Décidément, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond au pays des baobabs. Ainsi donc, Navaz Rossanaly Molou s’est « conformé aux normes légales » à propos de l’exportation d’or et a « accepté de jouer franc jeu » ? Monsieur le Président de la République, je vous fais savoir directement, à travers cet article, qui est ce Navaz Molou. Et après moi le déluge.
Sous le Président Hery Rajaonarimampianina, Navaz Molou est arrêté début juin 2016 pour trafic de 66 kg d’or. Il avait été condamné par contumace, par la Cour criminelle ordinaire d’Antananarivo, le 21 juin 2016, à 7 ans de Travaux forcés et à payer une amende d’un million d’Ariary avec confiscation de ses biens. Normalement donc, sa peine aurait du s’achever en juin 2023. Mais non ! Deux jours seulement après le verdict, le 23 juin 2016, il débarque d’un avion d’Air Mauritius à l’aéroport d’Ivato. Et, jusqu’ici, sous le président Andry Rajoelina, il est libre donc comme l’air et fait même partie des privilégiés en matière d’exportation légale d’or.
Ce document ne s'invente pas
Déjà , sa fuite pour ne pas purger sa peine de prison est « extraordinaire ». Mais son retour l’est plus encore, comme s’il n’avait attendu que l’élection du candidat Andry Rajoelina pour pouvoir revenir pur comme un agneau venant naître. Par association d’idées, l’actuel Président de la République serait donc son projecteur ? Le doute est plus que permis (minier)… Cependant, cela laisse à supposer qu’il y a des ordres venant de plus haut que le Président de la République, étant donné qu’il a été libre de siéger à la droite du ministre Herindrainy Olivier Rakotomalala, considéré par le journal « L’Echo du Sud » comme un personnage qui « apporte une richesse d'expérience et une profonde connaissance du secteur minier à Madagascar ». Ah bon ? Pour l’agence Ecofin, ce ministre malagasy des Mines a déclaré, en 2023 : « La transparence du secteur extractif a été positive pour Madagascar dès 2022 ». Positive en quoi, s’il vous plaît, Monsieur ?
Cet article se base sur des preuves. Il est dit que Navaz Molou a des liens avec les frères Radjan. C’est plus que certain. En effet, déjà , dans une plainte datant du 11 mars 2013, l’avocat de Moustapha (ou Moustafa) Radjan avait cité nommément les frères Rossanaly Molou Navaz, Azad et Azle pour menace de mort avec intimidation, harcèlement, dénonciation abusive et tentative d’assassinat pendant l’incarcération à Tsiafahy de Moustapha. C’est le même Moustapha Radjan qui a été acquitté en juin 2016 alors que Navaz Molou avait été condamné à 7 ans de prison, pour la même affaire de trafic de 66 kg d’or.
Le matin du 13 novembre 2017, Moustafa Radjan, a fait l’objet d’un attentat du côté d’Ambatobe. Ayant été atteint de trois balles d’arme à feu, à bout portant, il s’en est sorti miraculeusement indemne mais garde une très vilaine balafre au visage, assez difficile à dissimuler.
Le 19 septembre 2020, le corps sans vie de Danil Radjan, « karana » (étranger d’origine indo-pakistanaise) de nationalité française, était trouvé dans le parking souterrain du centre commercial « La City » à Ankorondrano Ivandry.
Comme vous pouvez le constater sur le mandat d’arrêt, en date du 07 Octobre 2020, ci-dessus, Moustafa Ameralli Radjan a été inculpé pour association de malfaiteurs, de détention illégale de kalachnikov et de séquestration de personne.
Concernant ce dernier crime, Moustafa et son complice, Dilavarhoussen, avaient déjà écopé de 20 ans de travaux forcés, selon l’arrêté N° 706 du 03 novembre 2021. La preuve tangible et réelle que Moustafa Ameralli Radjan est vraiment le cerveau de toute la série de kidnappings qui a eu lieu en milieu urbain, à Madagascar, est celle-ci : depuis le décès de Danil Radjan, le 19 septembre 2020, il n’y a plus eu aucun rapt dans les grandes villes de la Grande île. Les rapts effectués en zones rurales ne sont que des copiés-collés faits par des bandits qui agissent dans le feu de l’action et non pas selon un plan bien établi, bien réfléchi concernant les cibles.
Le 06 novembre 2023, Moustafa Radjan a été condamné par le PAC (Pôle anti-corruption d’Antananarivo) à 10 ans de travaux forcés et 5 années d’interdiction de séjour pour corruption active et exportation illicite de lingots d’or. Il est toujours en liberté mais sera appréhendé au moment où il s’y attendra le moins, ici ou ailleurs, à cause ou grâce à la balafre qu’il porte à vie…
Cette "Maison Molou", grossiste-importatrice, se situe dans le quartier de Tsaralalà na à Antananarivo
Pour en revenir à Navaz Molou, à quoi servent les lois à Madagascar ? Au lieu de trôner dans le bureau du ministre des Mines, sous les yeux du Président Rajoelina -même en portrait-, il devrait être en prison pour purger sa peine de 7 ans, en date de 2016. Qui donc est-il pour oser défier la justice de Madagascar, jeter le doute sur les efforts du Président à lutter contre la corruption et l’impunité ? Serait-il possible qu’il ait bénéficié d’une amnistie à l’insu du peuple malagasy ? Car à Madagascar, le mot « impossible » commence de plus en plus à ne plus vouloir rien dire.
Quel est le lien, vous demanderez-vous, entre Navaz Molou et Mohsine Raza ? Simple mais il fallait faire beaucoup de recherches… Ces deux personnages possèdent des mines aurifères du côté d’Ambilobe, dans la commune rurale de Betsiaka pour être plus précis. Bien avant et plus discrets que les Chinois...
Attendons la suite. Car il y en aura certainement. Sinon, même la Justice ne voudra plus rien dire dans la Grande île. En tout cas, la présence même de Navaz Molou dans le bureau du ministre reconduit, Herindrainy Olivier Rakotomalala, en tant qu’exportateur légal d’or, incommode réellement. Cela relève de l’extraordinaire (ahurissant, anormal, bizarre, curieux, étrange, excentrique, exceptionnel, extravagant, formidable, inespéré, inhabituel).
Jeannot Ramambazafy