Le mercredi 08 janvier 2020, la Première Dame de Madagascar, Mialy Rajoelina, également Président de l'Association Fitia et ambassadeur du Fnuap pour les VBG (Violences basées sur le genre) est revenue au Centre hospitalier de Soavinandriana (CENHOSOA) où elle avait distribué des cadeaux de Noël à des patients, le 24 décembre 2019, en compagnie de son mari, Président de la République.
Quel a été le but de cette seconde visite en moins d'un mois ? Voici la traduction en français de son discours du jour :
“C'est emplie de joie que je viens visiter ce lieu, après la fête de la Nativité et en cette nouvelle année 2020 qui vient de débuter. Puisse-t-elle être pour chacun de nous, l'année de toutes les réussites et celle de l'équilibre synonyme d'une excellente santé que je souhaite particulièrement à vous tous qui travaillez ici, au Centre hospitalier de Soavinandriana (CENHOSOA).
Puisse aussi cette année renforcer la volonté ancrée en vous tous pour aller de l'avant dans l'accomplissement de vos devoirs et vos responsabilités à l'égard des soins prodigués aux mères et aux enfants. Votre travail est sacré car il ravive, conserve et va, plus que souvent, jusqu'à sauver des vies.
Mon mari et moi avons été profondément affligés lors de notre visite au Service de Pédiatrie et de Néonatalogie, à la veille de Noël dernier, en constatant qu'il n'y existait que deux couveuses destinées à trois nouveaux-nés prématurément. C'est affligeant car cela signifie qu'un prématuré doit resté en attente à cause de cette carence de matériel. Pourtant, nous savons tous que les bébés prématurés doivent faire l'objet d'un suivi strict et soutenu dont leur mise dans une couveuse pour une période allant d'une semaine à un mois, qui pourra leur permettre de mieux grandir et de prendre un poids normal.
Le temps consacré aux soins et à la protection des prématurés est précieux car il se compte jusqu'en secondes. Aussi, il est inacceptable et même inimaginable de penser qu'un bébé qui a besoin de soins aussi urgents qu'intensifs, doive attendre indépendamment de toute volonté. Et c'est cette situation qui nous a conduit, mon mari et moi, à offrir avec tout notre amour ces deux couveuses pour cet hôpital de Soavinandriana.
Je remercie, ici, et suis reconnaissante à tout le personnel de l'hôpital qui n'a pas fait de cette carence de matériel, une entrave au bon fonctionnement du Service de Pédiatrie et de Néonatalogie.
Je suis en parfaite connaissance de cause quant à l'anxiété qui submerge les parents lorsque leurs enfants sont malades. J'ai vécu ces moments difficiles, j'y ai été confrontée. Et je me souviens de mon fils de deux mois seulement atteint de problèmes respiratoires. Il avait été amené d'urgence au Service de réanimation pédiatrique de l'hôpital où nous nous trouvons, en ce moment, pour y recevoir les soins adéquats.
Ici, j'adresse soutien et réconfort à tous les parents dont les enfants ne sont pas en bonne santé, qu'ils soient dans cet hôpital ou en d'autres lieux, hospitaliers ou non, à travers l'Île.
Mon souhait, pour vous, membres du personnel de Santé, quoi qu'il puisse survenir, est que vous accomplissiez votre travail avec enthousiasme et professionnalisme car c'est vraiment ce que souhaitent et ont besoin les parents de ces enfants malades.
Il y a encore beaucoup à faire pour améliorer votre cadre de travail, que ce soit au niveau du matériel, des infrastructures, de la formation et la professionnalisation du personnel de Santé.
Aussi, tournons nos regards vers le même objectif qui est l'optimisation du milieu de la Santé à Madagascar, plus particulièrement la Santé de la Mère et de l'Enfant.
Car une population saine et vigoureuse constitue un levier du développement efficace et la Santé demeure la source de toutes les richesses ”.
Traduction : Jeannot Ramambazafy
Le Dr Ranivoson Andrianarina Harivelo, pédiatre, est l'auteur d'une étude intitulée : “Prise en charge respiratoire des nouveau-nés de très faible poids de naissance dans un hôpital Malgache”. De quoi s'agit-il, qui a un lien direct avec le Service de Pédiatrie et Néonatalogie du Centre Hospitalier de Soavinandriana qui a fait l'objet de ce don présidentiel de deux couveuses ?
Le Médecin Général Rakoto Fanomezantsoa et la Première Dame Mialy Rajoelina
Il s'agit d'une étude transversale avec analyse des facteurs associés à la mortalité, portant sur tous les nouveau-nés pesant moins de 1500g à la naissance. Elle a été menée sur une période de 24 mois (du 01 janvier 2016 au 31 décembre 2017) dans le Service de Pédiatrie et Néonatalogie du Centre Hospitalier de Soavinandriana. Ainsi, parmi les 577 nouveau-nés admis pendant cette période, 48 étaient retenus comme ayant un très faible poids de naissance. Tous avaient un âge gestationnel inférieur à 37 semaines d’aménorrhée.
La détresse respiratoire était rencontrée chez 32 enfants (66,6%), les épisodes d’apnée chez 18 enfants (42,8%). Le traitement s’est reposé sur l’oxygénothérapie aux lunettes (89,6%) et l’utilisation de ventilation positive à pression continue nasale chez 8 enfants (19%). Le taux de létalité était de 52,1%. Aussi, une adaptation de l’apport en oxygène en fonction de la saturation est recommandée. La survenue d’apnée expose plus au décès, d’où l’intérêt de la prévention tant que la disponibilité de la ventilation positive à pression continue nasale est limitée. (Source : Société malgache de pédiatrie)
Ainsi, sans entrer dans des termes médicaux techniques compliqués, la couveuse joue un rôle important pour les voies respiratoires d'un prématuré. Certes, elle n'est pas systématiquement utilisée pour administrer directement, au sein de la bulle en plastique, de l’oxygène au bébé. Néanmoins, la couveuse est reliée à différents appareils qui permettent d’offrir au bébé prématuré une respiration optimale. En effet, il faut que vous sachiez qu'à sa naissance, un nouveau-né prématuré n’a pas terminé le développement de ses organes respiratoires. C’est la principale fragilité des naissances prématurées. L’équipe du service de néonatologie devra donc être très attentive à la respiration de du bébé. Il manque aux enfants prématurés une substance dans les poumons, appelée le surfactant. L’équipe médicale peut lui en administrer, si nécessaire, à l’aide d’un tube dans la trachée. Le nouveau-né prématuré aura peut-être également besoin d’une assistance respiratoire. Certains enfants souffrent en effet d’apnées à la naissance, il faut les accompagner le temps que leur développement permette une respiration autonome. A défaut de couveuse, il est possible d'administrer de l’oxygène aux nouveaux-nés par la trachée ou encore à l’aide de lunettes nasales à oxygène, les canules. Rassurez-vous cette méthode est indolore.
Enfin, pour clore ce dossier, sachez que le Service de Pédiatrie et de Néonatalogie du Centre Hospitalier de Soavinandriana prend en charge la santé des enfants jusqu'à l'âge de 16 ans, et son personnel s'occupe de l140 bébés prématurés sur 1.000 naissances annuelles. Bravissimo, de la part du fils de médecin que je suis ! Mais le dernier mot en revient au Médecin Général Rakoto Fanomezantsoa, Directeur général du CENHOSOA: “Ces nouvelles couveuses de dernière génération constituent une grande précieuse pour Centre hospitalier, particulièrement pour le Service De Pédiatrie et de Néonatologie car, en effet, elles peuvent aussi assurer la réanimation de nouveaux-nés. A présent, nous disposons, au total, de 5 couveuses, ce qui allégera les attentes surtout à une certaine période de l'année”.
Dossier de Jeannot Ramambazafy également publié dans "La Gazette de la Grande île" du samedi 11 janvier 2020