Y-a-t-il encore quelque chose à dire après avoir vu les photos suivantes ?
Il s’agit d’une tournée effectuée par les membres de la Haute Autorité de la Transition, durant le week-end du 5 et 6 avril 2009. Pour la postérité.
ANTSIRANANA
Un dicton dit que seuls les imbéciles ne changent pas d’avis. Mais j’ajouterai que les cons sont seuls responsables de leur déchéance. En effet, pensant et agissant de manière tout à fait statique, ils seront vite dépassés par la marche du temps et les insanités qu’ils auront versé un moment leur retomberont à la figure. Hier, c’est déjà de l’histoire ancienne. « Avereno Dada ! » (Faites revenir Papa). En inculquant ce slogan à deux sous à certains Malgaches, les meneurs entendent dépendre toujours d’autrui. Le plus malheureux et qu’ils utilisent des compatriotes pour une vie sans avenir autre que la mendicité.
Le Lieutenant Colonel Coutiti accueilli en héros
Le Porte Parole du gouvernement, Mr. Augustin Andriamananoro… communique
Des motards faisant une haie d’honneur
Il faut savoir que, dès notre naissance, nous sommes tous condamnés à devenir orphelins un jour ou l’autre. Dans le laps de temps qui sépare la vie et la mort, qu’est-ce qu’on a bien pu faire pour son pays et sa famille ? Les regrets ne viennent jamais qu’après. Dans les années 1970, 10 millions de Malgaches équilibraient un cheptel bovin de 10 millions aussi. En 2009, avec plus de 20 millions de Malgaches, ce sont les vaches Holstein qui perpétuent la race bovine dans la Grande île. Où, sont passés tous ces zébus qui ont fait la fierté de Madagascar ? En 50 ans de colonie, des infrastructures, des systèmes ont été établis. Pas toujours jolis-jolis car les Malgaches ont hérité de tous les aspects négatifs de cette administration coloniale française. Le fonctionnaire est fait pour… fonctionner. Il attend des ordres dont ils ignorent même les tenants et aboutissants. Vint l’année 1972 où le sieur Manandafy Rakotonirina, avec son « Fanjakan’ny madinika » (pouvoir des petits) bouleversa un ordre en jouant sur le fait que les Malgaches sont des gens de cœur et non d’esprit. Mais même dans le pire communisme stalinien, la hiérarchie existait. Le goût de cette liberté amena les Malgaches à ne plus se respecter les uns les autres, habitués à recevoir des coups de pied au cul des « vazaha ». En disant merci, en plus !
MAHAJANGA
Nouveau numéro d’immatriculation à Mahajanga ?
Ah ah ! Mialy Rajoelina en a eu des paréos (« Lambaoany ») ce week-end là !
Pety Rakotoniaina rattrape le temps avec sa fille
Le Général Fidy (à gauche) et Voninahitsy Jean Eugène, enfant du pays
Mais entre Malgaches, c’était et çà continue d’être la pagaille. En bientôt 50 ans du retour de l’Indépendance, il y a eu plus de destruction que de développement pérenne. Chaque dirigeant venu par la rue expérimentait des systèmes de gestion avant de finir par gruger le peuple en s’enrichissant honteusement. Marc Ravalomanana, lui aussi président de rue, n’aura pas échappé à la règle.
Son hypothétique retour est un appel à une situation de complaisance.Qu’il revienne alors si tous ses fans juges qu’ils ont été heureux avec Papa Ravalo qui a littéralement tikoïsé la Grande île. En 7 ans, les effets d’annonce sont devenus des promesses sans lendemain alors que ceux qui avaient le privilège de graviter autour de lui, nageaient dans un trop plein de richesses à l’image de ces 4X4 neufs qui étonnent le premier touriste venu. Non, Madagascar n’a jamais été pauvre mais la loi fondamentale a toujours permis aux dirigeants de se servir au lieu de servir les autres. Et la Communauté internationale, les « riches » devenus en crise par leur propre système adorent les métaphores. Or, ils ont leurs propres limites liées au Dieu Euro ou Dollar. « Mugabe doit partir ! », avait hurlé urbi et orbi Nicolas Sarkozy. ET alors ? Il est toujours président du Zimbabwe, ce n’était pas la peine de se ridiculiser car l’attrait des diamants est le plus fort. « Coup d’Etat ! », crient tout le monde. ET alors ? Comment a fini la monarchie française si ce n’est par le ras-le-bol des Français face à un système que Ravalomanana a fini par prendre en exemple ? Pour moi, c’est simple : à Madagascar, nous en sommes encore à l’apprentissage de la liberté. Laissez-nous pauvres mais fiers car, quoi que vous disiez, c’est bientôt vous qui aurez besoin de nous et non le contraire. Malgré le pillage systématique du pays, nous avons encore plus de réserves en ressources comme l’eau, le gaz naturel, les richesses minières et « Bio ».
NOSY BE
Le marché couvert de Hellville. Ici, tout n’est pas vendu à même le sol
Un « V » et une botte de qat, cet hallucinogène permis de consommer ici
Rossy très attendu par la population de Mahajanga
Du jamais vu Ă Nosy Be ! Un embouteillage nocturne
Votre orgueil ne sera que passager. Des jeunes se sont levés. Une autre mentalité nait à Madagascar ancien pays colonisé qui, selon vous (même si vous ne le dites pas tout est dans votre comportement) ne doit pas dépasser les colons. Erreur ! Voyez la déferlante chinoise. Il faudra un seul quart de siècle pour que les enfants malgaches actuels assimilent vite qu’ils ne sont pas des imbéciles et, qu’effectivement, l’avenir de leur pays, leur propre avenir est entre leurs mains. Le temps de rumeurs, de la haine gratuite cessera avec la mort même de leurs auteurs. Et, du au du Paradis, car je n’ai pas ma place en enfer, je rigolerai bien et pourrait même me transformer en fantôme pour taquiner ces mécréants de l’actuelle époque qui seront passés sur la terre pour rien du tout. Les libertés ne se donnent jamais, elles s’arrachent au prix d’énormes sacrifices. Que tout un chacun révise l’Histoire l’humanité. Des libertés conditionnées avilissent les peuples. Alors insultez, calomniez, appelez aux meurtres, protégez un dictateur qui ne fait vous utiliser, il en restera toujours quelque chose.
Pour l’heure, voici des images de l’avenir. Des tas de jeunes et de femmes qui n’attendent que des directives dans le sens de leur épanouissement. Notre photographe a fait des prouesses.
SAMBAVA
Les fameux taxis jaunes Renault R4 des villes du Nord de Madagascar
L’ancien parlementaire Abdillah, un proche de Zafy Albert
Mais, ici, j’interpelle la présidence de la HAT : ne faites pas deux poids deux mesures style Ravalomanana. S’il y a des indemnités pour les journalistes que tous en obtiennent ! Arrêtez de rabaisser mon photographe sous prétexte qu’il a un petit physique et qu’il est assez timide. Ne donnez pas le mauvais exemple que les gens changent mais le système de détournement perdure. Nous avons le devoir d’informer et les lecteurs ont le droit de savoir. Ce travail mérite salaire. Donc, dès à présent, régler ce genre de situation sinon vous allez vous faire un ennemi pour rien. A bon entendeur salut car ce n’est pas la première fois qu’on veut écarter ce valeureux photographe.
Il ne s’agit pas d’étaler sur la place publique des noms mais de dénoncer un système contre lequel un collègue de la Rta a perdu la vie, le 7 février 2009. Soyez réglos et le monde tournera rond. Tant qu’il travaille avec moi, il doit être considéré comme un journaliste reporteur d’images. On verra pour la tournée de la HAT dans l’Est du pays. A moins que je n’y aille aussi. Mais j’ai mon livre à terminer.
Jeannot Ramambazafy – Journaliste
Photos : Andry Rakotonirainy