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Madagascar Journalisme. Iavoloha : censure déguisée d’un régime à la frousse bleue

Le président Hery Rajaonarimampianina et la représentante résidente du système des Nations Unies, Fatma Samoura, discutant en aparté devant tout le monde. Image trompeuse d'une certaine complicité. C'est çà la diplomatie: chacun joue un rôle mais tout est factice et les intérêts ne sont jamais les mêmes...


Le régime Rajaonarimampianina? C’est un régime aux pieds d’argile qui profite de toutes les occasions qui se présentent pour faire croire qu’il travaille, qu’il brille, qu’il fait avancer le pays. Mais derrière le décorum et les belles paroles qui amènent à des rires forcés, il y a la triste réalité du quotidien encore plus noirci par les délestages électriques.

Ce n’est pas par pur hasard si la date du 16 octobre a été choisie. C‘était par calcul. Car l’invitation des 1.676 maires nouvellement élus au palais d’état d’Iavoloha -qui aurait du être une cérémonie malgacho-malgache, une affaire souveraine- s’est internationalisée grâce à la Journée africaine de la Décentralisation et du Développement local. Maintenant, la majorité de ces maires, encore des bleus dans la fonction, vont entrer forcément dans le parti bleu Hvm.

Car culpabilisés, ce sera leur faute si les sous des bailleurs ne viennent pas (la présence des «vazaha» appuiera cet argument) et ils ne bénéficieront d'aucune subvention de l'état, en cas de «mauvais choix» aux prochaines sénatoriales et autres élections à venir. Pour les allécher, des tablettes pour enfants sages ont été distribués, d’abord à titre symbolique, à six de leurs représentants. Il y aura sûrement des motos et autres gadgets personnels mais à la condition sine qua non d’entrer d'abord dans le parti présidentiel.


D’un autre côté, le Président Hery a fait l’apologie de la femme, encore et toujours minoritaire aux postes de responsabilité à Madagascar. Mais où est alors passé la PREMIER DAME de l’Etat ? Est-elle allée rejoindre ses pauvres enfants déjà exilés contre leur gré à l’extérieur? Pour une fois que sa présence était nécessaire, Voahangy X (tant qu'elle n'aura pas de nom de jeune fille, ce sera X, OK? Je le connais mais çà sera dans le livre sur elle... Bientôt) a raté une occasion qui ne reviendra plus jamais, l’exemple et l’empathie devant toujours venir d’en haut.


Enfin, l’entrave aux journalistes, de faire convenablement leur travail, est devenue une affaire d’état. Un membre de la sécurité présidentielle aurait reçu les ordres "de quelqu’un" de faire dégager les journalistes, arguant qu’il ne fait que suivre la consigne.


Au centre, Philibert Andriamanantsoa, Sg du ministère de l'Intérieur

Après les excuses du Directeur de la Communication de la présidence, Tsilavina Ralaindimby (qui a demandé de ne pas en faire tout un plat et qu’il allait régler çà entre eux), tous les journalistes présents se sont demandé en quoi le ministère de l’Intérieur -via son Secrétaire général, Philibert Andriamanantsoa, et un autre gars qui a parlé pour ne rien dire- était-il concerné par cette minable affaire? (Tout cela est immortalisé dans la vidéo en tout début de ce reportage).Il a, lui aussi, présenté des excuses plates mais à quel titre car la présidence est une chose, le ministère de l'Intérieur dirigé par Olivier Mahafaly, le marionnettiste (ICI) en est une autre.

Le membre de la sécurité présidentielle par qui le scandale est arrivé. Mais il n'a fait que suivre les ordres. Oui, mais venant de qui? Et c'est lui, robot-fusible, qui sera puni, hélas

En fait et pour dire vrai, ce n’est pas tant la sécurité du président de la république qui était en jeu -aucun journaliste malgache n’a l’âme d’un terroriste et nous nous connaissons tous- mais c’était pour empêcher d’interviewer ces maire bleus qui auraient risqué de tenir des propos allant à l’encontre des intérêts du parti Hvm. C’est aussi simple que çà. Par contre, ils ont tous défilé devant les caméras de la Tvm pour louer le « Filoha hajaina ». Tvm dont les reporters ont eu le droit -et même le devoir, en tant que fonctionnaires- de rester, si ceux de la presse privée, eux, ont été énergiquement priés de vider les lieux, après la série de discours. La pensée unique, vous connaissez ? A moins que ce ne soit çà «l'autorité de l'état» dont a parlé le premier président élu de la IVème république malgache...


Après s’être repris, les membres de l’équipe présidentielle ont rappelé les journalistes et leur ont même fourni un « ticket » repas (un bout de bristol avec un numéro écrit au stylo), mais trop tard. Les journalistes –tous supports confondus- ne sont pas des animaux et ils savent être solidaires contre l’arbitraire.

STOP! Il n'y a pas de tablettes à distribuer pour vous ici

En plus, ils n’étaient pas venus pour picoler ni pour se goinfrer aux frais de la princesse, et encore moins pour espérer recevoir aussi une tablette. Enfin, la presse qu'il représente a été appelée et ils sont venus pour être des témoins et non pour plaire ou déplaire à quiconque.

Tsilavina Ralaindimby alias rain'i Tsi ou Tsisi

J’ai fréquenté ce palais d’Iavoloha depuis son inauguration, soit sous quatre présidents, il y a bien eu des couacs -parfois ubuesque, souvent « ivresques »- mais c’est bien la première fois qu’un tel traitement est mis à nu, qu’une aussi minable organisation est mise à jour. Ce n’est plus de l’excès de zèle mais c’est l’affaire d’amateurs irresponsables à qui on a donné un bout de pouvoir (« fahefana ») et qui se prennent très au sérieux dans des excès de zèle pitoyables. Le « soldat » va être puni mais c’est celui qui a donné les ordres qui doit être réprimandé. Sinon, çà va être comme le trafic de bois de rose: les commanditaires ne sont jamais inquiétés. Purée, Tsitsi, mais que fais-tu encore dans cette galère, ce radeau de la Méduse?


A MADAGATE, nous sommes des professionnels, et on ne peut qu’être solidaires avec nos jeunes confrères. Aussi, la vidéo du discours du président Hery Rajaonarimampianina n’a que la bande-son avec une photo fixe. C’est aussi une forme de censure et pour vous éviter de le voir tressauter sur ses chaussures à ressorts.

Car, quoi qu’on dise, l’expulsion des jeunes confrères venus couvrir cet évènement, étape cruciale dans l’histoire du pays, était une censure déguisée. Cela révélé, voici quand même les photos de cet énième spectacle rajaonarimampien, en ordre chronologique. Pour la teneur du discours présidentiel, pourquoi donner de l'importance à des banalités? Car il ressemblait à tous les précédents: du remplissage, beaucoup d’humour de bas étage, des tas d’intentions et de contre-vérités mais rien de convaincant pour les actions concrètes à mener. Pour résumer: un discours racoleur qui ne présage rien de bon pour le moyen terme. Comme des tablettes pour élèves studieux mais sans connexion à Internet.

Jeannot Ramambazafy -17 octobre 2015

Photos : Harilala Randrianarison

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Mis à jour ( Dimanche, 18 Octobre 2015 04:34 )  
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