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C’est en l’ayant vu accueillir le président Hery Rajaonarimampianina de retour de Sydney que j’y ai cru, en bon Thomasien que je suis : effectivement, Tsilavina Ralaindimby est bien la personne nommée au poste de directeur de communication de la présidence. Pourquoi mon scepticisme ? Les deux fac-similés ci-après en sont la cause :
Aucune transparence à la publication de ce communiqué sur cette nomination précise. Un mauvais départ pour Tsilavina Ralaindimby dont le nom n'apparaît pas ci-dessus. Or, c'est un document officiel. Concernant la Jirama, pourtant, c'est clair comme de l'eau de roche : un énième poste à responsabilité pour Rachidy Mohamed, déjà conseiller spécial et membre du parti Hvm
C'est le quotidien Midi Madagasikara qui a nommé "Tsitsi" sans ambage
Les rumeurs avaient parlé de Gilbert Raharizatovo. Mais celui-ci a été casé à la Primature. Revenons à «Rainitsy» ou «Tsitsi». Je le connais depuis les années 1970 et plus que toutes les créatures réunies qu’il va être obligé de côtoyer à la présidence.
Journaliste de radio de formation (Studio école de l’OCORA -Office de Coopération Radiophonique- à Maisons-Laffitte, France, de 1967 à 1969), il a bifurqué lentement mais sûrement vers l’audiovisuel (photo et cinéma) en ayant créé la société « Horizons communication ». Parallèlement, il a été -et reste- un grand découvreur de talent, tel Rossy, qui, à ses débuts, chantait a capella avec ses copains du quartier d’Ampamarinana, lors de veillées funèbres («mamonjy jôba»). Très proche des Allemands, à travers le Cgm, la plupart de ses découvertes ont bénéficié d’un séjour en RFA et ont eu un parcours de professionnels. Ils se reconnaîtront.
A l'époque, j'avais réalisé un spot publicitaire pour la Secren de Diego, en format VHS. Infect à la diffusion à la TVM, par rapport à celui de Coca-Cola déjà  en numérique. Et Dama du groupe Mahaleo avait créé une chanson spécialement dédiée à ces jeux : "Nosy Milalao"
Lors des Jeux des îles de l’océan Indien de 1990, il était au côté de Solo Rajaonarivelo -qui vient de nous quitter- dans le COJI (Comité d’organisation des jeux des îles), s’occupant du volet communication.
Homme d’action mais aussi de responsabilité, «Tsitsi» se met rarement au-devant des projecteurs. Pour lui, ce sont les résultats qui comptent. Et des idées –au contraire de Jaobarison Randrianarivony de l’agence Media Consulting, qui ne produit que des spectacles, «Tsitsi» en a à foison. En tout cas, ceux qui ont été sous sa houlette, ont du apprendre à se forger une personnalité collant aux réalités, et ont du se plier à quelques impératifs incontournables pour être « vendables ».
Caméra Vinten-Coutant 16mm. Tsitsi la connaît et la maîtrise aussi bien que moi
Après plusieurs œuvres audiovisuelles ethnographiques («Sambatra», «Fitampoha», «Alahamady»…), surtout dans le monde de la Culture, la cote d’ «Horizons Communication» a baissé. Il fallait aussi vivre avec le temps des nouvelles technologies. Car jusque-là c’étaient les bonnes vieilles caméras 16mm Vinten-Coutant qui étaient utilisées. Mais la concurrence aussi était devenue rude avec l’arrivée des Synergy Communication, Grand Angle et Facto.
C'est bien Rainitsy tel que je l'ai connu à la fin des années 1970. Il n'était pas chauve du tout et il photographiait alors. Au four et au moulin, en somme. Aura-t-il la même énergie pour tenter de redorer l'image d'un personnage qui est totalement influencé par d'autres personnages très... influents ?
Un groupe totalement méconnu mais repéré par Tsitsi en 1978
C'est bien le seul ministre malgache à porter une boucle d'oreille unique. Depuis, il doit sûrement savoir que, lorsqu'on est un artiste authentique, on n'a pas besoin d'être au sommet du pouvoir -ni dans ses couloirs- pour développer le pays.
En 1993, succédant à Latimer Rangers, «Tsitsi» est nommé ministre de la Communication dans le gouvernement du Premier ministre, de feu Me Francisque Ravony. Il le restera du 27 août 1993 au 16 août 1995. Il n’a aucune étiquette politique propre mais à fréquenté le MFM de Manandafy Rakotonirina, un peu grâce à notre ami commun Elie Rajaonarision, devenu son Sg au ministère… A son actif, l’embellissement de la clôture des tombes des anciens rois à Ambohimanga, et du Rova dans son ensemble ; un grand projet de protection de l’héritage cinématographique et télévisuel malgache, en numérisant les archives existantes (où en sommes-nous en cette année 2014 ?)… Hélas, le ministre Tsilavina il n’a pas pu réaliser tous ses projets de protection des sites, des monuments et des biens culturels, projets qui se sont évaporés avec le temps de Léo Ferré…
Après « Horizons Communication » est née l’agence ArtCom axée sur le numérique, une société dont il est Directeur général, ayant eu son siège à Ambohidahy. A son actif, la stratégie de communication de la campagne sur la microfinance, en 2006. « La vulgarisation doit également passer par une simplification de la compréhension du langage de la microfinance », avait alors expliqué Tsilavina Ralaindimby.
Entre-temps, de 1995 à 2000, il a été le Directeur général, pour des Sud-africains, d’un pionnier malgache de la télévision privée payante par satellite : TFV (« Televiziona Fialamboly »), sise à Mahamasina et rame. Elle a vite été "freinée" par la concurrence d’autres agences multinationales comme Canal Sat… Puis il est parti à la retraite de l’administration comme il y est entré : sans tambour ni trompette.
Jusqu’à cette nomination à la présidence de Hery Rajaonarimampianina, il était un consultant en communication, avec ArtCom, auprès de différents organismes internationaux partenaires techniques et financiers de Madagascar (GIZ, IMV, JICA, SCAC, SNU, USAID, WWF...) et dans des domaines divers : la santé publique, l’environnement, les finances publiques, la microfinance, la culture. Son travail consiste à la mise en place de stratégies de communication et le développement d’outils s’y rapportant.
Roulant pour la diversité culturelle-mais sans jamais rejeter l’identité culturelle malgache- «Tsitsi» se définit comme un penseur. Cela, en animant des conférences, ici et ailleurs, pour promouvoir sans cesse la culture malgache sous toutes ses formes. S’il n’a pas encore écrit un livre en son nom propre, «Tsitsi» est l’auteur de l’exposition « Un monde : la chanson ». Tout un programme. Et je ne parle pas, ici, de son implication dans la rédaction du Code de la Communication sans cesse remanié depuis 1990…
Même cette photo risque de poser problème au nouveau Directeur de la communication présidentielle, au moment où il s'y attendra le moins... On sait tous comment Augustin Andriamanoro a été "remercié" par le régime rajaonarimampianina à l'issue des élections
En matière de communication donc, la cour qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez dira d’emblée : « the right man et the right place ». Mais il y a communication et… communication. Homme d’ordre et ordonnée, «Tsitsi» va se retrouver dans un panier à crabes où la suspicion, la jalousie et l’incompétence règne. Longtemps habitué à travailler avec des hommes de parole et d’honneur, la question que le journal Newsmada a posée, est pertinente :
Et lorsqu’il sera dans la ligne de mire des « intouchables » gravitant autour du président Hery Bien Aimé du Peuple, son savoir-faire et faire-savoir ne lui seront d’aucune utilité. Pour ces créatures-là , la compétence n’est pas prise en compte. Il faut jeter des fleurs à outrance au président de la république.
Sur son profil facebook, en date du 15 novembre 2014, « Tsitsi » a révélé qu’il a accepté ce poste en reconnaissance à la Nation : « Je considère cela comme le « valim-babena" à mon pays ».
Tsilavina Ralaindimby et le développement. Faites-vous traduire la vidéo, cela vous fera réfléchir quant à l'esprit même de cet homme de communication qui aura une tâche peu aisée à la Président de Madagascar...
Effectivement, il a été boursier de l’Etat malgache du temps de l’OCORA, mais il y a tout de même des limites. Non ? Car vu sa personnalité, il vaut mieux pour lui démissionner plutôt qu’être démissionné (démis de ses fonctions). Je n’ai jamais entendu « Tsitsi » prononcer un mot plus haut qu’un autre, il a toujours eu une « zen attitude ». Tout ce que je lui souhaite c’est donc : bonne… résistance car il est extrêmement difficile, sinon impossible d’embellir des esprits indécrottables.
Enfin, il y a eu l’épisode de son passage en tant que ministre, relaté de manière tout à fait lucide et objective dans les extraits suivants :
Il n'y a pas que la communication institutionnelle. La communication inter-personnelle est capitale. Mais que faire face à des créatures à l'ego démesuré ?
Je ne crois pas au miracle, après dix mois à subir un régime qui n’attend que les sous des autres pour « travailler », avec la politique de « faire le dos rond » révélée par Me Henry Rabary-Njaka, N°2 de l’Etat malgache, le 21 mars 2014 à Paris. Ce qui se traduit dans les faits et actes par : quoi qu’il arrive, nous y sommes (au pouvoir) et nous y resterons. Mais jusqu'à quand ?
Le reste n’a été qu’effets d’annonce et le… restera. Même si la présidence malgache actuelle embauche, à prix d’or, Mark Elliot Zuckerberg en personne… Parfois, cher « Tsitsi », dans des conditions sans issue, il faut faire sien ce que je dis toujours : Courage, fuyons ! Arrivé à un certain âge (je ne pense pas qu’il a accepté ce poste de directeur de la communication présidentielle pour des sous), il faut savoir choisir : sortir par la grande porte ou la petite lucarne de l’Histoire. Un homme averti en vaut deux. Je n’ai jamais été un oiseau de mauvais augure mais 30 ans de pratique de journalisme m’ont appris les travers des dirigeants passés et présents qui, eux, ne tirent vraiment aucune leçon de l’Histoire qui me donnera, dès lors, toujours raison. Voilà cher «Tsitsi». N’oublies jamais que le véritable ami est là quand il faut et au moment où il faut. Je n’ai rien contre notre volonté commune de développer le pays mais tu ne pourras rien contre certaines forces occultes au plus haut sommet de l’Etat. A moins de tuer le feu par le feu. Ce qui n’est pas dans tes cordes. Mais dans les miennes, si…
Le groupe Sivy Mahasaky, en 2003, c'est encore Tsitsi. Une autre paire de manche...
Moralité de ce dossier : connaissant l'Histoire du pays et sachant, qu'en dix mois, les pratiques malsaines effectuées par les dirigeants depuis la première république ont été "ravivées", parfois il faut savoir dire non. Je vois d'ici les joutes verbales Henry Rabary-Njaka/Tsilavina Ralaindimby : le sournois mais fort en gueule et le stoïque, imperturbable... jusqu'à quel point ? Un défi pour soi-même pour "Tsitsi" ? Qui vivra verra.
Jeannot Ramambazafy – 21 novembre 2014