Rasanjy « mpamadika tanindrazana » en 1890
Dans son livre « Chez les Hovas, au pays rouge » (Paris 1898), Jean Carol, dit de Rasanjy que « c’était un homme sans scrupules, prêt à tout pour servir les intérêts de la France au détriment de son pays ».
De son côté, Pierre Boiteau, dans son livre « Constribution à l’histoire de la nation malgache » (Paris 1958), écrit : « Alors qu’il était le secrétaire de Rainiliarivony (Ndlr : Premier ministre de l’époque), le « prince » Rasanjy avait rassuré les Français par son dévouement ».
Les « exploits » de Rasanjy, qui perdure de nos jours.
1895. A l’approche de l’arrivée des troupes militaires françaises ayant débarqué à Mahajanga, et dont le ¼ a été décimé par le paludisme, le « prince » Rasanjy, dans les salons, vante les bienfaits du collège dirigé par le pasteur Lauga. « On y enseigne les idées françaises ! », clame-t-il. On comprend mieux alors pourquoi il n’y eut pratiquement aucune résistance lorsque le général Jacques Duchesne arriva à Antananarivo avec ce qu’il restait de sa troupe.
Dès son arrivée, Joseph Gallieni avait discuté en aparté avec Rasanjy pour lui faire part de ses intentions. Il fallait trouver un prétexte pour condamner à mort, Rainandriamampandry, ministre de l’Intérieur, Ratsimamanga, oncle de la reine, et la reine elle-même ! Gallieni cherchait aussi quelqu’un qui l’aiderait à éliminer les Menalamba. Pour cela, il était prêt à donner une forte récompense. La suite ? Rainandriamampandry et Ratsimamanga furent fusillés, les chefs Menalamba tués ou faits prisonniers, la reine Ranavalona III mise en exil à Alger et Rasanjy promu Gouverneur général de l’Imerina, en février 1897.
« Sous son mandat, des centaines de gouverneurs, de pasteurs, de notables furent accusés de rébellion, fusillés ou emprisonnés. Cette purge avait eu lieu en dehors de tout contrôle central et fut un prétexte à des règlements de compte locaux. Rasanjy, en tant que chef de l’administration indigène, avait pouvoir de vie et de mort sur ses subordonnés, et cela dura tant que les commandants français furent disposés à prêter l’oreille à ses accusations de complicité avec l’insurrection » (Source : Stephen Ellis, 1990, in « Complot colonial à Madagascar : l’affaire Rainandriamampandry »).
Comment Madagascar a perdu sa souveraineté et son indépendance.
Palais de la Reine de Manjakamiadana, mi-août 1896. La reine Ranavalona III était en train de discuter avec son confident Ratsimihaba, sur la condamnation de Rainandriamampandry et Ratsimamanga. Elle exprimait son chagrin et maudissait le traître qui les avait vendus. Soudain, le commandant Gérard se fait annonce pour demander une audience au général Gallieni qui fait irruption, sans aucune gêne, sans aucun respect pour la reine. Il est suivi par Rasanjy… Il fait lire au commandant Gérard, la loi d’annexion qui stipule notamment que : « tous les drapeaux malgaches seront remplacés par des drapeaux français et que l’esclavage était aboli ». Après cette annexion, ce fut la colonisation pure et simple. Fin de la souveraineté nationale et de l’indépendance de Madagascar jusqu’au 26 juin 1960.
Autre « exploit » peu connu de Rasanjy.
« Quelques jours après le départ de la reine, Rasanjy, accompagné de notables, tous manipulés par Gallieni, demandèrent officiellement aux autorités coloniales que la fête nationale du Bain de la Reine, le « Fandroana », soit remplacée par celle du 14 juillet et que les ancêtres royaux dormant dans les sépultures du Rova d’Ambohimanga soient transférés à Tananarive. L’objectif de Gallieni était d’empêcher les éventuels rassemblements patriotiques près d’Ambohimanga, à 25 kilomètres de Tananarive. Le dimanche 14 mars 1897, Rasanjy, accompagné de quelques dignitaires de castes autorisés à toucher les reliques royales et de quatre fonctionnaires français, s’occupa de l’exhumation des ancêtres royaux, sous la protection des soldats du poste d’Ambohimanga ». (Source : Christian Dumoux, in « Une enfance malgache », 2005). Attention Rasanjy avait un alter ego : le prince Ramahatra…
Les nouveaux Gallieni et Rasanjy en 2013.
En transposant sur ce qui se passe actuellement (juillet 2013) à Madagascar, cela donne ceci. Au moment où la crise arrive à son terme par l’annonce de 41 candidats pour la prochaine élection présidentielle qui permettra le retour à l’ordre constitutionnel et l’entrée dans la IVè république, le 3 mai 2013, voilà que la France surpasse la Sadc dans les décisions à prendre et demande que trois candidats soient exclus. Déjà , elle applique des « sanctions » puériles à ces candidats et aux membres de leur famille : pas de visa Schengen pour aller à Par(…ad)is. Or, les membres de la Communauté internationale étaient présents, le 8 mai 2013, pour le tirage au sort de numéro qui apparaîtra en ordre sur le bulletin unique. Entre-temps, un « collectif » de candidats est mis en place.
Avant le 14 juillet 2013, voilà que débarque une mission du GIC-M, dirigée par le mozambicain Joachim Chissano. Mission : demander aux trois candidats de se retirer. Ce sera de l’argent des contribuables africains jeté par la fenêtre. Le 14 juillet, fête nationale française, l’ambassadeur évite les Malagasy réalistes comme moi et invite tous les autres candidats devenus des Rasanjy en puissance. Son discours ne va pas arranger les choses mais, bien au contraire, mettre de l’huile sur le feu d’un nationalisme toujours enfoui au plus profond de tout Malagasy qui se respecte :
« Mesdames et Messieurs les candidats à l’élection présidentielle », est la phrase qui débute ce discours. Puis, François Goldbatt va aller d’accusations en affirmations gratuites, tel un commandant Gérard au service d’un Gallieni Hollande. Le 17 juillet 2013, l’Union africaine publie un « aide-mémoire » ordonnant une infâmie pire que le remplacement des drapeaux malgaches par des drapeaux français.
Les actions figurant aux points 1, 2 et 3 ci-dessous doivent nécessairement être accomplies avant le 31 Juillet 2013.
1. Promulgation par le Président de la Transition d’une Ordonnance pour amender le Code électoral en vue de permettre aux candidats à l’élection présidentielle qui le souhaitent de retirer volontairement leur candidature. Un tel retrait volontaire produit ses pleins effets juridiques, notamment par l’élimination des candidats concernés de la liste des candidats et des bulletins de vote. L’Ordonnance devrait contenir une disposition aux termes de laquelle tout candidat faisant une déclaration de retrait volontaire aura la possibilité de présenter, à titre exceptionnel et dans l’intérêt du pluralisme démocratique et électoral, un candidat de substitution dont la Cour Électorale Spéciale prononcera l’inclusion dans la liste des candidats si ledit candidat remplit les conditions légales pertinentes.
2. Promulgation par le Président de la Transition d’une Ordonnance portant réforme et restructuration de la Cour Électorale Spéciale pour en garantir l’impartialité et la neutralité, ainsi que pour en rehausser la représentativité et l’indépendance, y compris par rapport à la Haute Cour Constitutionnelle, en renouveler la composition et en préciser les règles de fonctionnement.
3. Annonce par le Président de la Transition, M. Andry Rajoelina, de manière unilatérale et non-conditionnelle, de sa décision de retrait volontaire de sa candidature à l’élection présidentielle devant consacrer la restauration de l’ordre constitutionnel à Madagascar.
Referendum : solution patriotique et pacifique.
Face à cela, j’ai proposé d’organiser un référendum national sur la question des candidatures. Et voilà que se manifestent tous les Rasanjy avec la même phrase que celui-ci a prononcée, en 1895 : le Fanjakana malgache est fini. Petite variante : il vaut mieux qu’Andry Rajoelina signe sa reddition parce que les généraux UA et CI vont appliquer des "sanctions ciblées et robustes". C’est encore mieux que les « mesures énergiques » de Gallieni, n'est-ce pas ? Et pour mieux diaboliser le bloqueur d’élection (en l’occurrence donc le Président de la transition), d’autres Rasanjy envisagent, chacun de leur côté, des descentes de rue à Antananarivo. Avec l’approbation de François Goldblatt Hollande Gallieni qui, de sa résidence d’Ivandry, prie pour que des clashes se produisent, afin d’envoyer un nouveau général Duchesne. Je ne cesserai de rappeler que la politique du « diviser pour mieux régner » de Joseph Gallieni est simple : il faut séparer les Malgaches pour créer une confusion.
Les Rasanjy se situent partout...
Il n’y a qu’une et unique solution pacifique pour stopper ce complot de ce mois de juillet 2013: l’annonce du referendum que j’ai suggéré. Le temps n’est plus aux palabres stériles ni aux procès d’intention mais à l’action. Après, il sera trop tard, tant qu’il y aura des Rasanjy… Car c’est l’avenir immédiat de Madagascar mais ce n’est plus une question de mouvances ou de vils marchandages pour faire plaisir à untel ou à un autre. La Nation Malagasy est réellement en danger et les Rasanjy se situent partout où soif d’argent, de pouvoir, d’honneur et de gloire persiste.
Les Rasanjy du 14 juillet 2013 à la résidence de France, Ivandry Antananarivo
Ratrema William, directeur d'école, démontrant la manière de pratiquer le "patriotisme universel"...
Ny Hajo Andrianainarivelo
Tsilavina Ralaindimby (pas politicien?) précédent Raharinaivo Andrianatoandro, de face tout sourire dehors
Pierrot Rajaonarivelo et Camille Vital le franco-malgache (à moitié pardonné). Au fond, à droite, grimaçant, le fort en gueule Voninahitsy Jean Eugène
A droite, Clément Ravaloson
Ny Rado Rafalimanana, présence obligée. A droite, Lahiniriko Jean
Laza Razafiarison, au centre. C'est vraiment la première fois qu'il met les pieds à la Résidence de France, de toute sa vie. Une proie de choix pour la philosophie de Gallieni: "diviser pour régner". Un candidat qui n'a aucune chance mais à qui on fait croire le contraire en le soutenant...
Au centre, Alain DjacobaTehindrazanarivelo visage très fermé lors du discours de Goldblatt
Patrick Rajaonary, noeud papillon à pois, au milieu du couple français -suivi de Béatrice Atallah-, se pose des questions... A droite -au milieu de Michel Domenichini R. (cache-nez blanc) et Noro Joséphine Ramamonjiarison-, Jean-Louis Robinson. Au centre, en lunettes blanches, Solofo Rasoarahona
De face, le général Ratrimoarivony
Guy Maxime Ralaiseheno (simple "supporter" pour le... Fair Play?)
Hajo Andrianainarivelo "en famille", comme un poisson dans l'eau, alors que tout le monde est parti
Dossier de Jeannot Ramambazafy – 20 juillet 2013