très active ; personnel politique irresponsable car invisible avant l’apparition de problèmes socio-économiques (gouverner n’est-il pas prévoir, tout prévoir ?); emprisonnement de deux journalistes suivi, en parallèle d’une loi inique sur la cybercriminalité dont l’article 20 n’a rien à voir ; enrichissement subi des membres du premier cercle du président élu ; non publication d’appel d’offres pour certains marchés publics ; mensonges éhontés au sujet de la gratuité d’entrée dans les écoles primaires publiques (EPP) ; délestage électrique et assassin sur l’ensemble du territoire malgache ; coupure d’eau intempestive dans de nombreuses régions ; débarquement subi de Marc Ravalomanana qui s’est transformé en passe-muraille à la barbe des autorités sud-africaines et malgaches (quid par exemple du plan de vol ?) ; non respect des droits fondamentaux de l’homme… En bref, et pour résumer le tout : non respect de la parole donnée.
Tout ce qui est écrit, ci-dessus, est facilement vérifiable sur Internet et dans mon livre « Hery Rajaonarimampianina : les 100 jours d’un homme de pouvoirs ». La suite ? Un remaniement au niveau de l’exécutif qui ne changera rien à rien tant que la mentalité du « j’ai été élu (président et députés) au suffrage universel ; j’ai été nommé par le président bien-aimé (tout le fameux personnel politique) et je peux faire ce que bon me semble » persistera. Que faire alors ? Attendre une formidable et prévisible implosion. Cela a commencé par la défection de certains députés qui ont déserté le bateau Hvm. Et soit le président se retire de lui-même (inimaginable car il sera empêché de le faire par le chantage pesant de son propre entourage) ; soit les députés (élus par le peuple) se réveilleront de leur torpeur et appliqueront la loi pour se défaire d’un président qui, en dix mois, a démontré ses limites et tourne en rond, panique et finira par commettre l’irréparable. Mais ce sera toujours le peuple qui paiera les pots cassés. Pour l’heure, il s’est enfermé dans sa tour d’ivoire d’Iavoloha et laisse son directeur de cabinet débiter du n’importe quoi à sa place.
Jeannot Ramambazafy – 19 octobre 2014