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Rivo Rakotovao et les deniers publics. Il ne sera jamais celui qui fait croire qu’il est

Hormis le fait qu’ils sont tous les deux du même club rotarien à Antananarivo, ce sont les gros sous facilement gagnés qui unissent l’actuel président de la IVème république de Madagascar et le président du Sénat qu’il a parachuté dans le pur style anticonstitutionnel signé Hvm depuis janvier 2014. Retour sur un enrichissement honteux au détriment de tout un peuple qu’ils prennent pour un ramassis d’imbéciles finis.

Il était une fois… Rivo Rakotovao. Oui, çà peut commencer ainsi. Ce personnage possédant un CV long comme un jour sans pain, utilisera d’abord son savoir (façon de parler) et sa connaissance (de personnalités surtout) pour sa « confortabilité financière » personnelle, parallèlement à une honorabilité de façade dans un club de service de renom mondial qui montre une roue qui tourne, comme la vie. Et, effectivement, elle a tourné pour ce fils de Manjakandriana, localité à une quarantaine de kilomètres de la Capitale malgache, où il est né. Mais c’est à Mahajanga que le petit Rivo a effectué ses études primaires et secondaires avant de rejoindre Antananarivo pour achever des études universitaires locales. Il y côtoiera qui vous savez… Puis, une année en France lui aura suffi pour se targué d’être expert en suivi, stratégie et gestion d’entreprise. Voir son CV, ci-après.


Ainsi, il entre dans la vie active dès l’année 1986, à 26 ans donc, dans le milieu des produits agricoles dont le riz produit de première nécessité et aliment de base de Malagasy. Il y fera même son beurre mais pas de manière… conventionnelle du tout. Ce, à partir de la société industrielle et agricole du Lac Alaotra (Silac). Au départ, il s’agissait d’une société d’exploitation rizicole fondée par la famille d’Alphonse Ralison, ancien ambassadeur de Madagascar en Allemagne, entre autres postes à responsabilité. Pour la compréhension de l’histoire, il importe de rappeler le parcours… rizicole de Rivo Rakotovao.

De juin 1986 à juillet 1993, il a été cadre dirigeant au sein de la Société d’intérêt national des produits agricoles (Sinpa) ; de 1993 jusqu’en 2014, il l’a été au sein de cette Société industrielle et agricole du Lac Alaotra ou Silac donc. Une fois membre du gouvernement, devinez qui l’a remplacé à ce poste ? Eh ben, un neveu d’Alphonse Ralison, le dénommé Alain Hervé Rasolofondraibe qui sera nommé, par la suite, gouverneur de la Banque centrale de Madagascar, par le président Hery Rajaonarimampianina. Quels sont les liens de tous ces personnages ? Avant sa nomination en tant qu’ambassadeur en Allemagne, Alphonse Ralison a été ministre du Commerce et de la Consommation (2002-2003). C’est à ce moment qu’il a placé Rivo Rakotovao pour être un administrateur de la Société d’exploitation du port de Toamasina (Sept). Un quatrième personnage s’ajoute à cet authentique triumvirat : Harison Edmond Randriarimanana, actuellement ministre de l’Agriculture, de l’Élevage dans l’actuel gouvernement Ntsay Christian, Notons qu’il a remplacé Rivo Rakotovao lorsque ce dernier a, subitement, été parachuté au Sénat. De 2004 à 2006, cet Harison Edmond était aussi ministre de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche. Et il avait enrôlé, devinez qui, dans son cabinet ? Ben Rivo Rakotovao. Oui.


Ainsi, depuis son entrée dans le marché du travail, l’actuel président du Sénat de Madagascar a surtout gravi des échelons de la vie en société grâce à des amitiés non exemptes de retour(s) d’ascenseur. Pour abréger les relations des uns et des autres, Rivo Rakotovao, copain rotarien, a été conseiller technique de Hery Rajaonarimampianina lorsque celui-ci a été l’inamovible ministre des Finances et du Budget de la période de transition 2009-2014. Quant à l’actuel Gouverneur de la Banque centrale, Alain Hervé Rasolofondraibe, en plus du fait qu’il est donc un grand copain du sujet de ce dossier, il a été un étudiant du professeur Hery Martial au département d’économie de l’université d’Ankatso. Entre eux donc, c’est comme les mousquetaires : un pour tous et tous pour un… Mais la réalité est toute autre. Charge au Bianco et au Samifin -et bientôt la Haute cour de Justice ?- de se pencher sur ces gaillards-là car il semble bien que leur devise est plutôt : un pour tous, tous pourris !

Dans le cadre de l’opération « Vary Mora » durant la période de transition, personne, jusqu’à présent, ne sait ce qu’il est advenu de la somme exacte de 49 629 947 124,83 Ariary, soit 250 milliards d’anciens francs malgaches arrondis. De qui s’agit-il diriez-vous ? Bonne question. Cette somme a été le résultat de cette opération d’importation de riz qui avait été confié à la Silac qui paraissait être très sérieuse et très professionnelle, dans la filière rizicole. L’objectif de l’opération « Vary mora » était d’importer du riz puis de le vendre à un prix subventionné par l’État. Ce fut un flop car selon un rapport de l’IGE (Inspection général de l’État) par la suite : « dans cette affaire, il a été relevé une perte de près de 50 milliards d’ariary pour l’État car les remboursements n'ont pu être effectués. Il y a une forte présomption de concussion de hautes personnalités concernant cette somme, l’existence de favoritisme certain, impliquant Monsieur Rakotovao Rivo, alors dirigeant de la Silac ». Étrangement, les agents vérificateurs ont qualifié cette énorme somme non remboursée par la Silac, de « somme disparue ». Quel est le montant exact de cette somme déjà astronomique, même en ariary ?

Les enquêteurs ont pu découvrir que l’opération « Vary mora » avait fait des virements de plus de 31 millions de dollars aux deux fournisseurs : Le groupe multinational de négoce français Louis-Dreyfus et l'entreprise indienne Universal Trading Company. La contrepartie en monnaie locale de ces transferts en devises ont été portés au débit du compte de la Silac, soit un peu plus de 65 milliards d’ariary alors que les remboursements effectués par la société ne totalisent qu'un peu plus de 16 milliards d’ariary. De deux choses l’une : soit la Silac ne veut pas rembourser du tout ; soit elle a effectivement remboursé quelque chose et donc la majorité n'a pas été comptabilisée. Pour ceux qui connaissent bien les arcanes de ce genre de transactions, ils disent que le problème (mais en est-ce vraiment un?) résident dans le fait qu’il n'y a eu aucune convention entre la Silac et le Trésor public. Or, il s'agissait bien de deniers publics, non? Pourquoi remettre cette affaire sur le tapis, actuellement? Bonne question également. Vous êtes très perspicaces, amis lecteurs. Qu'on le veuille ou non, le régime Hvm touche à sa fin. Comme nous vivons au siècle de l'information en temps réel et des NTIC, le peuple malgache en a assez de l'impunité totale passée, en matière de détournements de deniers publics. Une fois qu'ils ne seront plus à leur haut poste d'irresponsabilité, les auteurs de ce genre de crime ne doivent pas s'en sortir indemnes. Non, çà suffit! Certes, pour l'heure, ils profitent encore des copines et copains haut placés mais ils devront rendre des comptes, un jour ou l'autre et ils doivent savoir que le temps n’effacera jamais les crimes commis. Et comme je l'ai mis en titre de cet article, Rivo Rakotovao ne sera jamais celui qui fait croire qu’il est.

Pour rappel, en février 2015, survolant le ministre de tutelle légal, Rivo Rakotovao, ministre d’Etat, « s’est imposé » à Orlando Robimanana, Directeur général du Trésor public pour que celui-ci débloque la somme de 40 milliards d’ariary. Ni plus ni moins. Pourquoi ? Parce qu’il a promis que son département allait s’occuper de la réhabilitation des rues d’Antananarivo, avec un budget à hauteur de 11 milliards d’ariary. Or donc, le monde entier sait, désormais, comment il allait se procurer ce budget mais en se montrant très gourmand, 40 milliards étant le quadruple de 11 milliards moins 4. Quel a été son argument ? Une simple communication lors du conseil de gouvernement du 24 février 2015, ci-après raccourci au sujet de ce qui nous intéresse ici :


Personne ne connaît la suite de cette intention de détournement de fonds déguisé mais Orlando Robimanana a été limogé malgré ses états de service reconnus par les institutions de Bretton Woods. Son ego finira par perdre définitivement Rivo Rakotovao qui, j’allais l’oublier, est depuis mai 2014, le président national du parti présidentiel Hvm (Hery vaovaon’i Madagasikara) qu’il prétend être « le plus puissant de Madagascar ». Ah bon ?


Riana Andriamandavy VII le veinard. En caillassant le siège du Bianco avec des gros bras importés de Fianarantsoa, ce fauteur de trouble retourne-veste politique a reçu un fauteuil de ministre

Enfin, si l’actuel président en fin de mandat compte se présenter à nouveau candidat à la proche élection présidentielle, l’opinion publique a pleinement le droit d’en connaître un peu plus sur celui qui, d’après la constitution de la IVème république de Madagascar, sera chef D’État par intérim puisque le filoha Hery devra démissionner. En juillet 2014, Rivo Rakotovao, pour cause d’ego surdimensionné, avait fait emprisonner deux journalistes. Il était super ministre d’État -le seul- à l’époque. Va-t-il rééditer l’exploit en tant que Président « élu » du Sénat et avec l’aide de son compère l’actuel ministre de la communication, Riana Andriamandavy VII qui n’attend que çà ? Ben qui vivra verra.

Jeannot Ramambazafy - 17 juin 2018

Mis à jour ( Dimanche, 17 Juin 2018 20:14 )  
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