En Afrique du Sud, sous le régime de l’apartheid, le procès de Rivonia (nom d’une commune située dans la banlieue de Johannesburg), a eu lieu du 9 octobre 1963 au 12 juin 1964 devant la haute cour du Transvaal, région située alors dans le Nord-est de l’Afrique du Sud. Etaient mis en cause une dizaine de dirigeants de l’Umkhonto we Sizwe ou MK, la branche armée de l’ANC (Congrès national africain) pour sabotage, destruction de biens (tous deux passibles de la peine capitale), violation de la loi sur l’interdiction du communisme. Parmi eux, Nelson Mandela Nelson Mandela, qui purgeait déjà une peine de prison de cinq ans pour avoir incité des travailleurs à faire grève et pour avoir quitté le pays illégalement.
Le 12 juin 1964, jour du verdict, Nelson Mandela est condamné à la prison à vie. Il n’est pas le seul puisque d’autres membres de son parti, le Congrès national africain (ANC), écopent de la même peine. Il s’agit de Walter Sisulu, Govan Mbeki, Elias Motsoaledi, Andrew Mlangeni, Lionel Bernstein et Denis Goldberg qui était un Juif blanc. Flash-back.
L’ANC, le parti de Nelson Mandela, se battait alors contre l’apartheid, régime de ségragation raciale. Au début partisan de la non-violence, Mandela s’est finalement rendu compte que rien n’évoluait. Et ses actions ont fini par inclure le sabotage qui, selon lui, « n’entraîne aucune perte en vie humaine et ménage les meilleures chances aux relations interraciales ». Les cibles sont alors symboliques comme les bureaux du passeport intérieur, un document obligatoire pour les Noirs d’Afrique du Sud, ou la Cour de justice pour les natifs. Bref, tout ce qui incarnait l’apartheid. En 1961, Mandela réussit à faire voter une grève générale mais le gouvernement la réprimera en envoyant l’armée et la police.
Le 5 août 1962, Nelson Mandela est arrêté avec l’aide de la CIA américaine. Il faut dire que l’ANC faisait partie des organisations classées comme « terroristes ». Le 9 octobre 1963 commença donc le procès de Rivonia. Malgré la situation ne plaidant pas en sa faveur, ce sera pour Nelson Mandela une occasion de s’exprimer. Voilà ce qu’il a dit lors du procès : « Toute ma vie, je me suis consacré à la lutte pour le peuple africain. J'ai chéri l'idéal d'une société libre et démocratique dans laquelle toutes les personnes vivraient ensemble en harmonie. C'est un idéal pour lequel j'espère vivre et agir. Mais, si besoin est, c'est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir ».
Deux jours avant le jugement, les Nations unies avaient appelé le gouvernement sud-africain à ajourner le procès et à remettre les accusés en liberté. Mais le 12 juin 1964, Mandela, Sisulu, Mbeki, Motsoaledi, Mlangeni, et Goldberg sont finalement reconnus coupables de quatre chefs d'accusation et condamnés à la prison à vie alors que Bernstein, lui, est déclaré non coupable. Ce dernier était un Juif blanc, membre du parti communiste…
De juin 1964 à avril 1982, Nelson Mandela sera emprisonné d’abord sur l’île de Robben Island. En février 1981, Kobie Coetsee, nouveau ministre sud-africain de la Justice à l’époque, demanda un rapport détaillé sur le prisonnier de Robben Island. Voici la conclusion dudit rapport conclusion : «Il ne fait pas de doute que Mandela possède toutes les qualités pour être le leader noir numéro un de l’Afrique du Sud. Son séjour en prison n’a fait que renforcer, au lieu de diminuer, sa position psycho-politique, et il a acquis en prison le charisme caractéristique des grands leaders des mouvements de libération contemporains». En avril 1982, après 18 ans passés sur Robben Island, Nelson Mandela fut transféré à la prison de Pollsmoor de Paarl, au nord-est du Cap, jusqu’en décembre 1988. Ce transfert avait été justifié par la nécessité de séparer les militants noirs qui ont transformé Robben Island en « Université Mandela », mais aussi par les premiers contacts entre le gouvernement et la rébellion. Attentats et sabotages se multiplient, l’état d’urgence est proclamé dans un pays divisé et boycotté par les démocraties occidentales.
Cette prison à Paarl, à une soixantaine de kilomètres du Cap, était une résidence avec une piscine. Rien à voir avec Robben Island où Mandela resta 18 ans et où le militant de l’ANC n’avait quasiment aucun droit en tant que prisonnier politique, noir qui plus est. C’est là qu’il contracta la tuberculose. On le transféra alors dans une autre prison avant d’entrer à Victor-Verster en 1988, sous la pression internationale. Quelques mois plus tôt, 600 millions de téléspectateurs avaient regardé le concert en hommage des 70 ans de Mandela, le 11 juin 1988 au stade de Wembley à Londres.
Quelques mois plus tard, Mandela écrivit au président Pieter Botha et rencontra même celui-ci. Mais c’est son successeur, Frederik De Klerk, qui libéra Mandela sans condition le 11 février 1990. Le jour même, devant une foule qui hurle son amour et son enthousiasme, il jura de s’engager pour la paix et la réconciliation. Avant d’être libéré, Mandela obtint la légalisation de l’ANC. C’était une condition non-négociable pour lui. Et ce 11 février 1990, Nelson Mandela déclare à sa sortie de prison : "Mes chers amis, chers camarades et compatriotes sud-africains, je vous remercie tous au nom de la paix, de la démocratie et de la liberté pour tous. Je me tiens ici devant vous non pas comme un prophète mais comme un humble serviteur de vous, le peuple. Nelson Mandela était enfin libre après 27 ans, 6 mois et 6 jours d'emprisonnement.
Les étapes de la vie de Nelson Mandela, année après année
1918, 18 juillet : naissance dans le clan thembu, famille royale de l'ethnie xhosa, dans le village de Mvezo dans le Transkei (sud-est)
1939 : entre à l'Université de Fort Hare, alors unique centre d'enseignement supérieur pour les Noirs en Afrique du Sud.
1941 : il est élu représentant des étudiants puis exclu de l'université pour avoir montré sa solidarité avec un boycott d'étudiants mécontents de la qualité de la nourriture. Il monte ensuite à Johannesburg pour fuir un mariage arrangé.
1942 : il trouve un emploi de bureau dans un cabinet d'avocats à Johannesburg, passe une licence de droit par correspondance.
1943 : il devient membre du Congrès national africain (ANC), sous l'aile de Walter Sisulu.
1944 : il rencontre et épouse l'infirmière Evelyn Mase, cousine de Sisulu, qui lui donnera deux fils et deux filles. Il fonde la Ligue de la jeunesse de l'ANC avec Sisulu, Oliver Tambo, Anton Lembede, Peter Mda.
1949 : il entre au Comité national exécutif de l'ANC.
1952 : il est désigné chef de la "Campagne de défi" non-violente contre les lois ségrégationnistes. Première arrestation après une manifestation, deux nuits en prison. Il est jugé et condamné pour infraction à la loi sur la suppression du communisme, condamné à neuf mois de prison avec sursis. Il ouvre un cabinet d'avocats avec Oliver Tambo.
1956 : il arrêté, au même titre que 155 militants, pour haute trahison. L'instruction du procès durera trois ans.
1957 : toujours en liberté provisoire, Mandela, en instance de divorce, rencontre Nomzamo Winnifred "Winnie" Madikizela, qu'il épousera en 1958. Ils auront deux filles.
1960 : il est arrêté et détenu de mars à août, avec des centaines d'autres militants, aux termes de l'état d'urgence.
1961 : il est acquitté avec ses co-accusés dans le procès pour haute trahison. En Décembre, il lance l'aile armée de l'ANC, Umkhonto weSizwe (MK, "Lance de la Nation"), dont il devient le commandant en chef.
1962 : tournée africaine pour trouver un soutien politique et financier pour la nouvelle organisation. Août: Mandela est arrêté à Howick (est) et condamné à cinq ans de prison pour incitation à la grève, et pour avoir quitté le territoire sans autorisation.
1963 : durant sa peine, les principaux dirigeants de l'ANC dont Sisulu, Govan Mbeki et Ahmed Kathrada, sont arrêtés dans leur planque de Rivonia (banlieue de Johannesburg). Mandela est inculpé de sabotage avec eux.
1964, 12 juin : Mandela et ses co-accusés échappent à la peine de mort, mais sont condamnés à la prison à perpétuité et envoyés à l'île-bagne de Robben Island, au large du Cap. Il purgera sa peine sous le matricule de prisonnier 46664.
1982 : sur fond de mobilisation internationale croissante pour sa libération, Mandela est transféré à la prison de Pollsmoor, près du Cap.
1988 : Mandela est transféré à la prison-résidence Victor Verster, où un flot croissant de visiteurs de l'opposition, mais aussi du gouvernement, préparent le terrain aux négociations entre l’ANC et le gouvernement sud-africain.
1989 : Mandela est reçu par le président Pieter W. Botha pour une première prise de contact, puis en décembre par Frederik de Klerk, qui a succédé à Botha.
1990, 11 février : Nelson Mandela est libéré sans condition par Frederik de Klerk, qui légalise l'ANC. En Mars, il devient vice-président de l'ANC, dirigeant de fait aux côtés d'un Oliver Tambo convalescent après une congestion cérébrale.
1991 : il est élu président de l'ANC, supervise et dirige les négociations de la transition.
1993 : il reçoit le Prix Nobel de la Paix conjointement avec Frederik de Klerk.
1994, 27 avril : premières élections démocratiques et multiraciales d'Afrique du Sud, qui voient le triomphe de l'ANC. Le 10 mai: Nelson Mandela est investi président de la République d'Afrique du Sud.
1996 : il divorce d'avec Winnie Madikizela, dont il était séparé depuis 1992.
1997 : il cède la présidence de l'ANC à Thabo Mbeki
1998 : Il épouse, en troisième noces, Graça Machel, veuve de l'ancien président mozambicain Samora Machel, décédé dans un accident d’avion le 19 octobre 1986.
1999 : Il se retire de la présidence du pays, qui revient à Thabo Mbeki après la victoire de l'ANC aux deuxièmes élections démocratiques du pays.
1999-2001 : il assume la médiation du processus de paix au Burundi après le décès du médiateur tanzanien, Julius Nyerere.
2005 : il annonce que son fils, Makgatho, 54 ans, est mort du sida, "une maladie normale" dont il faut parler "ouvertement".
2009 : il prononce son dernier message politique à un meeting électoral de l'ANC, qu'il rappelle à son engagement: la lutte contre la pauvreté.
2010 : il apparaît à la cérémonie de clôture du Mondial-2010 de football à Johannesburg. C'est sa dernière apparition en public.
2013 : Nelson Rolihlahla « Madiba » Mandela est hospitalisé du 8 juin au 1er septembre pour une rechute d'une infection pulmonaire. Puis son état est déclaré "critique". Il retourne alors dans sa maison de Johannesburg qui a été médicalisée, où il décède le 5 décembre, à 95 ans.
Dossier de Jeannot Ramambazafy