A Madagascar, à l’heure actuelle, il existe un Ordre des Journalistes… inexistant depuis bien avant 2007, dernière date de la délivrance de la carte de presse officielle.
A Madagascar, il existe un Code de la Communication… inexistant car jamais appliqué depuis sa rédaction, il y a plus de 10 ans. Je faisais partie des rédacteurs à l’hôtel Astauria d’Antanimena.
A Madagascar, 1001 étaient inscrits à l’Ordre des journalistes en 2007. Mais du temps de Marc Ravalomanana, il y a eu délivrance de carte de complaisance, pour le groupe MBS. Selon la charte : est journaliste celle et/ou celui qui a suivi une école de journalisme ; celle et/ou celui qui peut prouver qu’ils ont effectué ce métier durant trois ans sans discontinuité et qui vivent de ce métier.
Dans ce contexte, toutes les dérives sont permises. Et certains journalistes ignorent totalement l’éthique et la déontologie journalistiques. Ajouté à cela des patrons de presse qui ne sont pas issus du sérail et qui ne voit en un journal que deux choses : les sous qui entrent via les annonceurs ; le support par excellence selon sa tendance politique. Sous-payé, mal loti matériellement, le journaliste malgache est la proie à toutes les tentations possibles.
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Je n’ai jamais été chaud pour le délit de presse et l’emprisonnement des journalistes. Mais certains confondent journalisme et militantisme auxquels je ne serai jamais solidaire. J’ai déjà payé mon écot en ayant été prise en otage par les fédéralistes à Diego Suarez en 1991. Après plus de 30 ans dans ce métier ingrat où j’ai préféré devenir indépendant, après 17 ans de bons et loyaux services au sein de Madagascar Tribune, je suis effaré par l’inconscience de certains qui montent en épingle des actes qui n’ont rien de journalistiques.
En France, il n’existe aucun ordre des journalistes. Mais tous respectent la déclaration de Munich en date de 1971. Pour remettre les pendules à l’heure, voici cette déclaration énonçant les droits mais aussi les devoirs de tout journaliste qui se respecte. Et qui doit être valable dans tous les pays du monde.
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DECLARATION DES DEVOIRS ET DES DROITS DES JOURNALISTES - Munich le 24 novembre 1971
Préambule
Le droit à l’information, à la libre expression et à la critique est une des libertés fondamentales de tout être humain.Ce droit du public de connaître les faits et les opinions procède l’ensemble des devoirs et des droits des journalistes.
La responsabilité des journalistes vis-à -vis du public prime toute autre responsabilité, en particulier à l’égard de leurs employeurs et des pouvoirs publics.
La mission d’information comporte nécessairement des limites que les journalistes eux-mêmes s’imposent spontanément. Tel est l’objet de la déclaration des devoirs formulés ici.
Mais ces devoirs ne peuvent être effectivement respectés dans l’exercice de la profession de journaliste que si les conditions concrètes de l’indépendance et de la dignité professionnelle sont réalisées. Tel est l’objet de la déclaration des droits qui suit.
DĂ©claration des devoirs
Les devoirs essentiels du journaliste, dans la recherche, la rédaction et le commentaire des événements, sont :
1) respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître ;
2) défendre la liberté de l’information, du commentaire et de la critique ;
3) publier seulement les informations dont l’origine est connue ou les accompagner, si c’est nécessaire, des réserves qui s’imposent ; ne pas supprimer les informations essentielles et ne pas altérer les textes et les documents ;
4) ne pas user de méthodes déloyales pour obtenir des informations, des photographies et des documents ;
5) s’obliger à respecter la vie privée des personnes ;
6) rectifier toute information publiée qui se révèle inexacte ;
7) garder le secret professionnel et ne pas divulguer la source des informations obtenues confidentiellement ;
8) s’interdire le plagiat, la calomnie, la diffamation, les accusations sans fondement ainsi que de recevoir un quelconque avantage en raison de la publication ou de la suppression d’une information ;
9) ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste ; n’accepter aucune consigne, directe ou indirecte, des annonceurs ;
10) refuser toute pression et n’accepter de directives rédactionnelles que des responsables de la rédaction.
Tout journaliste digne de ce nom se fait un devoir d’observer strictement les principes énoncés ci-dessus ; reconnaissant le droit en vigueur dans chaque pays, le journaliste n’accepte, en matière d’honneur professionnel, que la juridiction de ses pairs, à l’exclusion de toute ingérence gouvernementale ou autre.
DĂ©claration des droits
1) Les journalistes revendiquent le libre accès à toutes les sources d’information et le droit d’enquêter librement sur tous les faits qui conditionnent la vie publique. Le secret des affaires publiques ou privées ne peut en ce cas être opposé au journaliste que par exception en vertu de motifs clairement exprimés.
2) Le journaliste a le droit de refuser toute subordination qui serait contraire à la ligne générale de son entreprise, telle qu’elle est déterminée par écrit dans son contrat d’engagement, de même que toute subordination qui ne serait pas clairement impliquée par cette ligne générale.
3) Le journaliste ne peut ĂŞtre contraint Ă accomplir un acte professionnel ou Ă exprimer une opinion qui serait contraire Ă sa conviction ou sa conscience.
4) L’équipe rédactionnelle doit être obligatoirement informée de toute décision importante de nature à affecter la vie de l’entreprise.
Elle doit être au moins consultée, avant décision définitive, sur toute mesure intéressant la composition de la rédaction : embauche, licenciement, mutation et promotion de journaliste.
5) En considération de sa fonction et de ses responsabilités, le journaliste a droit non seulement au bénéfice des conventions collectives, mais aussi à un contrat personnel assurant sa sécurité matérielle et morale ainsi qu’une rémunération correspondant au rôle social qui est le sien et suffisante pour garantir son indépendance économique.
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Dans la pratique, tout cela n’est pas évident et la perfection n’est pas de ce monde. Mais la moindre des choses est de reconnaître et rectifier les informations erronées. C’est pour cela que tout le monde n’est pas journaliste. Et les dégâts sont énormes avec ces sites et autres blogs, qui poussent subitement comme des champignons et qui roulent pour telle ou telle entité. Face aux malhonnêtetés intellectuelles, je rappelle que madagate est un journal hebdomadaire en ligne qui existe depuis février 2001. De nos jours, il ne défend aucun dirigeant, que ce soit Marc Ravalomanana et encore moins Andry Rajoelina. Il est du côté du grand nombre que forme le peuple de Madagascar. Enfin, les archives de Madagascar Tribune, depuis 1988 sont des preuves irréfutables. Et je répète, ici, ma définition du journaliste : aider tout dirigeant qui œuvre pour le bien effectif du peuple mais le fustiger lorsqu’il quitte le droit chemin. Par ailleurs, la vidéo est aussi un moyen sûr pour respecter ces droits et devoirs autant que possible.
C’est le cas pour Marc Ravalomanana. James Ramarosaona (ancien collègue chez Tribune et ancien président de l’OJM) et moi-même avions été les seuls journalistes à avoir écrit au Premier ministre Charles Rabemananjara, à propos du referendum constitutionnel d’avril 2006. James pour que les délits de presse ne soient pas pris en compte ; moi pour demander plus de temps afin que la population comprenne les vraies raisons de cet énième referendum. Aucune suite et nous connaissons la… suite : Marc Ravalomanana, pour qui j’ai voté deux fois, a géré systématiquement le pays à coup d’ordonnances pour « cause déterminante » jamais déterminée. Aussi, aucun journaliste digne de ce nom ne peut être traité de « traître ». Sa grande trahison serait de ne pas respecter les droits et les devoirs cités plus haut. A présent, qui est journaliste qui ne l’est pas ? Que chacun de nous, qui se sent vraiment journaliste, fasse une profonde introspection. Ensuite, faites comme bon vous semble pour respecter cette déclaration de Munich mais arrêtez le militantisme qui nuit à la profession ! Laissez ces actions aux autres, qui sont subventionnés pour briller dans la malveillance. Ils disparaîtront d’eux-mêmes aussi anonymement qu’ils auront vécu. Il faut comprendre une fois pour toutes que, lorsqu’un « journaliste » perd de sa crédibilité, il vaut mieux qu’il change de métier. Or, un vrai journaliste, lui, meurt journaliste.
Jeannot RAMAMBAZAFY
Carte professionnelle de journaliste n°0357, 2007-2010, délivrée par l’Ordre des Journalistes de Madagascar
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