A dr. : Joseph Gallieni et son digne héritier du « diviser pour régner », François Goldblatt
Décidément, il y a quelque chose qui cloche au niveau de la mentalité des intellectuels Malagasy. Ma proposition de referendum concernant la candidature de Lalao Ravalomanana, Didier Ratsiraka et Andry Rajoelina, a entrainé des réactions positives mais truffées de négativisme comme : « Ouais, mais les « vazaha » ne l’accepteront pas ; le collectif des 19 aussi… Ce n’est qu’une perte de temps… ». Pour ne citer que ce genre de défaitisme absolu avant toute réaction normale… Il me faut alors remonter le cours de l’Histoire pour comprendre le pourquoi de cette mentalité et pourquoi il faut cesser de penser de la sorte, une bonne fois pour toute que diable ! Et l'Union africaine n'est pas en reste, dans ce plan de recolonisation (CLIQUEZ ICI).
Le général Jacques Duchesne
Le 23 avril 1895, une colonne de 15.000 hommes militaires français, débarque à Mahajanga. Elle est dirigée par le général Jacques Duchesne. Il s’agit d’une seconde expédition, après l’échec d’une première. Direction Antananarivo. Peu préparés face au paludisme, près de 40% de cet effectif sont terrassés par cette maladie -dénommée depuis « Jeneraly Tazo », le vrai vainqueur en fait-.
C’est amputés de 5.765 éléments que ces militaires parviennent à Antananarivo où ils ne rencontreront AUCUNE RESISTANCE REELLE. En fait, un traître, Rasanjy -alors secrétaire du Premier ministre Rainilaiarivony-, avait fait courir le bruit que c’était toute une armée qui allait fondre sur la ville. Et, au premier coup de canon, le 30 septembre 1895, le drapeau blanc est hissé sur le toit du Palais de la Reine de Manjakamiadana. Adieu souveraineté nationale, adieu indépendance. Bonjour colonisation !
On connaît la suite. Mais depuis ce jour, la France n’a que du mépris pour des « indigènes » qui se sont rendus sans se battre (« resy tsy niady »). Le 27 septembre 1896, le général Joseph Gallieni arrive à Antananarivo pour entamer sa « pacification ». Ci-après un document très intéressant qui fait comprendre que le « combat » de l’ambassadeur François Goldblatt est le même que celui du général Gallieni :
Lettre du général Joseph Gallieni au naturaliste Alfred Grandidier :
« Tananarive, 25 octobre 1896,
Mon cher Monsieur Grandidier,
Je vous remercie beaucoup de votre aimable lettre. J’ai besoin, pour faire face à ma rude tâche, de l’encouragement de ceux, qui, comme vous connaissent si bien Madagascar et les difficultés de la situation actuelle. Comme je vous le disais précédemment, arrivant dans un pays qui m’était inconnu, au milieu de circonstances des plus critiques, j’ai commencé par être effrayé et par douter réellement que l’on pût tout remettre en place. Aujourd’hui, depuis 20 jours que j’ai pris la direction des affaires et que j’ai commencé à me rendre compte sur place de la situation, j’ai meilleur espoir et je pense que je parviendrai à nous sortir de la mauvaise passe où nous sommes. Mais nous ne pouvons espérer obtenir ce résultat en quelques jours, par suite des grosses fautes commises et de l’anarchie réellement extraordinaire que j’ai trouvée partout ici.
…L’Imerina a été divisée en centres militaires correspondant autant que possible aux districts indigènes ; à la tête de chacun d’eux se trouve un officier supérieur, ayant tous les pouvoirs civils et militaires, secondé par les autorités hovas, placées sous ses ordres. Pour contenir l’insurrection, une première ligne de postes a été établie à 15 kilomètres autour de Tananarive… Cela fait, nos postes se porteront en avant, de manière à élargir la zone pacifiée et à ne mettre une jambe en l’air que lorsque l’autre est bien assise. On arrivera ainsi peu à peu aux limites de l’Imerina. Même programme est adopté pour le Betsileo, avec Fianarantsoa comme centre.
Ce système vaut mieux que celui des colonnes mobiles poussées au loin qui avaient peu d’effet contre un ennemi aussi insaisissable que les Fahavalo. Dès qu’elles rentraient, ceux-ci revenaient sur leurs talons et massacraient les habitants.
En même temps, j’ai demandé au gouvernement malgache qu’il fallait qu’il change son attitude. J’ai conservé la reine, parce que Ranavalonana a sur les populations un réel prestige, que je compte utiliser. Mais j’ai prié le premier ministre de donner sa démission et j’ai traduit devant le conseil de guerre Rainandriamampandry, ministre de l’Intérieur, et le prince Ratsimamanga, oncle de la reine, contre lesquels il existait des preuves de culpabilité suffisantes : ils ont été condamnés à mort et fusillés le 15 octobre. De plus, j’ai exilé à Sainte Marie la princesse Ramasindrasana, tante de la reine. Les biens de tous ces personnages ont été confisqués. Enfin, tous les officiers, cadets de la reine, ont été envoyés dans les campagnes environnantes avec mission de rappeler les habitants, sous peine d’être rendus responsables, eux et leurs familles, des nouveaux troubles autour de Tananarive…
En dehors de l’Imerina, les instructions aux résidents et officiers sont différentes. Elles se résument en ceci : détruire l’hégémonie hova en constituant avec chaque peuplade un état séparé, administré par un chef nommé par nous et contrôlé par nous…
Telles sont les premières mesures prises et sur lesquelles je n’ai pas le temps de m’étendre plus longtemps. Par exemple, je ne me préoccupe, ni des textes, ni des règlements. Je vais droit au but général : ramener la paix ; franciser l’île et donner le plus grand appui possible à la colonisation française. Si je ne suis pas approuvé, je rentrerai… »
(in Lettres de Madagascar, page 14 - Société d’Editions Géographiques, Maritimes et Coloniales – Paris 1928)
Joseph Chailley
Dans une autre lettre du même général Joseph Gallieni, mais adressée à Joseph Chailley, secrétaire général de l’Union Coloniale (groupe de pression colonial), le 6 février 1899, il reconnait ceci :
« Avec les indigènes de nos colonies, que nous ne tenons qu’avec des forces européennes insuffisantes, il faut toujours, sinon être, du moins paraître les plus forts. Le jour où cette conviction n’existe plus dans leur esprit, surtout à Madagascar, où nous avons contre nous tant d’éléments d’opposition, Anglais, Mauriciens, Indiens, Arabes, les habitants se soulèvent, surtout à l’origine de toute nouvelle conquête ».
François Goldblatt carnassier, le 14 juillet 2013
Arrivé donc dans un pays qui lui est totalement inconnu, -la fameuse « énigme malgache » de Goldblatt, qui a aussi débarqué pour la première fois à Madagascar en janvier 2013-, Gallieni va faire fi de la loi, assuré qu’il sera couvert par le régime de Félix Faure. Il fusille Rainandriamampandry, ministre de l’Intérieur, et le prince Ratsimamanga, oncle de la reine Ranavalona III -ayant un « réel prestige sur les populations »- qui sera déportée en Algérie dans un premier temps. Ce sont les symboles de l’unité nationale Malagasy. Puis, il déclare franchement qu’ « Avec les indigènes de nos colonies, que nous ne tenons qu’avec des forces européennes insuffisantes, il faut toujours, sinon être, du moins paraître les plus forts ».
Les trois candidats dont la France a peur mais que le peuple Malagasy a le droit fondamental de choisir
En faisant une transposition sur le 14 juillet 2013, qu’a fait François Goldblatt qui se veut respectueux des lois… malgaches, maintenant ? Ayant rameuté tous les Rasanjy de notre époque, il a rabaissé sans coup férir le prestige réel du Président de la Transition, Andry Rajoelina, sur les populations. Même s’il ne l’a pas nommé explicitement. Mais contrairement à Gallieni qui avait des troupes sous ses ordres, Goldblatt table sur la traîtrise des Rasanjy et le comportement de ces vaincus sans combattre pour réussir son coup, avec l’aval de François Hollande tout à fait d’accord, même s’il n’a jamais fait allusion à Madagascar dans son interview du jour. Rasanjy, je le rappelle, a obtenu de Gallieni, le poste de gouverneur général de l’Imerina…
Il est temps de couper, de casser cette mentalité du vaincu qui n’a pas combattu qui consiste à toujours se chercher des excuses et reporter la faute aux autres. L’heure est réellement grave car la Grande île se trouve au tournant de son histoire. Je m’adresse dont au Président Rajoelina : ne vous laissez pas influencer par un entourage qui a conservé cette mentalité, ni intimider par des pays comme la France qui veut paraître forte sans l’être réellement. Comme au temps révolu de Gallieni. Au grave problème actuel, il n’y a qu’une seule et unique solution : organiser un referendum, outil de démocratie directe par excellence. Le peuple a le droit de donner son avis et vous le devoir de le lui permettre. Aucun état, aucune entité, même l’ONU, ne peut vous empêcher de le faire, au nom de cette souveraineté nationale retrouvée le 26 juin 1960.
Et que le questionnaire reste le suivant :
ACCEPTEZ-VOUS QUE LES TROIS CANDIDATS, LALAO RAVALOMANANA, DIDIER RATSIRAKA, ANDRY RAJOELINA, PUISSENT SE PRESENTER A LA PROCHAINE ELECTION PRESIDENTIELLEÂ ?
C’est sur la base du résultat -quel qu’il soit- que sera établi un nouveau calendrier électoral. C’est surtout le moment où jamais de démontrer à cette France à nouveau socialiste, que les « indigènes » peuvent se réveiller. Qu’ils peuvent inverser le cours de leur Histoire pour écrire eux-mêmes la leur. La balle est réellement dans votre camp, Monsieur le Président de la Transition. C’est le moment de mettre en pratique ce patriotisme tant répété. « HO AN’NY TANINDRAZANA ». Et rappelez-vous : nombreux sont les Rasanjy d’aujourd’hui qui vous ont côtoyé, qui connaissent vos faiblesses.
Les Présidents socialistes français. De g. à dr.: François Miterrand, Vincent Auriol, François Hollande. Sur eux planent la répression de 1947-1948 à Madagascar; l'assassinat du Président Burkinabé, Thomas Sankara (le 15 octobre 1987); la mise à l'écart pure et simple du Président de la Transition, Andry Rajoelina, avec les Rasanjy modernes et l'Union africaine, via le GIC-M dirigé par le Mozambicain Joachim Chissano.
En passant, je tiens ici à faire une précision. Lorsque je fais allusion à La France, je parle des régimes socialistes et non des Français en général. Car tous les Français ne sont pas socialistes. C’est sous Vincent Auriol qu’ont eu lieu les répressions de 1947-1948 à Madagascar. C’est sous François Mitterrand que le Président Thomas Sankara a été assassiné. C’est sous François Hollande que François Goldblatt se permet un discours de colonialiste aidé par des traîtres.
En prime, ci-après, les photos des Rasanjy (politiciens) du 14 juillet 2013 à la résidence de France à Ivandry. Aucun n’est venu honorer le 26 juin 2013, FETE NATIONALE MALAGASY. Au moins à Mahamasina, avec le peuple. Et çà prétend devenir président de la république de Madagascar ! Avec le drapeau bleu-blanc-rouge comme en 1895 alors ?
Â
Ratrema William, directeur d'école, démontrant la manière de pratiquer le "patriotisme universel"...
Ny Hajo Andrianainarivelo
Tsilavina Ralaindimby (pas politicien?) précédent Raharinaivo Andrianatoandro, de face tout sourire dehors
Pierrot Rajaonarivelo et Camille Vital le franco-malgache (à moitié pardonné). Au fond, à droite, grimaçant, le fort en gueule Voninahitsy Jean Eugène
A droite, Clément Ravaloson
Ny Rado Rafalimanana, présence obligée. A droite, Lahiniriko Jean
Laza Razafiarison, au centre. C'est vraiment la première fois qu'il met les pieds à la Résidence de France, de toute sa vie. Une proie de choix pour la philosophie de Gallieni: "diviser pour régner". Un candidat qui n'a aucune chance mais à qui on fait croire le contraire en le soutenant...
Au centre, Alain DjacobaTehindrazanarivelo visage très fermé lors du discours de Goldblatt
Patrick Rajaonary, noeud papillon à pois, au milieu du couple français -suivi de Béatrice Atallah-, se pose des questions... A droite -au milieu de Michel Domenichini R. (cache-nez blanc) et Noro Joséphine Ramamonjiarison-, Jean-Louis Robinson. Au centre, en lunettes blanches, Solofo Rasoarahona
De face, le général Ratrimoarivony
Guy Maxime Ralaiseheno (simple "supporter" pour le... Fair Play?)
Hajo Andrianainarivelo "en famille", comme un poisson dans l'eau, alors que tout le monde est parti
Dossier de Jeannot Ramambazafy – 17 juillet 2013