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Home Vie politique Chronique ANC 100 ans-Madagate : son histoire en français par Jeannot Ramambazafy

ANC 100 ans-Madagate : son histoire en français par Jeannot Ramambazafy

Dans le cadre de la célébration des 100 ans de l’ANC, Congrès national africain ("African National Congress" en anglais), le Président Jacob Zuma a invité Andry Rajoelina, une semaine après la signature de la feuille de route, dans la nuit du 16 au 17 septembre 2011, à l’hôtel « Le Paon d’Or » à Ivato. Ce, en tant que « Président de la république de Madagascar ». Avec cette fichue manière de ne pas savoir traiter les informations comme il se doit et au moment où il le faut, ce n’est que le 6 janvier 2012 que le public malgache a eu officiellement connaissance de cette invitation à caractère historique qu'il fallait partager de manière inoubliable aux plus de 20 millions de Malgaches. A ce rythme, les rumeurs les plus folles sont encore devant nous.


Pourquoi persister ainsi à apporter de l’eau dans le moulin de toutes les supputations pas possibles? Pourquoi ne pas tirer des leçons d’un passé tout proche, en matière de communication ? Cette opacité dans les actes et les actions du Président de la Transition malgache a entrainé une division au sein même des journalistes de la Grande île. Lire le prochain dossier à ce sujet.

Pour l’heure, madagate.com est fier et heureux de vous faire connaître les étapes des luttes de l’ANC, qui ont abouti à l’élection du premier président noir de l’Afrique du Sud, en mai 1994. Modèle des modèles, l’exemple de Nelson Mandela a ne pas s’accrocher au pouvoir n’a, jusqu’ici, pas été suivi, à l’image de Me Abdoulaye Wade qui foule la constitution sénégalaise en ce présentant pour un troisième mandat. Le mandat de trop. L’Afrique manque-t-elle a ce point de jeunes politiciens qui veulent vraiment son développement ? Pour l’heure, place à l’histoire authentique des luttes de l’ANC, rédigée en français par Jeannot Ramambazafy. Surtout ne comparez pas… l’incomparable. 

Les jalons de l’Histoire de l’ANC ou Congrès national africain (African National Congress)

La lutte de l’ANC pour la liberté, tous unis dans la diversité, est une très longue histoire. Elle remonte à l’époque où les Africains, lance à la main, se battaient contre les colonisateurs Anglais et Boers (Hollandais).
L'ANC a toujours gardé ancré en lui cet esprit de résistance. Durant les 80 dernières années l'ANC a réuni des millions de personnes dans la lutte pour la libération. Ensemble elles se sont battues pour leur terre, contre des salaires bas, des loyers élevés et le dompas (« Pass » ou laissez-passer pour les Noirs sous l’apartheid). Ils se sont  battus contre l'enseignement bantou et pour le droit de voter un gouvernement de leur choix. Cette histoire est de leur lutte pour la liberté et la justice.


1. Les Royaumes africains se sont battus dès 1860


Le roi Zoulou Cetshwayo

Des colons blancs de la Hollande on envahi l’Afrique du Sud, en 1652. Ils se sont accaparés des terres et du bétail alors que les royaumes africains locaux étaient indépendants depuis 200 ans.
Dans les années 1860, la Grande-Bretagne amena de grandes armées avec des chevaux, des fusils modernes et des canons, pour prendre le contrôle de l'Afrique du Sud. Les Xhosa qui avaient résisté dans neuf guerres de résistance contre les colonisateurs, ont finalement été vaincus en 1878, après plus de 100 ans de guerre.
Mené par Cetshwayo, les Zoulous ont apporté une défaite écrasante sur l'armée britannique à Isandhlwana en 1878. Mais ils ont finalement été battus à Ulundi, submergés par des renforts britanniques. Puis les Britanniques attaquèrent et battirent le Pedi alors indépendant depuis des décennies.
Des Chefs comme Sukhukhune, Sandile et Cetshwayo ont été capturés, emprisonnés ou tués. Avant 1900, la Grande-Bretagne avait cassé le pouvoir et la puissance des royaumes africains qui sont alors tombés sous le contrôle du gouvernement colonial. En 1910, la Grande-Bretagne a remis ce contrôle aux Boers et aux colons britanniques eux-mêmes qui ont formé l’Union de l’Afrique du Sud avec un gouvernement qui ne reconnaissait que les droits des Blancs et a refusé des droits aux Noirs.


2. 1912: Naissance de l’ANC


Pixley Ka Isaka Seme, le premier sud-africains noir diplômé de l’université de Columbia, en 1906


Les guerres de résistance cessèrent après la déconfiture de la rébellion de Bambata. Les Africains durent alors trouver une nouvelle stratégie défendre pour leurs terres et leur liberté. En 1911, Pixley ka Isaka Seme demande aux Africains d’oublier leurs différends passés pour s'unir au sein d’une organisation nationale. Il déclara : « Nous ne sommes qu’un peuple. Ces divisions, ces jalousies, sont la cause de tous nos malheurs aujourd'hui." ("We are one people. These divisions, these jealousies, are the cause of all our woes today".)
Le 8 janvier 1912, les chefs traditionnels, les représentants du peuple et des organisations d'église et d'autres personnalités en vue se sont réunis à Bloemfontein et ont formé le Congrès national africain (en anglais African National Congress ou ANC) qui, à ce moment-là s'appelait South African Native National Congress ou SANNC. Le but initial du futur ANC était de rassembler tous les Africains ensemble, comme une seule et unique personne, pour défendre leurs droits et leur liberté. Le premier Président de l'ANC se nomme John Langalibalele Dube (né en 1871, décédé en 1946).
L'ANC a été formé au moment ou l'Afrique du Sud se trouvait en rapide mutation. Des gisements de diamants avaient été découverts des diamants en 1867 et d'or en 1886. Les propriétaires de ces mines ont voulu qu’un nombre important de personnes travaillent pour eux. Les lois et des impôts avaient donc été conçus pour forcer les gens à quitter leurs terres.
La loi la plus sévère était le « Land Act » 1913, qui a empêché aux Africains  l'achat, la location ou l'utilisation de terres, sauf dans les réserves.
Beaucoup de communautés et de familles perdirent leurs terres à cause de ce « Land Act ». Pour des millions de Noirs, il est devenu très difficile de vivre de leurs terres. Le « Land Act » amena la faim, la pauvreté et la famine.


3. Travailler pour un salaire minable


Josiah T. Gumede

Le « Land Act » et d'autres lois et taxes ont forcé le peuple noir à chercher du travail dans les mines et dans les fermes des Blancs. Tandis que quelques personnes noires se sont installées dans des villes comme Johannesburg, la plupart des ouvriers étaient des migrants. Ils faisaient le trajet vers les mines pour y travailler et rentraient ensuite dans des zones rurales avec la partie de leurs salaires, d'habitude une fois par an.
Mais les Africains n'étaient pas libres de se déplacer comme ils le voulaient. Tous leurs mouvements étaient contrôlés ; ils devaient avoir des laissez-passer avec eux et  prouver qu’ils travaillaient bien dans des mines ou des fermes. Les lois sur les laissez-passer (« Pass Laws »)  ont aussi interdit aux Africains de quitter leur emploi et de faire la grève.. En 1919, dans le Transvaal, l'ANC  avait mené une campagne contre le « Pass ». L'ANC a aussi supporté les grèves menées par des mineurs militants en 1920.
Cependant, quelques leaders de l’ANC n’étaient pas d'accord sur des actions militantes comme des grèves et des marches dans la rue. Ils ont soutenu que l'ANC derait réaliser ses buts par la persuasion, par exemple, en faisant des appels en Grande-Bretagne. Mais les appels des délégations qui sont allés en Grande-Bretagne en 1914 pour protester contre le « Land Act », et de nouveau en 1919 afin de demander à la Grande-Bretagne de reconnaître le droit des Africains, ont été totalement ignorés.
Cette approche prudente démontre l'ANC n'était pas très actif dans les années 1920. L'Union des Ouvriers Industriels et Commerciaux (ICU) - formée en 1919- était l'organisation la plus active et populaire dans les zones rurales et urbaines, à cette époque. L’ICU a bien gagné quelques victoires majeures pour ses ouvriers par des actions militantes. Cependant, comme elle ne pouvait pas se suffire à elle-même (moyens et finances), elle s’effondra à la fin des années 1920.
Dans ces mêmes années 1920, des organisations socialistes ont également commencé à former des ouvriers noirs. La Ligue Socialiste Internationale et d'autres organisations socialistes ont créé le Parti communiste en 1921. Ce Parti communiste est devenu la première organisation politique non raciale en Afrique du Sud.
Dans ces années 1920, la politique gouvernementale devint de plus en plus dure et de plus en plus raciste. Une discrimination raciale a été établie pour empêcher des Noirs d’avoir des emplois d'ouvriers spécialisés dans des industries. Cela a aussi signifié que les ouvriers noirs ont toujours été payés à des salaires inférieurs sinon minables car travailleurs non qualifiés.
Josiah T. Gumede est élu Président de l'ANC en 1927. Il essaye de revitaliser l'ANC pour se battre avec cette politique raciste. Gumede pensait que les communistes pourraient apporter une contribution à cette lutte car ils voulaient que l'ANC coopère avec eux. Cependant, en 1930, Gumede a été limogé de ses fonctions et l'ANC est devenu inactif. Dans les années 1930, il subit le leadership des conservateurs.


4. Les années 1940 : Renaissance de l’ANC


Walter Sisulu et Nelson Mandela

Dans les années 1940, l'ANC a repris un regain de vitalité en s’orientant dans une autre stratégie que celle des années 1930. L’ANC allait devenir le vaste mouvement populaire qu'il allait  devenir dans les années 1950.
Des attaques accrues sur les droits du peuple noir et la montée du nationalisme d'Afrikaners extrêmistes ont créé le besoin d'une réponse plus militante de l'ANC. Le durcissement du racisme a également abouti à une plus grande coopération entre les organisations d'Africains, de Métis et d’Indiens. En 1947, l'ANC et les Congrès indiens ont signé un pacte pour s’apporter aide et assistance mutuelles pour chaque campagne effectuée par les uns et les autres.
En 1944 la Ligue des Jeunes de l’ANC (« ANC Youth League ») est créée. Les jeunes leaders de cette Ligue -parmi eux Nelson Mandela, Walter Sisulu et Oliver Tambo- ont axé leurs idées sur le nationalisme africain. Ils croyaient que les Africains seraient libérés seulement par leurs propres efforts. La Ligue des Jeunes a donc impliqué les foules dans des luttes militantes.
Beaucoup plus de gens s’étaient déplacés vers les villes dans les années 1940, pour travailler dans de nouvelles usines et industries. Ils ont commencé à militer à partir de leurs propres organisations communautaires -comme le « Squatter’s Movement »- et des syndicats. Les idées militantes de la Ligue des Jeunes ont rapidement trouvé des supporters parmi la nouvelle population des villes. La Ligue a rédigé un Programme d'Action appelant aux grèves, aux boycotts et aux défis. Il a été adopté par l'ANC en 1949, l'année après que le parti national est arrivé au pouvoir. Le Programme d'Action a mené à la Campagne de Défi (« Defiance Campaign ») des années 1950.


5. 1950 : Naissance du mouvement populaire


Banc public uniquement réservé aux Blancs, du temps de l’apartheid


Les « Non-Européens » ("Non-Europeans") ont alors commencé a entré dans les zones strictement réservées aux «  Européens Seulement » ("Europeans Only") et sont allés aux comptoirs de bureaux de poste réservés aux « Blancs seulement » ("White`s Only"). Les Africains ont piétiné les lois de laissez-passer. Des Indiens, et "des volontaires" Blancs ont pénétré sans permission dans les « townships » africains.
Le succès de la Campagne de Défi a encouragé de nouvelles campagnes contre les lois d'apartheid, comme le "Group Areas Act » et le « Bantu Education Act ».
Le gouvernement a essayé d'endiguer la Campagne de Défi en arrêtant leur leaders et décrétant de nouvelles lois pour prévenir la désobéissance publique. Mais la campagne avait déjà fait obtenu des résultats comme le rapprochement de  l'ANC et le Congrès indien d’Afrique du Sud. Les adhésions ont augmenté etde nouvelles organisations ont été créées, comme la « South African Coloured people`s Organisation » (SACPO) ; le « Congress of Democrats » (COD) ainsi qu’une organisation de démocrates Blancs (« orgnasiation of white democrats ».
Avec le « South African Congress of Trade Unions » (SACTU), ces organisations ont formé le «Congress Alliance» ou Congrès de l’Alliance.

Le Congrès de l’Alliance a alors organisé le Congrès de tous les peuples d’Afrique du Sud Peuple («Congress of all the people of South Africa »). Il s’agissait d’une  conférence dans le but de revendiquer toutes les sortes de droits dont ce peuple était privé.
Les revendications portaient sur le droit du peuple à gouverner ; celui du partage des terres à ceux qui les travaillaient. Elles concernaient aussi le droit à l’habitat, à un travail décent et à un enseignement égalitaire et gratuit. Toutes ces revendications ont été écrites noir sur blance dans la Charte de la Liberté (« Freedom Charter ») qui a été adopté par le Congrès du Peuple, le 26 juin 1955 à Kliptown.
Le gouvernement a alors prétendu que cette  Charte de la Liberté était un document communiste. Il faut savoir que le communisme avait été interdit par le gouvernement en 1950. Les leaders de l’ANC et du Congrès du Peuple ont été arrêtés et trainés devant la justice dans le célèbre procès de Trason (« Trason Trial »). Là, le gouvernement a essayé de prouver que l’ANC et ses alliés poursuivaient une politique de violence et planifiaient un coup d’état.
En 1955 le gouvernement annonce que les femmes (noires) doivent porter un laissez-passer (« Pass »). Une campagne anti-pass a alors organisée par des femmes, à travers tout le pays. Les femmes ont aussi mené une campagne militante contre les brasseries municipales (« municipal beerhalls »). Selon la loi c'était illégal pour des femmes pour brasser la bière traditionnelle. La police a fait des raids et détruit des brasseries traditionnelles pour que les hommes  brassent dans les « beerhalls municipal ». En réponse à ces raids, les femmes ont attaqué tous les « beerhalls » et ont détruit tous les équipements et les bâtiments. Les femmes ont aussi organisé un boycott du brassage de bière « officiel », qui a eu un succès retentissant.
Il y avait beaucoup d'autres actions communautaires dans les années 1950. La résistance dans les zones rurales a atteint son paroxysme. L’ANC y a mené beaucoup d’actions contre le « pass » pour les femmes ; le nomadisme obligatoire et le « Bantu Authorities Act » qui donnait au gouvernement blanc le pouvoir de suspendre celui des chefs traditionnels considérés comme fauteurs de trouble, pour les remplacer par ceux qui collaboreraient avec le système raciste.
La collaboration de chefs avec des représentants gouvernementaux a été une des causes de la révolte de Pondoland, un événement majeur dans la résistance par le peuple des zones rurales. Les Pondos ont aussi exigé leur représentation dans le Parlement, la réduction des impôts et l’arrêt de  l'enseignement bantou (« Bantu Education »).
Les années 1950 ont vu des Noirs et des Blancs à lutter ensemble, sur  une échelle géographique beaucoup plus grande, dans le combat pour la justice et la démocratie. Le Congrès de l’Alliance était une expression de  l'ANC pour démontrer sa politique de non-racisme. Ceci est stipulé dans la Charte de la Liberté qui déclare que l'Afrique du Sud appartient à tous ceux qui y vivent.
Mais des désaccords virent le jour au sein de l'ANC, à propos de cette politique de non- racisme. Une minorité de membres qui se sont appelés Africanists, s'est opposée à la Charte la de Liberté. Ils ont objecté la coopération croissante de l'ANC avec des Blancs et des Indiens, qu’ils ont décrits comme des étrangers (au pays). Ils se méfiaient aussi des communistes qui auraient apporté une idéologie étrangère à la lutte.
Mais les différends entre ces Africanists et l’ensemble des membres de  l'ANC n’étaient pas insurmontables. En 1959, les Africanists se détache de l’ANC pour  former le Congrès Pan Africanist  ("Pan Africanist Congress » - PAC). Mais, en 1960, les actions anti-Pass  avaient été menées de front par l'ANC et le PAC.
Le 21 mars 1960, le PAC débuta ses propres actions. Il avait été demandé au peuple noir de laisser leurs laissez-passer chez eux et d’aller se rendre aux   commissariats de police. Une foule énorme s’est alors rassemblée à Sharpville, dans le Vaal, à Nyanga et à Langa, près de Cape Town. À Sharpville, la police a ouvert le feu sur une foule sans armes et paisibles, tuant 69 personnes et en blessant 186.
Le massacre des manifestants paisibles à Sharpville a mis fin à une décennie de protestation pacifique. Le 30 mars 1960, dix jours après le massacre de Sharpville, le gouvernement a interdit l'ANC et le PAC. Ils ont déclaré l’état d'urgence et ont arrêté des milliers de membres du Congrès national africain et des activistes du PAC.


6. Les années 1960 : début de la Lutte Armée

L'ANC a pris les armes contre le Gouvernement sud-africain en 1961. Le massacre de Sharpville et l'interdiction de l'ANC a démontré que la protestation pacifique seule ne forcera jamais le régime de changer. L'ANC est entré dans la clandestinité et a continué à s’organiser secrètement. Umkhonto we Sizwe (MK) a été formé pour « riposter par tous les moyens en notre pouvoir, pour la défense de notre peuple, notre avenir et notre liberté ».
En 18 mois, MK mena 200 actions de sabotage. Mais l'organisation clandestine a du faire face à un régime qui a commencé à utiliser des méthodes de répression encore plus dures. La loi a puni de peine de mort les actes de sabotage et permettait à la police de tenir en garde à vue les gens, pendant 90 jours sans procès. En 1963, la police a fait un raid au siège social secret de MK, arrêtant les leaders. Ceci a mené au procès de Rivonia où les leaders de MK ont été accusés d’avoir mener une révolution violente. C'est de là qu'est née une nouvelle loi: le "Terroridm Act" condamnant toutes les actions visant à menacer le régime d'apartheid.
Quelques leaders de l’ANC - parmi eux Oliver Tambo et Joe Slovo- ont évité l'arrestation en quittant le pays. D'autres membres sont partis pour faire leur service militaire.
Après le procès de Rivonia, les structures souterraines de l'ANC dans le pays étaient presque détruites. L'ANC a  fait face à la question de savoir comment amener des soldats formés au pays à continuer la lutte. Or, à l’époque, l'Afrique du Sud était entourée de pays très hostiles à l'ANC : la Rhodésie, l'Angola et le Mozambique. Ces pays étaient tous contrôlés par des gouvernements coloniaux qui ont soutenu le régime de l’apartheid. MK devait donc s’imposer dans ces pays avant de le faire en Afrique du Sud même.
En 1967, MK a commencé une campagne commune avec la Zapu du Zimbabwe où les gens combattirent avec les armes pour la libération du pays. MK espérait trouver un chemin vers l'Afrique du Sud en traversant le fleuve Zambèze, de la Zambie au Zimbabwe, et en marchant à travers  la Réserve naturelle de Wankie et le delta du Limpopo en Afrique du Sud. Cette campagne dans le Wankie a donné une expérience importante aux cadres MK pour les combats dans le maquis. Mais il fallait trouver d'autres moyens d'entrer en Afrique du Sud. La conférence consultative de l’ANC à Morogoro (Tanzanie), en 1969, s’est penché sur ce problème.
Cette Conférence de Morogoro a appelé à une lutte générale et généralisée. Ainsi, la lutte armée et la lutte politique et populaire ont été utilisées simultanément pour combattre l'ennemi. Mais la lutte armée et la reprise de la lutte populaire dépendaient des structures de résistance de l’ANC dans le pays même. Un quatrième aspect de la lutte générale était la campagne pour appeler à une assistance internationale et à l'aide du reste du monde. Ces quatre aspects ont été souvent appelés les « Quatre piliers de lutte ». Le caractère non racial de l'ANC fut à nouveau consolidé par l'ouverture de l'adhésion des non-Africains à l’ANC.


7. Les années 1970 : la lutte des Ouvriers et des Étudiants


Photo historique, qui a fait le tour du monde, que l’on peut voir au Hector Pieterson Memorial Museum - 8287, Khumalo Street, Orlando West à Soweto

Durant les années 1960, suite à l'interdiction du mouvement de libération, il y avait peu de signes de résistance. Le système d'apartheid est devenu plus fort et a étendu son contrôle dans tous les aspects de la vie du peuple (noir). Mais, malgré l'accalmie, le peuple ne pouvait pas accepter longtemps les privations et l'oppression de l’apartheid. Dans les années 1970, les ouvriers et les étudiants ont résisté contre le système. Leurs luttes ont changé le visage de l'Afrique du Sud.
Au début des années 1970, les prix des denrées ont commencé à grimper brusquement, rendant encore plus difficile la survie des ouvriers payés avec des salaires bas. Des grèves spontanées s’ensuivirent : les ouvriers se sont éloignés du lieu de leur travail pour revendiquer des augmentations de salaire. Les grèves ont débuté à Durban, en 1973, et se sont étendues plus tard à d'autres régions du pays.
La colère des étudiants, à propos de l’enseignement bantou éclata en juin 1976. Des dizaines de milliers de lycéens se sont rués dans les rues pour protester contre l'utilisation obligatoire d'Afrikaans dans les écoles. La police a ouvert le feu sur des étudiants marchants au pas, tuant Hector Pieterson, treize ans, et au moins trois d'autres étudiants. Ceci amena à un soulèvement qui s'étend à d'autres régions du pays. Bilan total : plus de 1.000 morts, la plupart abattus  par la police.
Beaucoup de leaders étudiants de Soweto étaient sous l'influence des idées de « conscience noire ». Le Mouvement des Étudiants Sud-africain (« The South African Students Movement » - SASM), une des premières organisations d’étudiants noirs, a joué un rôle primordial dans le soulèvement de 1976. Il y avait aussi des groupuscules d'activistes d'étudiants liés à d’anciens membres de l’ANC et la résistance sous-terraine de l’ANC qui publiait des brochures publiées s'adressant à la communauté pour qu’elle soutienne les étudiants. Cela amena à la jonction de la lutte d'étudiant et de la lutte pour la libération nationale.


8. Les années 1980 : la lutte pour le Peuple au Pouvoir


Scène de rue durant l’apartheid

Dans les années 1980, le peuple (noir) amena la lutte de libération à niveau plus haut. Dans les lieux de travail, au sein des communautés, dans les écoles, le peuple commença à prendre le contrôle de leur situation. Tous les secteurs vitaux sont devenus des zones de lutte politique. Ces combattants étaient liés à la demande de restitution du pouvoir politique au peuple (noir).
Des milliers de jeunes ont remplis les rangs du MK après le soulèvement de 1976. La violence utilisée par les forces de sécurité pour réprimer le soulèvement a décidé les jeunes à revenir au combat. Mais, le soulèvement de 1976 a également poussé le régime à changer de stratégie. Pour la première fois, les réformes ont été présentées au régime de l’apartheid. Cependant, si le nombre de supporters issus de la communauté noire augmenta, cela n’apporta aucun changement substantiel à la situation de racisme de couleur. Les effectifs de l'armée ont même été énormément renforcés. Ils pouvaient utiliser la force et la répression contre le peuple (noir) et les organisations considérées comme « révolutionnaires ». Avec le soutien du Conseil de Sécurité de l'État et un réseau d'autres structures, l'armée pouvait aussi participer aux décisions les plus importantes du gouvernement.
Cependant, les réformes proposées par le gouvernement, comme un Parlement Tri-caméral et les Collectivités locales Noires dans des Communes africaines, ont été totalement rejetées et ont seulement provoqué une résistance plus grande encore.
Dans les années 1980, les organisations de la communauté, comme la société civile, les étudiants et des organisations de jeunes et des femmes, ont commencé à apparaître brusquement partout en Afrique du Sud. C’était une renaissance du mouvement populaire de l’ANC, qui mena à la formation du Front Démocratique Uni («United Democratic Front» -UDF).
La plus grande  organisation qui s'est formée en ce moment fut le Congrès d'Étudiants sud-africains (« Congress of South African Students» - COSAS), avec des ramifications dans des régions et des villes partout en Afrique du Sud. Dans de nombreux cas, des organisations civiles ont développé des comités d'étudiants qui avaient été formés pour soutenir des luttes contre l'enseignement bantou. Des boycotts scolaires nationaux et massifs ont eu lieu en 1980, et de nouveau en 1984-1985.
L'organisation des ouvriers a aussi fait un pas en avant conséquent avec la formation du Congrès de Syndicats sud-africains (« Congress of South African Trade Unions » - COSATU), en 1985. Le COSATU a rapproché les unions indépendantes qui avaient commencé à grandir dans les années soixante-dix. Le COSATU s'est engagé à l'avancement des luttes ouvrières tant dans les lieux de travail que dans les communautés. 1987 a vu le plus grand nombre de grèves jamais vécues, comme la grève de plus de 300.000 mineurs.
En 1985, l'ANC appela les résidents des communes à la désobéissance civile, en détruisant les Collectivités locales Noirs. Les conseillers et la police avaient été sommés de démissionner. Des bâtiments municipaux et les maisons des collaborateurs ont été attaqués. Le système administratif s'étant écroulé, les gens ont alors établi leurs propres structures démocratiques pour diriger les communautés, y compris les comités de la rue et de la justice. Une atmosphère d'insurrection massive a prévalu dans beaucoup de communes et de zones rurales à travers le pays, durant 1985 et 1986. Des luttes massives et la lutte armée ont commencé à apparaître. L’armée et la police -dans un effort de rétablir le contrôle- qui s'étaient déplacées dans les communes, fin 1984, étaient confrontées dans des luttes continuelles avec des jeunes armés de pierres et de cocktails Molotov.
Comme la résistance était devenue très structurée, le régime devint plus vicieux. Il déclara un état d'urgence sur beaucoup de régions du pays en juillet 1985. Cela a duré pendant six mois. En juin 1986, l’état d'urgence national a été déclaré, qui a duré jusqu'à 1990. Les états d'urgence avaient été utilisés pour enfermer plus de 300.000 personnes, dont des enfants, et interdire l'UDF et ses filiales de toute activité. Le COSATU a été limité dans ses activités politiques.
Des unités gouvernementales secrètes ont tué des activistes et ont bombardé leurs maisons. La Force de défense sud-africaine (« South African Defence Force » - SADF) mena des raids dans les pays voisins pour détruire y des bases de l'ANC. Ces raids faisaient partie d'une stratégie générale de déstabiliser les gouvernements voisins qui avaient porté assistance à l'ANC. Le gouvernement sud-africain apporta un fort soutien à des organisations hors-la-loi comme le RENAMO au Mozambique et l’UNITA en Angola.
Dans les années 1980, la lutte pour le pouvoir au peuple a secoué les fondations du système du Bantoustan. Le régime a essayé désespérément de le sauver en soutenant des groupes d'autodéfense et en réprimant la résistance populaire.
Dans le Natal, la lutte pour le pouvoir au peuple rencontra la violence des chefs militaires de l’Inkatha, opposés à la croissance des organisations communautaires. Les sociétés civiles, les organisations de jeunes et le COSATU ont été opposé aux pratiques non démocratiques de l'Inkatha et de ses alliés du gouvernement du KwaZulu. Le conflit amena à une guerre dans le Natal, où des milliers de personnes ont perdu la vie. Aujourd'hui, il est prouvé que le gouvernement d'apartheid avait donné de l'argent à l’Inkatha pour se battre contre l'ANC et que la police sud-africaine et la police KwaZulu ont joué des rôles actifs dans cette guerre atroce.


9. ANC : le retour dans la légalité


Nelson Mandela et le drapeau de l’Afrique du Sud de nos jours


CLIQUEZ ICI POUR L'HOMMAGE CONDENSE DE NELSON MANDELA PAR JEANNOT RAMAMBAZAFY
REDIGE LE 19 JUILLET 2009

Malgré les détentions et les interdictions, les rues des villes sud-africaines arboraient avec fierté les drapeaux de l’ANC et les bannières du SACP. Le peuple (noir) a proclamé l'ANC non interdit. En février 1990, le régime a été forcé de lever l’interdiction de l'ANC et d'autres organisations.
En levant l’interdiction l'ANC, le régime de l’apartheid indiqua, pour la première fois, qu'il se préparait à résoudre les problèmes de l'Afrique du Sud par des négociations.
Après la levée de son interdiction, l'ANC commença à rétablir les structures régionales de ses membres. Lors de sa conférence nationale, au pays même, depuis 1959, l'ANC a répété son but d'unir l'Afrique du Sud et d’amener le pays à des élections libres et démocratiques.
À la Conférence nationale de l’ANC de 1991, Nelson Mandela a été élu Président. Oliver Tambo, qui a servi de Président de 1969 à 1991, a été élu Président national. Tambo est décédé  en avril 1993 après avoir passé sa vie entière au service de l'ANC. L’actuel aéroport de Johannesburg porte, d’ailleurs son nom.
Les négociations amorcées par l'ANC ont abouti à la tenue de premières élections historiques basées sur une personne un vote, en avril 1994. L’ANC gagna ces élections avec une majorité de 62,6% des voix exprimées par 22 millions d’électeurs. Et le 10 mai 1994, Nelson Mandela devint le Premier Président Noir de l’Afrique du Sud, la Nation Arc-en-Ciel. Jusqu’à ce jour du Centenaire de l’ANC, ce Congrès est toujours au pouvoir, avec le Président Jacob Zuma.


Les personnalités qui ont marqué la vie de l’ANC sont, de haut en bas et de gauche à droite : Nelson Mandela, Thabo Mbeki, Albert Luthuli, Walter Sisulu, Oliver Tambo, Salomon Malhangu, Dulcie September, Steve Biko.


Les membres du bureau de l’ANC, fondé le 8 janvier 1912, en ce mois de janvier 2012 :

Le siège social de l’ANC à Johannesburg


Président : Jacob Zuma
Secrétaire Général: Gwede Mantashe
Fondateurs: John Dube, Pixley ka Isaka Seme, Sol Plaatie
Président National: Baleka Mbete
Trésorier Général: Mathews Phosa
Siège social: Luthuli House, 54 Sauer Street, Johannesburg, province du Gauteng


Dossier de Jeannot RAMAMBAZAFY – 7 janvier 2012
Source en anglais : ANC Headquarters

Mis à jour ( Dimanche, 08 Janvier 2012 17:03 )  
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Rasolonjatovo Honoré. Solombavambahoaka nandao antsika teo amin’ny faha-66 taonany

 

Madagascar. Élection présidentielle du 16 novembre 2023. Mme Christine Razanamahasoa piétine l'article 5 de la Constitution, stipulant, entre autres que "la Souveraineté appartient au peuple" et non à sa plateforme de bras cassés politiques

 

FILOHA ANDRY RAJOELINA, 2019-2023. FANTARO NY ZAVA-BITANY MARO LAVITRY NY LAINGA SY NY TSAHO