L’Ambassadeur de France à Madagascar, François Goldblatt
« Le temps est à l’action ! ». C’est le message de l’Ambassadeur de France, François Goldblatt, dans son éditorial de la Newsletter n°23 d’octobre 2014. Et l’ambassade « ne cesse de répéter à ses interlocuteurs : il y a urgence à agir, à entreprendre les réformes attendues et à adopter les mesures concrètes et visibles destinées à permettre, enfin, que Madagascar retrouve le chemin du renouveau et de la prospérité ».
C’est beau le langage diplomatique mais pour l’instant, dix mois après la prestation de serment, les actions du régime mené par le président Rajaonarimampianina, se basent sur la mise en place d’une ploutocratie servant à raffermir les pouvoirs d’hommes n’ayant aucune connaissance de la notion même d’état de droit : violations répétées -même indirectement- de la constitution ; non respect de la parole donnée ; non respect des droits élémentaires de l’homme ; chasse aux sorcières impitoyables vis-à -vis de tout ce qui touche l’ancien président de la transition dans laquelle, pourtant, le président élu était l’inamovible ministre des Finances ; incapacité à résoudre les graves problèmes d’ordre social, les conseils des ministres ne servant qu’à être une tribune de nominations en vrac ; mise en place d’une censure incroyable au sein des médias publics, et j’en passe.
Jusqu’où ira le gouvernement français pour couvrir ces motifs d’inconsistance des actuels dirigeants malgaches ? Jusqu’à ce que le pays s’embrase subitement comme le Burkina Faso où il est démontré que rien n’arrête un peuple en colère. Ni l’argent, ni le bruit des bottes, ni la menace des baïonnettes. Ce ne sera qu’à ce moment-là que le gouvernement français « réagira » ? Il sera trop tard, comme en 1972, 1991, 2001 et 2009. Un ticket de président élu, prêté pour cinq ans, est inutile lorsque les dirigeants n’apprennent aucune leçon de l’Histoire de leur pays. Il ne reste plus qu’à prier pour savoir qui passera vraiment à l’action et comment ? Certes, le peuple malgache aspire au renouveau et à la prospérité. Mais qu’est-ce qui a changé, depuis le 25 janvier 2014, dans son quotidien ? Rien. Au contraire sa vie n’est plus un mieux-être mais un « pire-être ». Et lorsqu’il n’a plus rien à perdre -sauf sa vie-, que personne ne s’étonne du prévisible toujours sanglant.
La question -pour tous, y compris la communauté internationale- est de savoir comment remettre au pas un président élu qui ne respecte plus rien mais qui persiste, s'enferre dans sa bêtise? Sans effusion de sang. Car plus le temps avance, plus les problèmes submergent les solutions et le cercle devient vicieux. Et lorsque l’on fait perdre toute sa dignité à un peuple, il ne lui reste plus qu’à s’indigner, puisque, en tentant d’œuvrer de manière légale, il n’a rien à attendre non plus de députés -leurs supposés représentants qu'ils ont élus-, vendus au plus offrant. Voilà le casse-tête de ce week-end de la Toussaint 2014. Mais allez demander la réponse à Didier Ratsiraka (Amiral indéboulonnable), Zafy Albert (qui a changé la constitution pour pouvoir nommer le Premier ministre) et Marc Ravalomanana (actuellement privé de liberté à Antsiranana). Tous ont été élus par le même peuple qui a fini par se mettre en colère et les a éjectés de leur fauteuil plaqué or. Parce que tous, sans aucune exception, ont retouché la constitution à leur avantage (désormais perdu).
Au pays du « moramora », la lenteur est légendaire. Mais lorsque les Malgaches se lèvent et se soulèvent, c’est un mouvement jusqu’au-boutiste. Quitte à réitérer la même chose mais à moins d’années d’intervalle. Il suffit vraiment d’un rien à présent. Et cela risque fort de se répéter encore et toujours, tant que les dirigeants ne respecteront pas la constitution stricto sensu.
Jeannot Ramambazafy – 1er novembre 2014