Les 4 chefs des églises composant le FFKM et le président Rajaonarimampianina. Ils auraient plutôt intérêt, en tant qu'entité garante de l'Etat de droit, à intimer celui-ci de respecter la Constitution et non de fermer les yeux sur les violations répétées depuis un an déjà ,
On ne le dira jamais assez : de royaume reconnu par les grandes puissances, au XIXème siècle, Madagascar aura été un pays anciennement colonisé, puis un pays sous-développé, ensuite un pays en voie de développement, enfin un pays parmi les plus pauvres du monde. Actuellement la IVème république de Madagascar est en passe de devenir une future république du christianisme restreint. Ce qui est sûr c’est que, de mon vivant, la Grande île de l’océan Indien aura été le laboratoire de toutes sortes d’expérimentations qui n’ont jamais abouti, dans le domaine de la politique. Pourquoi ? Parce que les dirigeants passés et l’actuel entend présider à vie avant même d’avoir commencé quoi que ce soit. Et avec la complicité de la communauté internationale, trop heureuse de voir en Hery Rajaonarimampianina, un dirigeant qui se plie volontiers à ses désirs. Tous ses désirs. Cela se ressent dans tous ses discours démagogiques.
Politisation de l'église FJKM, à travers une HMF ("Hetsiky ny mpitondra fivavahana") -mouvement des pasteurs Fjkm-. Ici à Antsahamanitra, dès 2010, avec, en tête, Mamy Rakotoarivelo, ancien bras droit de Marc Ravalomanana
Après une social-démocratie dictée par la France ; vint un socialisme piqué sur les pays de l’Est, de la Lybie et de la Corée du Sud ; puis une parenthèse d’une république à la recherche de financements parallèles; suivie d’une république se voulant « humaniste et écologique » ; pour aboutir un capitalisme d’état qui ne dit pas son nom, sur fond de mainmise de l’église protestante réformée (FJKM). Tous ces débuts d’expérience ont été stoppés par des mouvements populaires, quel que soit le nom que la Communauté internationale veuille leur donner : 1972, 1991, 1996 (via les députés de Madagascar), 2002, 2009. Il faut se rappeler que sous le régime Ravalomanana, la FJKM (Eglise de Jésus-Christ à Madagascar) avait la part belle dans la gestion des affaires de l’Etat, Marc Ravalomanana ayant été à la fois président de la république et vice-président de la FJKM.
En cette année 2015, le régime Rajaonarimampianina tente d’ajouter à tout cela, la mise en place d’une république chrétienne restreinte à travers un FFKM qui se la joue juge et partie, dans une réconciliation nationale qui, à Madagascar, n’a pas sa raison d’être comme sur le continent africain. Bien évidemment, cet énième essai n’ira pas loin et retardera encore le développement d’un pays maudit par ses propres dirigeants. Mais cela arrangera les affaires des intérêts de la communauté internationale qui se contentera toujours de déclarer qu’elle ne s’ingère pas dans les affaires internes du pays.
Cependant, la raison d’être du FFKM n’est pas d’être une entité religieuse qui dicte la politique à suivre pour la gestion de Madagascar. NON ! Son rôle, après maints essais totalement ratés, c’est d’être LE GARANT DE L’ETAT DE DROIT. C’est écrit noir sur blanc dans l’histoire du FFKM plus loin.
Il faut se rappeler que, selon la Constitution de 2010 fondant la Quatrième République : Madagascar est une république laïque à régime semi-présidentiel multipartite, où le président est le chef de l’Etat et le Premier ministre chef du gouvernement. Le pouvoir exécutif est aux mains du gouvernement, tandis que le pouvoir législatif est partagé entre le gouvernement et les deux chambres du Parlement. Le pouvoir judiciaire est indépendant des deux premiers.
Article 2.
L'Etat affirme sa neutralité à l'égard des différentes religions.
La laïcité de la République repose sur le principe de la séparation des affaires de l'État et des institutions religieuses et de leurs représentants.
L'Etat et les institutions religieuses s'interdisent toute immixtion dans leurs domaines respectifs.
Aucun chef d'institution ni membre de Gouvernement ne peuvent faire partie des instances dirigeantes d'une Institution religieuse, sous peine d'être déchu par la Haute Cour constitutionnelle ou d'être démis d'office de son mandat ou de sa fonction.
Enfin, en matière de religion, voici la répartition des croyances à Madagascar :
Dans la Grande île de l’océan Indien, environ 55% de la population respecte les convictions traditionnelles (le culte des ancêtres -« Fivavahana nentim-paharazana »- qui n’a rien à voir avec l’animisme selon l’idée préconçue des Européens) ; 40% sont des chrétiens et les 5% restants sont des musulmans.
Allez faire un tour, un dimanche, devant les anciennes salles de cinéma Rex, Ritz et Roxy à Antananarivo. Vous serez impressionnés par le nombre de Malgaches qui s'y ruent... Or, tous les chrétiens du monde n'ont-ils pas une seule et unique Bible ?
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Mais le christianisme lui-même fait l’objet d’un certain indépendantisme, sinon d’un indépendantisme certain vis-à -vis des églises composants le FFKM. Qui sont : le catholicisme romain ; le protestantisme réformé ; le luthérianisme et l’anglicanisme. En effet, le phénomène que l’on appelle, ici, « Fiangonana zandriny » (sectes pour faire plus simple), a explosé de façon exponentielle. Tous chrétiens, lisant une seule et unique Bible, ils sont, pourtant, regroupés dans des entités comme : Jesosy Mamonjy, Winner’s Chapell, Apokalipsy, FPVM, église des Saints du dernier jour (les Mormons) ; église du 7è jour, église Shine… Tenez-vous bien : selon le ministère de l’Intérieur malgache, depuis décembre 2012, il y a, à Madagascar, 200 associations cultuelles ! Et les radios « évangéliques » poussent comme des champignons sur l’ensemble de l’île.
En s’entêtant, à travers une « réconciliation nationale » soufflée par la communauté internationale qui croit que les Malgaches sont comme les Africains, le FFKM entend faire de Madagascar, sans l’avouer, une Future république du christianisme restreint. Restreint car tous les Malgaches ne font pas partie des quatre églises qui le composent. Et ce sera donc, comme le titre l’indique : la république FFKHVM du christianisme restreint...
Mais c’est encore jouer le jeu du galliénisme (« diviser pour régner ») qui ne profitera jamais au peuple malgache qui va se trouver face à un grave problème : la guerre de religions sur une île pourtant sensée être bénie de Dieu…
Info dernière : le professeur Zafy Albert, ancien président de la république, s’est retiré officiellement de la démarche du FFKM (ICI). Rappelons que M. Zafy était l’initiateur d’un CRN (Comité de réconciliation nationale) créé en… 2002. Et, à la date de ce 19 février 2015, Andry Rajoelina, président de la dernière transition, s’est également retiré du processus du FFKM (ICI). C’est mal parti pour le FFKHVM alors…
Jeannot Ramambazafy – 19 février 2015
A présent, pour votre culture personnelle et votre compréhension de l’attitude peu… catholique du FFKM, place à son histoire.
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Mais en cette année 2015, le FFKM entend vraiment être un acteur politique à part entière dans la vie de la nation malgache. Là , un autre drame se profile à l'horizon. Car juge et partie ce n'est pas compatible du tout...
Sources :
« Madagascar et le christianisme », par Daniel Ralibera et Gabriel de Taffin
« Oecuménisme et pratiques missionnaires »: actes du 21e colloque du CREDIC, publiés par Maurice Cheza, Jean Pirotte et Monique Costermans