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Madagascar. Qu’espère-t-on encore de Hery le comptable ?

Avec ces journalistes qui tombent comme des mouches, depuis que le caillasseur du siège du Bianco a été nommé ministre de la Communication, il n’est pas dit que je partirai aussi sans rien dire des crimes commis par un expert-comptable qui espère on-ne-sait-trop-quoi pour encore multiplier les milliards d’ariary qu’il a engrangé depuis qu’il a été nommé ministre des Finances par Andry Rajoelina qu’il a dupé dans le pur style de l’histoire biblique des jumeaux Jacob et Esaü. Mais ici, il ne s’agit pas de lentilles mais d’intérêts personnels allant grandissant comme l’appétit qui vient en mangeant.

Oui, dès le départ, Hery Rajaonarimampianina, qui n’a jamais eu l’étoffe d’un dirigeant, d’un donneur d’ordres, n’ayant toujours été qu’un exécutant comptant l’argent des autres, n’avait qu’une idée en tête : devenir aussi riche, sinon plus riche que Ravalomanana, Ravatomanga, Rajoelina et bien d’autres réunis. Des personnes qu’il a servis en attendant l’occasion qui allait faire de lui un larron en chef. Il est arrivé -le moment- le 20 décembre 2013 car la majorité des électeurs l’ont élu à la place d’Andry Rajoelina. La vérité est là. Se substituer aux docteurs Kolo Roger et Jules Etienne, n’aura été qu’un autre marché de dupes.

Le 24 janvier 2014, il aura réussi, le temps d’un instant à se faire pâmer jusqu’à Yamina Benguigui, alors ministre française de la Francophonie, présente à la tribune centrale de Mahamasina, qui avait déclaré que c’était un « discours absolument fabuleux ». Le temps d’un instant car il a été découvert qu’une large partie de ce discours rajaonarimampien n’était qu’un plagiat, mot pour mot, d’un discours de Nicolas Sarkozy, ancien président de la république française. A l’époque, sur madagate, j’avais réagi en regard de nombreux lecteurs qui m’avaient invectivé : «Mais Jeannot, pourquoi tu ne réagis pas face à cette histoire de plagiat ?». J’ai donc pris le temps de me consacrer à cette foutue histoire qui a entaché le « andro tsy manam-paharoa » (jour de gloire qui n’a lieu qu’une fois dans sa vie) du candidat n°3 Hery Rajaonarimampianina.

Ce qui suit a constitué mon devoir au droit de mes lecteurs à être informés, à l’époque.

Mon propos n’est pas de vous dévoiler le nom du ou des coupables. Cependant, si on veut vraiment en finir avec l’impunité, que le ou les coupables soit (soient) puni(s) et que le Président élu lésé dévoile, sans état d'âme, l’identité du ou des coupables, afin que cesse la campagne de supputation en tous genres, qui crée un malaise certains auprès de ses proches collaborateurs, et qui fait la joie de ses adversaires.

Le discours d’investiture en français du Président Hery Rajaonarimampianina, le 24 janvier 2014, faisait 7 pages, celui de Nicolas Sarkozy, le 14 janvier 2007, 18 pages. Dans l’ensemble donc, c’est une infime partie qui a été plagiée à outrance. N’empêche : celui (ou ceux) qui lui a (ont) fourgué ce plat réchauffé est (sont) triplement coupable(s).

1. Le Président Rajaonarimampianina se rappellera éternellement ce jour de son investiture. Mais de manière cauchemardesque. C’était son Jour de gloire, car tout le monde n’est pas élu président et ce n’est pas sur tout le monde que les yeux de la planète entière sont tournés. Pourquoi en avoir fait l’objet d’une risée à l’échelon mondial ? Certes, le ridicule ne tue plus mais quand même !

2. Le Président Rajaonarimampianina a totalement été dépouillé de sa vraie personnalité car le ou les auteurs de ce plagiat ont voulu faire de lui, quelqu’un qu’il n’est pas du tout. Le mieux étant l’ennemi du bien, en lui ayant prêté des mots grandiloquents, ce ou ces imbéciles ont commis un crime de lèse-Chef d’Etat, ne s’étant pas soucié du fait que le Président de la République, élu démocratiquement, est en lui-même une institution et un symbole comme le drapeau national et l’hymne national qu’il faut respecter.

3. Il n’est pas venu à l’esprit de ce ou ces idiots congénitaux que cette partie du discours, si formidable, si extraordinaire qu’elle soit, n’a pas permis à Nicolas Sarkozy d’être réélu en 2012. Au contraire, sa fin de mandat a été catastrophique. Ce qui n’est pas à garder dans sa mémoire du tout. Il(s) aurai(en)t pu, à la rigueur, écrire la phrase suivante et le scandale n’aurait pas éclaté : « Dans l’idée qu’a développé Monsieur Nicolas Sarkozy, il y a sept ans » suivi des phrases plagiées et prononcées. Mais hélas...

Certains veulent minimiser ce triste épisode du début de mandat du Président Hery Rajaonarimampianina. Mais, étant citoyen malagasy -qui a voté pour lui en plus-, j’avais le devoir de le défendre, comme auraient dû le faire même ceux qui ont voté pour Jean Louis Robinson et ceux qui n’ont pas voté du tout. C’est cela le respect de la démocratie. Défendre son Président, même malgré lui. Mais par la suite, c’est ce président lui-même qui a foulé au pied cette démocratie en ne rendant aucun compte de ces actions futures aux représentants du peuple que sont les députés devenus des créatures qu’il a corrompu à souhait…

Je n’ai pas côtoyé souvent l’actuel Président de Madagascar, mais trois fois m’ont suffi pour cerner le personnage : une fois dans son bureau, à propos d’un problème douanier d’une personne tierce ; une seconde fois, dans le train TGV Thalis nous ayant mené à Bruxelles au siège de l’Union européenne en aller-retour ; une troisième fois lorsque nous sommes allés « prendre » le premier Airbus A340 en France. Hery Rajaonarimampianina est issu d’un milieu humble et c’était une personne simple (le passé est de rigueur de nos jours). Il n’est pas littéraire mais scientifique. Toutefois, cela ne l’a pas empêché d’être un intellectuel averti qui sait ce qu’il veut et où il veut aller/en venir. On ne le surnommait pas « Beloha » (têtu, forte tête) pour rien. C’est aussi quelqu’un de très pieu qui croit, plus que tout, en la puissance divine. Il n’avait pas le verbe facile, n’était pas bavard. Ce qui est inhérent à tout esprit scientifique. Mais il était méticuleux dans les résultats et avait une patience certaine. Il ne faut pas oublier qu’il avait enseigné à l’INSCAE (Institut national des sciences comptables et de l’administration d’entreprises). Une dame se rappelle qu’il était plutôt timide, voire effacé, mais bon enseignant.

A-t-il vraiment voulu devenir Président de la République ? Qui ne le voudrait pas ici-bas ? S’était-il vraiment préparé, à partir du moment où il avait été aligné comme candidat du parti Tgv, avec Camille Vital et Egdard Razafindravahy ? Il est le seul à avoir la réponse à la question. En tout cas, dans la partie de son discours authentique, il a déclaré qu’il s’y était préparé. Cependant, il doit aussi se rappeler qu’il a failli être recalé lors d’un remaniement ministériel… Ainsi, je crois fermement que, dans son esprit, il a pensé que s’il s’inféode à son allié politique (le groupement Mapar en général, Andry Rajoelina en particulier), il n’aura pas les coudées franches. Du coup, une fois élu, il s’est senti tout permis, jusqu’à piétiner l’article 54 de la constitution, à propos de la nomination d’un premier Premier ministre. Et, la pratique du pouvoir corrompant, à la longue, le pouvoir absolu l’a absolument corrompu. A l’époque encore, j’avais lancé l’avertissement suivant : Ce qu’a fait Marc Ravalomanana, et ce qui lui est arrivé, est un exemple à méditer tous les jours. A présent qu’il (Hery vaovao) marche sur le tapis rouge, il va devoir lutter contre lui-même, humble mortel, face aux sirènes en tous genres.

La pratique du pouvoir au plus haut sommet d’un état se base sur une vigilance de tous les jours. Et c’est des ennemis de l’intérieur dont doit se méfier, le plus, le Chef d’Etat. On connait toujours les intentions de ceux qui agissent en terrain découvert, mais on ne peut jamais imaginer les coups bas que fomentent quelques-uns dans les coulisses du pouvoir : entre eux-mêmes et contre le « Boss » lui-même. Et cela pour des intérêts vilement matériels. Mais il y a aussi les fameux amis qui ne vous veulent pas forcément du bien. Ce minable plagiat est une illustration retentissante, hélas. Le pire, dans cette histoire, c’est que, désormais, les collaborateurs du Président Rajaonarimampianina n’oseront plus prendre des initiatives, seront suspicieux les uns envers les autres. Et cela se reflète déjà au niveau de la communication.

Les ultimes conseils que j’avais publié à l’adresse direct de ce président nouvellement élu ont été les suivants, de ma part, pour lui rappeler le minimum à retenir, dans cette difficile pratique du pouvoir.

1. Gouverner c’est prévoir ;

2. Celui qui détient l’information fiable, détient le pouvoir ;

3. La communication est la pierre angulaire de tout pouvoir ;

4. L’intérêt de la Nation prime sur toutes autres considérations, surtout d’ordre financier et sentimental ;

5. Le choix de collaborateurs capables, compétents dans leur domaine, honnêtes et loyaux et surtout incorruptibles (çà existe à Madagascar, il suffit de bien chercher), constitue le facteur d’un mandat réussi. Il aura donc besoin de conseillers qui le conseillent réellement mais pas de personnages obséquieux « béni oui-oui » qui finiront par ternir son image.

Dès à présent, que tous les discours du Président de la République soient rédigés en malagasy et ensuite traduits fidèlement en français. Il s’agit de conseils que j’avais publié le 29 janvier 2014 et qui resteront d’actualité pour longtemps encore.

En effet, à l’approche de la fin de son mandat, tous les compteurs du régime Hvm/Rajaonarimampianina ont été remis à zéro avec la nomination de Ntsay Christian -proposé par « l’ennemi » Andry Rajoelina !- dont « le défaut », à ce fonctionnaire international depuis une décennie, sera sa droiture, face à des personnages retors, menteurs intéressés et sans honneur. Pour exemple de pragmatisme anti abus, anti-gaspillage, cette idée de plaque rouge pour tous les véhicules administratifs. En fait, c’est moi, personnellement, qui l’avait lancé au Premier ministre Francisque Ravony, lors d’un point de presse à la Primature de Mahazoarivo, en 1993. L’idée n’a pas fait long feu... Mais le Premier ministre Ntsay Christian, lui, donne l’exemple, en roulant dans un véhicule à plaque rouge et sans sirène assourdissante. Du coup, avec seulement des gyrophares, il est déjà dans la ligne de mire, dans « la fenêtre de tir » (dixit l’ex SEG le général Randriamahavalisoa Girard) de tous ceux qui le considèrent comme un empêcheur de se développer personnellement sur le dos des contribuables malgaches.

Quelle est la moralité de cet article, vous diriez-vous ? Aucune, sinon qu’en ayant retenu comme ministres des personnages honnis sinon vomis par la population pour leurs faits et gestes avérés exacts, tout est perdu pour le président Hery qui se souviendra alors qu’on a toujours besoin d’un plus petit que soit. En un mot, il n’y a plus rien à espérer de Hery le comptable qui a fait exactement tout le contraire de ce qu’on attendait de lui et qui, actuellement, passe son temps à ressasser des envolées lyriques qui ne retiennent plus l’attention du monde tellement elles sont ridiculement soporifiques, de radio Vatican aux médias étrangers : toujours la même rengaine de l’émergence 2030 alors qu’en cinq ans, il a fait de Madagascar le 5ème pays le plus pauvre de la planète. Plus pauvre que l’archipel des Comores. Quelle honte ! Mais quel est encore le connard qui lui a soufflé cette année 2030 à ce président dont les ressorts semblent avoir été soudainement cassés ? Vraiment (comme l’aurait dit l’ex Premier ministre de combat Olivier Mahafaly devenu simple citoyen qui a des comptes à rendre à la justice malgache…).

Hery sy Voahangy Mivady : vous étiez devenus des personnages publics. Ainsi, tous vos faits et gestes ont été et seront encore scrutés comme à travers un microscope. Vous aurez dû être des exemples positifs à suivre (dans les faits, les gestes et les paroles) et pour les Malagasy et pour le reste du monde. Ce qui n’a pas été le cas durant les presque cinq années passées. Or, à un moment, j’étais persuadé que, vous Président Hery, supportiez les critiques, surtout celles qui sont constructives. Hélas, une partie de votre récent discours, le 26 juin 2018 au Palais d’Etat d’Iavoloha, a prouvé le contraire.

Il ne faudra pas aussi croire que l’organisation des élections, prévues pour le 7 novembre 2018, se fera comme un mail envoyé via Internet (avant c’était : comme lettre envoyé par la poste, les temps changent, les gars !). Non ! Il restera toujours certains individus qui gravitent ou non autour de Hery vaovao -meubles inutiles mais budgétivores-, pour défendre leurs intérêts matériels et non les intérêts supérieurs de la nation. Et ils n'hésiteront pas à semer la zizanie et le bordel, n’ayant plus rien à perdre. Maigre consolation : on les connaît déjà…

Jeannot Ramambazafy – Article également publié dans « La Gazette de la Grande île » du samedi 7 juillet 2018

 
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