Feno Jean
Malgré l’optimisme du nouveau Directeur général, Feno Jean, qui avait déclaré, le 17 mars 2015, que « les services devront reprendre au niveau du Trésor public à partir de ce jour », les faits sont là  : le représentant du Syndicat du personnel, Rajoelson Sedera, a tenu a préciser ceci : « Nous allons travailler durant les 72 prochaines heures afin d’assurer le paiement des pensions et des salaires. Mais le mouvement se durcira ». Rappelons que le même Feno Jean avait aussi affirmé que la démarche du ministre d’Etat, Rivo Rakotovao, n’avait pas respecté l’orthodoxie financière mais que « c’était une histoire passée ». Grave, mon frère, hein ?...
Voici la traduction du communiqué ci-dessus :
Syndicat du personnel du Trésor Malagasy
DECLARATION
Syndicat du personnel du Trésor Malagasy réaffirme, ici, que la grève de tous les employés se poursuit à travers l’île.
Selon les directives du Syndicat, pour ne pas léser le mécanisme du paiement des pensions, des salaires et du budget destiné aux sinistrés, toutes les Trésoreries générales, les Trésoreries principales et les Perceptions principales assureront un service minimum.
Après cela, le mouvement se poursuivra et de durcira.
Le syndicat condamne et n’accepte pas les agissements de terrorisme intellectuel effectués par certains cadres sur les grévistes. Il rappelle le droit de grève de chacun et la loi qui permet de poursuivre ceux qui entendent entraver l’application de ce droit.
Le Président du Syndicat
RAJOELSON Sedera Herinjatovo
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« Selon nos informations, ce ne sont que quelques contractuels qui font la grève… Si la grève persiste, nous allons prendre nos responsabilités… Il n’y aura plus de prélèvements illégaux… Ne vous laissez pas entrainez par la politique… Cela détruits les efforts déjà accomplis… Démontrons notre patriotisme, notre solidarité nationale dans cette lutte contre la pauvreté… Nous sommes très près de recevoir de l’argent des bailleurs de fonds… ». Bref, beaucoup de mauvaise information/communication, trop de paternalisme suivi de menaces, un peu d’hors-sujet et énormément d’espoir qui ne fait vivre que les imbéciles
Certains médias, certains politiciens, certains « techniciens » et, surtout, le ministre des Finances actuel, sont soit amnésiques, soit ignorants de l’Histoire du Trésor public malagasy. Je m’en vais leur rafraichir la mémoire car, lorsqu’on a entendu et vu Môssieur Rakotoarimanana Gervais, lors d’une émission spéciale à la Tv Plus, on se retrouve 50 ans en arrière, sous le temps du régime paternaliste du Président Philibert Tsiranana. Ce Québécois importé s’est vraiment trompé d’époque, si on prend la peine de bien écouter la vidéo ci-dessus… Réactions très tardives, donc douteuses, par rapport à ce qui suit, une tranche de l’Histoire de ce Trésor public malagasy.
En novembre 2013 -Hery Rajaonarimampianina avait quitté son poste de ministre des Finances, s’étant présenté à l’élection présidentielle, en remplacement des docteurs Kolo Roger et Jules Etienne-, Une grève éclate au Trésor public.
Il y avait eu une tentative de prélever 16 milliards d’ariary à la manière de Rivo Rakotovao, c’est-à -dire directement, de manière illégale. Sur-le-champ, au niveau du ministère des Finances et du Budget, le Directeur de cabinet, Solofo Rasoarahona, lors d’une conférence de presse, a déclaré que cette affaire était une arnaque. Auparavant, le Directeur général du Trésor, Orlando Robimanana, avait été convoqué pour audition. C’est ce qui a entrainé cette grève. Surtout que même, Vonintsalama AndriamboÂlolona, SecréÂtaire générale du ministère avait également fait l’objet d’une enquête.
L’équipe du ministère des Finances et du Budget en novembre 2013 et sans Hery Rajaonarimampianina. Au premier plan, de g. à dr. : Solofo Rasoarahona, Vonintsalama AndriamboÂlolona et Orlando Robimanana pour la défense de l'arbitraire
De quoi s’agissait-il ? Narration d’Orlando Robimanana à l’époque : « L'agent comptable du BCMM (Bureau des cadastres miniers de Madagascar) m'a informé des irrégularités concernant le déblocage de 16 milliards d'ariary. En regard de cette situation pas très claire, j'ai pris des mesures pour stopper cette tentative. Or, voilà que je me retrouve sur le banc des accusés, soupçonné de complicité ».
Florens Rakotomahanina alors Colonel
Plus tard, Florens Rakotomahanina, actuellement Général commandant de l'Etat-major Mixte Opérationnel Régional (Emmo-Reg), alors Colonel, commandant la circonscription régionale de la gendarmerie Antananarivo à l’époque, lors d’un point de presse, a reconnu « qu’il y avait des vices dans la mise en œuvre de la procédure d’audition du Directeur général du Trésor, dans l’affaire de tentative de déblocage illicite de 16 milliards d’ariary auprès du Bureau des cadastres miniers de Madagascar. Le DGT a été auditionné en tant que témoin, mais ces vices ont provoqué la colère du personnel. Mais des «corrections» seront effectuées ».
En fait, le nom d’Orlando Robimanana avait été jeté en pâture par les auteurs de cette tentative d’extorsion pure et simple de deniers publics. Au final, le DGT a été lavé de tout soupçon et ordre a été donné de refuser le déblocage de cette somme. Les présumés coupables ont été jugés et punis (on ignore leur identité jusqu’ici) et le dossier a été fermé.
Tout cela pour vous dire qu’Orlando Robimanana est un des rares Malgaches qui ne mangent pas dans la même écuelle des magouilleurs au sommet de l’Etat et qu’il a été et sera toujours soutenu par le personnel du Trésor public qui voit en lui, un exemple à suivre. Le même scénario s’est donc produit avec le super ministre Rivo Rakotovao qui, pas content d’avoir été démasqué et couvert par celui qui l’a fait Tsar de Madagascar, a eu la peau d’Orlando. Et c’est donc le retour au trafic d’influence en tous genres que le ministre Rakotoarimanana Gervais entend défendre avec des arguments dignes des partis PSD et AREMA réunis. Cela va craindre pour les relations avec les bailleurs de fonds, particulièrement le FMI dont Orlando Robimanana est un expert reconnu et respecté.
A présent, on susurre dans les salons que le même Orlando Robimanana serait sur le starting-block des nominations de diplomates malgaches à l’extérieur. L’important, ici, n’est pas se savoir si oui ou non il acceptera, mais de savoir si ce régime est au courant qu’il y a une différence entre diplomatie et… trésorerie.
Jeannot Ramambazafy – 18 mars 2015