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Madagascar: la règle de l’homme y sévit toujours et les choses peuvent mal tourner

Le candidat n°3, Hery Rajaonarimampianina, a trompé le monde entier

En 2013, avec le retour à l’ordre constitutionnel à travers des élections au suffrage universel, Keiko Kubota, économiste senior de la Banque mondiale, avait rédigé une série de notes de politique pour Madagascar 2014. L’élection de l’ancien ministre des Finances, Hery Rajaonarimampianina, allait annoncer un avenir radieux pour le pays et son peuple. Cela, en se basant sur les promesses émises lors du discours d’investiture du 25 janvier 2014. Hélas, nous avons tous voulu chasser le naturel (des politocards malgaches) mais il est revenu au galop. La règle de l’homme a repris le dessus sur la règle de droit, malgré des pronostics encourageants prononcés auparavant. Le travail de Keiko Kubota est excellent, réaliste et réalisable et même optimiste. Ce qui ne l’a pas empêché d’écrire à la fin de ses notes : L’histoire du pays est un témoignage que les choses peuvent mal tourner, malgré toutes les promesses.

Avant de vous offrir des extraits du travail de Keiko Kubota, voici les étapes de cette règle de l’homme remise au goût du jour par Hery Rajaonarimampianina, président élu pour cinq ans, et son entourage. Et effectivement, « les choses peuvent mal tourner, malgré toutes les promesses ».


25 janvier 2014, stade municipal de Mahamasina

« Devant Dieu, Créateur de la Nature, la Nation et le Peuple, je jure d’accomplir de long en large et dans le respect de la vérité, les devoirs qui m’incombent, en tant de Président de la Nation malgache. Je jure d’utiliser tous les pouvoirs qui me sont conférés, et de donner le meilleur de moi-même, pour défendre et renforcer l’unité nationale et les droits de l’Homme. Je jure de respecter et de protéger, comme la prunelle de mes yeux, la Constitution et les lois en vigueur, dans la recherche continuelle du bien pour le peuple malgache sans distinction ».

Les Députés Mapar, majoritaires à l'issue de la proclamation officielle des résultats par la CES (Cour électorale spéciale), le 6 février 2014

Article 54 de la Constitution de la IVème république de Madagascar, premier alinéa :

Le Président de la République nomme le Premier ministre, présenté par le parti ou le groupe de partis majoritaire à l'Assemblée nationale.

Rappelons que, de par cette Constitution adoptée par voie référendaire en 2010, Madagascar est un régime semi-parlementaire. A l’issue des élections législatives, jumelées au second tour de la présidentielle, c’est l’entité MAPAR qui a compté le plus de députés élus. Le 24 février 2014, Haja Resampa avait été présenté par ce groupe.

Entre-temps, respectant à la lettre l’esprit de la loi, les membres du nouveau bureau permanent de l’Assemblée nationale ont été élus, le 19 février 2014, de manière tout à fait démocratique. Tout cela avait été validé par la Haute cour constitutionnelle (HCC) présidée alors par Jean Michel Rajaonarivony.

Les trois complices de la régression, siégeant sans état d'âme à la HCC

Plutôt que de respecter la Constitution, selon la règle du droit, le nouveau président a préféré effectuer des voyages à l’extérieur plutôt que d’aller dans les régions pour remercier ses électeurs et le peuple tout entier. Mais au pays, a commencé des démarches qui ne lui feront jamais honneur. Une plateforme de la majorité présidentielle (PMP) est créée. But : inverser la majorité en achetant carrément les députés élus « indépendants ». Puis, le président limoge inconstitutionnellement M. Rajaonarivony et nomme trois nouveaux membres de la HCC sur son quota légal. Or, l’article 166 de la Constitution est clair:

Jusqu'à la mise en place progressive des Institutions prévues par la présente Constitution, les Institutions et les organes prévus pour la période de la Transition continuent d'exercer leurs fonctions.


Présidence de l'Assemblée nationale. Battu de manière tout à fait démocratique -69 voix contre 77- par Christine Razanamahasoa (à droite), le 18 février 2014, Jean Max Rakotomamonjy (à gauche) est "élu" à 100% sans adversaire, le samedi 3 mai 2014. Le schéma sera le même le lendemain, dimanche 4 mai 2014, pour les nouveaux membres du Bureau dont Me Hanitra Razafimanantsoa, pro-Ravamomanana, (extrême-gauche) qui avait présent le sieur Jean Max sous les couleurs d'une PMP tout à fait inconstitutionnelle. Jean de Dieu Maharante, député Mapar qui a présenté Mme Razanamahasoa, choisira, par la suite, d'être ministre de la Fonction publique du gouvernement Kolo Roger. Illustration personnifiée de la règle de l'homme... Et toutes ces manigances ont été entérinées par une HCC que personne ne peut juger. Pour le moment...

Le Sénat et la Haute cour de justice n’étaient pas encore mis en place. Qu’importe pour le nouveau président élu : pour résumer, la HCC bancale rejette la validation initiale, et accepte légalement de nouvelles élections de membres du bureau permanent de l’Assemblée, effectuées un samedi et un dimanche (3 et 4 mai 2014). Tous seront élus à 100% sans concurrents, dont Jean Max Rakotomamonjy pourtant concurrent battu à l’élection du 19 février ! Et la majorité émane des députés issus de concurrents à la présidentielle. Exit Christine Razanamahasoa et le Mapar. Après ce coup de force, il ne restait plus qu’à choisir Kolo Roger comme Premier ministre, trois mois après son investiture.


On connait la suite. Aucune des promesses présidentielles n’a été tenue. Bien au contraire, le régime a démontré sa « force » en emprisonnant des journalistes, en devenant de plus en plus hautain, élargissant le fossé entre lui et le peuple. Publication de décrets anti-démocratiques comme l’article 20 de la loi anti-cybercriminalité pour ne citer que ce seul exemple. Pendant ce temps, le trafic de bois de rose s’est amplifié, l’insécurité a redoublé d’intensité, comme les délestages qui se sont étendus sur l’ensemble du territoire. Par ailleurs, l’accaparement de terrains par de puissants groupes étrangers est devenu infernal, et la pression fiscale s'est abattue atrocement sur le secteur formel, avec les directives du FMI comme excuse et en toute « légalité ».


29 mai 2014, hôtel Carlton Anosy. Présentation du parti Hvm, composé de plusieurs membres du gouvernement, dont le Premier ministre Kolo Roger.

Voilà le bilan abrégé de dix mois d’exercice du pouvoir par l’ancien ministre des Finances et du Budget, candidat n°3 par défaut, par substitution. Et, en ce mois d’octobre 2014, les députés, menaçant pour la troisième fois le Premier ministre Kolo Roger, d’une motion de censure, ont été achetés (entre 2,5 et 25 millions d’anciens francs) pour qu’il reste. Plus encore, le parti Hvm (« Hery Velona ho an’i Madagasikara ») est devenu majoritaire à l’Assemblée alors qu’il n’existait même pas lors des élections et n’a donc aligné aucun candidat en décembre 2013. Vive la règle de l’homme ! La somme de tous ces faits exacts et véridiques indique que Madagascar est, actuellement, une république bananière dirigé par un régime ploutocrate, à la merci de la moindre saute d’humeur de ces députés anti-patriotiques. Aussi, Keita Kubota était dans le vrai en écrivant, à la fin de ces notes : L’histoire du pays est un témoignage que les choses peuvent mal tourner, malgré toutes les promesses.

Ainsi, qu’on le veuille ou non, Madagascar est l’épicentre d’une instabilité politique perpétuelle engendrée par le nouveau président élu lui-même et son entourage immédiat. Le pire est que personne, aucune entité ne dit rien. Plus exactement ne peut rien faire contre toutes ces exactions à l’encontre du peuple malgache tout entier : Hcc, hommes de loi, Bianco, société civile, l’Eglise (toutes croyances confondues), Ong, Communauté internationale, éducateurs, journalistes… Tout simplement parce qu’il a été élu au suffrage universel.

André Beaumont, Président de la CCIFM et Représentant d'UBIFRANCE à Madagascar

Que peut-on y faire sinon constater ? Pour le moment. Comme André Beaumont : « on voit bien que transition ou pas, rien ne change. La misère remplace l’extrême pauvreté et Madagascar sombre ». Couper les vivres ? Mais si les bailleurs de fonds le font, c’est tout un peuple qui sera en danger. Le drame est réellement cornélien. Car paradoxalement, le régime actuel attend ces sous pour démarrer quelque chose. Mais comme il s’assied carrément sur la Constitution et les lois en vigueur, assuré de l’impunité totale, Madagascar est très mal reparti et ses richesses seront toujours mal réparties. Où est LA solution à ce drame, car ces personnes, qui ont pris goût au pouvoir et aux richesses mal acquises, avec des complicités indéniables, ne s’amélioreront pas du tout ? En tout cas, rien de ne sert de vouloir changer la Constitution si les dirigeants ne l’appliquent pas à la lettre. Et l’embrouillamini est complet avec la remise au goût du jour de la Feuille de route de la transition, en parallèle.

En attendant je-ne-sais-vraiment-plus-quoi, pour votre information et votre culture, voici des extraits du travail exceptionnel de Keiko Kubota, indiquant, malgré tout ce qu’on dit, que la Banque mondiale œuvre réellement pour un monde sans pauvreté.

Jeannot Ramambazafy – 26 octobre 2014

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OPPORTUNITES ET DEFIS POUR UNE CROISSANCE INCLUSIVE ET RESILIENTE

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Recueil de notes de politique pour Madagascar 2014 par Keiko Kubota

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EXTRAITS

Madagascar est un pays doté de nombreux avantages: une biodiversité inégalée, un grand potentiel pour l’agriculture, des ressources minérales et une main-d’œuvre abondante. Avec une complémentarité assurée entre capital physique et humain, ainsi qu’une bonne gouvernance, il serait un pays prospère. En effet, Madagascar a montré sa capacité à être performant lorsque ses ressources sont déployées de manière efficace, mais ces périodes ont été ponctuées de crises politiques récurrentes. Les perturbations ont laissé la majorité de la population vivant sous le seuil de l’extrême pauvreté. C’est une tâche urgente pour la nouvelle administration de mettre en œuvre des politiques pour inverser le cours de l’accroissement de la pauvreté.

Ayant émergé d’une longue crise politique de cinq années, le pays a besoin de reprendre le chemin de la croissance, car la redistribution seule ne peut pas apporter la prospérité à la majorité de la population dont les trois quarts vivent en dessous de la pauvreté absolue. Toute reprise économique sera bénéfique pour de nombreuses personnes, mais nous nous faisons l’avocat en faveur de politiques qui visent à rendre la croissance inclusive partout où cela sera possible. Le large partage des dividendes de la prospérité est un moyen de réduire la fragilité qui a frappé le pays depuis l’indépendance, parce qu’il donne un enjeu dans la poursuite de la stabilité et une croissance bénéficiant à un plus grand segment de la population. L’économie a aussi besoin de travailleurs et des consommateurs en bonne santé disposant de pouvoir d’achat (…).

Un changement dans la gouvernance passant de la «règle de l’homme» à la «règle de droit» nécessite de nombreux ingrédients, dont l’un est la concurrence avec un terrain de jeu uniforme dans divers domaines économiques et politiques. Les règles doivent être claires, s’appliquer de manière égale à tous, et devraient être mises en place à travers des débats des parties prenantes. La bonne gouvernance permet au pays de tirer le meilleur parti des ressources disponibles. Elle inspire aussi la confiance chez les investisseurs, ce qui stimulera de meilleurs rendements pour les ressources disponibles. Et surtout, la bonne gouvernance est de nature à contrecarrer les tendances historiques de Madagascar selon lesquelles la prospérité croissante déclenche des crises (…).


L’élaboration d’une stratégie de lutte contre cette situation est une tâche urgente pour le nouveau gouvernement, et cette collection de notes de politique est conçue dans ce sens pour servir de base de discussion au niveau des parties prenantes. La collection ne constitue pas une stratégie, car elle ne priorise pas les besoins concurrents et elle ne quantifie pas les coûts des réformes-. Bien que les recommandations ne soient pas contradictoires, il est presque certain qu’elles ne peuvent pas toutes être réalisées dans la première année ou même dans le premier mandat de la nouvelle administration. En effet, peu de réformes nécessitant d’importantes nouvelles dépenses sont réalisables dans l’avenir proche, étant donné la rareté des ressources publiques (Figure ci-dessus).

Accumulation du capital physique.

La formation de capital fixe à Madagascar n’a pas suivi un chemin lisse, en partie parce qu’elle a toujours dépendu de sources étrangères (privées et publiques) pour les investissements importants, et pour lesquels elle n’a pas un contrôle total, et en partie parce que ces investissements ont été perturbés par des crises politiques récurrentes. La plus récente période de troubles à Madagascar a coïncidé avec un ralentissement économique mondial, qui a fait qu’il était particulièrement difficile pour les activités économiques, en particulier celles impliquant la planification à long terme. Le pays doit également surmonter des obstacles naturels, tels que sa superficie (environ 587000 km², un peu plus grand que la France), avec un relief difficile, tout en étant un pays insulaire situé loin des grands partenaires commerciaux et des centres de transport.

Le secteur de l’électricité de Madagascar n’a pas rempli sa fonction de locomotive pour les activités économiques.


L’accès à l’électricité était de 14 pour cent de la population en 2010, inférieur à celui de plusieurs pays de comparaison (Figure ci-dessus), et est estimé avoir diminué depuis. Les nouveaux branchements sont rationnés et lents, augmentant à un taux d’environ 1 point de pourcentage par an. La situation financière de la JIRAMA, la société d’État d’électricité et d’eau, s’est détériorée entre 2010 et 2013 en raison de la baisse de son efficacité opérationnelle, de son incapacité à percevoir les frais pour couvrir les coûts, et de la hausse des prix des intrants, principalement du carburant importé (Ndrl : L’actuel président, Hery Rajaonarimampianina, était ministre des Finances et du Budget). Par conséquent, la JIRAMA compte sur les subventions étatiques pour payer les factures de carburant, la location de groupes électrogènes et les achats d’énergie auprès de producteurs privés d’électricité, ajoutant des pressions budgétaires sur l’État déjà en manque de ressources. Le gouvernement pourrait réduire les dépenses inutiles en faisant revivre les initiatives bloquées pour le développement du secteur de l’électricité, y compris la réforme de la JIRAMA, et en s’orientant vers la production d’énergie hydroélectrique, à l’écart de la production à base de carburants importés.

Profiter pleinement de la dotation en ressources naturelles, de manière inclusive.

Pour renverser la tendance, l’économie de Madagascar doit croître plus vite que la population, et ceux qui vivent en dessous du seuil de pauvreté doivent recevoir de façon accrue les bénéfices de la croissance (…).


Les activités du secteur privé dans les industries basées sur les ressources naturelles ont été moins touchées directement par la crise politique, mais n’ont pas réalisé leur potentiel principalement parce que la gouvernance du secteur est à la traîne. Heureusement, Madagascar n’a pas beaucoup souffert jusqu’à présent de la «malédiction des ressources» ou du «syndrome hollandais», en partie parce que sa base de ressources est diversifiée (Figure ci-dessus). Ces problèmes pourraient être une possibilité dans le futur si, par exemple, l’exploitation minière industrielle s’installait ou que de grands dépôts pétroliers étaient découverts avant que des institutions solides ne soient en place. Toutefois, les préoccupations plus immédiates concernent l’insuffisance de la gouvernance pour permettre au pays de partager équitablement les bénéfices de ses richesses à tous les Malagasy des générations actuelles et futures.

Les défis de la gouvernance pour les bois précieux sont similaires à ceux de l’industrie minière, bien qu’ils soient des ressources renouvelables, au moins en principe. Le défi le plus immédiat est d’assurer que le stock existant de rondins soit sécurisé et écoulé d’une manière transparente qui bénéficie aux communautés environnantes concernées ainsi qu’à la population en général d’une manière équitable, et ce, sans encourager davantage l’exploitation des espèces en voie de disparition.

Illustrations hors notes de Keiko Kubota

Vision pour 2024

Le nouveau gouvernement peut remettre l’économie sur les rails relativement rapidement et en accomplir beaucoup dans la prochaine décennie. Même en 2024, il est peu probable que le budget de l’État puisse financer tous les besoins, mais il devrait être possible dans quelques années de commencer la mise en œuvre des politiques soutenant la croissance et la lutte contre la pauvreté, tout en maintenant un cadre solide de politique macroéconomique. L’espace budgétaire nécessaire devrait être créé par une augmentation progressive des recettes intérieures à des niveaux similaires à ceux des pays de comparaison (de 11 pour cent du PIB aujourd’hui à 15 pour cent), réalisée sans que le secteur privé ne soit soumis à une pression excessive, et une utilisation judicieuse des emprunts concessionnels. Les dépenses en capital pourraient représenter 40 pour cent ou plus des dépenses totales du gouvernement, et être investies selon une stratégie à moyen terme, ce qui donne des résultats tangibles en matière de croissance et d’amélioration des prestations de services publics. Des efforts concertés pour inspirer confiance au secteur privé afin qu’il investisse auront commencé pour compléter les investissements publics. Plus important encore, le dividende de la croissance est largement partagé, en renforçant la stabilité politique, au lieu de lui porter atteinte. En conséquence, la part de la population vivant dans l’extrême pauvreté devrait être beaucoup plus faible en 2024 qu’elle ne l’est aujourd’hui. La croissance économique pourrait rester élevée, bien après que la première phase de reprise soit terminée, soutenue par les investissements réalisés par le secteur privé de plus en plus confiant et compétitif du côté de l’offre, et les consommateurs ayant un revenu de plus en plus disponible du côté de la demande.

LE CONDITIONNEL ETAIT VRAIMENT DE RIGUEUR...

D’ici l’année 2024, un changement de culture dans l’administration publique pourrait avoir commencé à prendre racine; la fonction publique pourrait être raisonnablement bien gérée, et être un corps rajeuni, ayant un esprit orienté vers le public, rémunéré de façon adéquate mais pas extravagante, et réparti dans tout le pays de façon plus équitable. Les finances publiques seraient gérées dans un cadre à moyen terme, avec les parties prenantes et entités de surveillance participant aux différentes phases de la préparation, l’exécution, les rapports et l’évaluation relatifs au budget.

Les résultats vérifiés de l’exécution budgétaire, et d’autres statistiques importantes pour la vie des citoyens seraient rendus disponibles d’une manière conviviale, et les politiques publiques seront basées sur des informations solides.

Madagascar pourrait avoir une approche plus équilibrée vis-à-vis du changement climatique et de la gestion des risques de catastrophe d’ici 2024, avec une attention portée à la prévention et l’atténuation, ainsi que la récupération après l’incident et la réhabilitation. La nouvelle approche aura des effets de symbiose sur l’amélioration de la gestion des ressources naturelles du pays, qui à leur tour offriraient aux citoyens de gagner leur vie avec des possibilités de meilleure qualité et plus durables. Le pays pourrait attirer chaque année plus d’un million de touristes et de chercheurs à la recherche de la biodiversité. Il aurait également des ménages en meilleure santé, des villes plus propres et un secteur minier et industriel prospère et respectueux de l’environnement.

Le secteur de l’agriculture pourrait avoir augmenté sa productivité suffisamment pour garantir des revenus adéquats pour les ménages ruraux, servir les marchés domestiques ainsi que les marchés d’exportation à l’aide d’une gamme de produits diversifiée, et être résistant aux chocs. Une partie de cette augmentation aura été réalisée en ramenant une partie de la main-d’œuvre à d’autres secteurs.

Le potentiel agro-alimentaire pourrait être réalisé avec le potentiel de plusieurs cultures de rente mettant Madagascar sur la carte internationale pour des produits à valeur élevée, de haute qualité. Une gestion foncière améliorée aura joué un rôle dans la réalisation de ces résultats.

Les investissements miniers en cours en 2014 seront devenus rentables, donnant au pays des sources fiables de recettes fiscales et de recettes d’exportation. Il peut y avoir d’autres grands projets d’investissement en cours, dont les activités seront bien règlementées et le produit partagé équitablement en vertu de la structure de gouvernance améliorée. L’exploitation minière artisanale contribuera toujours à fournir des moyens de subsistance à des centaines de milliers de personnes dans les zones rurales.

Le secteur privé serait en plein essor grâce à une longue stabilité politique d’une décennie et des politiques publiques facilitant l’entreprise. Le secteur financier à Madagascar aurait avancé pour répondre aux besoins du secteur privé à tous les niveaux, y compris les consommateurs. L’utilisation croissante des énergies renouvelables et l’amélioration de l’efficacité opérationnelle des compagnies d’énergie auraient pu aboutir à la prestation de services plus stable et une augmentation spectaculaire de l’accès à l’électricité. La connectivité physique et virtuelle améliorée aurait permis au pays de s’intégrer dans le reste du monde, et de profiter de sa propre diversité et sa taille. Un secteur des technologies de l’information orienté vers l’exportation pourrait employer plus de 50 000 diplômés dans les grands centres urbains et servir le monde francophone. Madagascar aurait des industries légères florissantes employant des millions de travailleurs. Les touristes et les commerçants seront en mesure de se déplacer à travers le pays avec une relative facilité.

En 10 ans, Madagascar aura pu assurer l’entrée à école primaire pour tous, avec de meilleurs taux d’achèvement, et un système en place pour accorder une attention particulière aux enfants vulnérables. Il est également possible pour les services de santé et de nutrition d’avoir un rebondissement, et d’atteindre les OMD même tardivement. Le système de prestation de services à sa population déjà en place aujourd’hui aura été renforcé et complété au cours des années écoulées. Des approches nouvelles et innovantes sont déployées, telles que l’utilisation efficace des niveaux déconcentrés du système de santé, la mise à l’échelle de mécanismes de gouvernance et de redevabilité sociale accrus, et des stratégies de sensibilisation pour impliquer le secteur privé en tant que partenaire. Le pays pourrait également disposer d’un mécanisme en place pour atténuer les obstacles financiers qui empêchent les pauvres d’accéder aux services sociaux de base.

Chemin à parcourir.

La vision pour 2024 n’est pas une chimère, mais une projection raisonnable, en supposant que de bonnes politiques soient mises en œuvre de manière large, et que l’environnement extérieur soit plus ou moins favorable. Dans un avenir proche, Madagascar aura également de son côté «l’avantage du retardataire» et une reprise naturelle post-crise, en plus de ses atouts intrinsèques.

Des pronostics encourageants ont déjà été prononcés auparavant, mais l’histoire du pays est un témoignage que les choses peuvent mal tourner, malgré toutes les promesses.

Le message central de cette collection de notes de politique est qu’une croissance inclusive et résiliente est réalisable pour Madagascar à travers des politiques pour encourager la croissance menée par le secteur privé et la création d’emplois, l’augmentation de la prestation de services publics à de plus larges groupes de citoyens et une gouvernance améliorée. Nous ne pensons pas que c’est facile, mais nous croyons que c’est possible. Le sort de Madagascar est entre les mains des Malagasy. Les partenaires au développement se tiennent prêts à aider, et notre espoir est que ces notes seront utiles.


Keiko Kubota - ICI LE RAPPORT DE LA BANQUE MONDIALE PRESENTE LE 24 OCTOBRE 2014 -

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Comme on dit souvent: qui veut peut. En 2013, le chemin était tout tracé pour faire de Madagascar ce que démontre Keiko Kubota ci-dessus. Mais, au train où vont les choses, ce régime rajaonarimampianina a d'autres contraintes plus personnelles... Avec en plus, le "cas" -très politique- Marc Ravalomanana sur les bras. Aussi ces notes ne seront utiles qu'en 2024, avec un autre président élu plus patriote, plus démocrate, moins prolixe en paroles dénuées d'actions. Bref, un président qui respectera la Constitution et les lois comme vous et moi, comme dans les pays développés. Combien de morts et de pauvres encore d'ici là ?

Mis à jour ( Dimanche, 26 Octobre 2014 11:49 )  
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