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Madagascar. Pour sauver Hery Rajao, Ressuscitez Tsiranana et Zafy pendant que vous y êtes !

Une délégation de l’Afrique du Sud a débarqué dans la Grande île durant le week-end de la Pentecôte. C’est dans ce pays qu’a été mise en place la Commission de la Vérité et de la Réconciliation (CVR) pour en finir avec le régime raciste de l’apartheid. Rappels historiques d’abord.

C’est en 1995, sous Nelson « Madiba » Mandela, élu premier président de la république, noir (de peau) en 1994, qu’a été créée la CVR. Cette commission constituait une étape primordiale vers le processus de transition dont le but final (réussi, il faut le préciser) était de mettre fin au régime de l’apartheid qui reposait sur la domination de la minorité blanche en Afrique du Sud. Il faut rappeler que la CRV émane de l’entité Promotion of National Unity and Reconciliation Act (Promotion de l’Unité et nationale et de la loi de réconciliation).

Présidée par Mgr Desmond Tutu, Archevêque sud-africain de confession anglicane, la CRV avait pour objectif principal de recenser toutes les violations des droits de l’homme commises depuis le massacre de Sharpeville, le 21 mars 1960, où 69 personnes noires ont été tuées par la police alors qu’elles protestaient contre les passeports intérieurs (« Pass ») et demandaient leur abrogation. Au final, la CRV Sud-africaine a permis une réconciliation nationale entre les victimes et les auteurs d’exactions. Et l’ONU a même fait du 21 mars, la « Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale » en… 1966. Voilà pour les origines et l’histoire de la réconciliation que certains veulent standardiser aveuglément…

En ce mois de mai 2018, l’Afrique du Sud en sera bientôt à son troisième président noir après Nelson Mandela : Thabo Mbeki (1999 à 2008), Jacob Zuma (9 mai 2009 au 14 février 2018) et Cyrille Ramaphosa (depuis le 14 février 2018) tous du parti du Congrès national africain ou ANC (African National Congress). Et l’apartheid n’est plus qu’un mauvais souvenir raconté dans un musée. Afin que les générations présentes et à venir n’oublient pas les horreurs commises et que la gouvernance par le racisme ne revienne plus jamais.

A Madagascar, cette histoire de réconciliation nationale, littéralement importée par l’UA et la SADC (à partir de la CRV sud-africaine et à la suite de la révolution orange de 2009), a été érigée en loi : la loi n°2016-037 du 15 décembre 2016, relative à la réconciliation nationale. Et dès l’exposé des motifs, nous entrons de plain-pied dans le ridicule qui, hélas, ne tue plus. Car, concernant la composition du Conseil du Fampihavanana Malagasy (CFM), il est écrit noir sur blanc que « le Président de la République, garant de l’unité nationale selon l’article 45 de la Constitution, a la prérogative de choisir le tiers des membres du Conseil du Fampihavanana Malagasy. En effet, appelé à avoir comme objectif la préservation de l’unité nationale dans ses travaux, celui-ci est également responsable de cette mission ». Faut-il vous faire un dessin sur ce que juge et partie signifie ?

En 2009, tous les présidents malgaches élus encore vivants plus le président de la transition de l’époque, avaient été invités à la même table dans un tour d’Afrique qui a abouti à une feuille de route jamais appliquée jusqu’au bout. Seulement, du 17 septembre 2011 au 24 janvier 2018, Madagascar a été dirigé par un président de la transition et -surtout- un gouvernement « d’union nationale » où tous les partis et particules politiques existant étaient présents avec un CT (Congrès de la Transition à Tsimbazaza) et un CST (Conseil Supérieur de la Transition à Anosikely) pléthoriques. Mission : organiser des élections libres, inclusives, justes, transparentes, accepter par tous. Cela n’aura eu lieu qu’en 2013 avec cette histoire de «Ni -Ravalomanana…Ni -Rajoelina» créée par les mêmes entités qui, aujourd’hui, parlent de participation de tous sans exception et montent au créneau pour tenter de sauver le soldat Hery Rajao. Ils croient réellement qu’en utilisant les mêmes conneries « réconciliatrices », ils auront un résultat différent…

Mais quelles sont les causes principales du bordel actuel dans lequel patauge la Grande île de l’océan Indien ? Dans son ouvrage « La réconciliation nationale à Madagascar : une perspective complexe et difficile » (éditions L’Harmattan, 2014), Imbiki Anaclet, magistrat à la retraite, ancien ministre de la Justice, écrit : « A Madagascar, les conséquences des graves crises politiques cycliques de 1972, 1991, 2002 et 2009 sont provoquées par un grave déficit chronique de démocratie et par la mauvaise gouvernance ». Et d’un. En août 2017, à propos de sa vision actuelle l’Etat de droit et la démocratie à Madagascar, Imbiki Anaclet, toujours, a été clair, en regard du régime Hvm : « Dans les pays développés, les magistrats disposent de leur indépendance, d’ailleurs l’opinion publique et la société civile les soutiennent dans cette démarche. Ce qui n’est pas le cas chez nous car l’opinion publique n’a pas confiance en la justice. Et le pouvoir est le plus grand prédateur de l’indépendance de la Justice ». Et de deux.

Enfin, jamais deux sans trois : dans un article intitulé « Madagascar. Tout un foin ridicule pour une mauvaise gouvernance paupérisante », publié sur madagate.org, j’ai écrit clairement : Mais en quelques termes faudra-t-il faire comprendre à toute une charretée de pitres politiques bouffant à tous les râteliers; de pieds nickelés permanents d’entités continentales et internationales et d’opportunistes malfamés et affamés nationaux que ce qui se passe à Madagascar, en ce mois de mai 2018, est une situation découlant de quatre années de mauvaise gouvernance d’un président de substitution qui, en ayant maintes fois violé la loi fondamentale malgache, aura bien réussi le tour de force d’avoir hissé la Grande île de l’océan Indien à la 5ème place des pays les plus pauvres de la planète, en moins d’un lustre (mot utilisé en Europe au XVIIème et désignant une période de 5 ans).

Ici, il ne saurait aucunement y avoir de « responsabilités partagées » avec qui que ce soit, déjà mort ou encore en vie. Hery Martial s’est foutu tout seul dans cette mouise, qu’il se démerde tout seul pour s’en sortir indemne. Madagascar, ce n'est pas l'Afrique du Sud et l'apartheid, et Maka Alphonse, président du CFM [payé, avec ses pairs, par les pauvres contribuables malgache], n'a pas à jouer au Desmond Tutu gasy, borde..reau d'envoi! Avec ce pseudo-président à ressort, il n'y a rien ni personne à réconcilier avec quoi que ce soit ni avec quiconque./. Voilà la stricte vérité.

Si Jacob Zuma a été obligé de démissionner par le parti ANC, c’est pour une question de corruption et non de racisme. Pour la démission de Robert Mugabe du Zimbabwe, s’il n’était pas âgé (93 ans au moment où des militaires l’ont mis en résidence surveillée), il serait déjà mort. Est-ce qu’une délégation de Malgaches est allée dans ces pays pour parler de coup d’état et de réconciliation nationale ? Non. Aujourd’hui, à Madagascar, si l’ONU, l’UA, l’UE et la SADC le pouvaient, ils ressusciteraient Philibert Tsiranana et Zafy Albert pour encore discutailler afin de sauver un président qui n’aurait jamais dû l’être, devenu trop imbu de sa personne pour voir la poutre dans son œil… Et ne voulant pas en démordre, toutes ces entités citées prennent un malin plaisir à s’enfoncer dans un chemin aboutissant à un cul-de-sac en s’entêtant à vouloir réconcilier le néant, avec des termes très colonialistes. Il n’y a pas d’autres mots et je n’ai pas à m’excuser. Résumé du communiqué récent de l’UA à partir de l’Ethiopie : « Les parties prenantes malgaches campent toujours sur leur position conjoncturelle éloignée des exigences de l’intérêt supérieur du pays, au risque d’aggraver la crise et de rendre hypothétique la poursuite du processus électoral ». Effectivement, Addis-Abeba c’est loin d’Antananarivo.

A ces personnages -plus que personnalités- qui s’entêtent à vouloir standardiser tous les mouvements populaires sauf chez eux, ci-après des exemples piqués dans un catalogue de scandales collectés par notre frère et confère Phil de Fer et publié dans La Gazette de la Grande île du 22 mai 2018. Car les écrits restant, il est impératif -pour les générations à venir et le tribunal de l’Histoire- de demeurer très efficace pour immortaliser des preuves d’une mauvaise gouvernance de renom mondial, pratiquée en moins d’un lustre donc :

- Plagiat d’un discours de Nicolas Sarkozy en guise de discours d’investiture de Hery Rajaonarimampianina

- Nomination d’un Premier Ministre non issu de la majorité parlementaire et au bout de 3 mois

- Remplacement de Christine Razanamahasoa par Jean Max Rakotomamonjy à la Présidence de l’Assemblée Nationale

- Affaires (il y en eu plusieurs) de bois de rose de Johnfringe Bekasy

- Plainte de Rivo Rakotovao contre des journalistes

- Mallettes aux députés pour empêcher la déchéance du Chef de l’Etat

- Chasse à l’homme contre le sénateur Lylison

- Exactions commises par des policiers à Antsakabary

- Déplacements à l’étranger sans compte-rendu du Chef de l’Etat

- Détournements de deniers publics par Claudine Razaimamonjy et son évasion couverte par des ministres

- 96 valises d’effets personnels, la robe coûteuse et l’appartement parisien de la Première Dame

- Insultes aux forces de l’ordre par le sénateur Riana Randriamandavy

- Robe coûteuse et appartement parisien de la Première Dame

- Retard dans le paiement du traitement des fonctionnaires

- Remplacement d’Honoré Rakotomanana par Rivo Rakotovao à la Présidence du Sénat

- Hold-up de SAMADA sur CSPIM

- Vente au rabais du terrain où est bâtie la villa Elizabeth, destinée au Pr Zafy en tant qu’ancien président de la république

- Instrumentalisation des médias publics TVM et RNM

- Appels d’offres truqués de l’Aviation Civile de Madagascar

- Intimidations faites aux maires - Visas électroniques de la société Atemis

- Insultes à la presse de la députée pro-HVM Robertine

- Evasion et révélations d’Houcine Arfa

- Gestion catastrophique de l’épidémie de peste

- Octroi abusif de terrains et de permis miniers à des Chinois

- Comptes farfelus de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics

- Incendie des copies d’examen à l’Ecole Nationale des Magistrats et des Greffes

- Interdiction faite à Andry Rajoelina de décoller

-par deux fois dont un vol commercial public- pour se rendre Mahajanga

- Limogeage avorté du Procureur Général de la Cour Suprême

- Mallettes aux députés et aux sénateurs pour le vote des lois électorales controversées

- Passage en force de la loi sur les zones économiques spéciales

- Tuerie du 21 avril 2018 à l’hôtel de ville d’Antananarivo

Ce ne sont que des exemples parmi d’autres comme l’insécurité institutionnalisée et les coupures de courant endémiques... Voilà pourquoi Madagascar est devenu le 5è pays le plus pauvre du monde. Ce qui, effectivement, est « éloigné des exigences de l’intérêt supérieur du pays ». Voilà pourquoi, à partir du 21 avril, le peuple malgache s’est levé comme en 1972, 1991, 2002 et 2009 pour exiger la démission sans condition d’un président même pas foutu d’avoir mis en place la Haute Cour de Justice.


Article 167 de la Constitution de la IVè république de Madagascar

Afin de respecter le prescrit constitutionnel, le Président de la République, dans un délai de 12 mois à compter de son investiture, invite les Instances compétentes à désigner les membres qui composeront la Haute Cour de justice afin de procéder dès l'expiration de ce délai à l'installation de la Haute Cour de justice.

Toute partie justifiant d'un intérêt peut saisir les institutions compétentes de demande de sanction en cas de carence.

En ce qui concerne le Président de la République, exceptionnellement, l'instance compétente est la Haute Cour constitutionnelle qui serait autorisée à prendre les sanctions qu'aurait pu prendre la Haute Cour de justice si elle était installée.

Qui, dès lors, ne respecte ni ne fait respecter la loi fondamentale à Madagascar ? Le peuple ?

Jeannot Ramambazafy – article également publié dans « La Gazette de la Grande île » du 23 mai 2018

Mis à jour ( Jeudi, 24 Mai 2018 07:12 )  
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