Faravohitra, 20 octobre 2014. Le « deal » était tellement alléchant que Lalao Ravalomanana est monté au créneau pour jouer la partition du fihavanana malagasy. C’est certain, il n’y a pas un pli.
Ainsi, après avoir hurlé que son mari était emprisonné de manière indigne pour un président de la république ; après avoir carrément incité les partisans du Magro Behoririka à la révolte, « Neny » Ravalomanana a douché brusquement toutes les ardeurs des « militants ». Ci-après ses déclarations du jour, suivis de la traduction en français. Notons qu’elle n’a accordé aucune interview « addditive » après ces déclarations démontrant un virage à je ne sais plus combien de degré par ce temps de grande chaleur…
« Ry vahoaka malagasy rehetra tsy misy ankanavaka,
Fotoana izao no hirosoana amin’ny fifanatonana, fifampiresahina, fifanajà na amin’ny Malagasy samy Malagasy. Fotoana ihany koa hirosoana amin’ny fampihavanam-pirenena. Isika Malagasy rehetra dia samy manaja ny soatoavina malagasy, dia ny fihavanana izany. Ary mametraka ny tombontsoam-pirenena mialoha ny zava-drehetra.
Tokana ny fahavalon’ny Malagasy dia ny fahantrana izany. Koa aoka isika hifanome tà nana ka miasa miaraka tahaky ny mpirahalahy, na iza na iza, amin’izay rehetra mino ny fihavanana malagasy ary hitondra fampandrosoana ny tanin-tsika sy ny firenen-tsika. Homban-tsika mandrakariva Andriamanitra ».
TRADUCTION
Peuple malgache sans exclusive,
L’heure est arrivée d’avancer vers le rapprochement, le dialogue, le respect des Malgaches entre eux. Le moment est également venu d’avancer vers la réconciliation nationale. Nous tous, Malgaches, respectons notre culture, nos us et coutumes et, en premier lieu le fihavanana (notion très large inexistant ailleurs et unissant les liens familiaux, les liens d’amitié, les relations basées sur l’affection mutuelle), qui met l’intérêt de la Nation au-dessus de tout autre considération.
Le seul ennemi des Malgaches est la pauvreté. Donnons-nous donc la main pour travailler ensemble comme des frères, qui ne nous soyons, nous qui croyons au fihavanana malagasy, pour emmener notre terre, notre nation vers le développement. Que Dieu veille sur nous jour et nuit.
Marc Ravalomanana à son arrivée à Faravohitra, le 13 octobre 2014
Dans ce contexte, tout ce qui s’est passé ces derniers jours, n’aura été que du cinéma entrant dans le domaine de l’assertion : « en politique, il n’y a pas d’amitié, il n’y a que de intérêts ». Quel aura donc été le levier de pression sur Ravalomanana, ayant amené son épouse à devenir subitement douce comme l’agneau qui vient de naître ? Car, il est clair que l’ancien président sera amnistié.
Ce qui est certain, c’est que Hery Rajaonarimampianina, qui a tendance à tout gober par peur de se faire voir abréger son mandat, va se faire encore avoir. Voilà pourquoi le Hvm est devenu Hery Voafitak’i Marc (Hery leurré par Marc et sans réciprocité). Car d’un côté, il est sûr que le Marc en question a du promettre au président élu de se tenir tranquille pour que les gens ne descendent pas dans la rue (et pourquoi pas Lalao Premier ministre, sait-on jamais ?) ; de l’autre, le Hery Filoha a du lui promettre la cessation de toute poursuite à son encontre et la liberté totale -donc l’impunité totale aussi- (et pourquoi pas Lalao Premier ministre, sait-on jamais ?). Il faudra alors s’attendre à ce que le futé Ravalomanana soit assigné à résidence à Faravohitra, son domicile.
C’est si simple, de prime abord. Mais même si les gens du Magro sont des moutons de Panurge, le pire reste encore à venir. Quoi ? Devinez. Pour l’heure, les « impulsifs » et autres mercenaires politiques, qui ont menacé de quitter le navire Hvm, vont adopter la position stand by, en attendant de voir qui sera le plus offrant. Vive la ploutocratie ! Et Madagascar n’aura toujours pas d’opposition politique digne de ce nom, dix mois après l’accession au pouvoir d’un président par hasard (titre d’une chanson de Samoëla).
Jeannot Ramambazafy – 20 octobre 2014