« Aucun journaliste, où qu’il soit, ne devrait avoir à risquer sa vie pour informer le public. Ensemble, défendons les journalistes. Défendons la justice ».
M. Ban Ki-moon, Secrétaire général de l'ONU,
Message 2014
Au cours de la dernière décennie, plus de 700 journalistes ont été tués parce qu’ils informaient le public. Fait inquiétant : sur dix crimes commis contre des professionnels des médias pendant la décennie écoulée, seul un a abouti à une condamnation. Cette impunité non seulement enhardit les criminels, mais aussi décourage la société, y compris les journalistes eux-mêmes. L’impunité favorise l’impunité et alimente un cercle vicieux.
À sa 68e session, en 2013, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution A/RES/68/163 qui a proclamé le 2 novembre Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes. Cette résolution a exhorté les États Membres à prendre des mesures précises pour combattre la culture actuelle d’impunité. La date a été choisie en mémoire de l’assassinat de deux journalistes français au Mali le 2 novembre 2013.
Cette résolution historique condamne toutes les attaques et violences perpétrées contre des journalistes et des travailleurs des médias. Elle exhorte également les États Membres à faire tout leur possible pour prévenir cette violence, en faire rendre compte, traduire en justice les auteurs des crimes commis contre des journalistes et des travailleurs des médias, et veiller à ce que les victimes disposent de recours appropriés. Elle demande en outre aux États de promouvoir un environnement sûr et propice dans lequel les journalistes puissent effectuer leur travail de manière indépendante et sans ingérence indue.
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L’ONU a proclamé le 2 novembre « Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes », selon la résolution A/RES/68/163 (lire plus loin).
A Madagascar, il semble que le régime Rajaonarimampianina ignore cette résolution ou fait fi de la respecter en tant que représentant de Madagascar, état membre de l’ONU. Rappels.
Le 21 juillet 2014, les journalistes Jean Luc Rahaga et Didier Ramanoelina, après avoir reçu une simple convocation, sont immédiatement placée sous mandat de dépôt. Le ministre Rivo Rakotovao avait déposé une plainte pour diffamation, suite à une lettre de lecteur (ICI) qu’ils avaient tout simplement relayée dans le journal « Madagascar Matin ». Pas de quoi fouetter un chat mais l'orgueil a submergé toute logique de démocratie.
Rivo Ratokovao ou l'orgueil fait homme
Sous une haute pression aussi bien nationale qu’internationale, le président Rajaonarimampianina demande à son ministre de retirer sa plainte.
Jean Luc et Didier libérés le 25 juillet 2014, après avoir connu les affres de l'emprisonnement
Mais le mal est fait, envenimé par Henry Rabary-Njaka, directeur de cabinet hautain et suffisant, qui se prend pour le vice-président de la république, porte-parole du régime tout entier à lui tout seul : Jean Luc et Didier auront passé quatre jours et trois nuits dans la prison d’Antanimora.
L'article 20 de la loi 2014-006. Liberticidement vôtre
Or, parallèlement, et en catimini, le régime Rajaonarimampianina, sort la loi 2014-006 sur la cybercriminalité entérinée par la HCC. L’article 20 de cette loi est tout simplement une mise à mort de la pratique du journalisme à Madagascar et n’a rien à voir avec la cybercriminalité dans son sens réel.
Il apparaît que, malgré les récriminations hypocrites que quelques députés, cette loi reste toujours en vigueur et demeure une épée de Damoclès sur la tête des journalistes trop consciencieux.
Logo de la Tvm et ses locaux sis à Anosy Ampefiloha, Antananarivo
Du côté des médias publics (Rnm et Tvm), un système de censure, digne du temps de Kim Il Sung et du Kgb réunis, a été installé. Déjà , la revue de presse quotidienne matinale a été supprimée. A la Tvm, des proches conseillers du président de la république ont monté un « Comité anti-Rolly Mercia (ancien ministre de la Communication de la transition) ».
Nos confrères Isidore et Lantomalala (lunettes) -TVM en direct- lors de la cérémonie d’inauguration officiel du Stade Makis de Madagascar - VIDEO ICI -
Lantomalala Rasata, formé dans l’ex-Urss, a été promu directeur de la Tvm, avec, pour mission, de dégager toutes celles et tous ceux qui ont travaillé avec Rolly Mercia. Par ailleurs, il y existe trois rédacteurs en chef dont le rôle est précis : supprimer toutes les phrases et toutes les images qui reflètent la réalité, c’est-à -dire qui désavantagent le président bien-aimé du peuple. Et ces dirigeants osent parler de réconciliation nationale !...
Pour leur gouverne, et en ce 2 novembre 2014, voici de quoi leur rafraîchir la mémoire et leur rappeler qu’avoir été élu « démocratiquement » au suffrage universel, ne permet pas de tout se permettre. Le langage diplomatique étant ce qu’il est, en réalité dans les salons, on se gausse de ces arrivistes incompétents, non patriotes, non démocrates. Bref, des nouveaux fossoyeurs de la Nation doublés de liberticides. Arrivés au pouvoir par accident et par substitution, ils usent et abusent de ce pouvoir pour pouvoir s'enrichir ultra rapidement. Ils ont oublié qu'ils sont venus sur terre tous nus et qu'ils la quitteront de la même manière. Le jour du grand départ, il y aura plus d'hypocrites et de curieux que de personnes chagrinées pour venir les enterrer. Mais il apparaît, en regard de leurs actions qu'ils sont éternels donc immortels... C'est peut-être çà la force nouvelle (HVM) ?Ils imposent leur diktat sans même connaître ni lire les conventions internationales qu'ils sont tenus, pourtant, de respecter. En regard de la résolution A/RES/68/163, c'est le pays Madagascar, état membre, qui est mis au ban de l'ONU.
Dans ce dossier, j'ai fait abstraction de toutes les violations constitutionnelles et les arrestations arbitraires libéralisant le non-respect des droits de l'homme, pour me focaliser sur ce beau -mais ingrat- métier de journaliste.
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Nations Unies
A/RES/68/163
Assemblée générale
21 février 2014
Soixante-huitième session Point 69 b de l’ordre du jour 13-44924
Résolution adoptée par l’Assemblée générale le 18 décembre 2013
[sur la base du rapport de la Troisième Commission (A/68/456/Add.2)] 68/163. La sécurité des journalistes et la question de l’impunité
L’Assemblée générale,
Guidée par les buts et les principes énoncés dans la Charte des Nations Unies,
Réaffirmant la Déclaration universelle des droits de l’homme et rappelant les instruments internationaux pertinents relatifs aux droits de l’homme, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, ainsi que les Conventions de Genève du 12 août 1949 et leurs protocoles additionnels,
Rappelant le Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité, adopté par le Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination le 12 avril 2012, dans lequel les organismes, fonds et programmes des Nations Unies sont invités à collaborer avec les États Membres en faveur de l’instauration de conditions de liberté et de sécurité pour les journalistes et les professionnels des médias, en situation de conflit aussi bien qu’en temps de paix, en vue de renforcer la paix, la démocratie et le développement dans le monde entier,
Rappelant également les résolutions du Conseil des droits de l’homme 20/8, du 5 juillet 2012, sur la promotion, la protection et l’exercice des droits de l’homme sur l’Internet, 21/12, du 27 septembre 2012, sur la sécurité des journalistes et 24/15, du 27 septembre 2013, sur le Programme mondial d’éducation dans le domaine des droits de l’homme et sa décision 24/116 du 26 septembre 2013 tendant à convoquer une réunion-débat sur la question de la sécurité des journalistes, ainsi que la résolution 1738 (2006) du Conseil de sécurité en date du 23 décembre 2006,
Prenant note des rapports du Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression et du Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires qui ont été soumis au Conseil des droits de l’homme à sa vingtième session,
Saluant le rôle et les activités du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture en ce qui concerne la sécurité des journalistes et la question de l’impunité,
Prenant note avec intérêt du rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme sur la sécurité des journalistes, qui a été soumis au Conseil des droits de l’homme à sa vingt-quatrième session,
Prenant également note avec intérêt de la conférence internationale sur la sécurité des journalistes qui s’est tenue à Varsovie les 23 et 24 avril 2013 et des recommandations qui y ont été formulées,
Consciente que le journalisme est en perpétuelle évolution car il se nourrit de l’ensemble des contributions des organismes de médias, de particuliers et de diverses organisations qui cherchent, reçoivent et transmettent des informations et des idées de toute nature, sur Internet ou ailleurs, exerçant par là leur liberté d’opinion et d’expression, conformément à l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et concourant ainsi à façonner le débat public,
Reconnaissant le rôle que jouent la liberté d’expression et la liberté de la presse dans l’édification de sociétés et de démocraties du savoir ouvertes à tous et dans la promotion du dialogue interculturel, de la paix et de la bonne gouvernance,
Consciente que leur travail fait souvent des journalistes des cibles privilégiées d’actes d’intimidation, de harcèlement et de violence,
Prenant note des bonnes pratiques mises en œuvre par divers pays pour protéger les journalistes et, entre autres pratiques, de celles qui sont conçues pour protéger les défenseurs des droits de l’homme et qui peuvent, le cas échéant, protéger les journalistes,
Convaincue que la façon dont l’information est présentée influe sur la vie d’un grand nombre de personnes et que le journalisme influence l’opinion publique,
Considérant que le climat d’impunité entourant les attaques contre les journalistes constitue l’un des principaux obstacles au renforcement de la protection des journalistes,
Rappelant à cet égard que les journalistes, les professionnels des médias et le personnel associé qui sont dépêchés dans le cadre de missions professionnelles dangereuses dans des zones de conflit armé doivent être considérés comme des civils, et respectés et protégés comme tels, dès lors qu’ils ne remettent pas en cause par leurs actes leur statut de civils,
Se déclarant préoccupée par la menace que représentent certains acteurs non étatiques, notamment les groupes terroristes et les organisations criminelles, pour la sécurité des journalistes,
Reconnaissant les risques particuliers auxquels sont exposées les femmes journalistes dans l’exercice de leur métier, et soulignant à cet égard qu’il importe de tenir compte de la problématique hommes-femmes lors de l’examen des mesures propres à assurer la sécurité des journalistes,
1. Accueille avec satisfaction le Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité;
2. Condamne sans équivoque toutes les attaques et violences contre les journalistes et les professionnels de l’information, comme la torture, les exécutions extrajudiciaires, les disparitions forcées et les détentions arbitraires, ainsi que les tentatives d’intimidation et le harcèlement, en situation de conflit aussi bien qu’en temps de paix;
3. Décide de proclamer le 2 novembre Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes;
4. Demande à l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, agissant en consultation avec les entités compétentes du système des Nations Unies et gardant à l’esprit les dispositions énoncées à l’annexe de la résolution 1980/67du Conseil économique et social, en date du 25 juillet 1980, de faciliter les activités relatives à la Journée internationale, en collaboration avec les gouvernements et les parties prenantes concernées;
5. Engage les États Membres à faire tout leur possible pour prévenir la violence contre les journalistes et les professionnels des médias, à veiller à ce que les responsabilités soient établies en diligentant une enquête impartiale et efficace chaque fois que sont signalés des actes de violence contre des journalistes et des professionnels de l’information se trouvant dans une zone relevant de leur juridiction, à traduire les auteurs de ces crimes en justice et à s’assurer que les victimes disposent de recours appropriés;
6. Demande aux États Membres de créer des conditions de sécurité permettant aux journalistes de faire leur travail de façon indépendante et sans être soumis à des pressions, et pour ce faire les engage notamment à :
a) prendre des mesures législatives;
b) sensibiliser le personnel judiciaire, les forces de l’ordre et les militaires, ainsi que les journalistes et la société civile, aux obligations et engagements concernant la sécurité des journalistes contractés par l’État eu égard au droit international des droits de l’homme et au droit international humanitaire;
c) surveiller et signaler les attaques commises contre des journalistes;
d) condamner publiquement ces attaques;
e) consacrer les ressources nécessaires aux enquêtes et aux poursuites engagées comme suite à ces attaques;
7. Invite les organismes, les organisations, les fonds et programmes compétents des Nations Unies à envisager de nommer des agents de liaison pour faciliter l’échange d’informations sur l’application du Plan d’action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité, en coopération avec les États Membres et sous la coordination générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture;
8. Prie le Secrétaire général de lui rendre compte, à sa soixante-neuvième session, de l’application de la présente résolution.
70ème séance plénière
18 décembre 2013
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Jeannot RAMAMBAZAFY
2 novembre 2014