Le 31 décembre 2019, à 20h, le Président Andry Rajoelina s'est lancé dans une énumération de ce qui a été fait durant l'année passée et de ce qui aura lieu en 2020. Plus qu'un traditionnel message à la Nation, ce fut une véritable revue des actions menées dont certaines seront réalisées en un temps record. Durant 50 minutes, hors l'hymne national du début et de la fin, le Chef de l’État a parfaitement su résumer des faits qui correspondent à des réalités vues sur les chaînes de télévision d'ici et d'ailleurs. Avant d'en venir au sujet suggéré par le titre, ci-après des extraits originaux de sa prestation, traduits en français plus bas pour votre compréhension des choses, ô Francophones de la Planète Terre :
(...) Hifarana sahady ity ny taona 2019, taona voalohany nirosoan-tsika tamin'ny fanomboana ny asa fanarenana, ny fampandrosoana ny Firenena ihany koa taorian'ny nanomezana ahy ny andraikitra lehibe hitondra ny Firenena.
Iny taona iny tokoa mantsy no nanomboan-tsika nametraka ny fototry ny fandrosoana tian-tsika ho tanterahina eto amin'ny Firenena. Be ireo dingana sy asa notontosaina izay namerina indray ny Fanantenana sy ny Finoana tamin'ny maro izay efa tsy nisy intsony. Maro koa anefa ireo fisedrana nolalovana sy mbola diavina ankehitriny. Firenena tahaka ny inona tokoa manko no mba noraisina raha nandray ny fitantĂ nana ny Firenena ny tenako. Raha fintinina, dia firenena nanjakan'ny tsy fandriampahalemana; Firenena latsaka lalina tao anatin'ny kolikoly; Firenena niaina tanteraka tao anatin'ny gaboraraka sy ny fanararaotam-pahefana ary, indrindra, ny tsindry hazo lena isan-karazany.
Ny zava-nisy dia tsy nahatoky ny fitondram-panjakana ny ratsa-mangaikany rehetra intsony ny vahoaka tamin'izany fotoana izany, ary ny ankamaroany aza dia very fanahy mbola velona toa ny valala voatango. Izany ny toe-javatra nisy teto amin'ny Firenena raha nandray ny fitantĂ nana ny tenako.
Koa manoloana ireo toe-javatra rehetra ireo, raha vao vita ny fianianako, dia nataoko avy hatrany ny ezaka rehetra hanarenana izany toe-javatra tsy nety izany. Tsy mandry andro, tsy mandry alina ny tenako nanao ny ezaka rehetra izay tratry ny aiko ampandrosoana an'i Madagasikara. Miasa tsy ankiato miaraka amiko ireo mpiara-miasa amiko rehetra, ary singaniko manokana amin'izany ny Praiminisitra Lehiben'ny Governemanta sy ny Mpikambana ao amin'ny Governemanta rehetra.
Ary raha izahay, niezaka kosa ny androso; miezaka ny hampandroso dia indrisy fa misy ireo miezaka misintona hiverin-dĂ lana ary mikasa ny hampianjera sy ny handrodana mihitsy aza. Izany ny toe-tsaina mbola misy eto amintsika : mikasa ny hisakana ny fampandrosoana tiana apetraka eto amin'ity Firenena mamin-tsika ity.
Tsy fotoanan'ny fanakorontanana intsony izao. Ny vahoaka malagasy rahateo dia efa mangetaheta fivoarana sy fandrosoana ary te-hiala ao anatin'izao fijaliana sy fahantrana lalina izay misy ny Firenena izao. Aleho izahay hiasa; aleho isika ry Malagasy hiaraka hiroso amin'ny fanarenana fa indrindra, raha toa ka misy ihany, raha mbola misy ihany, na dia kely aza, ny Fitiavan-tsika an'ity tanindrazan-tsika ity, dia andao isika iaraha-hientana anavotra azy (...).
TRADUCTION LIBRE
(...) L'année 2009 va déjà s'achever, première année consacrée au démarrage des travaux de réhabilitation et de développement de la Nation aussi, après la grande responsabilité qui m'a été donnée de diriger le pays.
En effet, cette année passée a été celle de la pose des fondations du développement que nous avons décidé de réaliser dans le pays. De nombreuses étapes et travaux ont été accomplis, qui ont fait revenir l'Espoir et de la Foi chez de nombreux compatriotes qui les avaient perdues. Cependant, nombreuses ont été les épreuves qui perdurent jusqu'à maintenant. De quel genre de nation ai-je hérité lors de ma prise de fonction? Pour résumer, j'ai hérité d'un pays où régnait l'insécurité; un pays profondément gangréné par la corruption; un pays plongé dans la totale gabegie et les abus de pouvoir et, particulièrement, les abus d'autorité de toutes sortes.
La réalité était que le peuple n'avait plus aucune confiance en l’État et tous ses démembrements, et la majorité ne savait plus à quel Saint se vouer. Voilà le vécu réel et au quotidien qui existait lorsque je suis arrivé au pouvoir.
A l'issue de ma prestation de serment, face à tous ces faits déséquilibrant toute vie et de la société même, je me suis immédiatement attaqué aux racines des maux ayant amené à cette situation. Ignorant le repos, de jour comme de nuit, je me suis épuisé à trouver les remèdes pour faire avancer Madagascar. Avec les collaborateurs, j'ai travaillé sans relâche et je cite, ici, particulièrement, le Premier ministre, Chef du gouvernement ainsi que tous ses membres.
Mais, si nous nous sommes efforcés à avancer, si nous nous sommes démenés pour faire avancer les choses, malheureusement, certains trouvent un malin plaisir à vouloir nous faire reculer et ont même la volonté manifeste de nous faire faire marche arrière, voire de nous faire basculer. C'est cette mentalité qui prévaut encore chez nous : l'intention de bloquer le développement déjà planifié pour cette Nation que nous aimons tous.
Désordre et déséquilibre sociaux ne sont plus d'actualité. D'ailleurs, le peuple malagasy a soif de changement et de développement et veut se débarrasser du joug de la pauvreté qui surplombe toujours la nation jusqu'à présent. Laissez-nous travailler; Malagasy, travaillons ensemble pour la réhabilitation du pays. Et, si tant est, qu'en vous subsiste ne serait-ce qu'une flammèche de Patriotisme, allons œuvrer comme un seul homme pour sauver notre Nation (...).
A la lecture de ces passages, on sent que l'essentiel “diplomatique” a été énoncé par le Président Rajoelina. Il a bien su limiter son domaine en tant que Chef de l’État malagasy. Mais il y a tout de même quelque chose à comprendre. Et c'est lui-même qui a tendu la perche à ceux qui savent lire entre les lignes, vers la fin de sa prestation-fleuve, agrémentée de preuves filmées:
(...) Marina fa misy ny fitavozavozan'ny tompon'andraikitra sasan-tsasany manoloana ny asa goavana sy maika tsy azo ampiandrasana, tsy azo angatahina andro. Koa andeha ho raisin-tsika ho lesona sy ho angovo hanosika antsika hanao ny tsaratsara kokoa ary ho raisin-tsika ho fisedrana ireny rehetra ireny hanatsarana ny fomba fiasa.
Mitaky fiaraha-mientana sy firaisan-kina anefa izany satria asa ifandrobonan'ny rehetra ny asa fampandrosoana ny Firenena. Ary tsy adidiko izahy samy irery fa adidiko izaho sy ianao. Noho izany dia hiroso amin'ny dingana manaraka amin'ity taona vaovao 2020 ity, izay manana ny toerany manokana satria ho feno 60 taona ny niverenan'ny Fahaleovantenantsika. Ho taona antenain-tsika afahana mandrefy ny vokatra azo tsapahin-tĂ nana izany taona vaovao izany (...).
TRADUCTION LIBRE
(...) Certes, il est vrai qu'il y a (verbe au présent et non au passé: “misy” et non “nisy”, nuance) des tatillonnements de la part de certains responsables face aux grands travaux urgents qui doivent se passer de tergiversations et qui ne doivent souffrir d'aucun délai. De cela, tirons-en des leçons et faisons-en une énergie qui nous poussera à faire mieux et considérons cela comme des épreuves qui nous permettront d'améliorer la manière de travailler.
Cependant, cela requiert un accord parfait et dans les actes et dans la façon de penser car le développement de la Nation est l'affaire de tout un chacun. Et ce n'est pas mon seul devoir mais c'est le vôtre également. Aussi, nous allons passer aux étapes suivantes pour ce nouvel an 2020 qui revêt quelque chose de particulier puisque c'est l'année des 60 ans du retour notre Indépendance. Ce sera l'année au cours de laquelle nous espérons pouvoir mesurer l'ampleur de la concrétisation de nos réalisations (...).
Ainsi donc, le Président Andry Rajoelina est conscient qu'autour de lui, il existe des maillons faibles sinon des grains de sable dont un seul est capable de gripper voire de stopper toute machine bien huilée. En tiendra-t-il compte ou alors suivra-t-il les traces de son prédécesseur qui a commis l'erreur de ne pas sanctionner les abus de pouvoir perpétrer par des membres de son premier cercle? Mais Hery Rajaonarimampianina était un cas puisqu'il figurait comme ayant été son propre maillon faible durant son passage-éclair au pouvoir. Et il n'y a eu aucune amélioration de sa faiblesse d'esprit et de son béant trou de mémoire, si l'on se réfère à sa minable prestation filmées de “présentation de vœux” aux Malagasy, vue et entendue récemment sur les réseaux sociaux. En un mot, le Hery Vaovao n'a pas été et ne sera jamais un foudre de guerre (foudre est bien au masculin dans cette expression signifiant : militaire et un guerrier redoutable qui suscitait la crainte et la peur chez ses ennemis). Il est demeuré un expert-comptable fort minable...
Revenons au Président Andry Rajoelina. Pour l'instant, je vais en rester là . Et je sens que certains grains de sable -dont le comportement extérieur et l'incompétence arriviste sont aux antipodes de l'authenticité de l'actuel couple présidentiel- semblent mieux respirer pour le moment, étant donné que le Chef de l’État n'a pas (encore) dévoilé ses batteries pour améliorer réellement “la manière de travailler”. Mais, tout compte fait, connaît-il vraiment celles et ceux qu'il a nommés, jusqu'ici ? Voici trois pistes de l’art de l’évaluation de soi et des autres, tirées de l'ouvrage “L'Art de la Guerre” de Sun Tzu : “Qui connaît l’autre et se connaît ne sera jamais défait; qui ne connaît l’autre mais se connaît sera vainqueur une fois sur deux; qui ne connaît pas plus l’autre qu’il ne se connaît lui-même sera toujours défait”.
Bonne année 2020, amies et amis lectrices et lecteurs ! Ce que vous venez de lire est mon premier article de ce nouvel An qui nous incite à avoir toutes et tous 20/20 dans ce que nous avons l'intention d'entreprendre. Nourrissons-nous d'Espérance en toute désinvolture (attitude décontractée, pleine de laisser-aller)...
Jeannot Ramambazafy
Publié dans « La Gazette de la Grande île » du samedi 04 janvier 2020