Samedi 07 décembre 2024. C’est l'Archevêque de Paris, Monseigneur Laurent Ulrich, qui a procédé à la réouverture des portes de la Cathédrale Notre-Dame de Paris, cinq ans après le spectaculaire incendie qui a fait tomber la flèche et ravager les structures en bois précieux de cet édifice religieux connu du monde entier.
Puis, ce fut au tour du Président français Emmanuel Macron de prononcer un discours aux antipodes des intrigues morbides politico-politiciennes, ayant illustré tout simplement le proverbe ancestral malagasy : « Izay mitambatra vato, izay misaraka fasika ».
Le couple présidentielle, Brigitte et Emmanuel Macron et Anne Hidalgo, Maire de la ville de Paris
MONSEIGNEUR LAURENT ULRICH
« Frères et sœurs,
Entrons maintenant dans Notre-Dame. C'est elle qui nous rassemble ; c'est elle que nous aimons ; c'est elle qui nous accompagne sur notre chemin vers le Père, source de toute vie, par Jésus-Christ, Lumière née de la lumière dans la force de l'Esprit Saint Consolateur.
Mgr Ulrich a donné 9 coups de crosse avant d'ouvrir les portes de la Cathédrale Notre-Dame de Paris
Notre-Dame, modèle de la Foi : ouvre tes portes pour rassembler dans la joie les enfants de Dieu dispersés.
Notre-Dame, Mère très aimante : ouvre tes portes pour nous aider à chercher l'Amour et la Vérité, la Justice et la Paix.
Notre-Dame, témoin de l’Espérance : ouvre tes portes pour que brille sur nos vies la lumière de la Miséricorde et que resplendisse à nos yeux la Victoire de la Résurrection ».
1.500 invités étaient présents lors de la messe d'ouverture officielle de Notre-Dame de Paris
PRÉSIDENT EMMANUEL MACRON
« Je me tiens devant vous, avant que ne commence la liturgie, pour vous dire la gratitude de la Nation française.
Gratitude à l’égard de tous ceux qui ont sauvé, aidé et rebâti Notre-Dame de Paris. Gratitude à l’égard de tous ceux qui sont présents, au moment où nous nous apprêtons à la rendre aux catholiques, à Paris, à la France et au monde entier.
Oui, ce soir, les cloches de Notre-Dame sonnent à nouveau et l’orgue dans un instant s’éveillera.
Musiques d’espérance, familières aux Parisiens, à la France et au monde.
Les cloches de Notre-Dame sonnent à nouveau, qui ont scandé les heures du jour, et celles de l’Histoire.
Elles sonnent, comme elles ont sonné pour les onze rois qui ont vu s’élever la cathédrale.
Pour saint Louis rapportant d’Orient la Couronne d’épines.
Pour Henri IV pansant la blessure des guerres de Religion.
Pour le vœu de Louis XIII et les victoires de Louis XIV.
Pour Napoléon se sacrant lui-même, un matin de décembre 1804.
Pour Victor Hugo, déambulant, rêveur, cherchant les yeux levés l’ombre de Quasimodo.
Pour Claudel, ployé au pied d’un pilier, revenu à l’Espérance, un soir de décembre 1886.
Pour annoncer aux résistants de Paris l’arrivée du général Leclerc et des siens, puis pour célébrer la Libération aux côtés du général De Gaulle.
Pour les adieux de la France à ses génies, à ses soldats, à ses grands hommes.
Oui, elles sonnent, elles qui ont accompagné notre Histoire.
Pourtant, nous aurions pu ne jamais réentendre cette voix.
Le 15 avril 2019, la nouvelle de l’incendie a couru de lèvres en lèvres.
Les images de flammes dévorant le transept, la fumée noire, la flèche qui vacille puis s’effondre, dans un fracas d’ossements.
Et ces heures de combat face au feu, la décision de lui laisser sa part, et ces minutes désespérées où tout pouvait partir, où la pierre, le bois, les vitraux auraient pu disparaître.
Durant ces heures, il s’est trouvé des étudiants descendus de la montagne Sainte-Geneviève, pour entonner des chants.
Des promeneurs à Times Square pour s’arrêter, en larmes, devant les premières images.
Et de Rome à Moscou, des croyants de partout venus se réunir devant nos ambassades.
Des chameliers au long du Niger descendus de leurs bêtes pour prier, dans leur religion, Notre-Dame. Ce soir-là , heur et malheur étaient mêlés.
L’enchaînement de malchance, le vent d’Est qui s’est levé, au pire moment, poussant les flammes vers le Beffroi Nord.
Et l’enchaînement de coïncidences, aussi, que certains appelleront hasard, d’autres destin, d’autres providence.
Il y eut surtout de la bravoure.
Celle de ces sapeurs-pompiers et de leurs chefs, envoyés pour une dernière tentative, plus dangereuse encore que les autres.
Ces hommes, escaladant la façade, plongeant dans le feu afin d’empêcher les seize cloches de tomber, et avec elles toute la cathédrale.
À 22h47 retentit ce message : NOUS SOMMES MAITRES DU FEU. Nos pompiers reprenaient l’avantage et il n’y eut, cette nuit-là , aucun mort. Vers minuit, nous avons ouvert le grand portail.
La flèche n’était plus. Le transept effondré. Le plomb continuait de couler partout, par flammèches, l’eau. Une odeur âcre, la croix et la Pieta, qui apparaissaient dans un éclat singulier, et la Vierge au pilier, intacte, immaculée, à quelques centimètres à peine de la flèche tombée.
Notre-Dame de Paris était sauvée. Défigurée mais sauvée par la bravoure, le courage de ces hommes.
Alors commencèrent ces minutes où tout pouvait vaciller. Tristesse et désespoir devant un tel drame, incertitude et désolation de ne jamais revoir la cathédrale comme avant.
Vertige de découvrir que Notre-Dame de Paris pouvait disparaître, et que nos cathédrales aussi sont mortelles.
Alors nous avons choisi le sursaut, la volonté, le cap de l’espérance.
Nous avons décidé de rebâtir Notre-Dame de Paris plus belle encore, en cinq années.
Le sursaut, la volonté. Et pour rendre cela possible, une fraternité inédite.
Fraternité de ceux qui ont donné sur tous les continents, de toutes les religions, de toutes les fortunes.
Unis par l’espérance, et réunis dans ces murs.
Fraternité des compagnons, apprentis, et de tous les métiers, ici réunis.
Sous la conduite du Général Georgelin, pour qui j’ai, ce soir une pensée émue (Note : le Général Jean-Louis Georgelin a présidé l'établissement public "Rebâtir Notre-Dame de Paris"), du 02 décembre 2019 à sa mort accidentelle en montagne, le 18 août 2023), puis de Philippe Jost (Note: Successeur du Général Georgelin à la tête de "Rebâtir Notre-Dame de Paris") et de leurs équipes.
Fraternité des échafaudeurs, des grutiers, cordistes, électriciens, forestiers, scieurs, équarrisseurs, charpentiers et taillandiers. Et puis les menuisiers d’art, parqueteurs, couvreurs, fondeurs, ferronniers d’art, serruriers, dinandiers, patineurs, lustriers, artisans de la pierre et maçons, tailleurs, carriers, sculpteurs, restaurateurs de sculptures et de peintures, maitres-verriers, facteurs d’orgues et campanistes, archéologues, ingénieurs, chercheurs, historiens, conservateurs, régisseurs d’art, architectes et tant de métiers encore.
Oui, ces femmes et ces hommes, plus de 2.000 durant cinq ans, se sont inscrits dans la chaîne de ceux qui, depuis le XIIIe siècle, ont bâti la cathédrale.
Reconstruisant la forêt de Notre-Dame, cette charpente de 2.000 chênes, puis la flèche à l’identique et ranimant les pierres et les peintures, redécouvrant cette blondeur.
Ils ont montré que nous avions la volonté encore de bâtir de grands desseins et de continuer la légende des siècles.
Durant cinq années ici, chaque femme, chaque homme fut nécessaire pour rebâtir, chaque aide, même du bout du monde, fut nécessaire pour tenir, chaque geste fut nécessaire, réconciliant la grandeur de cette cathédrale et l’exigence de tous ces métiers.
Nous avons redécouvert ce que les grandes Nations pouvaient faire : réaliser l’impossible.
Cette cathédrale fut ainsi la métaphore heureuse de ce qu’est une Nation, et ce que devrait être le Monde.
Fraternité d’un peuple déterminé à faire de grands choix ; fraternité universelle et entraide.
Notre-Dame nous dit que nos rêves, même les plus audacieux, ne sont possibles que par la volonté de chacun, et l’engagement de tous.
(Résumé en langue malagasy des deux premières strophes : Firaisankina : « Izay mitambatra hono vato, izay misaraka fasika ». Littéralement : Union : ceux qui s’unissent sont, selon un proverbe ancestral, comme le roc, ceux qui se séparent sont comme des grains de sable filant entre les doigts).
Notre cathédrale nous rappelle que nous sommes les héritiers d’un passé plus grand que nous, qui peut chaque jour disparaître, et les acteurs d’une époque que nous avons à transmettre.
Notre cathédrale nous dit combien le sens, la transcendance, nous aident à vivre dans ce monde.
Transmettre et espérer. Tel est le sens de ce travail, et de notre présence ce soir.
Nous nous inscrivons, à notre tour, dans ce cortège de bâtisseurs, nous révélant à nous-mêmes face à l’adversité.
Les cloches vont sonner, l’orgue va s’éveiller, les fidèles bientôt viendront prier.
Le monde retrouvera la cathédrale rebâtie et embellie.
Et nous, il nous faudra garder comme un trésor cette leçon de fragilité, d’humilité et de volonté, et n’oublier jamais combien chacun compte, et combien la grandeur de cette cathédrale est inséparable du travail de tous.
Ce soir, ensemble, nous pouvons partager la joie et la fierté. Monseigneur, Notre-Dame de Paris vous est redonnée. Ensemble, vous avez rendu cela possible. Soyez-en remerciés. Vivre Notre-Dame de Paris. Vive la République. Vive la France » . Recueillis à l’écoute par Jeannot RAMAMBAZAFY Antananarivo, 08 décembre 2024 La reconstruction de la Cathédrale Notre-Dame Paris, dénommée « le chantier du siècle », aura coûté quelque 700 millions d'euros et mobilisé près de 2.000 professionnels dont de nombreux artisans. Le nombre de donateurs du monde entier, s'est élevé à 34.000, dont, pour vous donner une idée : M. Bernard ARNAULT et sa famille, avec AGACHE Mme Françoise BETTENCOURT MEYERS sa famille, avec TETHYS et la FONDATION BETTENCOURT SCHUELLER M. François PINAULT et sa famille, avec ARTÉMIS L’ORÉAL, LVMH, TOTALÉNERGIES AXA et les Mutuelles AXA, BNP PARIBAS Messieurs Martin et Olivier BOUYGUES, avec SCDM Le Groupe BPCE avec BANQUES POPULAIRES, CAISSES D’ÉPARGNE, NATIXIS et la BANQUE PALATINE, SANOFI, SOCIÉTE GÉNÉRALE La FONDATION CRÉDIT AGRICOLE PAYS DE France La famille DECAUX, avec JCDECAUX HOLDING M. Kenneth C. GRIFFIN et Mme Anne DIAS GRIFFIN La MAIRIE DE PARIS, RÉGION ILE-DE-France, STELLANTIS M. Marc LEDREIT DE LACHARRIERE avec FIMALAC Mme Lily SAFRA et la FONDATION EDMOND J. SAFRA M. et Mme Henry et Marie-Josée KRAVIS THE STARR FONDATION THE WALT DISNEY COMPANY Avec le concours des MÉCENES EN NATURE ET EN COMPÉTENCES Et des nombreux DONATEURS DE CHÊNE DANS TOUTE LA France Avec le concours des ORGANISMES COLLECTEURS : FONDATION NOTRE DAME, FONDATION DU PATRIMOINE, FONDATION DE FRANCE, FRIENDS OF NOTRE-DAME DE PARIS, CENTRE DES MONUMENTS NATIONAUX, ÉTABLISSEMENT PUBLIC REBATIR NOTRE-DAME DE PARIS NOTRE-DAME DE PARIS, MESSE INAUGURALE DU 08 DECÉMBRE 2024 Cathédrale Notre-Dame de Paris 6 Parvis Notre-Dame La messe inaugurale, avec la consécration de l’autel majeur, a eu lieu le dimanche 8 à 10h30, présidée par l’Archevêque de Paris, en présence du couple présidentiel, Brigitte et Emmanuel Macron. À l’invitation de Monseigneur Laurent Ulrich, archevêque de Paris, près de 170 évêques de France et du monde entier ont participé à cette célébration, ainsi qu’un prêtre de chacune des 106 paroisses du diocèse de Paris, et un prêtre de chacune des sept églises catholiques de rite oriental, accompagnés de fidèles de chacune de ces communautés. Les mots d’introduction de Monseigneur Laurent Ulrich : « C’est le Christ lui-même qui vous accueille ». Je salue avec une intense émotion les personnes présentes dans l’assemblée, mais aussi celles qui suivent la messe depuis l’extérieur sous la pluie ou sur un écran partout dans le monde. Je pense à vous tous, dans le monde, qui affrontez les rigueurs des guerres, les violences des terrorismes et les trafics honteux. Je prie aussi pour notre pays qui scrute son avenir avec inquiétude. ». Le chant d'entrée de cette messe inaugurale, « Peuple de Dieu, Cité de l’Emmanuel », a été un « classique » de Notre-Dame de Paris, car très souvent choisi pour les grandes célébrations parisiennes, les ordinations sacerdotales. Les rites de consécration de l’autel se sont déroulés en cinq étapes. Tout d’abord, les reliques de cinq saints ont été déposées et scellées dans l’autel. Ces reliques, appartenant à trois femmes et deux hommes ayant marqué l’histoire de l’Église de Paris, sont celles de : Sainte Marie Eugénie Milleret, Sainte Madeleine Sophie Barat, Sainte Catherine Labouré, Saint Charles de Foucauld, et le Bienheureux Vladimir Ghika. La prière de dédicace a ensuite été récitée, suivie de l’onction d’huile, moment central de la consécration. Puis vint l’offrande d’encens, avant que l’autel ne soit paré et illuminé. Cette messe a été suivie d’un buffet fraternel pour accueillir les plus démunis et ceux qui les accompagnent au quotidien au sein des organisations caritatives du diocèse de Paris. Recueillis par Jeannot RAMAMBAZAFY Antananarivo, 08 décembre 2024
Place Jean-Paul II
75004 Paris
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