C’est la panique totale dans les hautes sphères de l’Etat suite au déballage effectué par les agents du Trésor public relatif à des menaces, intimidations et autres harcèlements dont ils auraient été fait l’objet dans le cadre d’une (ou des ?) tentative(s) de déblocage illégal de deniers publics des caisses de cette direction du ministère des Finances.
Ce n’est que 72 heures après le déclenchement du scandale que les deux ministres concernés - à savoir Rivo Rakotovao et François Maurice Gervais Rakotoarimanana, respectivement ministre chargé (entre autres) des Projets présidentiels et ministre des Finances - réagissent enfin. Il se trouve cependant que leurs versions respectives de l’affaire, au lieu de redorer l’image de l’Exécutif, témoignent du désordre total qui règne au sein de celui-ci. Le moins qu’on puisse dire en effet, c’est que les deux membres du Gouvernement ne se limitent pas à se contredire pour carrément se tirer dans les pattes par médias interposés ! C’est ainsi que le ministre des Finances et du Budget, cité par le quotidien Ma-Laza dans son édition d’hier, aurait déclaré ne pas être au courant d’une démarche de faire sortir la somme de 40 milliards d’ariary des caisses de l’Etat de la part de qui que ce soit. Lui de soutenir sans la moindre réserve qu’ « aucun membre du Gouvernement n’a eu l’intention de débloquer des sommes en dehors de la procédure légale en exerçant une pression quelconque depuis que je suis ministre des Finances et du Budget ». Si l’on s’en tient donc à cette version, les griefs que les agents d’Antaninarenina ont soulevés à l’appui de leur mouvement seraient dépourvus de réalité. Il se trouve cependant que, de son côté, Rivo Rakotovao ne nie nullement les faits, pour ne pas dire qu’il les confirme ! En effet, toujours hier, dans une réaction rapportée cette fois-ci par l’Express de Madagascar, ce ministre d’Etat chargé des Projets présidentiels a reconnu explicitement la démarche qu’il a effectuée mais en invoquant un « cas d’urgence ». Et ce proche parmi les proches de Hery Rajaonarimampianina est allé carrément au fond de ses aveux en expliquant dans ses déclarations rapportées par le quotidien suscité : « j’ai été désigné pour réparer les routes mais comme mon département ne dispose pas de budget pour le faire, je suis obligé de chercher ailleurs ». Ce qui, soit dit en passant, rejoint ce que nous avions écrit dans notre éditorial d’hier.
Le ministre des Finances court-circuité ? Concernant le reproche selon lequel cette tentative de déblocage de fonds public ne respecte en rien les règles en la matière, Rivo Rakotovao d’arguer, toujours dans le quotidien Ma-Laza d’hier, que « la procédure très stricte a été parfaitement respectée car tout le monde sait qu’un seul ministre n’a pas le pouvoir d’accéder à ces financements ». Ce qui, encore une fois, est contredit ouvertement par Maurice Gervais Rakotoarimanana qui, dans ses propos rapportés le même jour par l’Express de Madagascar, est catégorique en affirmant qu’ « aucun dossier se rapportant à un tel fait n’a atterri à mon bureau ». Le ministère des Finances étant le premier concerné quand il s’agit de décaissement auprès du Trésor public, qui seraient donc les autres départements ministériels évoqués par Rivo Rakotovao qui auraient été impliqués dans sa démarche ?Quoi qu’il en soit, il est donc indéniable que, jusqu’à hier, le ministre des Finances et du Budget n’a été tenu au courant de cette initiative de son homologue d’Anosy, lequel confirme pourtant la réalité d’une démarche de sa part auprès du Trésor public, en vue de débloquer la somme nécessaire à l’accomplissement d’une mission qui lui a été assignée. François Maurice Gervais Rakotoarimanana, selon les termes de notre confrère de Ma-Laza, aurait martelé qu’ « il est inadmissible de débloquer des fonds publics, des fonds de la population, sans suivre la procédure légale ». Or, il semblerait bien que c’est le cas. Visiblement, on a voulu court-circuiter le patron d’Antaninarenina car la procédure adoptée pour décaisser l’argent nécessaire à la réalisation des projets présidentiels est loin de respecter l’orthodoxie financière.
Hery Mampionona - Quotidien La Vérité du 28 février 2015
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