Paris, 14 juillet 2013. Une photo de victoire tranchant avec les réalités sur le terrain. De g. à dr. : Ban Ki-Moon, Sg de l’Onu; le président français, François Hollande, et le président malien « par intérim », Diacounda Traore se congratulant ; Abdou Diouf, Sg de l’OIF
Quatre agents électoraux et un élu de Tessalit, tous de nationalité malienne ont été enlevés ce samedi 20 juillet 2013, par des hommes armés dans cette localité. Voilà les révélations émanant du gouvernorat de Kidal, au nord du Mali. Ces agents organisaient la distribution des cartes d’électeurs pour le premier tour de la présidentielle prévu le 28 juillet 2013, selon les désirs de François Hollande.
Du coup, même si l’identité des preneurs d’otages n’a pas encore été découverte, le doigt est pointé sur le Mouvement national de libération de l'Azawad, rébellion touareg (MNLA). Or, le 18 juin 2013, un accord a été signé à Ouagadougou, au Burkina Faso (tiens ?), entre les autorités maliennes, le MNLA, et un autre groupe armé touareg. Par cet accord, les hommes du MNLA pouvaient se cantonner dans la ville de Kidal, encadrés par 150 soldats maliens. Ainsi, l’espoir du retour de l’administration pourrait se réaliser. Ben, apparemment, ce n’est pas très au point.
Des militaires maliens qui ont ouvert la marche lors du défile de ce 14 juillet 2013, sur les Champs-Elysées à Paris. Cette image a-t-elle déclenché un « déclic vengeur » chez certains patriotes maliens qui se sont sentis trahis ?
Ce qui est sûr, c’est que ces enlèvements à Tessalit surviennent peu après des affrontements violents entre Touaregs et Noirs dans la ville de Kidal. Bilan officiel: quatre morts, plusieurs blessés, pillages et incendies. Il ne saurait donc s'agir de "cas isolés" à minimiser. Alors, c’était bien la peine d’inviter Dioncounda Traore, président « par intérim », et des militaires maliens à défiler, pour fêter la victoire -plutôt française-, le 14 juillet 2013 sur les Champs-Elysées où François Hollande a été hué ? Le président français, qui est allé bien vite en besogne, va-t-il s’entêter pour cette élection qui n’apportera pas du tout la paix, vu les derniers « rebondissements » violents et sanglants, ou alors fera-t-il marche arrière pour un report, afin d’affiner cette sempiternelle question de réconciliation ? Qui survivra verra.
Extraits du discours diplomatiquement incorrect de l’ambassadeur François Goldblatt, le 14 juillet 2013 à Ivandry : « (…) une démarche de maintien indéfini au pouvoir ne peut servir de socle pour la construction, l’affermissement et l’épanouissement d’une nation (…). Loin de cette bataille stérile dépourvue de réelle ambition pour le pays, Madagascar mérite une vision programmatique moderne, englobant le champ du politique, de l’économique, du social et du culturel, et non un étalage des mauvaises raisons pour lesquelles ceux qui ont régné un jour doivent continuer, pour l’éternité, à imposer leur personne ou leur dynastie (…) ». Lorsque Blaise Compaore, qui a assassiné son ami le Capitaine Thomas Sankara au pouvoir, est président Burkinabe depuis 26 ans, la France applaudit. Lorsque le fils d’Omar Bongo, Ali Bongo devient président du Gabon, c’est normal pour la France. Ali, lui, avait le droit de se présenter, n’est-ce pas ? Comment s’est perpétuée la dynastie des Duvalier d’Haïti déjà  ?
Forcingue Rambhollande
(photo vue sur http://berdepas.wordpress.com)
Concernant Madagascar, en tout cas, le même François Hollande sera le premier responsable des troubles qui surviendront, si tous les 41 candidats, sans exception, ne peuvent se présenter pour la prochaine élection présidentielle. C’est lui qui a mis le GIC-M sur la voie des sanctions « ciblées et robustes » qu’appliqueront SADC, l’UA et la Communauté internationale si « l’élimination des candidats concernés de la liste des candidats et des bulletins de vote » n’est pas effective. C’est cette politique française subite de l’exclusion qui mettra le feu aux poudres. Mais il apparaît que c’est voulu, sur la base du « diviser pour régner » du général Gallieni. Il faut séparer les Malgaches pour créer une confusion (qui profitera à la France et aux intérêts financiers internationaux). A moins que le Président de la transition Andry Rajoelina permette au peuple malagasy donner son avis à travers un referendum national sur la question.
Jeannot Ramambazafy – 21 juillet 2013