Marc Ravalomanana, Président de Madagascar de mai 2002 au 17 mars 2009
Une première dans les annales de l’Histoire politique de Madagascar, à propos de génocides qui ne disent pas leur nom : contrairement à l’amiral Didier Ratsiraka, dont on a clairement entendu la voix donnant des ordres de tirer sur la foule, le 10 août 1991 -qui n’a fait l’objet d’aucun poursuite judiciaire jusqu’à présent-, Marc Ravalomanana, président démissionnaire, a été jugé et condamné à la prison à perpétuité.
Me Hanitra Razafimanantsoa
Voici la version officialisée par Me Hanitra Razafimanantsoa, l'un des avocats du président démissionnaire et aussi avocat attitré du groupe Tiko : " M. Ravalomanana a été condamné par défaut aux travaux forcés à perpétuité pour meurtre et complicité de meurtre ".
7 février 2009. Ne jamais oublier que le sang des martyres crie toujours que justice soit faite
Sentence prononcée après un procès de deux jours et une nuit qui s’est achevé, ce samedi 28 août 2010, vers 6h du matin (heure de Madagascar), au palais de justice d’Anosy Antananarivo, devant la cour criminelle. Marc Ravalomanana a été reconnu coupable d’avoir donné directement les ordres pour tirer sans sommation sur la foule.
Avec Marc Ravalomanana, et pour la même sentence, sont condamnés :
- le général Raoelina qui a été reconnu coupable d'avoir été le donneur d'ordre direct ;
- le colonel Ralamboarison Serge ;
- le gendarme GP2 Fikisy Lidy, tireur d’élite qui a délibérément fait feu sur la foule, parmi d’autres tireurs embusqués, à l'intérieur et à l'extérieur (bâtiments administratifs) du palais d’Ambohitsorohitra, dont le caporal Jeannot Fatima, l'adjudant Kotokely Manahirana, le colonel Ambroise Razanakoto, le colonel Jadifara, le capitaine René Berthin.
Il y a eu d’autres condamnés à perpétuité, ils sont quatorze au total pour être plus précis, mais ces condamnés sont les plus connus du public. Par ailleurs, ont été condamnés à deux ans d’emprisonnement avec sursis :
- le commissaire Rakotovao Nambinintsoa (Nambininy)Â ;
- Richard Randrianarimanana, directeur adjoint de la sécurité présidentielle ;
- Randrianandraina Ralitera.
Au total, ils étaient 18 co-accusés qui ont comparu devant la cour criminelle.
Quant à Odilon Parfait, il a été relaxé au bénéfice du doute.
Me Joseph Breham
Peu satisfaits de cette sentence, certains membres de l’association des victimes du 7 février (AV7) songeraient à faire appel (le conditionnel est de rigueur). Maître Joseph Breham, avocat et maître de conférence associé en droit international pénal à l'université des sciences sociales de Toulouse (France) -qui défend les intérêts des victimes- entend, lui, amener l’affaire au-devant du TPI (Tribunal pénal international). Encore un énième épisode à attendre sur cette affreuse tuerie malgacho-malgache.
Rappelons que ce genre de tuerie a eu lieu en avril 1971 dans le Sud de la Grande île (révolte contre la famine menée par Monja Jaona, réprimée par le pouvoir Tsiranana et considérée comme une "jacquerie" par les médias français à l'époque); le 13 mai 1972 devant l’hôtel de ville d’Antananarivo (mouvement estudiantin pour la révision pour la malgachisation des cadres et récupéré par les politiques comme Manandafy Rakotonirina et son parti des "petits" ou MFM, contre le pouvoir Tsiranana); le 10 août 1991 aux abords du palais d’Iavoloha, dans la banlieue sud d’Antananarivo (lors d'une "Grande marche de la liberté" dirigée par le professeur Zafy Albert contre le pouvoir Ratsiraka) et le 7 février 2009, devant le palais d’Ambohitsorohitra. (volonté de tout un peuple d'y mettre en place Monja Roindefo, nommé Premier ministre sur la place du 13-Mai, contre le pouvoir Ravalomanana). Seul ce dernier carnage a donc fait l’objet d’un procès avec la condamnation du commanditaire et des bras armés. Ainsi, qu’on le veuille ou non, et malgré cette crise qui certains veulent faire perdurer, il y a tout de même une justice sur… terre.
Avec cette condamnation, la mouvance Ravalomanana n'a vraiment plus sa raison d'être. Comme la mouvance Rajoelina, d'ailleurs, depuis qu'Andry Rajoelina a décidé de ne pas se présenter aux prochaines élections présidentielles de la IVè future république de Madagascar. Il faudra donc raisonner en parlant de partis politiques. et non plus de mouvances La Communauté internationale, cheville ouvrière du fiasco de la réunion organisée par la Cnosc (Coordination nationale des organisations de la société civile) à Vontovorona en est-elle consciente ou bien la situation délétère actuelle lui convient-elle pour faire du "Tetezamita" (période transitoire) une "Tetezamihitatra" (littéralement : pont élastique, à rallonge) ?
Jeannot RAMAMBAZAFY – 28 août 2010, 9h30mn (heure de Madagascar)