Palais d'Etat d'Iavoloha, le 18 mars 2015
Ben voilà  : on aura compris la contrepartie de la remise d’un certificat honoris causa au président malgache du moment. Avec lui dans la poche, qui s’opposera à la mise en place de la HEC Madagascar, n’est-ce pas ?
Cela n’a rien de mal en soi. Encore faut-il que l’environnement commercial à Madagascar -où règne en maître le secteur informel et les chinoiseries- soit le même qu’ailleurs…. Mais ce n’est pas là le but immédiat. C’est fou ce que l’on devient aveugle et aveuglé par tous les miroirs aux alouettes venus d’ailleurs. Mais le dossier a bien été ficelé.
Le 13 novembre 2014, un protocole d’accord est signé entre la Chambre de Commerce et de l’Industrie France Madagascar (CCIFM), représentée par André Beaumont, et l’École des hautes études commerciales (HEC) de Paris, représentée par le professeur Pascal Chaigneau, au siège de la CCIFM à Antananarivo. Le même André Beaumont qui, en octobre 2014, avait déclaré amèrement : « A Madagascar « Transition ou pas, rien ne change ». Il est dit que seuls les imbéciles ne changent pas d’idée… On comprendra également qu’en politique de haute volée, il n’y a ni amitié ni inimitié : il n’y a que des intérêts. Personnels de préférence…
Sur fond bleu : " Paul Chaigneau, directeur du Centre d'études diplomatiques et stratégiques, est un proche du nouveau pouvoir malgache ". A l'époque, dirigé par Marc Ravalomananaqui sera triple docteur honiris causa...
Quant à Pascal Chaigneau, c’est l’ami de tous les dirigeants élus. Pourvu qu’il y ait des sous à grappiller. Il a été l’initiateur du CEDS (Centre d’études diplomatique et stratégique) à Madagascar, il y a dix ans déjà .
Comme par hasard, le site du CEDS est, en ce moment même, « en cours de maintenance »… Mais en deux temps, trois mouvements, et avec les personnages qu’il faut, le lancement du programme HEC Executive Education à Madagascar est fixé à la fin de ce mois de mars 2015.
Pascal Chaigneau en pleine action. A l'extrême-droite, le Général Charles Rabemananjara, dernier Premier ministre de Marc Ravalomanana, suivi du docteur Jean Louis Robinson, alors ministre de la Santé. En lunettes noires: René Rasata Rainiketamanga, ancien Dg d'Air Madagascar, ancien Dg de l'ASCENA, ancien vice-président de l'OMERT et surtout Directeur du séminaire en « économie internationale » au sein du CEDS. En cravate lilas qui détonne au milieu de ces cravates "bleu Hvm"), Frédéric Rabesahala, consul honoraire du Portugal à Madagascar
René Rasata Rainiketamanga
Ce Monsieur est l'exception confirmant toute règle. A se demander ce qu'il fait dans cette galère... En effet, aussi loin que les employés d'Air Madagascar s’en souviennent, les temps bénis pour cette compagnie aérienne remontent de 1986 jusqu’en 1991, quand René Rasata Rainiketamanga était aux commandes. Les dernières réserves légales de l’époque s’élevaient à 60 millions USD dans les caisses de la Banque Centrale.
William Shakespeare (1564-1616) n’avait-il pas déclaré que : « La vie est un vaste théâtre où chacun joue son rôle puis s'en va » ? Il a même ajouté que « le monde entier est un théâtre, et tous, hommes et femmes, n’en sont que les acteurs. Et notre vie durant nous jouons plusieurs rôles ». Pour avoir encore plus de poids, l’implication de l’actuel président de la république était incontournable. Qu’à cela ne tienne, étant donné que le Directeur général sortant de la HEC Paris, Bernard Ramanantsoa, est plus qu’un ami de Pascal Chaigneau. Ainsi, le 18 mars 2015, lors d’une « cérémonie grandiose » (dixit l’équipe de la communication présidentielle), Hery Rajaonarimampianina est bombardé, au Palais d’Etat d’Iavoloha, docteur honoris causa pour « tous ses accomplissements » et, qu’ainsi, « le mérite était évident ».
A lire les coûts réels ci-dessus, pour une année universitaire pleine à Paris, à Madagascar ce n'est plus de la "promotion" c'est du rabais pur et simple.
Par la suite, il fallait appâter encore plus les futurs candidats dans cette sous-région de l’océan Indien. Facile pour Pascal Chaigneau qui n’est pas professeur pour rien. Le coût normal des frais d’étude est estimé à 18.000 euros (net). Mais pour Madagascar, ce sera un tarif « promotionnel » de 10.000 euros pour la trentaine de participants. C’est le nombre limite de cette première promotion. Car il est évident qu’il y en aura d’autres.
Heu, 10.000 euros, cela fait exactement 32.107.632.33 ariary soit 160.538.160 et quelques anciens francs malgaches. Ce n’est pas donné à tout le monde pour la réalisation d’un mémoire de fin d’étude en vue de l’obtention du diplôme CESA (Certificat d’Enseignement Supérieur des Affaires) en management de l’environnement international.
Dans la foulée, Solofo Rasoarahona, déjà délégué général du CEDS pour la Grande île, a été choisi pour être l’administrateur du CESA Management à Madagascar. Plus fort encore. Il est spécifié que : « HEC Paris offre aux cadres et dirigeants professionnels malgaches et de l’océan Indien, ayant au moins un bac+5, une formation intensive de 18 jours répartis sur une durée totale de 4 mois, à raison de 5 jours par mois pour les trois premiers mois à Madagascar. Quant au quatrième module, il s’effectuera sur le campus d’HEC à Paris pour une durée de trois jours. Axée essentiellement sur le management, l’entrepreneuriat et le commerce international, cette formation est conciliable avec une activité professionnelle de haut niveau ».
Les frais pour Paris sont-ils compris dans les 10.000 euros ou bien les participants devront-ils faire un dernier « effort », en regard de cette « offre » ? Mais quel est le Malgache de l’honorable société, et répondant à tous les critères demandés, qui refusera une telle opportunité d’entrer dans ce cercle prestigieux ? En passant, voici l’information… capitale, émanant de Solofo Rasoarahona, qui était son directeur de cabinet : « C’est un projet initié par le Président de la République, à l’époque où il était ministre des Finances et du Budget ». Vous voyez, rien que pour çà Hery Rajaonarimampianina a amplement mérité son titre de docteur honoris causa.
Le cadre de "formation", très répandue à travers l'île, des jeunes Malgaches qui ne seront jamais les piliers de l'avenir du pays, comme le ressasse un slogan archi-connu mais très démagogique: "Ankizy hanangana ny ho avy"
Mais Madagascar va-t-il se développer pour autant au profit des plus de 22 millions de Malgaches actuellement ? Car il n’y a aucune commune mesure entre être ministre et président de la république qui semble ne donner qu’aux riches. Et, n’ayant pas été suffisamment riche lorsqu’il est parvenu au pouvoir, il va utiliser ce pouvoir pour tenter d’amasser des richesses, en fermant les yeux sur sa cour qui suit cet objectif en toute… immunité.
Ainsi, la cause est encore entendue : le développement du peuple malgache devra attendre son successeur. La grande question très existentielle: feriez-vous comme eux à leur place ? Moralité: on est intellectuellement malhonnête ou non, c'est un choix avec ses conséquences.
Jeannot Ramambazafy – 21 mars 2015